Morbius, Moonfall, Black Adam... les 15 gros bides du box-office 2022

Buzz l'Éclair, Morbius, The Northman, Avalonia, Moonfall, Trois mille ans à t'attendre, The Northman... retour sur 15 très gros flops et échecs au box-office 2022.

En 2022, Top Gun : Maverick, Jurassic World 3, Les Minions 2, Doctor Strange 2 ou encore Black Panther 2 ont roulé sur le box-office, laissant des miettes à beaucoup d'autres poids lourds de l'année (pensée pour Black Adam). Et si plusieurs films comme Scream, Smile et Everything Everywhere All at Once ont tiré leur épingle du jeu, beaucoup d'autres ont fini au cimetière du business.

En 2021, ils s'appelaient Matrix 4, The Suicide Squad, Resident Evil, ou encore Le Dernier Duel. En 2022, il y en a encore beaucoup. Sélection de 15 flops intéressants, parmi les plus gros échecs du box-office 2022 (sachant que bien d'autres auraient pu y être, comme She Said, Bros ou Armageddon Time).

Les plus gros succès du box-office 2022, c'est par ici.

Mémo : les studios ne récupèrent pas toutes les recettes du box-office (une partie va notamment aux exploitants), et le pourcentage varie selon les territoires. Le box-office domestique (Etats-Unis et Canada) est ainsi le plus important, un studio américain récupérant environ 50%. Le box-office chinois est le moins avantageux (environ 30%). C'est pour ça que toute analyse du box-office doit être détaillée.

 

Rouler sur la concurrence

 

1. 355

Budget : 41 millions

Box-office : 27 millions

 

Mission : Impossible, en effet

 

Avec 355, l'actrice et productrice Jessica Chastain avait une ambition assumée : lancer une franchise d'action à la James Bond et Mission : Impossible, mais au féminin, et avec un gros casting (Diane Kruger, Penelope Cruz, Lupita Nyong'o). Mais comme avec le navet Ava sur Netflix, lui aussi produit par sa boîte Freckle Films, l'échec a été spectaculaire.

Avec un budget de 40 millions au moins (selon Variety, sachant que Deadline parlait de 75 millions), 355 s'est royalement planté au box-office domestique – moins de 15 millions. Le reste du monde n'a pas aidé, avec un bilan de 27 millions. A titre de comparaison, le premier John Wick avait encaissé plus de 86 millions pour un budet de 20-30 millions. Atomic Blonde, qui n'a toujours pas eu de suite, avait rapporté plus de 100 millions pour un budget de 30.

Pour sa défense, 355 a aussi été une victime collatérale de la pandémie. Censé sortir en janvier 2021, il a été repoussé à janvier 2022 (oui, une sale période dont peu de films réchappent), et a en plus été lâché en VOD au bout de quelques semaines. Autant dire que personne n'y croyait chez Universal. Le plus drôle : Jessica Chastain avait ramené sur le projet son pote réalisateur et scénariste Simon Kinberg, celui-là même qu'elle avait suivi dans le désastre X-Men : Dark Phoenix. Un partout, balle au centre.

 

2. Nightmare Alley

Budget : 60 millions

Box-office : 39 millions

 

 

C'est un échec qui fait mal, parce que Nightmare Alley est un très beau film, et parce qu'il est signé Guillermo del Toro. Mais c'est un échec pur et dur. Avec un budget de luxe pour un tel film (60 millions), le réalisateur a eu droit à une douche froide, particulièrement au box-office domestique (environ 11 millions). Le reste du monde n'a pas sauvé la mise, et Nightmare Alley n'a finalement même pas atteint la barre des 40 millions. A titre de comparaison, Crimson Peak avait coûté autant (55 millions), mais presque atteint les 75 millions au box-office.

La date de sortie américaine a certes été pointée du doigt puisque Nightmare Alley est sorti face à Spider-Man : No Way Home. Mais difficile de croire que le même public était visé. En France, il est arrivé en janvier, soit une période peu convoitée. Le film de Guillermo del Toro aurait donc pu être une parfaite contre-programmation, surtout avec le prestige du réalisateur, ses Oscars pour La Forme de l'eau, et le casting quatre étoiles (notamment Bradley Cooper et Cate Blanchett).

Que s'est-il donc passé ? Nightmare Alley était-il trop long (2h30) ? Trop loin de l'univers habituel de del Toro (pas de monstre) ? Trop difficile à classer pour le vendre clairement (un film noir) ? Beaucoup trop cher pour un tel film, et donc condamné d'avance ? Difficile de répondre, mais sûrement un peu tout ça.

Notre critique du beau et noir Nightmare Alley de Guillermo del Toro.

 

3. Moonfall

Budget : environ 140 millions

Box-office : 67 millions

 

 

Une catastrophe pour l'expert en film catastrophe : c'est presque beau. Avec un budget d'environ 140 millions, Roland Emmerich avait les moyens d'un pur blockbuster hollywoodien, même si Moonfall est en réalité un blockbuster indépendant, fruit d'une coproduction internationale (Allemagne, Chine, Etats-Unis, Royaume-Uni). Et avec 67 millions au box-office, ce délire autour d'une race d'aliens qui compte utiliser la Lune pour bousiller la Terre a gagné le prix du giga-flop de 2022.

Distribué aux États-Unis comme un (petit) blockbuster (plus de 3400 salles), Moonfall a amassé un peu moins de 10 millions de dollars lors de son week-end d'ouverture. Dès la semaine suivante, ses recettes ont baissé de 70%, pour terminer sa course avec moins de 20 millions. Et n'est pas le box-office international qui l'a sauvé, avec même pas 50 millions supplémentaires. La Chine a elle aussi boudé le film (22 millions), après avoir fait un triomphe à un autre film de SF con comme la Lune (The Wandering Earth : 690 millions).

Pour Roland Emmerich, c'était un énième rejet du public, qui enchaîne les flops depuis 2012. White House Down, Stonewall, Independence Day : Resurgence et Midway ont tous été des échecs plus ou moins énormes. Moonfall devait avoir droit à deux suites en cas de succès, mais ce grand projet incroyable a rejoint le même cimetière qu'Independence Day 3 (et Stargate 2) (et Godzilla 2). Depuis, Roland Emmerich a annoncé qu'il prenait sa retraite. Bravo.

Critique de l'objectif nul Moonfall.

 

4. Blacklight

Budget : 43 millions

Box-office : 15 millions

 

Liam Neeson qui fête le succès du film

 

Elle est loin l'époque où Liam Neeson récoltait plus de 200 ou 300 millions de dollars en cassant des bouches dans Taken et ses suites. Aujourd'hui, le bonhomme enchaîne les productions moyennes (aussi bien en termes de budget que de qualité), et Blacklight en est le dernier exemple en date. C'est simple : c'est l'un des pires scores de sa carrière côté action, derrière Sang froid (62 millions), Le Vétéran (23 millions, sorti direct en SVod en France) ou encore The Good Criminal (31 millions), même si ça reste moins pire qu'Ice Road (7 millions). L'heure de gloire de Non-Stop (222 millions), Sans identité (135 millions) The Passenger (119 millions) ou Night Run (71 millions), semble lointaine.

Au box-office domestique, cette énième histoire d'agent-expert qui affronte des méchants pour faire éclater la vérité a été accueillie par un doigt d'honneur symbolique (9 mini-millions). Le reste du monde a fait encore mieux (6 minables millions). Espérons que Liam Neeson a pu se payer de belles vacances et quelques mois-années de tranquilité avec son salaire.

La formule Neeson commence-t-elle à sérieusement s'essouffler, comme tout semble l'indiquer depuis maintenant des ANNÉES ? Le mystère est total. Néanmoins, nul doute que le modèle économique de cette Neeson-sploitation repose largement sur la suite de la carrière d'un tel film (VOD, SVoD, TV, etc). Personne ne s'inquiète pour eux, et on attend avec impatience son 78ème rôle d'agent qui doit sortir de sa retraite et son silence pour tuer des gangsters d'Europe de l'est.

Notre critique du pépé Liam Neeson dans Blacklight.

 

5. Ambulance

Budget : 40 millions

Box-office : 51 millions

 

 

Après Roland Emmerich et Guillermo del Toro, c'est au tour de Michael Bay de passer à la douche froide des plus gros bides de ce début 2022, avec (son pourtant brillant) Ambulance. Le cinéaste pyromane derrière Bad Boys et Transformers a tout simplement signé là son pire score au box-office mondial, inférieur même à No Pain No Gain (87 millions de dollars) et 13 Hours (69 millions).

Aux États-Unis, et malgré sa distribution blockbusteresque de plus 3 400 cinémas, le film a tout juste réussi à dépasser les 20 millions de dollars de recettes. À l'international, ce n'est pas beaucoup mieux avec un score tout juste en dessous des 30 millions de dollars de recettes.

Il y avait pourtant la promesse d'un film d'action au concept très Speed-esque (une ambulance pilotée par des malfrats doit fuir la police sans s'arrêter, à travers Los Angeles), au moins un nom très identifié (Jake Gyllenhaal, aux côtés de Yahya Abdul-Mateen II et Eiza González), et une date de sortie bien pensée (pas de concurrence directe aux Etats-Unis, hormis Sonic 2). Victime collatérale du monde post-pandémie, d'une flemme collective de retourner dans les salles pour autre chose que les grandes franchises établies, d'un malheureux concours de circonstance ? On avait essayé de comprendre le flop d'Ambulance dans un dossier.

Notre critique (qui ne tire pas sur Michael Bay) d'Ambulance.

 

6. Morbius

Budget : 75 millions

Box-office : 163 millions

 

Pire, vous avez dit pire ?

 

S'il y a bien un flop hilarant en 2022, c'est celui de Morbius. Sorti des entrailles les plus pourries de l'industrie hollywoodienne, conçu dans le même moule que Venom pour exploiter la marque Spider-Man sans Spider-Man, le film avait (en théorie) tout pour reproduire la miraculeuse hallucination des films portés par Tom Hardy et son symbiote.

Mais le bon sens a repris le dessus puisque Morbius a été un échec. Avec un budget de 75 millions (moins cher que les 100-110 millions des deux Venom), le film a fini sa carrière aux alentours de 167 millions, dont 73 côté domestique. C'est très loin de Venom (856 millions) et Venom : Let There Be Carnage (506 millions). C'est tellement mauvais que Birds of Prey (205 millions au box-office, pour un budget d'à peine 100 millions) ressemble à un succès à côté. Difficile d'envisager une franchise avec un top départ si mauvais.

La blague n'est pas finie puisque le studio a cru bon de ressortir le film aux Etats-Unis, deux mois après son échec, sur plus de 1000 écrans, pour essayer de surfer sur la popularité (comprenez : les fous rires, blagues et memes) de Morbius sur les réseaux sociaux. Rebelotte et re-échec.

Les raisons de ce flop sont innombrables. Le studio s'est foutu du monde avec une promo mensongère (ajouter une référence à Spider-Man dans les images), a pondu un film si mauvais qu'il court-circuite les cerveaux, et a de toute évidence surestimé l'attrait des fonds de tiroir du catalogue Marvel (et potentiellement de Jared Leto aussi). Même la misérable scène post-générique avec Michael Keaton en Vautour "waouh on a trop hâte de les voir affronter Peter Parker" n'a pas suffi à faire avaler la couleuvre.

Notre critique du Batnaze Begins de Sony avec Morbius.

 

7. Cyrano

Budget : 30 millions

Box-office : 6 millions

 

Hélas, Cyrano a été vaincu

 

Sur la liste des plus gros bides de ce début 2022, le Cyrano réalisé par Joe Wright tient une place toute particulière puisque le long-métrage est tout simplement le pire score de la sélection. Adaptation au cinéma du musical éponyme, lui-même adapté de la pièce de théâtre d'Edmond Rostand, Cyrano n'est parvenu qu'à gratter 6 pauvres millions de dollars au box-office mondial, dont même pas 4 sur le sol américain.

Après avoir enchaîné les festivals en fin d'année et avant une exploitation salle à échelle nationale, le long-métrage réalisé par Joe Wright devait initialement bénéficier d'une sortie limitée le 25 décembre 2021, aux États-Unis, pour qu'il puisse être sélectionné aux Oscars 2022. Mais finalement cette date a été modifiée, puis remodifiée, puis reremodifiée pour que finalement la sortie limitée soit annulée, et que Cyrano sorte directement dans tout le pays le 25 février 2022.

Avec un budget relativement conséquent de 30 millions de dollars, mais un agenda chaotique, Cyrano a été maigrement distribué aux États-Unis (moins de 800 cinémas). Lors de son week-end d'ouverture, le long-métrage n'a récolté que 1,3 million de dollars, soit environ un tiers de ses recettes cumulées sur l'entièreté de son exploitation domestique.

Un échec cuisant qui a fait paniquer Universal, distributeur du film en France, qui quelques jours avant sa sortie hexagonale a annulé son exploitation au cinéma... avant de la rétablir littéralement le lendemain de l'annonce. Le long-métrage est bel et bien sorti en France, mais dans 33 salles et ne fera que 2 350 entrées. À l'international, Cyrano cumulera en tout à peine plus de 2,5 millions de dollars.

Notre critique qui n'est pas de taille face à Cyrano.

 

8. Firestarter

Budget : 12 millions

Box-office : 14 millions

 

Pétard mouillé

 

Adapté de Stephen King et produit par Jason Blum, sorti en mai 2022 sur plus de 3400 écrans aux États-Unis, Firestarter avait tout du petit film d'horreur (budget de 12 millions de dollars) fait pour casser la baraque. Force est de constater que l'équation ne devait pas être parfaite puisque Firestarter a à peine récolté 9,5 millions de dollars de recettes sur le territoire américain, et 5,3 millions à l'étranger, cumulant ainsi tout juste 14 millions de dollars dans le monde.

Bloqué entre Doctor Strange in the Multiverse of Madness, sorti une semaine avant, et Top Gun : Maverick, arrivé dans la foulée, Firestarter a été broyé dès son démarrage, et a vite été oublié par le peu de gens qui savaient qu'il existait.

Mais l'échec de Firestarter est probablement lié à sa sortie simultanée sur Peacock, la plateforme SVoD d'Universal. La stratégie n'avait pas tué la carrière en salles des derniers Halloween, mais Firestarter n'a pas la même popularité, et n'avait pas eu droit à la même promo.

Pour rappel, Firestarter version 2022 a subi plusieurs changements de réalisateurs lors de sa fabrication, Akiva Goldsman et Fatih Akin s'étant succédé avant que Keith Thomas ne prenne le relai en 2019. Le film est à ranger sur l'étagère des adaptations récentes de Stephen King qui n'ont pas bien fonctionné dans les salles de cinéma, aux côtés notamment La Tour sombre (50 millions récoltés aux États-Unis pour 60 millions de budget) et Doctor Sleep (31 millions récoltés aux États-Unis pour 45 millions de budget).

Notre critique du dracofion Firestarter.

 

9. The Northman

Budget : entre 70 et 90 millions

Box-office : 69 millions

 

 

The Northman n'a jamais été un pari facile. Oui, les vikings sont revenus sur les radars avec la série Vikings et Assassin's Creed Valhalla, mais ni Le 13ème Guerrier, ni Pathfinder, ni Outlander, ni Le Guerre silencieux n'avaient déplacé les foules au cinéma. Le projet était d'autant plus risqué que Robert Eggers (The Lighthouse, The Witch) n'allait évidemment pas faire un simple film d'aventure. Un budget de 70-90 millions semblait alors totalement kamikaze.

Le box-office l'a confirmé puisque The Northman n'a même pas atteint les 70 millions sur son exploitation salles, dont 34 millions à peine côté domestique, malgré une sortie sur plus de 3000 écrans.

Le réalisateur était le premier à s'auto-flageller, reconnaissant les limites et défauts de son film, et un contexte de (post)pandémie où The Northman n'avait pas trop sa place. Néanmoins, la productrice Kiska Higgs a démenti ce giga-flop chez The Hollywood Reporter :

"Ça a fini par être un pari gagnant pour nous, financièrement. C'est dû aux circonstances particulières de sa sortie, simultanément au cinéma et en PVOD. Je sais que dans la presse, il n'a pas été désigné comme un succès, mais c'était OK pour nous, au bout du compte."

Malgré son échec très commenté, The Northman aurait donc eu droit à une deuxième vie sur les petits écrans. Tant mieux pour lui, mais tant pis pour la diversité des films et l'avenir de ces beaux budgets hors franchises et coups faciles.

Notre critique du vrai God of War The Northman.

 

10. Un talent en or massif

Budget : 30 millions

Box-office : 29 millions

 

Lendemain de gueule de bois

 

Si Nicolas Cage s'amuse avec son image d'acteur loufoque et multiple depuis quelques années, Un talent en or massif aurait pu être le grand film méta et introspectif sur l'état de sa récente carrière. Hélas, outre l'inégalité du bouzin, le long-métrage réalisé par Tom Gormican n'a tout simplement pas eu l'écho espéré dans les salles de cinéma du monde entier.

Malgré, là encore, une jolie distribution à hauteur de plus de 3 000 salles de cinéma aux États-Unis, Un talent en or massif n'a réussi à cumuler qu'à peine plus de 20 millions de dollars de recettes sur le sol américain. Un score mitigé, surtout vu le budget de production de 30 millions de dollars, mais c'est surtout à l'international que le méta-Cage s'est particulièrement planté en ne récoltant que 8 pauvres millions de dollars de recettes.

L'aura du comédien a sans doute eu du mal à s'exporter hors des États-Unis. En France, le film est sorti dans 380 cinémas, soit pas beaucoup moins que le dernier film Scream, qui a pourtant récolté presque 500 000 entrées en plus. À noter que la concurrence de The Northman, sorti le même jour aux États-Unis, a pu étouffer le succès des deux longs-métrages vu qu'ils visaient à peu de choses près le même public d'adultes.

Notre critique du méta-Cage Un talent en or massif.

 

11. TROIS MILLE ANS À T'ATTENDRE

Budget : 60 millions

Box-office : 19,4 millions

 

 

Un autre échec qui brise les petits cœurs d'Ecran Large puisqu'on a aimé le dernier George Miller. Mais la réalité est sans appel : Trois mille ans à t'attendre a été massivement rejeté et ignoré par le public. Au box-office domestique, c'est un désastre spectaculaire, puisque le film n'a même pas encaissé 10 millions, malgré une sortie sur plus de 2400 écrans.

Les experts habituels ont justement pointé du doigt la stratégie d'une sortie globale sur tout le territoire (tout se joue sur la sortie), par opposition à une sortie limitée (tout se joue sur la durée), afin de construire peu à peu le bouche-à-oreille. Une remarque pas inintéressante vu que Trois mille ans à t'attendre est un film inclassable, entre la romance et le fantastique, avec une narration sur différents niveaux. La promo a également été blâmée, et là encore la nature du film n'a pas dû aider l'équipe marketing.

Trois mille ans à t'attendre avait pourtant eu droit à un lancement au Festival de Cannes 2022, et était porté par une critique plutôt (très) positive. Le nom de George Miller permettait de coller Mad Max : Fury Road de tous les côtés, et Tilda Swinton et Idris Elba représentaient deux arguments aussi. Ne reste plus qu'à espérer que ce bijou trouve son public au fil des années, un peu comme le récit du génie qui traverse les âges.

Détails et analyse du triste flop de 3000 ans à t'attendre.

 

12. BUZZ L'ECLAIR

Budget : 200 millions

Box-office : 226 millions

 

 

C'est l'un des plus gros fours de l'histoire de Disney, à ranger dans la famille des John Carter, A la poursuite de demain, Lone Ranger et Milo sur Mars. Et c'est d'autant plus spectaculaire qu'ici, c'était une marque bien installée : Toy Story. Malgré cet argument promo en or, et le choix de Chris Evans pour prêter sa voix au héros (et occuper les tapis rouges post-Avengers), Buzz l'Éclair a récolté 226 millions, soit une somme misérable vu le budget (200 millions) et le succès de la franchise jusque là.

Le prequel-spin-off a ainsi l'honneur de marquer le pire score de tout Toy Story, loin de Toy Story en 1995 (365 millions, sans compter l'inflation), de Toy Story 2 en 1999 (511 millions millions), et à des années-lumière du milliard de Toy Stoy 3 et 4. Buzz l'éclair fait pire que Le Voyage d'Arlo (333 millions), 1001 pattes (363 millions), ou Cars 3 (383 millions). Comparé aux récents carton Pixar, notamment les suites Les Indestructibles 2 (1,2 milliard), Le Monde de Dory (1 milliard), et Monstres Academy (743 millions), c'est une catastrophe industrielle.

 

L'ingrédient qui manquait (le public)

 

Les raisons sont multiples. Quelqu'un avait-il vraiment envie d'un spin-off de Toy Story sur l'astronaute qui a inspiré un film, lequel a inspiré les jouets Buzz ? Et combien de gens n'avaient pas compris l'idée de ce film dérivé ? La stratégie Disney+ (coucou Soul, Luca, Alerte rouge) se serait-elle retournée contre Disney, qui a incité le public familial à attendre dans son salon ?

Il y aura toujours quelques illuminé.e.s pour affirmer que tout ça est lié à la présence d'un personnage lesbien et du fameux bisou, qui a visiblement provoqué quelques AVC chez les sensibles (on parle des parents, pas des enfants, qui eux s'en foutent royalement), mais Buzz l'éclair a surtout éveillé les soupçons par sa nature 100% mercantile et dispensable. Disney a de toute évidence surestimé la puissance de Toy Story en tirant le fil de Buzz en solo. Un peu comme avec Han Solo, en solo, dans Solo : A Star Wars Story.

 

13. AMSTERDAM

Budget : 80 millions

Box-office : 31 millions

 

Le cirque du soleil

Sur le papier, c'était le bingo. Le réalisateur et scénariste David O. Russell retrouvait un casting de premier ordre (Christian Bale, Margot Robbie, John David Washington, et une armée de seconds rôles avec De Niro, Rami Malek, Anya Taylor-Joy, Chris Rock...), avec une histoire de meurtres et manigances. A priori, c'était la garantie d'un succès critique, d'un succès en salles, et d'un buzz en vue des Oscars. C'était en tout le cas le chemin de ses précédents films, particulièrement Fighter, Happiness Therapy et American Bluff.

Sauf que ce Amsterdam a été un échec cuisant à tous les niveaux. Avec 31 petits millions au box-office, le film marque la pire combinaison possible pour le réalisateur : son plus gros budget (80 millions), et l'un de ses pires scores. C'est loin de l'équation gagnante de Happiness Therapy (budget de 21 millions, plus de 236 millions au box-office), American Bluff (budget de 40 millions, plus de 251 millions au box-office), ou même Joy, considéré comme un succès très tiède (budget de 60 millions, plus de 100 millions au box-office). Même le flop J'adore Huckabees, en 2004, est moins pire : 20 millions au box-office, pour un budget de 20 millions.

De là à dire que David O. Russell a été emporté par la folie des grandeurs, il n'y a qu'un pas. Car au-delà d'un budget qui a gonflé à cause de la pandémie (apparemment 30 millions supplémentaires), le cinéaste traîne une très sale réputation depuis quelques années, la faute à un comportement qui serait au mieux légèrement toxique et non professionnel. Dans tous les cas, Amsterdam devrait être un gros coup de frein pour lui, puisque le film devrait faire perdre une centaine de millions aux producteurs, selon Deadline. Et en plus, Amsterdam est assez mauvais.

 

15. AVALONIA, l'étrange voyage

Budget : 180 millions

Box-office : 60 millions

 

La réaction quand tu découvres le film

 

Un autre carnage signé Disney, qui devrait perdre une bonne centaine de millions de dollars à cause du flop d'Avalonia, l'étrange voyage, selon Variety et Deadline. Avec un budget maousse de 180 millions (plus cher que Zootopie, Les Nouveaux Héros ou Raya et le dernier dragon), Disney semblait croire en ce mix entre Star Trek et Jules Verne, sur une famille d'explorateurs. Mais la sortie a été plus compliquée.

Dans plusieurs territoires *légèrement* homophobes (notamment la Chine, une partie de l'Afrique et du Moyen-Orient), Avalonia a été déprogrammé par Disney pour éviter toute censure, vu que le film met en scène un garçon gay. En France, le studio a annulé la sortie cinéma pour rager contre la chronologie des médias (un peu comme avec la menace et finalement bluff Black Panther 2). Avalonia est donc arrivé sur Disney+ le 23 décembre. Aux Etats-Unis, le film est sorti sur plus de 4100 écrans, soit une très grosse sortie. Le démarrage a été tellement catastrophique (à peine 12 millions) que le désastre est immédiatement devenu le gros titre.

Avec environ 60 millions encaissés au box-office, Avalonia est donc un four monumental. C'est un échec proche de Milo sur Mars, qui n'avait pas atteint les 40 millions en salles pour un budget de 150 millions.

Sur le banc des accusés, toujours les mêmes : la promo molle, la critique tiède, et éventuellement la propagande queer pour le même groupe d'illuminé.e.s qui s'est empressé de ressortir la carte brandie pour Buzz l'éclair. Ne reste plus qu'à voir si Avalonia trouvera son public sur Disney+, où il arrive en fin d'année même aux Etats-Unis. Après tout, peut-être que le studio s'en foutait royalement de la sortie cinéma (autre théorie : du film, tout court).

 

15. LES ANIMAUX FANTASTIQUES 3

Budget : 200 millions

Box-office : 405 millions

 

 

A priori, Les Animaux fantastiques : les Secrets de Dumbledore ne mérite pas d'être mis dans la même bennes à ordures du box-office 2022. Le film a coûté 200 millions (hors promo), et a engrangé plus de 400 millions au box-office, soit un score qui ne rime pas avec désastre. Mais la seule victoire de ce troisième épisode est d'être en haut du panier des détritus.

Les Animaux Fantastiques, c'est une franchise, dérivée d'une franchise. La seule raison d'être d'un tel film est d'exploiter la marque, et étirer au maximum les bénéfices. La courbe des dollars doit grimper, ou au minimum être stable. C'est le contraire absolu de ces animaux pas du tout fantastiques. En 2016, le premier a encaissé plus de 811 millions. En 2018, le deuxième a frôlé les 650 millions. En 2022, le troisième fait pâle figure avec ses 404 millions. En l'espace de 6 ans, la saga a simplement divisé par deux son score. C'est ce qu'on appelle un désastre industriel. Et inutile de comparer à Harry Potter, ce serait comme tirer sur une ambulance en feu qui a déjà perdu trois roues.

C'est d'autant plus spectaculaire que Les Animaux Fantastiques a perdu du terrain au box-office domestique (234 millions, puis 159 millions, puis 95 millions). En résumé : tout le monde s'en fout.

Et si votre amour de Poudlard vous donne le super-pouvoir de nier la réalité, n'oubliez pas que Warner n'a rien communiqué sur Les Animaux Fantastiques 4 (cinq films étaient prévus). Et qu'aux dernières nouvelles, le studio n'en faisait pas du tout une priorité, selon Variety.

 

BONUS : BLACK ADAM

Budget : 190-230 millions

Box-office : 391 millions

 

 

Tu savais que t'allais pas y échapper

 

Un autre joli cas d'école. Le très mauvais Black Adam n'est pas un désastre absolu, en tout cas pas selon les chiffres froids. Avec un budget d'environ 200 millions (hors promo), le film mené par Dwayne Johnson a relativement sauvé en s'approchant des 400 millions au box-office. Sauf que tous les signaux sont au rouge.

Au box-office domestique, il s'est concenté de 167 millions, soit un score très tiède. Dans le reste du monde, Black Adam a eu droit à un accueil tout aussi mou. Il a vite été avalé par l'arrivée de Black Panther 2, mais en réalité, tout était déjà joué. Teth-Adam n'a simplement pas assez excité le public, et a vite été relégué au second plan.

Sachant que Dwayne Johnson travaillait activement sur ce projet (via sa boîte de production) depuis au moins 2017, qu'il affirmait que tout allait changer chez DC avec lui, qu'il a paradé en disant que Henry Cavill était revenu en Superman largement grâce à lui, et qu'il n'a cessé de teaser des suites et spin-offs dans tous les sens, le non-succès (au mieux) ou l'échec (au pire) de Black Adam est une défaite. Les gros changements annoncés dans la foulée par la nouvelle direction de DC (James Gunn et Peter Safran) ont été les derniers clous dans le cercueil, puisque Henry Cavill a été officiellement remercié et éjecté de l'univers, parmi d'autres bouleversements. C'est ce qu'on appelle un grand ménage d'hiver. Difficile alors d'imaginer le retour de Black Adam et sa clique.

Le couperet est finalement tombé fin décembre : Black Adam et sa bande ne font pas partie du futur immédiat de DC chez Warner. Officiellement, tout reste possible, mais plus tard. En réalité, tout le monde en conclut que c'est bye bye Black Adam, sauf miracle.

 

 

Dwyane Johnson n'a cessé de défendre son film, et contrer les premiers bilans box-office, avec une certaine mauvaise foi quand c'était encore possible. Le clou du spectacle a été un article de Deadline fièrement relayé par l'acteur-producteur, qui affirmait que Black Adam n'était tellement pas un échec qu'il allait même rapporter de l'argent au studio (entre 50 et 70 millions), notamment grâce à un budget marketing modeste (80-100 millions), et une carrière en Premium VOD et SVoD. A peine quelques jours plus tard, la rumeur courait que ces données auraient été intentionnellement falsifiées et offertes à Deadline par l'équipe du film, histoire de repeindre la situation.

Qui a dit que Dwayne Johnson était le roi du bullshit hollywoodien ? Ah oui : à peu près tout le monde, et notamment nous dans une vidéo dédié à la stratégie The Rock.

 

Dossier rédigé par Mathieu Victor-Pujebet et Geoffrey Crété