De Man of Steel à Justice League : le meilleur, le pire et le moyen de l'univers DC au cinéma

La Rédaction | 10 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 10 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La sortie de Justice League le 15 novembre est l'occasion de faire un petit point sur le DCEU.

Ecran Large a aimé Man of Steel à sa sortie en 2013. A beaucoup aimé Batman v Superman : L'Aube de la justice en salles (et encore plus en version longue). A détesté Suicide Squad (et encore plus en version longue). A aimé sans adorer Wonder Woman. Ecran Large attend donc Justice League, en salles le 15 novembre, avec une excitation teintée de peur, comme beaucoup de spectateurs.

Parce que le DCEU (DC Extended Universe) ne cesse d'alimenter des débats enflammés, notamment au sein de l'équipe, la rédaction dresse un petit portrait de l'univers DC dans les films de la Warner, à la manière de notre dossier sur Marvel l'année dernière. Ce qui est bien, moins bien, et pas bien, à nos yeux.

ATTENTION : prière de respirer et boire une tisane avant la lecture de ce dossier.


  

LE MEILLEUR

 

LA FIGURE DU SUPER-HÉROS INTERROGÉE

C’est une des grandes réussites, ou à tout le moins une des grandes audaces du DCEU initié par Zack Snyder : interroger les mythes invités une énième fois à l’écran. Si de nombreux commentateurs se sont indignés de la dureté de Superman et du meurtre qui clôt son parcours initiatique, ou de la brutalité quasi-fasciste de Batman devant la caméra du cinéaste, bien peu se sont demandés pourquoi il avait choisi d’altérer ainsi leur image canonique. Pour que Clark Kent devienne ce défenseur lumineux de la vie, il fallait qu’il ressente dans sa chair l’horreur du meurtre. Pour que l’union de la Justice League prônée par Batman fasse sens, il fallait qu’elle illustre son retour au collectif, son retour parmi les hommes après des années de lente désillusion solitaire.

Avec Man of Steel et plus encore Batman v Superman : L'Aube de la justice, Snyder nous a proposé une réflexion nietzschéenne sur les héros, leur volonté de puissance et l’inhumanité qui les guette. Venant du cinéaste de Watchmen, c'est un pas logique. Dans un geste d’une pureté parfaite, il aura permis à ses héros, deux orphelins tentant de sublimer leurs traumas originels, de dépasser leur désir de s’entretuer en entendant le nom de leurs mères. Souvent moquée, cette idée est pourtant un ressort évident pour qui se propose de portraiturer les super-héros non pas en demeurés sous blisters, mais en être soumis aux blessures qui les ont forgés.

 
 

Photo Henry Cavill

 Henry Cavill dans Batman v Superman

 

LE STYLE AFFIRMÉ

On reproche beaucoup (et à raison) aux blockbusters super-héroïques une absence d’esthétique, un style fade, qui ont rapidement contaminé l’ensemble de la production de divertissement de masse, désireuse de dupliquer le phénoménal succès international de la recette Marvel. Mais au moins jusqu’à Wonder Woman, DC Films s’est efforcé de proposer une alternative.

Dans la dimension épique tout d’abord, tant les affrontements qui parsèment chacun des métrages font preuve de plus d’ampleur, de volonté de composition de l’image et d’un arsenal symbolique, qui les élèvent au-dessus de la concurrence.

Dans le choix aussi, plutôt à contre-courant, de ne jamais refuser la gravité. Chez DC, quand on détruit un building, on n’en élude pas les victimes ; quand des personnages sont en danger de mort, ils ne se font pas des chatouilles. Et surtout, l’humour n’est pas là pour désamorcer les nœuds dramatiques, qui sont parfaitement assumés. Autant d’éléments qui permettent aux super-héros Warner d’avoir un style et une signature jusqu’ici très affirmés.  

 

Photo Ben Affleck

 

LE CHOIX DES RÉALISATEURS

Le DCEU a été lancé par Zack Snyder. L'Armée des morts300WatchmenLe Royaume de Ga'Hoole et Sucker Punch : admiré et décrié, le cinéaste compte alors parmi les plus incontournables de sa génération. Le MCU, lui, aura été ouvert par Jon Favreau avec Iron Man, réalisateur d'Elfe et Zathura, une aventure spatiale.
 
Depuis, la Warner aura soutenu Snyder sur deux autres films, engagé David Ayer (Au bout de la nuitEnd of Watch ou encore Fury), et aura donné l'opportunité à Patty Jenkins de revenir 14 ans après le film indé Monster, pour s'essayer au blockbuster et devenir la première femme à filmer un film de super-héros depuis l'avènement du genre avec le MCU.
 
James Wan, petit génie du film d'horreur adulé avec Conjuring et Insidious, qui a aussi signé avec Fast & Furious 7 l'un des meilleurs épisodes de la saga, a été casté pour réaliser Aquaman. Un autre nom intéressant lui aussi surgit sur la scène du cinéma de genre, David F. Sandberg (Dans le noirAnnabelle : La Création du Mal), est parti pour réaliser Shazam. Le film solo sur Batman, lui, sera mis en scène par Matt Reeves, propulsé par Cloverfield et salué depuis sur La Planète des singes : l'affrontement et Suprématie
 
Alors que le public cinéphile déplore de plus en plus l'omniprésence des "yes men" choisis par les studios pour exécuter le cahier des charges, la Warner cherche clairement des cinéastes qui brillent par leurs univers et leurs parcours très différents. Même les noms liés à Flashpoint (Phil Lord et Chris Miller, Rick Famuyiwa, Robert Zemeckis) et la suite de Man of Steel (George Miller, Matthew Vaughn) vont dans ce sens.
 
 

Photo Gal Gadot, Patty Jenkins

Patty Jenkins avec Gal Gadot sur Wonder Woman

 

LA MUSIQUE 

Hans Zimmer compose des bandes originales en tous genres, chaque année, depuis des décennies. Et si ses partitions chez Christopher Nolan sont presque unanimement saluées, son travail dans le DCEU est tout aussi remarquable. À commencer par Man of Steel  : de la mélodie nerveuse d'Arcade dans le prologue au thème final enthousiasmant de What Are You Going to Do When You Are Not Saving the World ? en passant par le lyrisme de Look to the Stars, le compositeur signe l'une de ses BO les plus marquantes et excitantes de ces dernières années. 
 
Avec Junkie XL, il apporte à Batman v Superman : L'Aube de la justice des notes magnifiques, que ce soit dans la piste mélancolique de New Rules ou dans The New Capes are Coming avec sa mélodie presque grotesque. Le thème décalé, et désormais incontournable de Wonder Woman, qui débarque sans crier gare au milieu du climax pour célébrer sa première apparition guerrière, a divisé le public mais témoigne d'une volonté de sortir des sentiers battus pour imprimer une réelle identité. Même les bandes-annonces de Suicide Squad auront marqué les esprits avec l'utilisation réjouissante de Queen.
 
C'est d'autant plus remarquable qu'en face, Marvel est moqué pour son incapacité à offrir de vrais thèmes musicaux à ses super-héros depuis Avengers, préférant singer des mélodies ordinaires pour avancer confortablement sans prendre de risque. De ce côté, il y a encore une ambition claire du DCEU.
 
 

 

  

LE COUP D'ENVOI MAN OF STEEL

La première pièce du DCEU est aussi le plus petit succès de l'univers, à l'échelle mondiale ou américaine : Man of Steel  a officiellement coûté 225 millions, pour un box-office de 668, dont 291 aux Etats-Unis. Le film de Zack Snyder représente pourtant une certaine idée de l'équilibre qui projetait des étoiles dans les yeux.

Déjà parce que le réalisateur y va à fond. L'aventure commence sur Krypton avec un air de space opera bienvenu, où Snyder filme une créature ailée chevauchée par Russell Crowe, un coucher de soleil alien et des cités futuristes qui explosent au rythme d'une mélodie guerrière. Dans la première grosse scène d'action, il fait tout exploser dans les rues de Smallville (train, boutiques, avions, usine, hélicoptères). Plus tard, c'est New-York qui part en morceaux, tandis que Superman se bat contre des tentacules bizarroïdes de l'autre coté du globe. D'une certaine manière, il y a plus de folie, d'audace et d'humanité dans Man of Steel que dans tous les épisodes du DCEU depuis.

Man of Steel est tiraillé entre une candeur touchante (Superman est avant tout un enfant qui lit Platon et sauve le méchant camarade de la noyade, puis devient une sorte de super-puceau bâti comme un dieu), avec une foule de plans à côté du cahier des charges (sur un détail du décor, sur une baleine qui nage au-dessus du héros), et une générosité étourdissante en matière de spectacle et de science-fiction. Le film a des défauts évidents, et souffre sans aucun doute de ce trop-plein d'envies et d'ambitions, mais impose une sorte de ligne pure et franche qui ouvrait le DCEU sous les meilleurs auspices. Créditer uniquement Christopher Nolan, producteur et co-scénariste, pour cette réussite, est certainement un peu facile : Zack Snyder y est aussi pour quelque chose.

 

Henry Cavill

Henry Cavill dans Man of Steel

  

LE MOYEN

 

LE CASTING

Un point sensible, qui a atteint des sommets lorsque Ben Affleck a été casté en Bruce Wayne après des mois de rumeurs. Pour les uns, c'est le pire Batman possible, surtout après Christian Bale. Pour les autres, c'est une belle idée de casting pour incarner un héros vieillissant et usé, en plus d'être audacieux vu la popularité fragile de l'acteur marqué par Daredevil et quelques autres navets.

À y regarder de plus près, cette tendance, qui a profondément divisé le public, est à l'image des choix de la Warner. Si Jason Momoa est a priori considéré comme un choix idéal pour incarner Aquaman (plus grâce à sa popularité qu'à des soucis de fidélité aux comics), Henry Cavill et Gal Gadot illustrent parfaitement les limites du DCEU : les interprètes de Superman et Wonder Woman ont beau être physiquement à la hauteur, et donner à leurs personnages la posture fière et valeureuse indispensable, la profondeur de leur jeu a grandement divisé. Des deux côtés, on a l'impression d'avoir à l'écran un corps irréprochable, entraîné pour proposer une version plaisante du personnage, mais un visage aux expressions limitées, aux sourcils éternellement froncés devant l'émotion et incapable d'apporter les nuances et l'humanité attendues.

Ezra Miller semble pour sa part totalement capable d'apporter une certaine fraîcheur dans le rôle de Flash, de toute évidence placé comme un ressort comique que l'acteur talentueux de We Need to Talk About Kevin et Le Monde de Charlie devrait embrasser sans problème. Ray Fisher en Cyborg reste encore bien flou. Un premier bilan en demi-teinte donc.

 

Photo Jason Momoa

Jason Momoa dans Justice League
 

L'UNIVERS ÉTENDU AUX FORCEPS

Jusqu’à présent l’univers étendu chez Warner a soufflé le chaud et le froid, expérimentant des concepts très excitants, ou se livrant à des mécaniques pas loin d’être stupides. Pour une apparition mystérieuse, potentiellement riche de quantités de nouvelles intrigues (la faille temporelle de Flash), pour un cauchemar visuellement démentiel impeccablement mis en scène et annonciateur d’une guerre apocalyptique totale (le règne de Darkseid et la confrontation avec un Superman ennemi de l’humanité), on a également droit à des procédés indignes de simplisme.

Difficile de ne pas s’agacer quand Bruce Wayne tombe sur une clef USB contenant carrément des teasers des prochains films DC, avec les logos de chaque personnage inclus. Et comment comprendre que la firme vante un coup l’absence de scenes post-génériques lourdingues, avant de se plier finalement à l’exercice et d’officialiser leurs présence dans Suicide Squad et Justice League ? 

Warner ne manque pas d’idées et de matière, mais à un moment ou à un autre il faudra trancher sur la politique qui les servira le mieux. 

 

Photo Ben Affleck, Ezra Miller, Gal Gadot

Justice League

 

LA COHÉRENCE DU MONDE 

Là aussi, on trouve d’excellentes idées, parfois curieusement exploitées. D’un côté, on sera reconnaissant à Warner d’avoir cherché à rentrer rapidement dans le vif du sujet et nous offrir de grands arcs scénaristiques avec Batman v Superman, et rapidement après, Justice League.

Sauf que le rythme apparaît finalement un peu précipité. Quand aura-t-on pris le temps de nous expliciter la situation géographique de Gotham et Metropolis (pourtant fondamentale, les deux villes étant situées sur deux rives différentes du même lac), absente de Man of Steel et centrale dans Batman v Superman : L'Aube de la justice ? Où se situe précisement Suicide Squad dans la chronologie ? Batman y arrête le Joker, mais on a bien du mal à saisir quand ont lieu ces évènements et dans quelle mesure ils sont reliés au meurtre de Robin, introduit dans Batman v Superman, dont il est sous-entendu qu'il serait à l'origine de la noirceur du Dark Knight.

De même, pourquoi donc Wonder Woman, qui découvre l’humanité et sa vocation de protectrice lors de la Première Guerre mondiale, n’a-t-elle apparemment rien fait pendant la Seconde ? Gal Gadot elle-même a récemment expliqué que l'introduction de l'héroïne dans Batman v Superman : L'Aube de la justice n'était pas très cohérente avec le personnage, indiquant au passage que son histoire n'avait même pas été clairement définie à l'époque. Là encore, le passionnant univers déployé par la Warner semble souffrir de sa rapidité d’exécution (cinq films sortis en quatre ans tout de même, avec un gros coup d'accélérateur puisque quatre films entre 2016 et 2017).

 

Photo Ben Affleck

 

LES MÉCHANTS

Ça a pourtant bien commencé avec Man of Steel : Zod, un ennemi mythique de Superman, incarné par un acteur très solide (Michael Shannon). Si l'inspiration était plus ou moins aussi forte niveau casting avec Jesse Eisenberg en Lex Luthor dans Batman v Superman : L'Aube de la justice, la place des antagonistes dans le DCEU reste toutefois très bancale.
 
Doomsday, l'Enchanteresse de Cara DelevingneDavid Thewlis avec moustache ou armure CGI dans Wonder Woman : l'univers peine à offrir des ennemis séduisants et réellement convaincants pour tenir tête aux super-héros. Que ce soit dans l'écriture grossière et le manque de profondeur avec des méchants trop accessoires, la tonalité difficile à saisir (la performance de Jesse Eisenberg aura laissé beaucoup de fans dubitatifs), ou dans la tartine numérique qui a tendance à bouffer les climax, le DCEU n'aura pas encore offert d'ennemis suffisamment forts pour affronter dignement des icônes comme Superman et Wonder Woman. C'est aussi pour cette raison que Darkseid dans Justice League est très attendu.
 
 

Photo Cara Delevingne

Cara Delevingne dans Suicide Squad 
 

LE PIRE

 

LA COMMUNICATION DU STUDIO

On pourra dire ce qu’on veut de Marvel : le studio et Disney ont parfaitement compris que leur communication devait non seulement être cohérente, mais surtout qu’aucun des très nombreux intervenants susceptibles de rencontrer le public ne devait se contredire. Hormis quelques couacs, comme le traitement passablement dégoûtant réservé à Edgar Wright sur Ant-Man ou encore le départ douteux de Patty Jenkins (future réalisatrice de Wonder Woman) de Thor : Le monde des ténèbres, tonton Mickey est le champion de la comm' huilée à la perfection.

Hélas, chez DC, c’est tout le contraire. Les déclarations sont floues, les mots approximatifs, et les rumeurs particulièrement nombreuses, sans que le studio ne prenne la peine de resserrer la communication pour calmer le brouhaha. Diane Nelson, présidente de DC Entertainement, déclarait à Vulture fin septembre que la priorité n'était pas l'univers étendu, obligeant Geoff Johns à confirmer sur Twitter (en réponse à une personne) que le DCEU n'est pas abandonné face aux demandes des fans et médias. Cet été, la rumeur parle d'un nouveau film sur le Joker produit avec Scorsese avec Leonardo DiCaprio : aucune réaction officielle, hormis un Jared Leto qui s'avoue un peu perdu.

 

Photo 3 Suicide Squad, Jared Leto

Jared Leto dans Suicide Squad 

 

Sans même parler des innombrables rumeurs non contrôlées ou enterrées par quelques savants communiqués de presse, le DCEU aligne les signaux contradictoires au niveau officiel. En avril 2016, Ben Affleck est désigné acteur, réalisateur et co-scénariste d'un film sur Batman, annonce Deathstroke interprété par Joe Manganiello, parle d'un tournage début 2017. En janvier 2017, rétropédalage : Affleck annonce qu'il ne réalisera le film que si le scénario le convainc, puis il finit par abandonner le poste de réalisateur après de lourdes rumeurs qu'il aura pris soin de contrer.

Dernièrement, l'acteur aura réagi de la même manière face aux rumeurs qui voudraient qu'il abandonne le rôle du super-héros, laissant logiquement planer le doute pour ceux qui suivent l'affaire. Il y a quelques jours, rebelote : interrogé sur son contrat de cinq films avec la Warner et les deux autres apparitions a priori prévues, il lâche au micro d'Extra TV un « Je ne sais pas trop. On verra ce que le futur réserve...». 

 

Photo Gal Gadot, Ezra Miller, Ben Affleck

Ben Affleck, Gal Gadot et Ezra Miller dans Justice League

 

Même chose côté Suicide Squad : David Ayer affirme qu'il n'y a qu'une dizaine de minutes de scènes coupées, quand Jared Leto déclare qu'il y en a suffisamment pour monter un film entier sur le Joker. Margot Robbie évoque elle aussi des scènes coupées entre elle et Leto. Le réalisateur défend la version sortie en salles, puis évoque en sous-texte l'expérience des mois plus tard avec une certaine amertume.

Ne parlons même pas des embauches, départs et contrefeux allumés pour persuader que tout allait bien du côté du film solo consacré à Flash. Depuis le casting d'Ezra Miller fin 2014, Phil Lord et Chris MillerSeth Grahame-Smith et Rick Famuyiwa sont ainsi passés pour le scénario et/ou la mise en scène, avant que le studio n'annonce cet été que le film s'appellera Flashpoint, en référence à un arc très connu. Nul doute que le succès de Justice League et l'accueil réservé au super-héros sera déterminant. Justice League qui, comme nous l’expliquions dans ce dossier, a affiché une promo longue et compliquée, avec là encore des signaux peu clairs et une somme énorme de choses compliquées à gérer - des rumeurs de reshoots massifs à l'arrivée de Joss Whedon pour les gérer, suite à un drame personnel qui a contraint Snyder à s'éloigner. En conférence de presse, la productrice Deborah Snyder confirme plus ou moins cette production compliquée, et invite le public à passer outre. 

Bref : de quoi laisser penser ou craindre que la Warner ne sait absolument pas comment et à qui vendre ses blockbusters.

 

Photo Gal Gadot, Ben Affleck

 Ben Affleck et Gal Gadot dans Justice League
 

LE MANQUE DE DIRECTION CLAIRE

Après un Batman v Superman au box-office solide (873 millions engrangés : c'est beaucoup, quoique loin du milliard attendu pour un blockbuster si énorme) mais violemment descendu par la presse, la Warner a abondamment communiqué sur sa volonté d’entendre le public. Pour beaucoup, c'était synonyme de moins de noirceur, et plus de légèreté à la Marvel. Conséquence immédiate : la production de Suicide Squad, dont le tournage a commencé juste après la sortie du film de Snyder, a été de toute évidence bouleversée. Des insiders parlent d'une volonté d'y injecter du cool - jusqu’à ce que nanar s’en suive.

Même chose sur Justice League : le Wall Street Journal a expliqué dans un article il y a quelques jours que le studio n’avait jamais su s’il devait contrôler totalement le film ou laisser Snyder le façonner. Attitude schizoïde qui aboutit à l’exigence d’un film sous la barre des deux heures et des reshoots vraisemblement importants et finalement dirigés par Joss Whedon, après le départ de Snyder. En conférence de presse, sa femme et productrice Deborah Snyder affirme que tout ceci a été difficile pour eux, après huit années passées à façonner le DCEU sans que le réalisateur ait pu aller au bout de sa vision ; de quoi nourrir l'idée d'un film fignolé et repris en main par Joss Whedon et donc, les producteurs.

Il semble que le studio soit très et trop réactif à l’humeur du moment, aux cris d’orfraie d’une partie de la critique ou du public. Et ce, au risque de la cohérence, allant jusqu'à certainement brimer des réalisateurs pourtant engagés pour leur style. Quitte à repiquer la méthode Marvel, il faudrait peut-être se rappeler qu’entre le premier Iron Man et le premier Avengers, certains films se sont faits pulvériser par la critique. Iron Man 2 ou Thor premier du nom n’ont pas poussé Kevin Feige à infléchir sa position d’un iota, mais plutôt à affiner sa communication, son uniformité et sa relation avec le public. Cette solidité farouche a certainement contribué le MCU à s'installer et fidéliser le public, là où le DCEU envoie encore des signaux peu clairs.

 
 

Amy Adams Henry Cavill

 

UN PROJET CONFUS

Là encore, confusion. Si le planning de Marvel exposé jusqu'à la Saint-Glinglin a de quoi effrayer et mettre en avant l'aspect usine à blockbusters, il témoigne d'une rigueur et d'un projet clair. Le DCEU, lui, semble chaotique en comparaison.
 
Justice League sera suivi d'Aquaman en décembre 2018, Shazam en avril 2019, Wonder Woman 2 en décembre 2019. Il y aurait ensuite le film Cyborg en avril 2020, un Green Lantern Corps en juillet 2020, un film Batgirl de Joss Whedon, un film sur Batman de Matt Reeves, un Suicide Squad 2 réalisé par Gavin O'Connor, un Flashpoint encore flou, un Gotham City Sirens normalement réalisé par David Ayer. Sans oublier les projets de films sur le Joker et Harley Quinn, Deadshot, Black Adam, Lobo par Brad PeytonNightwing par Chris McKaysur Deathstroke par Gareth Evans, un Justice League Dark (abandonné par Guillermo Del Toro) et une suite de Man of Steel. Et un Justice League 2 prévu.
 
Beaucoup, beaucoup d'ambitions diverses et variées donc. D'un côté, cet appétit peut séduire et exciter les fans, éventuellement charmés par un DCEU qui ressemble moins à une usine froide que le MCU, et déborde d'envies. De l'autre, on peut y voir un sacré bordel moyennement dirigé, susceptible de plier et changer selon le sens du vent et au prix d'une cohérence normalement indispensable pour un univers partagé qui s'assume.
 
 

Photo Will Smith, Margot Robbie

Deadshot et Harley Quinn pourraient/devraient avoit droit à des films 
 
 
En somme, le DCEU (DC Extended Universe) regorge d'ambitions, d'énergie, d'idées, et témoigne largement d'un désir de la Warner de créer un universe cinématographique riche et spectaculaire, capable de satisfaire largement le public et le cinéphile adepte de grands spectacles hollywoodiens. Il vise même parfois juste avec des films enthousiasmants, imparfaits mais portés par de belles choses.
 
Toutefois, ce projet titanesque d'univers partagé affiche encore, plus de quatre ans après sa naissance officielle, de sérieux problèmes à différents niveaux. En terme de cohérence, de solidité narrative et stylistique, et de communication, le DCEU semble encore se chercher. L'accueil très compliqué (et parfois non mérité à ce niveau de violence, chez la presse comme chez les spectateurs) de certains films, ainsi que le futur incertain de plusieurs projets plus ou moins officialisés, n'aide pas.
 
Ainsi, Justice League, en salles le 15 novembre, est attendu par beaucoup comme la pièce nécessaire pour saisir où s'engage la Warner avec le DCEU. Ecran Large vous en reparle très vite - le jour de la sortie, le studio ayant une fois de plus refusé d'organiser les traditionnelles projections presse.
 
 

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commentaires
AmigAKnight
14/11/2017 à 09:23

Marvel VS DC ...
Chacun des films sortis ont leurs forces et leurs faiblesses.
Je trouve que Marvel s'est toujours plus rapproché des comics (et donc du côté "fantaisiste" ie intégré notre réalité dans le monde Marvel) quand DC a toujours cherché à être plus dans le réalisme (intégrer les héros DC dans notre réalité).
Quand DC met régulièrement en avant l'humain derrière le héros, Marvel fait un peu l'inverse.

Personnellement j'ai adoré MoS et BvS, Superman a toujours été difficile a traiter de façon intéressante car beaucoup considère justement qu'il n'est pas intéressant. Car sauf à lui trouver plus fort (à la Dragon Ball) ou l'éternel kryptonite (et ses variations débiles), impossible de lui mettre des batons dans les roues. L'approche de Snyder à apporter une fragilité différente. Quant à Batman, on est vraiment dans BvS dans le symbole décrit par Nolan et qui fait peur. La légende urbaine.

LaTeub
13/11/2017 à 18:31

Bon dossier. Sinon je préfère définitivement des films Warner/DC qui au moins auront essayé de chercher autre chose que du Disney facile d'accès, avec des ratés, bien entendu, mais aussi d'éclatantes réussites. Je préfère des films maudits car incompris, maladroits ou honteusement conspués (BvS) qu'un Thor, un Homecoming, un Ant Man qui ratissent large et caressent les familles bouffeuses de pop corn dans le sens du poil ...

King
13/11/2017 à 09:59

@George ClintonAnalyse tout à fait impeccable de bout en bout excellent j'aurais pasmieux dit. Ou Zack Snyder n'a vraiment rien compris des personnages du catalogue DC ou c'est juste qu'il a voulu surfer sur la vague-ou se démarquer?- du succès de Dark Knight sans en vraiment comprendre l'essence et sans savoir s'y prendre. Cette fausse complexité qu'il a au forceps rajouté à Clark Kent Superman est de mauvais goût car dénature et gache tout ce qui a forgé le charme, la légende et l'aura du héros depuis sa création. Complètement à côté de la plaque, le mec.

George Clinton
13/11/2017 à 03:40

Pour poursuivre mon commentaire (limite de mots)

Part II

Quand certain parlent de ''Marvelisation'' je pense qu'il devrait réfléchir avant de sortir ces mots, WB et DC sont dans un processus de réhabiliter des personnages qui ont été suffisamment endommagés, comment se fait-il que la branche animation de la maison mère domine le marché des adaptions de comics depuis 1992 avec des films et séries animées de qualités alors que la branche cinéma patauge dans le caca depuis 2013 ? Je vous laisse observer et regarder les deux catalogues et surtout voir ce à quoi ressemble le storytelling et la cohérence narrative des arcs adaptés...

Donc espérons que JL soit à la hauteur et que Whedon qui a pris le relai (et qui lui est également un grand fan) ai vraiment donné un travail de qualité pour succéder à Snyder qui n'était clairement pas l'homme de la situation (du moins narrativement).

George Clinton
13/11/2017 à 03:39

En voyant certains commentaires ici, bien que respectant les avis différents (et c'est ce qui fait la beauté du débat cinématographique) je trouve regrettable que tant de personnes s'extasient devant la supposé noirceur des films DC qui donnerait un ton soit disant mature aux métrages...
Car le problème de ces films n'est pas en tant que tel leur ''noirceur'' mais c'est surtout leur écriture et leurs personnages dénaturés... c'est ce qui a valu à Batman V Superman le backlash médiatique de 2016. Quel était la différence entre Batman et Superman ? Il n'y en avait aucune, les deux était extrêmement pessimistes! je me souviendrais toujours de la ligne de Superman à Lois lane ''no one stay good in this world!'' Comment Superman symbole de l'espoir en est-il arrivé à débiter ces mots de sa bouche ? On nage dans le délire! je ne sais pas si certains ici lisent des comics mais cette phrase dite ici résume tout ce qui ne va pas dans les premiers films DC Entertainment : ''Les personnages ne sont pas ce qu'ils sont intrinsèquement, ils n'ont pas leur personnalité respectives et ne représentent pas leurs idéaux et valeurs''
Ce serait un peu comme si que Nolan avec sa trilogie TDK avait dépeint Bruce Wayne en quelqu'un d'extrêmement heureux, happy face un mix entre je ne sais pas moi Will smith pour le côté sympathique et Bill Gates pour l'aspect milliardaire... voyez-vous ? ça ne marche pas, et bien c'est exactement ce que la presse (anglo-saxonne particulièrement) a ressenti, les personnages de nos comics ont été renié et dénaturé par Mr Snyder.

Colonel Stuart
12/11/2017 à 19:00

Excellent article!
Bravo!

LOBO SUCKS
12/11/2017 à 02:30

Très bon article d'Ecran Large qui résume parfaitement l'univers DC Comics au cinéma avec ses bons et mauvais côtés. Merci.

Catflo
11/11/2017 à 10:59

Je déplore toutes les critiques qu'on subi mà ouf steel et surtout Batman vs Superman. Le côté sombre et les thèmes abordés plus réalistes, c'est justement cela que j'ai trouvé intéressant. Dans les comics ces thèmes ont déjà été abordés et Batman est loin d'etre un enfant de cœur. Suicid squad m'a vraiment déçue, j'y attendais de "véritables" méchants ds un scénario bien ficelé et sombre. J'ai eu plutôt l'impression que ce film s'adressait pr les jeunes ado.
Concernant la musique. Je suis du même avis. Les bandes originales de man of steel et B vs S sont superbes et de tous les articles lus vous êtes les seuls à en parler.
je trouve que wonder woman a été une bonne surprise.
J'attends également JL avec impatience et espère vraiment ne pas être déçue

corleone
11/11/2017 à 09:43

Choix de casting douteux, acteurs insupportables, scenarios écrits avec les pieds voire inéxistents, mise en scène pretentieuses, méchants pitoyables, rien ne de bon à tirer de ce DCEU si oui l'audace d'avoir OSER faire du grand n'importe quoi sous forme de gros doigt d'honneur dans la gueule de cette écurie emblématique de comics qu'est DC et l'ensemble de ses fans. Faut arrêter le massacre avec JL et Aquaman. Le plus tot serait le mieux afin de recommencer un nouvel univers ciné DC digne de ce nom avant que la mode des films super-zozoiques ne passe comme l'avait prédit Spielberg.

jimmy76
11/11/2017 à 01:39

Dossier super intéressant.

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