Heat 2 : la suite du film culte existe, et c'est immanquable (surtout en format poche)

La Rédaction | 15 avril 2024 - MAJ : 15/04/2024 16:20
La Rédaction | 15 avril 2024 - MAJ : 15/04/2024 16:20

Michael Mann débute sa carrière de romancier en signant Heat 2, la suite de son film de braquage mythique. Un polar indispensable, disponible en format poche.

“McCauley arrive en haut de la colline à East L.A., à City Terrace plus précisément. Un coucher de soleil flamboyant embrase le ciel de rose et d’or. La vue se déploie dans toutes les directions : le centre-ville, le panneau Hollywood, les monts San Gabriel, l’océan au loin. En contrebas, six voies de feux arrière serpentent en direction de l’est et six voies de phares blancs vers l’ouest sur l’autoroute I-10. L’air est chargé de poussière et de senteurs d’eucalyptus.”

Pas de doute, cette seule description nous renvoie immédiatement dans l’univers si singulier de Michael Mann. Au-delà des néons et des élans de synthwave, son cinéma évoque depuis toujours des mégapoles électriques et hypnotisantes, dont les lumières artificielles et aveuglantes engloutissent des personnages en quête de sens dans le labyrinthe de l’existence.

Mais surtout, cette description rappelle la beauté, l’ambiance et les émotions si particulières de Heat, son chef-d'œuvre et film de braquage terminal, porté en 1995 par Robert De Niro et Al Pacino. Après avoir longtemps envisagé une suite, le cinéaste a finalement sauté le pas sous la forme d’un roman, co-écrit avec l’autrice Meg Gardiner. Alors que Heat 2 est disponible à partir du 17 avril 2024 en format poche chez HarperCollins, il est temps de plonger dans les méandres de ce fantasme de cinéphiles.

 

Heat 2 : photoEt Michael Mann va l'adapter au cinéma

 

Heat Machine

Il peut être difficile de mettre des mots sur Heat, tant la réussite du film dépend de son rythme lancinant, qui prend le temps de capter l'atmosphère de Los Angeles. Or, cette particularité tient à son niveau de détails maladif, à commencer dans l’écriture de ses personnages. Qu’il s’agisse de Neil McCauley (Robert DeNiro) ou de l’inspecteur Vincent Hanna (Al Pacino), Mann leur a inventé un passé ultra-complet lors de l’écriture du long-métrage, et c’est ce qui l’a poussé à explorer de nouveau cet univers.

A priori, Heat 2 pouvait sonner comme une mauvaise idée, et pourtant, son postulat s’impose bien vite comme une évidence. Le roman débute juste après les événements du film, et suit Chris Shiherlis, le personnage qu’incarnait Val Kilmer, dans sa tentative de fuite des Etats-Unis. En tant qu’unique survivant du gang de McCauley, le criminel se retrouve traqué par Hanna dans une chasse à l’homme tendue.

 

Heat : photo, Val KilmerChris Shiherlis, un bien beau personnage

 

Pour autant, le roman ne se concentre pas que sur l’immédiateté de cette situation. En plus d’alterner entre le point de vue de Chris et celui de Vincent, il vagabonde entre les années, plus précisément entre 1988 et 2000. Dans ce laps de temps qui entoure le long-métrage, Heat 2 a l’opportunité de développer ses protagonistes, notamment McCauley, dont l’ambition le pousse à s’attaquer à un cartel mexicain.

Et là réside toute la sève du projet : Heat 2 est un roman noir et un polar complet, où se confrontent scènes de meurtres barbares, courses-poursuites, braquages préparés avec minutie, enquêtes de policiers au bout du rouleau et plongée immersive dans les tréfonds du crime organisé. Mann assemble toutes les pièces du puzzle avec une efficacité toute cinématographique, au travers de courts chapitres qui posent instantanément un cadre et des enjeux à la manière de séquences embarquées dans un montage parallèle.

 

Heat : Photo Al PacinoACAB or not ACAB ?

 

He's the Mann !

Cette démarche est d’autant plus à-propos que le long-métrage qui lui sert de base est tout entier fondé sur la notion de dualité, de ying et de yang, sublimé par cette fameuse scène dans le diner en champ-contrechamp entre McCauley et Hanna. Beaucoup ont souligné à quel point la mise en scène de Heat oppose dans des espaces filmiques différents ses deux protagonistes, pour appuyer l’impossibilité de les voir exister dans le même monde. Il ne peut en rester qu’un, et cette dimension tragique est approfondie par sa suite, grâce à un travail du contraste et d’effets miroir tenus sur toute la durée du roman.

Les époques s’affrontent, mais les destins se recoupent toujours, et Mann se plaît à renforcer par une prose lyrique sa vision romantique de ce monde de gangsters. C’est aussi sa manière de traiter en substance de l’évolution de l’Amérique et de ses mythes. En allant dans le désert mexicain, la bande de McCauley réécrit à sa façon la loi du talion d’un Far West impitoyable. Avec une douce mélancolie si typique de ses films, l’auteur oppose ce fantasme à la réalité d’un temps révolu, remplacé par un crime organisé de plus en plus mondialisé et contraint par l’informatique.

 

Heat : photo"Le sang coule, c'est pas du ketchup Heinz" - Kaaris

 

Dès lors, Heat 2 est non seulement une suite cohérente avec le chef-d'œuvre qui le précède, mais le livre s’inscrit à merveille dans les obsessions de Michael Mann, et dans la continuité de sa carrière. On y voit un peu de Hacker et de Miami Vice dans cette modernité de la criminalité, mais aussi dans ses personnages féminins, à l’instar de la fascinante Ana, qui rappelle par bien des aspects Isabella Montoya (Gong Li).

Par ailleurs, le roman permet à Michael Mann (et à l’écriture ciselée de Meg Gardiner) de se montrer plus que jamais perfectionniste. Avec moult détails, il s’attarde sur les sensations de personnages en permanence sur le qui-vive, confrontés aux démons de leur passé, et qui essaient de s'imposer sur leur environnement. Heat 2 est même plus généralement un livre passionnant sur les décors qu’il investit, qu’il s’agisse d’un Los Angeles nocturne ou d’une ville du crime en plein Paraguay.

Michael Mann y déclare une nouvelle fois tout son amour pour des personnages aussi obsessionnels et bouleversants que lui, emportés dans un polar d’une grande efficacité. Pour tout fan du réalisateur ou de Heat, sa suite s’impose comme un immanquable.

 

Heat 2 est disponible EN POCHE chez HarpeRCOLLINS

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commentaires
Kolby
16/04/2024 à 21:47

@saiyuk
Du moment où tu as vénéré à toute epreuve qui est sortie après une balle dans la tête, tu me rejoins alors du fait que John woo ne s'est plus retrouvé

Birdy l'inquisiteur
16/04/2024 à 01:01

Michael Mann est brillant, obsessionnel, et rare. Ses films sont inépuisables de qualités variées, mais la plus forte d'entre elles : ils vibrent pour chaque génération avec la même force. Polar, épopée historique, ou enquête journalistique, Mann sait insuffler à ses récits l'urgence de la survie, ses personnages sont traqués pour tenter d'exister autrement.
S'ajoute une maestria formelle inimitable, ce qui est rare dans un art aussi exploré visuellement...
Heat est la preuve qu'un polar urbain peut illustrer à merveille notre douleur à ne pas trouver comment vivre ensemble sans nous entretuer.

saiyuk
15/04/2024 à 16:23

@Kolby
J'ai beau vénérer A toute épreuve pour moi le film de John Woo terminal, somme, fleuve, celui qui t'avale et ne recrache qu'en mille morceaux c'est Une balle dans la tête..

Kolby
15/04/2024 à 14:46

Lorsqu'un film est bon, tous reste unanime... Concernant Heat, quels connaisseurs ou amateur de film pourraient dire le contraire ? Certains films épuisent et c'est difficile de s'en remettre après. Demander à John woo après à toute épreuve, il ne s'en est plus remis, même mickeal Mann après ce Heat...

saiyuk
15/04/2024 à 14:39

ce soir sur Arte un autre chef d'oeuvre : usual suspect

saiyuk
15/04/2024 à 14:21

Forcément ce que tout le monde garde en mémoire c'est cette put... de fusillade en pleine ville, mais le must de ce film c'est son casting, alors oui bien sur De Niro et Pacino, mais les seconds roles sont tout aussi bien écrit et bien interprété (et quel galerie de trogne) : Tom Sizemore, Danny Trejo, Henry Rollins, Wes Studi, William Fichtner, sans oublier Diane Venora, ashley Judd et Natalie Portman, tous ont le moment de briller, de faire évoluer leur personnage. Mais pour moi c'est aussi et surtout le meilleur film de Val Kilmer avec The doors, dans Heat il a ce charme, ce charisme, cette folie, qui lui va parfaitement, sans en faire trop. On peut en parler des heures, quoi qu'il arrive a la fin c'est chef d'oeuvre et point barre.

Yass69
15/04/2024 à 14:03

Bonjour

Je me suis offert ce bouquin en septembre (pas pu attendre le format poche).

Je peux vous dire que c'est un super bouquin, une super histoire, surtout les moments dans le passé (donc avant Heat 1) .

ATTENTION SPOILER :

On voit Hannah quand il est plus jeune et enquêteur à Chicago et qu'il dérape sur une enquête horrible (série de homejacking avec tortures et viols par une bande de tarés) lorsqu'il jette volontairement d'un toit l'un des auteurs.

McCauley et sa bande qui font le casse d'une banque (les coffres) pendant tout un weekend de fermeture, puis qui préparent le braquage d'un dépôt d'un cartel mexicain (avec tout ce qui va avec : professionalisme, dangers, repercussions, etc).

On comprends mieux le traumatisme de McCauley, qui a perdu sa nana à la suite de ce braquage (et qui ne voudra plus le lier à personne).

Il y a aussi la partie avec Chris (qui est très bien mais que je préfère un peu moins) et les retrouvailles avec Hannah.

On retrouve pas mal de personnages de Heat 1. Franchement ce bouquin c'est un presque un chef d’œuvre qui se passe à plusieurs époques

Du coup, je me demande vraiment comment Michael Mann va pouvoir faire ce film (avec tous les acteurs morts ou vieillissants de Heat 1)

Niko
09/06/2023 à 18:03

Heat, Meilleurs film de tous les temps. J'espère qu'il va être à la hauteur Michael Mann pour la suite.

Braquos de la vida
20/03/2023 à 10:40

Heat 2 pas nécessaire mais bon, Mann c'est un pro, laisons le faire!

Box
17/03/2023 à 01:21

Heat est un film de dingue. J'espère que une suite de cinéma sera possible.

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