Trois mille ans à t'attendre : un box-office désastreux pour le deuxième plus gros flop de 2022

Lino Cassinat | 2 novembre 2022
Lino Cassinat | 2 novembre 2022

Trois mille ans à t'attendre est le deuxième plus gros flop de 2022 au box-office, et c'est un sacré coup dur pour le réalisateur de Mad Max : Fury Road.

Là tout de suite on n'aimerait pas être George Miller. Le réalisateur du révéré Mad Max : Fury Road était déjà attendu au tournant avec le spin-off Furiosa par un public médusé, il l'est sûrement également par la Warner désormais. Il ne fait pas bon être un cinéaste engagé par un studio aux abois passant à la moulinette tout projet présentant ne serait-ce que la moindre faille (demandez à Batgirl), et on imagine que ce doit être encore plus difficile lorsque l'on vient de sortir le deuxième plus gros flop de l'année chez la concurrence.

Car oui : même si Trois mille ans à t'attendre est un film génial, c'est aussi un désastre économique que même la présence de Tilda Swinton et Idris Elba n'a pas pu sauver... mais que la vidéo saura rattraper ?

 

 

TAIJUTSU : TROIS MILLE ANS DE SOUFFRANCE

Si on donnait trois voeux à l'équipe de Trois mille ans à t'attendre, nul doute que celle-ci demanderait une meilleure stratégie de distribution, une autre date de sortie et une réception critique plus enthousiaste aux États-Unis. Ce sont sans nul doute ces trois éléments qui ont manqué au film et qui, conjugués, expliquent comment celui-ci en est arrivé à ce résultat cataclysmique : 18,3 millions de dollars de recettes mondiales (dont 8 millions aux US) pour un budget de production estimé à 60 millions de dollars.

Cela représente moins du tiers du budget initial, et mis en relation, ces deux chiffres établissent Trois mille ans à t'attendre comme ayant le plus faible rapport de rentabilité de 2022 derrière seulement le cancre annuel Moonfall de Roland Emmerich. Autrement dit, le deuxième plus gros flop financier de l'année. Et encore, il faudrait y ajouter les coûts marketing... qu'on imagine cela dit relativement faibles. The Wrap a en effet expliqué que la MGM a dépensé six millions de dollars seulement pour acquérir les droits de distribution, et au vu de la timidité et de la faiblesse de la promotion relevée par tous les médias consacrés au cinéma, on peut raisonnablement estimer que le distributeur ne s'est pas foulé.

 

Trois mille ans à t'attendre : photo, Tilda Swinton3000 ans à reprendre la même recette

 

TROIS MILLE ANS DE RETARD

Variety va même jusqu'à pointer du doigt une stratégie de diffusion fumiste ou incompétente, puisque Trois mille ans à t'attendre a été arrosé sur le territoire national sans discernement ni accompagnement. Il faut savoir qu'en Amérique, la plupart des films indépendants doivent suivre une feuille de route très cadrée pour espérer tirer leur jeu (voire simplement survivre) face à la concurrence démentielle des blockbusters, sans parler de celle des plateformes. L'option la plus souvent appliquée est d'organiser des sorties limitées dans un premier temps, c'est-à-dire mettre le film dans un nombre restreint de cinémas afin de jouer sur la rareté, faire monter les attentes, pour ensuite distiller de plus en plus largement.

Une stratégie progressive qui a brillamment fait ses preuves dans le passé et même encore en 2022 avec Everything Everywhere All at Once. Mais rien de cela pour Trois mille ans à t'attendre, qui a juste été balancé sur la moitié du parc américain avec quasiment aucune promotion en ligne et encore moins physique. Un choix bizarre, et qui ne pouvait que s'avérer funeste. Peut-être la MGM estimait que le nom de George Miller et un passage à Cannes suffiraient à faire tout le travail... ou peut-être s'imaginait-elle qu'il était destiné à se planter et a préféré en faire le moins possible pour s'en débarrasser le plus rapidement.

 

Trois mille ans à t'attendre : photo, Idris ElbaGénial génie

 

TROIS MILLE RANGS DERRière

Trois mille ans à t'attendre paye aussi le choix de la date de sortie, qui, à la décharge de la MGM, semblait pourtant être un bon choix. Sorti le week-end du 28 août aux États-Unis, Trois mille ans à t'attendre comptait sans aucun doute surfer sur la vague du week-end prolongé de la semaine suivante. Un choix qui s'est retourné contre le film, car cette semaine a connu une fréquentation extrêmement faible. Trois mille ans à t'attendre a démarré à la septième place avec 2,9 millions de dollars, loin derrière Bullet Train, Top Gun : Maverick, et autres Krypto et les Super-Animaux, confortablement installés dans le top 5. Sans parler du fait qu'Idris Elba a fait concurrence à Idris Elba avec Beast, qui a bien mieux marché.

Le Labor Day n'a malheureusement pas apporté de sursaut, puisque, si Trois mille ans à t'attendre n'a eu aucune concurrence au rayon des nouveautés, c'est à peine si le marché est remonté. Encore une fois, les quelques spectateurs en salles ont continué d'aller (re)voir les blockbusters de l'été. George Miller a chuté à la treizième place d'un week-end à nouveau dominé par Top Gun : Maverick et Bullet Train, et même les ressorties de Spider-Man : No Way Home et Les Dents de la mer (oui oui) ont fait beaucoup mieux.

 

Trois mille ans à t'attendre : photoDjinn sans la win

 

TROIS MILLE ANS PLUS TARD

Également à la décharge de la MGM, le bouche-à-oreille, crucial pour ce type d'oeuvre, a été on l'imagine assez gêné par une réception critique globale plutôt positive, mais sans enthousiasme. Trois mille ans à t'attendre récolte en effet un passable 71% sur Rotten Tomatoes et un bien tiède 60% sur Metacritic (des scores incompréhensibles selon notre critique, et on se plaint d'avoir que des Marvel après), tandis que le public lui a attribué un B sur CinémaScore. Autant dire qu'avec le manque de promotion en plus, personne n'était au courant de la sortie du film à part le public de Cannes, à domicile comme à l'international.

Seul rayon de soleil à l'horizon : le streaming. En devenant une précieuse oeuvre de catalogue et au vu du faible montant payé pour l'acquisition des droits, la MGM pourrait en réalité faire de Trois mille ans à t'attendre une opération rentable voire un succès en vidéo d'après The Wrap. Une stratégie de rentabilité sur au moins trois mille ans une décennie, qui pourrait à nouveau expliquer le pourquoi du comment du choix d'une stratégie a priori contre-productive, afin de sauter la case cinéma le plus vite possible. Le cynisme financier hollywoodien a encore de beaux jours devant lui, mais on imagine que c'est mieux que rien ?

Tout savoir sur Trois mille ans à t'attendre

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commentaires
Ethan
02/11/2022 à 18:20

@Kyle
"Mais comme tout est cyclique, nous sommes peut être de nouveau dans une fin de cycle et Disney et consœurs vont rapidement voir que leur méthode éprouvé ne tient plus"

Je pense pas qu'ils vont changer sur le fond, ils surfent sur des tendances qui font la une des médias et distillent des tabous dans leur contenu. On le voit sur plein de films où il n'est pas surprenant de voir en toile de fond ou en décor de plus en plus des allusions au changement climatique, au mélange des sexes (ou des genres comme certains disent) ou des races.

Tout simplement car c'est ce qu'il fait vendre actuellement lié au paradigme actuel.

Ethan
02/11/2022 à 17:56

Je pense que chacun oublie l'essentiel d'un film au ciné marvel ou un autre peu importe ! Que ce soit en France avec les subventions pour la culture ou aux Etats-Unis avec la notion du rêve américain chacun à sa chance s'il s'investit dans une voie bien définie. C'est vrai que la société n'est pas la même qu'il y a 15 ans, 30 ans ou 45 ans mais à quoi bon se plaindre même si c'est louable vu les navets au ciné actuellement, le monde dans lequel on est c'est celui dans lequel on vit. Essayons de l'améliorer ou de le rendre plus attrayant chacun de nous à sa place

@Bizarre... notions ensemble
non pas d'accord si un film génial ne trouve pas son public c'est qu'il y a un problème et doit justement nous interroger sur l'état actuel de notre cinéma. Le vrai problème tient à la culture, les gens lisent moins voir plus du tout. Je me rappelle des derniers Fanny et Marius au cinéma ou mon inconnue trois films génials qui n'avaient pas vraiment trouvé son public avec pour chacun un faible ou moyen succès. Ca interpelle lorsqu'on se souvient par exemple de films aussi génials de Claude de Berri sur Manon des sources ou d'Yves Robert sur les souvenirs d'enfance de Pagnol qui là eux pour le coup avaient trouvé un large public. Et oui le monde actuel est plutôt aux marvels :)
Je vous le dis il faut encourager la culture, les gens doivent se remettre à lire. Ceux qui lisent pas se font manipuler. Conseil de lecture : "Nudge La méthode douce pour inspirer la bonne décision" Richard H. Thaler Cass R. Sunstein

Kyle Reese
02/11/2022 à 15:01

@mysteryman

Démonstration très clair de ce qu'est le cinéma industriel et même dans une certaine mesure celui artisanal.
Gros investissement = film consensuel pour tous = plus de chance d'avoir un retour sur investissement. Logique, méthode Disney éprouvé. Mais cela ne l'a pas toujours été.

"Si ce film vous a plu, alors il est probable que George Miller a atteint son but. Et c'est la seule chose qui compte."

La seule chose qui compte, pas tout à fait.

Personnellement je vais aussi au cinéma pour voir autre chose que des films consensuels à gros budget vides de sens et j'ai dans l'idée que le cinéma a besoin de films à gros budgets, voir blockbusters, avec du sens qui peuvent diviser aussi, à partir du moment ou on ne vise pas le milliard à chaque fois.

On parle ici régulièrement de cinéastes important qui ont fait des films de ce genre avec de belles réussites. Certes ils sont peu nombreux par rapport aux autres et commencent à se faire de plus en plus rare, et c'est un peu ça qui inquiète depuis plusieurs années déjà il me semble. Mais comme tout est cyclique, nous sommes peut être de nouveau dans une fin de cycle et Disney et consœurs vont rapidement voir que leur méthode éprouvé ne tient plus suffisamment la distance car à force de faire des films ... vide de sens ... le public ne suivra plus, y a déjà tellement de contenu vide de sens à regarder gratuitement à la TV. Et surtout des contenus bien plus intéressant en streaming avec du sens à porté de télécommande.

Donc ce qui compte aussi c'est qu'un Miller et un Del Toro puisse continuer de réaliser des films à gros budget malgré ces échecs.

@Kyle Reese
02/11/2022 à 14:26

Ce manque de curiosité du grand public actuel me navre. On est tous responsable quelque part mais les studios en premier lieu car quand on met de l'argent dans un projet, qu'on produit un film ... on doit l'accompagner jusqu'au bout sinon on ne fait pas son job correctement.

*

Ce manque de curiosité du public a toujours existé. La curiosité du public dépend de plusieurs facteurs.

Lle cinéma est une industrie, même à un niveau artisanal. Ça implique des investissements et donc un retour sur investissement. Tout est cher dans cette industrie.

Si les studios ne font plus que des blockbusters c'est parce que la formule a été éprouvée ces dix dernières années par Disney et qu'il a été démontré que ça fonctionne dans la plupart des cas. Un blockbuster c'est un produit dont la fonction est de rapporter un maximum donc de toucher un maximum de personnes puisqu'il y a un lien entre le nombre de tickets vendus et le B.O. Ça induit de plaire au plus grand nombre en proposant du divertissement vide de sens puisque le sens amène à réfléchir puis à prendre position et donc au final à diviser. Or précisément l'objet d'un produit de grande consommation c'est d'être beaucoup vendu.

Le public, une entité homogène imaginaire de stastisticien, a un comportement grégaire. D'abord, il a un pouvoir d'achat limité qu'il rapporte au prix d'une séance, le tout rapporté à la promesse d'un rapport dépense/satisfaction par les vendeurs de films. Autrement dit, encore moins qu'hier, le grand public peut se permettre de prendre un risque en dépensant de l'argent pour un divertissement. Et puisqu'on est dans la consommation de masse, on va avoir plus tendance à dépenser pour plus que pour moins. Sans compter que le cinéma aujourd'hui est en concurrence avec tout les autres divertissements. Les gens doivent faire des choix. Et comme pour tout le reste, ils deviennent plus perméable à la publicité lorsqu'ils ont un choix à faire. Les industriels le savent et c'est pour ça que c'est le secteur qui récolte le plus d'argent au niveau mondial.

Ce que promettent les blockbusters c'est que pour le prix d'une place de ciné, on va en avoir pour son argent. C'est vrai dans la majorité des cas. Dans nos sociétés la quantité est une donnée importante.

La production de films n'a rien à voir avec la boulangerie. En boulangerie, on a des coûts fixes et des objectifs qui déterminent le prix du pain au client.

Dans le cinéma c'est beaucoup plus complexe et surtout le prix est fixé en aval de la production.

Je fais partie d'une génération qui a connu un cinéma qui produisait beaucoup moins de films qu'aujourd'hui. Et je ne parle que du cinéma diffusé dans des salles. Il faut maintenant y ajouter les films de plateformes et les séries qui sont de plus en plus des films divisés en épisodes.

Il y a plusieurs raisons au fait qu'un film soit mal vendu, pas vendu, voire pas projeté en salle.

D'abord, il y a des exemple de films incompris par les producteurs qui n'ont pas su comment les vendre. Il peut y avoir aussi de très mauvaises relations entre les réalisateurs et les producteurs durant le tournage. L'une des raisons pour laquelle le réalisateur n'a plus son mot à dire sur des machines à plusieurs centaines de millions de dollars c'est qu'il est un facteur de risque. Comme tous les artistes, il est susceptible d'entrer en conflit avec les visées commerciales des producteurs. Ce sont des conceptions antinomiques de l'art qui font un marché pour concevoir un produit. Mais quand une des deux parties prend le pas sur l'autre, il n'y a plus de compromis et dans tous les cas, c'est l'économique qui a le droit pour lui.

Ensuite, pour des raisons comptables et fiscales, il peut être plus intéressant pour un studio de ne pas diffuser un film ou de le mettre en DTV ou sur un plateforme quelcoque de SVOD.

Il y a des raisons également de l'ordre de la réputation. Une mauvaise performance sur un film comme "3000 ans à t'attendre" peut engendrer une mauvaise image ou une image déformée pour le public d'une studio. Un studio est une entreprise. Et comme toute entreprise, un studio peut prendre des décisions irrationnelles. Pour des raisons de pouvoir le plus souvent. Balayer de la mémoire l'équipe précédente et sa vision peut être un moyen d'asseoir un nouveau pouvoir. Ce qui s'est passé chez Warner dernièrement est de cet ordre.

Contrairement à vous, je n'ai pas trouvé ce Miller, ni très bon, ni très intéressant. Donc pour moi, le fait que le film se soit planté au B.O peut aussi être dû à un mauvais bouche-à-oreille et pas juste à une conception uniquement capitaliste du cinéma.

Je comprends qu'on défende ce qu'on aime, mais il ne faut pas perdre de vue qu'un film, même s'il s'adresse à un maximum de personne, est l'expérience, à chaque fois, d'une seule personne.

Si ce film vous a plu, alors il est probable que George Miller a atteint son but. Et c'est la seule chose qui compte.

Clarence bodicker
02/11/2022 à 12:48

Film très bien raconté belle narration imagination à la pelle ! Film mal vendu mal distribué et mauvaise date de sortie simplement comme the thing tél aventure intérieure et beaucoup d’autres !

Kyle Reese
02/11/2022 à 11:55

@Bizarre d'associer deux notions

Alors oui à quasiment tout ce que vous avez écrit sauf pour 2 points.
Personnellement j'ai beaucoup aimé du fait de sa singularité. Un film entièrement dédié à la magie de la narration, très bien joué et réalisé si l'on comprend que l'esthétique proposé correspond assez de mon point de vue à ceux que l'on peut trouver dans les contes illustrés. Donc pas de recherche de réalisme excessif.

Le second élément important est qu'un flop pareil va encore refroidir les studios quant à investir dans des œuvres un peu hors cadre actuel, qui est de moins en moins évident d’ailleurs en ce moment car tout va très vite. Le genre "super" commence à battre de l'aile et beaucoup de grosses prods sensé cartonner, cartonne moins.

Donc ce qui m'inquiète c'est de voir le dernier Del Toro se fracasser au BO alors que le film est absolument un régal déjà pour les yeux ainsi que pour l'histoire même si très classique car hommage au film noir et le dernier Miller se prendre un mur. 2 propositions pour un public mixte adulte normalement assez large. Or ce public n'a pas suivi. C'est pourtant le même public qui lit beaucoup, qui est généralement un peu cinéphile et curieux qui aurait du se déplacer. Alors là faute à qui et à quoi ? Oui le marketing des studios qui ont joué les fainéants encore ce coup-ci se reposant sur l'aura de leur réalisateur/auteurs avec leur succès passés et récompensés.
A une certaines époques Les sorcières d'Eastwick avait plutôt bien marché auprès du grand public avec 62 millions, un film différent, singulier, loin des Mad max. Aujourd'hui il se serait surement pris lui aussi un mur. Certes il y a avait Nicholson au sommet de sa carrière, Elba et Swinton ne font déplacer les spectateurs sur leur nom, qui le fait aujourd'hui à part Cruise ? Mais voilà dés qu'un film ne rentre pas dans une case il est mal vendu, et a toute les chances de bider. Ce manque de curiosité du grand public actuel me navre. On est tous responsable quelque part mais les studios en premier lieu car quand on met de l'argent dans un projet, qu'on produit un film ... on doit l'accompagner jusqu'au bout sinon on ne fait pas son job correctement.

Bizarre d'associer deux notions
02/11/2022 à 11:16

qui n'ont rien à voir ensemble.

D'un côté le qualitatif qui est un ensemble de paramètres subjectifs, ce qu'on pense du film, ce qu'il a provoqué en nous sur le plan émotionnel, voire même le fait qu'il soit une proposition singulière dans un rayon de supermarché bondé de produits industriels destiné à la consommation de masse. Typiquement le rayon des lessives ou de sodas.

Et de l'autre, le quantitatif, le nombre d'entrées qu'a fait ce film.

Pourquoi faire un lien entre les deux ?

Si quantité et qualité peuvent se retrouver dans le même bâteau, ces deux notions n'ont rien à voir entre elles.

Pas quand un film, aujourd'hui , peut être vendu au public à l'aide d'une force de frappe marketing qui se compte en dizaines ou en centaines de millions de dollars pour certaines productions.

Quand on a, comme Disney ou Sony, ou Warner, les moyens d'inonder écrans, grands et petits, réseaux sociaux, influenceurs, sites web spécialisés, avec du matériel promotionnel, des éléments de langage, de l'argent, des campagnes de pub, donc de s'offrir un maximum de visibilité, la qualitatif n'entre pas en jeu. Ou alors juste pour berner le client potentiel à base d'inserts dans les trailers. En général quand une promo inclue un aspect qualitatif, il y a de grandes chances pour que le film soit une vraie merde.

Ce "3000 ans à t'ettendre", que pour ma part, je trouve très moyen, n'a pas été vendu correctement. Car c'est un paradoxe que cette industrie qui mise tout sur les produits consensuels mais commet de temps en temps des produits qui n'en sont pas vraiment et qui, au moment de la sortie, refuse de vendre le produit. Voire, on l'a vu récemment avec Batgirl, jette le produit. Car quand on considère l'art comme jetable, c'est qu'on considère que c'est juste un produits manufacturé et rien d'autre.

Peut-être que l'effet du dernier Mad Max a joué pour beaucoup pour qu'on lâche la bride à George Miller en espérant qu'il reproduise le résultat de Fury road sans que personne, visiblement, ne s'intéresse à ce que Miller faisait vraiment.

Peut-être qu'une fois le film terminé, quand le résultat des panels sont revenus et que les exécutifs ont vu que personne ne comprenait rien au film parce que tout le monde attendait un film d'action et non un psychodrame à base de Djinn traumatisé entrant dans une relation inter-espèce avec une vieille femme, selon les standards hollywoodiens, le film est devenu un machin que personne n'a su ou eu envie de vendre.

Ce film est un truc singulier comme il en sort de temps en temps. Et puis, George Miller n'est pas identifié pour ce type de film. Del Toro aurait pu sortir un film comme celui-là, quelqu'un aurait su le vendre, mais Miller ?

Donc, le film a fait un flop au B.O. La belle affaire. Ce n'est ni la première fois ni la dernière. D'autres films, accidents industriels à peine regardables qui finiront dans le tiroir des nanards de l'histoire du cinéma, ont, eux, cartonné et rapporté le milliard qui est désormais le mètre-étalon utilisé par les studios pour définir si un film est "bon" ou pas.

Entre nous, je me fous que cela porte préjudice au spin off de Mad Max. Si "3000 ans à t'attendre" est le film ou le genre de films que Miller veut faire d'ici à ce qu'il passe dans l'autre monde, ça me va. Miller est le cas typique d'un artiste qui a réussi avec une oeuvre et qui a été condamné toute sa vie à la reproduire ou à retourner à l'anonymat. Il est un peu vieux pour s'inquiéter de l'anonymat, non ?

Pour finir, la vie économique d'un film n'est qu'un indicateur économique et rien d'autre. Une oeuvre d'art n'est, par définition, pas quantifiable. Ce n'est pas son objet. C'est d'abord une expression et ensuite une vie au travers des émotions des autres. Si le film vous a fait tripé, peut importe que vous soyez des personnes de bon goût ou pas selon les critères bourgeois, alors Miller a atteint son objectif, sinon, ça n'a pas d'importance.

Fr
01/11/2022 à 14:15

X 7

Wahtukule
31/10/2022 à 07:29

Ce film était super c'est vraiment du gâchis, j'etais complètement encré dans mon siege lors des récits du djinn

Mathilde T
31/10/2022 à 03:02

Je n'étais pas nécessairement très attirée par ce film mais bon, c'est dommage de retrouver parmi les plantages beaucoup de long-métrages originaux tandis que 90% des remake live Disney ou des super-héros cartonnent

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