Red Room 2 : la plus gore des BD est de retour

Mathieu Jaborska | 20 avril 2023
Mathieu Jaborska | 20 avril 2023

Le nouveau tome de Red Room signé Ed Piskor est sous-titré "trigger warnings". Et effectivement, il convient de parcourir ses pages maculées de sang et de tripes à ses risques et périls. Attention, mention de violence extrême.

L'édition en France du premier tome de Red Room, chez Delcourt, avait étonné les amateurs de BD qui connaissaient la réputation de la chose. En effet, cette série scénarisée et dessinée par l'émérite Ed Piskor (Hip Hop Family Tree, X-Men : Grand Design), n'est pas juste un délire horrifique un peu gore. C'est un véritable recueil d'atrocités, inspirées de la mythologie qui s'est bâtie autour du snuff movie.

 

Red Room Tome 2 : photoPour donner une petite idée

 

Pour les âmes innocentes, il faut préciser qu'un snuff movie est peu ou prou un film montrant un authentique meurtre et/ou une séance de torture, tourné et diffusé à des fins de divertissement. Des exactions désormais ancrées dans l'imaginaire collectif, lui-même stimulé par les faux snuff comme les premiers Guinea Pigs ou Snuff 102 et inquiété par le développement sauvage d'internet. L'émergence du deep web, ainsi que son opacité, ont d'autant plus entretenu la peur. L'univers de Red Room s'empare de ce modèle, imaginant une sorte de Twitch du snuff clandestin fonctionnant grâce au bitcoin.

Pas question néanmoins pour Piskor, provocateur autoproclamé, de jouer sur une ambiguïté pseudo-réaliste, comme certains réalisateurs. Il s'empare du phénomène pour explorer un univers fictionnel hyper-sordide, qui cite directement ou indirectement toute une tradition du cinéma d'horreur, allant jusqu'à rejouer à la sauce snuff le dernier acte de l'immense The Wicker Man. Le tout avec un dessin parfaitement adapté, assez précis pour retranscrire l'horreur des fameuses "Red rooms", assez cartoonesque pour rester dans l'horreur pop.

 

Red Room Tome 2 : CouvertureGrosse ambiance

 

 

Comme le premier tome, ce nouveau volume, regroupant 4 histoires complètes et plusieurs bonus passionnants (détaillant notamment le travail de l'auteur), n'est donc pas à mettre entre toutes les mains. Mais pour peu qu'on ait l'estomac vide, c'est une fois de plus un beau sommet de malaise et d'humour noir, d'une radicalité quasi inédite dans le paysage de l'édition française.

Qui plus est, Piskor profite de ces nouveaux récits pour accentuer encore un peu plus certains aspects de son oeuvre. Dans le premier tome, il s'amusait surtout avec le spectre d'organisations toutes puissantes, sorte de studios de cinéma underground. Une véritable industrie aux proportions quasi surnaturelles, qui incarne, comme le concept même de snuff, l'ultime dérapage d'une société ultralibérale où tout se monnaye. Son regard sardonique se détectait notamment dans les commentaires en direct des spectateurs des Red Room, rejetons inhumains et imbéciles du monde moderne.

 

Red Room Tome 2 : photoUn peu de couleur pour apporter de la joie

 

La suite développe encore plus cet aspect. "J’ai ouvert les vannes bien au-delà des cryptomonnaies et du dark web" avoue l'auteur. Il décrit davantage plus son réseau sadique comme la perpétuation débridée d'un système de classe sale et méchant, quitte à carrément mouiller Jeff Bezos et autres figures multimilliardaires adulées par une génération complètement aliénée.

Plus de tripes, plus de politiques et quelques audaces délirantes sont au menu de ce deuxième tome, disponible depuis le 19 avril dernier chez Delcourt. Bon appétit !

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commentaires
Mathilde T
23/04/2023 à 22:11

Découvert les tomes en ligne. Excepté les graphismes j'ai moyennement accroché à l'histoire qui part dans tous les sens et je trouve Red Room autant hardcore que Crossed, pour répondre à ta remarque, @Rorov94m mais il me semble qu'on y trouve nettement moins de violence sexuelle si ma mémoire est bonne .

Rorov94m
22/04/2023 à 18:47

Si c'est pire que la fameuse double-page du 1er tome de CROSSED...je passe mon chemin, c'était déjà trop pour moi.

Ari G.
22/04/2023 à 10:08

Aaahh, ces fantasmes autour du Bitcoin...
Si je comprends bien, c’est du torture porn avec un message « social » ? J’avais cru voir passer des manga bien extrêmes avec le même contenu (pas édités en France à ma connaissance) genre il y a 10-15 ans ; plus aucune idée du titre mais ça me parle, définitivement.

Akitrash
21/04/2023 à 11:32

Franchement j'ai rien compris au premier, ça m'avait grave soûlé, d'ailleurs j'ai même pas réussi à le finir... SVP ré-éditez les bon comics d'Avatar... Faust de Tim Vigil par exemple...

Loozap
21/04/2023 à 01:30

J'ai tellement aimé