Justice League : une promotion en forme de Mission Impossible pour les héros DC

Sophie Sthul | 6 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Sophie Sthul | 6 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

C’est le 15 novembre que Justice League débarquera dans les salles françaises. Trois ans après son annonce, le blockbuster de Warner achève sa promotion.

Transformé selon les rumeurs entre le début de sa conception et le film qui doit illuminer prochainement les salles obscures, le best-of super-héroïque du DCEU a dû relever une série de challenges complexes pour parvenir jusqu’à nous.

Tenter de rassurer un public pas forcément conquis d’avance, gérer les rebondissements d’un scénario connu d’une partie du public, et coller aux attentes supposées de ce dernier auront amené Justice League à changer plusieurs fois de peau et à jouer les équilibristes. On revient ensemble sur 3 ans de marketing aux airs de Mission : Impossible.

ATTENTION, LES INFORMATIONS QUI SUIVENT CONTIENNENT NECESSAIREMENT DES SPOILERS

 

Photo Gal Gadot

Une League presque au complet...

 

EFFACER ZACK SNYDER

Contesté après les réceptions inégales de Man of Steel et surtout Batman v Superman : L'Aube de la justice (deux films aimés voire adorés par la rédaction dès leur sortie), Zack Snyder n’était plus l’architecte principal du DCEU depuis la création de la filiale DC Films et l’arrivée de Geoff Johns pour la diriger, à la manière de Kevin Feige chez Marvel.

Le metteur en scène de Watchmen et Sucker Punch aura eu beau expliquer avoir toujours envisagé Justice League comme un film plus optimiste et lumineux que les précédents, Johns ne fera pas mystère de l’origine des révisions apportées à la tonalité d’ensemble, expliquant quasiment dès sa prise de fonction qu’il entendait répondre positivement à ce qu’il avait identifié comme un souhait du public de recevoir des productions plus légères.

 

 

 Les premières images dévoilées du film...

 

 Avant une véritable révolution copernicienne !

 

Des transformations évidentes au fur et à mesure des bandes-annonces, tant le gouffre est grand entre les premiers extraits dévoilés au Comic-Con en 2015 et les derniers trailers. Ligne claire, disparition des couleurs désaturées emblématiques de Snyder : on a beau retrouver l’ambition épique symptomatique du réalisateur, on sent clairement la métamorphose esthétique à l’œuvre en coulisses.

Plus frappant - et problématique – est la décision, manifestement intervenue après le départ de Zack Snyder en mars dernier suite à un drame personnel, de pratiquer une forme de révisionnisme promotionnel plutôt inélégant. On a ainsi pu voir successivement Ben AffleckGal Gadot et enfin Henry Cavill faire savoir combien ils étaient peu satisfaits ou du moins conscient des faiblesses des films de Zack Snyder et la précédente vision présidant au DCEU.

Non seulement on n’est pas certains que ce genre de retournement de veste soit productif en terme d’image, mais on ne comprend pas comment renier un travail (a fortiori aussi audacieux) peut convaincre quiconque de se précipiter en salles.

 

Trailer 1

Un Bruce Wayne très colère 

 

JUSTIFIER LA LEAGUE

Warner a décidé de griller rapidement quelques unes de ses plus grosses cartouches scénaristiques pour imposer son univers étendu. Ainsi, plutôt que de consacrer une aventure solo à chaque membre de la Justice League, le studio a opté pour enchaîner au pas de course l’affrontement Batman/Superman, la mort de Superman face à Doomsday, et l’introduction de l’arc Steppenwolf/Darkseid.

Un choix parfaitement respectable, mais qui pose la question de la communication, DC étant obligé d’introduire aux forceps des personnages qui n’auront connu, au mieux, que des saynètes expédiées dans Batman v Superman. En résulte une série de featurettes plus ou moins décalées et efficaces, où chaque comédien se voit obligé de présenter un héros, dont on se dit qu’il aurait bien mérité un film de présentation.

 

 

 

 

Qu'ils soient méconnus du grand public, incarnés différemment sur le petit écran ou amenés à être radicalement transformés, nos héros sont donc présentés un peu mécaniquement depuis plusieurs mois. Parfois au détriment de l'intrigue elle-même. En effet, quasiment aucun élément promotionnel n'est venu étayer un synopsis qui pourrait se résumer par "de gros méchants arrivent, les gentils s'unissent", comme si DC était surtout préoccupé par la visibilité de ses protagonistes.

 

Photo Zack Snyder

Zack Snyder et Jason Momoa

 

CACHER SUPER BIEN SUPERMAN

Officiellement, Superman est mort et enterré. Problème : tout le monde sait que même sur le papier, le héros n’est pas resté longtemps six pieds sous terre et tout le monde sait que Henry Cavill a participé au tournage de Justice League.

 

Photo

Affiche

Tantôt présent... tantôt absent...

 

Dès lors, fallait-il promouvoir le blockbuster comme la réunion du super-héros décédé avec ses camarades de lutte, ou se réserver le droit de surprendre ? Warner n’a manifestement jamais tranché, provoquant une promo complètement schizophrène. Dans certaines bandes-annonces, Clark Kent et son avatar sont donnés pour définitivement morts, quand un trailer annonce clairement son retour. Il en va de même pour les affiches et bannières qui le font apparaître… ou pas.

Plus invraisemblable encore : l’interprète de Superman a lui-même dévoilé (nécessairement à la demande du studio) une photographie de la tenue noire de Superman, intrinsèquement liée à sa résurrection. Au-delà du spoil évident, on comprend mal l’intérêt de garder le secret d’un côté pour mieux le divulguer de l’autre.

 

Photo

 

CAPITALISER SUR WONDER WOMAN

Warner ne peut pas totalement communiquer sur la reprise en main de post-production et le tournage additionnel supervisé par Joss Whedon, au risque de laisser croire à une forme de panique interne, ou laisser penser que Justice League sera un décalque des Avengers de Marvel.

 

Photo Ezra Miller

Photo Ray Fisher

Photo Henry Cavill FAKE NE PAS REUTILISER

Photo Jason Momoa

Photo Ben Affleck

Photo Ben Affleck

Photo Gal Gadot

Photo Ezra Miller

Photo Jason Momoa

HASHTAG COULEUR

 

En revanche, il est évident que depuis le succès public et critique de Wonder Woman, c’est l’héroïne jouée par Gal Gadot qui prend progressivement l’ascendant sur ses compagnons d’armes. Le blockbuster de Patty Jenkins était incontestablement le plus coloré du catalogue DC jusqu’à présent, et on ressent ce revirement chromatique jusque sur les affiches du film.

Ainsi, quasiment tous les éléments promotionnels dévoilés après la sortie de Wonder Woman semblent avoir été coloriés à la va-vite pour imprimer un peu plus encore ce changement de braquet.

 

Photo

La sauveuse de DC ? 

 

On le voit, la promotion de Justice League, attendu dans nos salles le 15 novembre, n’aura pas été de tout repos. Le chemin a été complexe par l’ampleur du projet, et délicat en raison de son annonce qui remonte déjà au mois d’octobre 2014 - soit trois années d’infos quasiment continues, qui ont inévitablement reflété les métamorphoses du projet.

Et quoi qu’on puisse penser de ce panzer promotionnel nécessairement imparfait, les premiers analystes estiment que Warner est en passe de réussir son défi, ce qui représenterait une sacrée réussite, au vu des aléas et des intempéries traversés par le DCEU.

Verdict le 15 novembre prochain !

 

 

Affiche française

Tout savoir sur Justice League

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commentaires
Flash
07/11/2017 à 19:35

Dingue le nombre de commentaires dès qu'un article sort sur ce film.

TOD
07/11/2017 à 13:29

Cet effacement de Snyder se voit surtout dans la dernière B.A où les scènes d’affrontement contre les troupes de Steppenwolf étaient essentiellement de nuit mais désormais baignent dans une lumière rouge.
Esthétiquement de très mauvais goût à mon sens et surtout cela nuit à la lisibilité de l’action...

Zanta
07/11/2017 à 10:51

Et ça va continuer : curieux de savoir comment Warner va envoyer Whedon faire la promo du film avec sa nouvelle image de pygmalion bien macho un poil pervers.

Decker
07/11/2017 à 09:53

Hé ben ça a l'air bien naze.
DC a une politique à l'inverse de ses personnages, conservatrice là où nos héros prônent l'ouverture. La réaction épidermique de fans alpha reflète cette gentrification du collant, même le joker s'est vu se conformer à un stéréotype de zazou unidimensionnel rétrogradant sans ménagement l'orientation salutaire punk de sa dernière apparition de qualité. L'amazone féministe n'est au finale qu'une suffragette, façade d'un manque d'imagination et signature de la maison mère, qui ne doit sa splendeur qu'à de talentueux artistes, peu nombreux et mal payés, se prenant d'affection pour des personnages qu'ils ont poussé à leurs paroxysmes. Batman avec Ben Affleck est prototypique, et Flash du rouge est passé à l'orange, ridiculement affublé d'un casque VTC.
Bref, les détracteurs histrioniques de pyjama feraient mieux de glorifier des Alex Ross, Romita, Mignola, Miller, Bolland, Moore... qui eux aiment leurs créations et les ont fait vivre, plutôt qu’idolâtrer des actionnaires ringards défoncés à la théine qui les prennent pour des retardés, ne pensant qu'au capitale qu'ils vont engloutir au détriment d'une réel vision.
A force de tout mélanger, comme de critiquer la critique d'un critique parce qu'il critique, on se retrouve a un niveau zero d'analyse, ou a financer des inepties comme les Powers Rangers et les inhumains...

Amnorian
07/11/2017 à 08:36

Il est vrai que la communication sur les films DC n'est pas géniale (voir le départ puis le retour puis le départ, puis le retour de ben affleck) et le film semble avoir eu beaucoup de remous en interne.
Mais malgré tout j'y crois encore, les personnages choisis semblent avoir beaucoup de charisme rien qu'a voir comment ils ont présenté aquaman qui sur le papier n'est pas folichon, et j'attends beaucoup de flash qui semble vraiment être la touche comique necessaire.
J'avais aimé Man of steel, mais pas vraiment adoré Batman Vs Superman qui avait pourtant des idées de réalisation mais un montage catastrophique et surtout un scénario ridicule. Wonder Woman est sympa mais loin d'être parfait (par contre une actrice parfaite dans le role), mais la, les quelques bandes annonces nous présentent une alchimie qui semble fonctionner.

King
06/11/2017 à 23:04

Article parfait qui illustre parfaitement le fait que DC Warner est très très nul matière communication. Leur image a pris un sacré coup et les vrais aficionados de l'univers comics DC ne leur font plus confiance malgré le succès de wonder woman. Justice league c'est vraiment le film de la dernière chance pour eux..

Geoffrey Crété - Rédaction
06/11/2017 à 21:14

@Melvyn

Oh bah on va respirer, déjà. Et faire la part des choses entre un avis sur la promo (cet article), et le film lui-même (ça, on le réserve pour ce moment où la lumière s'éteindra dans la salle).

Au risque de nous répéter pour la millième fois (et la troisième ici au moins) : nous ne sommes ni pro-DC ni anti-DC. On aime les bons films, avec toute la subjectivité que ça implique.

D'où notre critique positive de Man of Steel
https://www.ecranlarge.com/films/859522-man-of-steel/critiques

D'où notre critique très positive de BvS à sa sortie
https://www.ecranlarge.com/films/869126-batman-v-superman-l-aube-de-la-justice
Puis en version longue quelques mois après
https://www.ecranlarge.com/films/dossier/959502-batman-v-superman-que-vaut-la-version-longue-du-film-de-zack-snyder

D'où une critique plus mitigée mais pas très méchante de Wonder Woman
https://www.ecranlarge.com/films/931392-wonder-woman/critiques

Seul Suicide Squad a été, chez nous, très mal reçu
https://www.ecranlarge.com/films/933156-suicide-squad/critiques

Si avec ça, on est de gros méchants anti-DC (notamment en prenant en compte que lorsqu'on défend BvS, on s'en prend plein la tronche aussi)... on va dire que nous aussi, on rigole alors.

Sans patates
06/11/2017 à 21:13

Je suis tout à fait d'accord avec l'article wait and see

Melvyn
06/11/2017 à 20:51

Bonjour,

EL vous me faite bien rire, l'article que vous venez de sortir est en tout points négatif alors ne vous moquez pas de nous, ça arrive que vous sortiez de bonnes critiques certe mais, à mon humble avis c'est juste pour faire jolie, pendant toute la promotion, vous n'avez pas censé de dire que c'était "léger, médiocre" comme promotion, alors vous avez peut être soutenu Warner pour Pan et Jupiter Ascending mais apparemment vous avez quelque chose contre DC alors cessez les excuses bidons car vous vous plongez plus qu'autre chose !

rod
06/11/2017 à 20:41

"on connait au final très peu de choses sur l'intrigue"

Bah... de ce qu'on voit via les trailers.
Il y aura un (des) gros flashback(s) pour présenter un gros méchant qui est déjà venu sur terre.
S'en suivra le passage obligatoire ou Bruce Wayne va faire du recrutement en rendant des comptes à Wonder Woman.
Il y aura divers affrontements alors que l'équipe n'est pas encore soudée ou au complet.
Et puis le climax / baston finale avec les nuages rouges dégueulasses.
Comme il y aura aussi sûrement un petit épilogue pour venir grappiller quelques minutes, si c'est du "119min sans compter le générique", il reste juste de quoi caser le "mystère" Superman.

Cas contraire: DC nous sort un bon gros troll des familles
Le film passe la majeure partie de son temps a développer l'unification de la team, se prend une rouste dans le final, voit Superman débarquer et... Cut.
Justice League: Part One.

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