Les 10 plus gros échecs du box-office hollywoodien de 2023

La Rédaction | 6 janvier 2024 - MAJ : 07/01/2024 19:49
La Rédaction | 6 janvier 2024 - MAJ : 07/01/2024 19:49

The Flash, Shazam 2, The Marvels, Babylon, Expendables 4... Quels sont les plus gros bides du box-office hollywoodien de 2023 ?

En 2021, c'était Matrix 4, The Suicide Squad, Resident Evil ou encore Le Dernier Duel. En 2022, c'était Morbius, Black Adam, Moonfall, Buzz l'éclair, The Northman, Trois mille ans à t'attendre ou encore Nightmare Alley.

Et en 2023, quels sont les plus gros bides du box-office ? Petite sélection avec 10 énormes bides en 2023, par ordre chronologique. L'année ayant été particulièrement cruelle envers certains blockbusters, des choix ont été fait pour privilégier les plus gros perdants. Ont été disqualifiés aux portes du classement Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, Wish, Donjons et Dragons, Beau is Afraid...

 

 

Mémo : les studios ne récupèrent pas toutes les recettes du box-office (une partie va notamment aux exploitants), et le pourcentage varie selon les territoires. Le box-office domestique (Etats-Unis et Canada) est ainsi le plus important, un studio américain récupérant environ 50%. Le box-office chinois est le moins avantageux (environ 25%). C'est pour ça que toute analyse du box-office doit être détaillée.

 Voici un petit guide vidéo rapide pour tout comprendre au box-office :

 

1. Babylon

  • Sortie : janvier 2023
  • Budget : de 78 à 110 millions (!) en fonction des sources
  • Box-office mondial : 63 millions

 

 

Le bide retentissant et très largement commenté du Babylon de Damien Chazelle plaçait l'année sous le signe des gros échecs hollywoodiens. Mais si 2023 a été effectivement fourni en flops, ils sont peu à être aussi spectaculaires que celui-ci. Sur le papier, le film avait ses chances : son réalisateur encore auréolé du succès de La La Land, son casting porté par Margot Robbie et Brad Pitt, et les bandes-annonces affriolantes.

Cela n'a pas suffi à mobiliser les cinéphiles américains, et encore moins à rembourser un budget colossal, voire même franchement mégalo. Classé R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés), long de plus de 3 heures et reçu plus tièdement que prévu par la presse, Babylon s'est violemment vautré, au point d'interroger sur l'hypothétique extinction de ce genre de blockbusters d'auteur remplis de stars, moins attractives que les grosses franchises. Les raisons sont multiples : la sortie d'Avatar 2 la semaine précédente, la résurgence des cas de COVID, le "blizzard du siècle" gâchant le week-end des fêtes américaines... ou tout simplement une estimation bancale des goûts du grand public.

A noter qu'en France, le film a si bien cartonné (1,5 million d'entrées) qu'il a poussé Chazelle en personne à féliciter la population de l'hexagone. Parfois, notre réputation d'amoureux du 7e art est justifiée. Potentiel signe que le public français s'est pris de passion pour le destin tragique du projet, notre article autopsiant son cadavre est désormais parmi les plus lus de l'intégralité du site (le deuxième !).

 

2. Renfield

  • Sortie : mai 2023
  • Budget officiel : 65 millions
  • Box-office mondial : 26,3 millions

 

Renfield : photo, Nicholas Hoult, Nicolas Cage"COMBIEN ?"

 

La promesse d’un Dracula incarné par Nicolas Cage n’a pas été suffisante pour empêcher le crash ultra-violent de cette série B de luxe (65 millions de dollars de budget tout de même). Bien que l’acteur se soit remis la critique dans la poche, notamment grâce au superbe Pig, il n’est pas redevenu pour autant une valeur sûre du box-office (comme l'ont montré Pig et Un talent en or massif).

Le classement R et les critiques américaines mitigées n’ont certainement pas aidé Renfield à s’imposer. Mais impossible de ne pas mentionner l’éléphant hollywoodien au milieu de la salle de cinéma : le film Mario, sorti la semaine d’avant, qui a tout dévasté sur son passage. Au terme de son deuxième week-end, celui-ci avait déjà cumulé la bagatelle de 353 millions de dollars et débutait un parcours impressionnant qui en ferait l’un des plus gros cartons de l’année. Difficile de se rabattre sur le public adulte et adolescent : il s’est rué sur L’Exorciste du Vatican, sorti exactement à la même date.

Dépassé par Mario sur son flanc pop culture et par Russel Crowe sur son flanc horrifique, Renfiled a peiné à exister dans le circuit américain. Quoique cela n’explique pas tout, puisque son score en France est catastrophique : 37 645 entrées. Là aussi, il a dû faire face dès le jour de sa sortie à un bulldozer pop (Spider-Man : Across the Spider-Verse) et à un pur film d’épouvante (Le Croque-Mitaine). Rien d’assez écrasant toutefois pour justifier une telle dégringolade.

 

3. Ruby, l'ado kraken

  • Sortie : juin 2023
  • Budget officiel : 70 millions
  • Box-office mondial : 45 millions 

 

Ruby, l'ado Kraken : photoLe vilan petit kraken de DreamWorks

 

Ruby, l'ado Kraken est sorti en juin dernier dans l'indifférence quasi générale après une campagne promo presque inexistante. Le studio d'animation, qui n'avait plus de franchises phares depuis le dernier Dragons 3, semblait pourtant repartir du bon pied avec Les Bad Guys et surtout Le Chat Potté 2, mais Ruby, l'ado Kraken a fait un violent demi-tour. Le film réalisé par Kirk DeMicco a coûté 70 millions de dollars (hors marketing), mais n'a encaissé que 45 millions de dollars, dont 15 millions au box-office domestique. Pas besoin d'avoir un doctorat ou un Bac S pour comprendre qu'il manque beaucoup de sous dans la caisse.

Dès le départ, l'échec semblait d'ailleurs inévitable. Même si Élémentaire a rappelé qu'un film pouvait se rattraper après un mauvais démarrage, Ruby est parti de trop loin pour remonter la pente. Il n'a ainsi empoché que 5 millions de dollars à son lancement, soit le pire de tout le catalogue Dreamworks. Au mieux, c'est donc un autre échec, comme le studio en a toujours connu (Sinbad, La route d'Eldorado, Souris City...), au pire, c'est une des plus grosses catastrophes industrielles de l'année, et surtout la plus grosse de DreamWorks.

En comparaison, même Spirit : L'indomptable, sorti en 2021 pendant la pandémie et considéré jusqu'ici comme le plus gros crash de la boîte, s'en est légèrement mieux tiré à domicile, et pour un budget de seulement 30 millions de dollars. Du côté des autres films d'animation de 2023 de son calibre, Ruby fait aussi très pâle figure. Pour le même budget, Ninja Turtles : Teenage Years a par exemple empoché 180 millions de dollars (dont 118 millions à domicile). Le seul espoir qu'il reste au film réalisé par Kirk DeMicco serait sa carrière en VOD, ce qui ne l'assurerait même pas de sortir la tête de l'eau.

 

4. Le Manoir Hanté

  • Sortie : juillet 2023
  • Budget officiel : 150 millions
  • Box-office mondial : 117 millions

 

Le Manoir Hanté : photoOh, un producteur qui s'est pendu

 

On ne dit jamais assez à quel point chaque film est un prototype, et qu'aucun studio ne peut anticiper avec une totale certitude le succès ou l'échec d'un projet. Dès lors, il est parfois malhonnête de juger un long-métrage comme ayant été "sacrifié", quand le problème est plus souvent dû à une mauvaise stratégie de communication.

Néanmoins, difficile de ne pas franchir le pas en ce qui concerne Le Manoir Hanté. Si la sortie du film a été l'une des premières impactées par la grève des acteurs, on ne peut pas dire que l'attente était insoutenable pour cette relecture de l'attraction des parcs Disney. Depuis le carton inespéré de Pirates des Caraïbes, le studio cherche désespérément à en recréer la magie, quitte à investir des sommes folles dans une partie de roulette russe géante. Dans le cas présent, il ne reste plus qu'à voir 150 millions de dollars partir en fumée, pour un résultat au demeurant très tiède (malgré le fait qu'il ait été confié à Justin Simien, le réalisateur de Dear White People).

Dès lors, Disney n'a même plus cherché à faire d'effort, puisque Le Manoir hanté a été bazardé en salles au milieu de l'été, juste après le raz-de-marée Barbie et Oppenheimer. Avec 24 millions de dollars de recettes sur son premier week-end américain, le long-métrage a bien traîné des pieds, jusqu'à atteindre péniblement les 100 millions de recettes mondiales. Face à ce choix improbable de sortie pour un film "d'horreur" familial, on pourra rétorquer que la stratégie a plutôt porté sur le streaming. En effet, Le Manoir hanté est sorti sur Disney+ le 4 octobre dans certains pays, pour profiter de la période d'Halloween. C'est dire le niveau de considération de son box-office en salles.

 

5. Hypnotic

  • Sortie : août 2023
  • Budget officiel : 65 millions
  • Box-office mondial : 15 millions

 

Hypnotic : Photo Ben AffleckBen Afflige

 

C’était le projet de rêve de Robert Rodriguez depuis des années : enfin réaliser Hypnotic, son thriller nolanien racontant l’histoire d’un inspecteur à la recherche de sa fille dans un monde où les criminels sont hypnotiseurs. C’est désormais chose faite, mais le succès en salles n’est jamais venu récompenser ce parcours semé d’embûches. Pour un budget de 65 millions de dollars, le film avec Ben Affleck en a rapporté environ 15 dans le monde.

Un crash particulièrement spectaculaire donc, et bien loin des prétentions de ce genre de film. Certes moins cher que ses modèles les plus renommés, Hypnotic n’en a pas connu du tout le parcours, même à son échelle plus modeste. Par exemple, Inception avait coûté 160 millions en 2010 mais en avait rapporté 837. Ce cas était peut-être un peu exceptionnel, mais la même année, le Shutter Island de Martin Scorsese n’avait coûté “que” 80 millions (un budget plus proche de celui du film de Rodriguez) et en avait accumulé 295. Proportionnellement parlant, même le deuxième film de Nolan, Memento, rentabilisait mieux sont petit budget de 9 millions avec 40 millions de recettes (hors inflation).

Comment le film de Rodriguez a-t-il pu se ramasser à ce point-là ? Plusieurs facteurs peuvent répondre à la question, comme la promotion quasi-inexistante, la réception plus que tiède lors de la projection cannoise en séance de minuit, ou encore tout simplement la qualité du film.

 

6. Le Dernier Voyage du Demeter

  • Sortie : août 2023
  • Budget officiel : 45 millions
  • Box-office mondial : 21 millions

 

The Last Voyage of the Demeter : critique d'un naufrage embruméDracula dans l'os

 

Le Dernier Voyage du Demeter avait tout pour lui... mais a tout raté. Entre l'idée (un film entier sur le chapitre du livre Dracula où l'équipage d'un bateau est anéanti par Dracula) et le réalisateur (André Øvredal, derrière The Jane Doe Identity et Scary Stories), tout était réuni pour avoir un bon petit film d'horreur gothique... sauf qu'on a eu une série B poussive et paresseuse. Et avec une telle promesse (Dracula, horreur, huis clos), Universal aurait dû attirer presque automatiquement le public en manque de frayeur... sauf qu'ils ont échoué.

Doté d'un budget assez conséquent de 45 millions, ce Demeter s'est royalement planté : environ 21 millions dans le monde, dont 13 au box-office domestique. C'est un carnage absolu, et c'est encore pire si on le compare à La Main sorti cet été aussi. Avec un budget de même pas 5 millions, le petit film d'horreur a récolté plus de 63 millions, soit une opération très juteuse.

Sachant que ce projet Demeter traînait à Hollywood depuis le début des années 2000, c'est bel et bien un désastre. Le film pourra certainement limiter la casse avec son exploitation post-cinéma (le créneau horrifique est solide en VOD et SVoD), mais clairement un budget de 45 millions était kamikaze.

Notre critique du très décevant Le Dernier Voyage du Demeter

 

7. Tout DC (The Flash + Shazam 2 + Blue Beetle)

  • Sortie : tout 2023
  • Budget officiel : 220 millions (The Flash), 125 millions (Shazam 2) et 104 millions (Blue Beetle)
  • Box-office mondial : 270 millions (The Flash), 133 millions (Shazam 2) et 129 millions (Blue Beetle)

 

 

Si les super-héros de tous bords ont régulièrement déçu cette année, autant d'un point de vue critique qu'au box-office, le cas de DC s'impose comme une sacrée bérézina. Avec l'arrivée de James Gunn et Peter Safran pour rebooter le DCU, les films en stock de Warner ont souffert des limites des univers étendus faisandés. Quand l'une de tes seules carottes n'est autre que l'interconnectivité de tes épisodes et de tes personnages, pourquoi les spectateurs iraient voir des films médiocres qui comptent pour du beurre ?

La réponse, Warner l'a apprise à la dure dès le début de l'année avec le crash de Shazam 2. Pour un budget plus élevé que celui du premier opus (125 contre 100 millions en 2019), les aventures de Zachary Levi ont à peine récolté 133 millions de recettes mondiales, contre 367 pour le premier film. Un échec conséquent, qui aurait nécessité au moins le double de son budget pour être rentable. On peut d'ailleurs constater la valeur de ce four au fait que Shazam 2 a été rendu disponible en VOD seulement 3 semaines après sa sortie.

Même son de cloche pour Blue Beetle, qui malgré sa nature de "petit" blockbuster à 100 millions de dollars, a très mollement démarré (à peine 25 millions de dollars lors de son démarrage américain). La barre des 100 millions de recettes, considérée il y a encore quelques années comme une catastrophe totale pour des films de cette trempe, en deviendrait presque un palier louable.

 

 

Néanmoins, rien ne bat le four atomique de The Flash. Manié et remanié pendant des années, pensé pour être la poule aux oeufs d'or de DC et son ticket vers le Multivers, le film d'Andy Muschietti a explosé tous les compteurs (220 millions de budget estimé) avant de se ramasser avec 268 millions de recettes mondiales. Là encore, il faut dépasser le simple coût de production, et concevoir que The Flash a nécessité un budget marketing conséquent.

Par ailleurs, beaucoup de blockbusters dépendent du soutien de partenaires financiers, qui investissent pour connecter une marque avec certaines productions, Mais au vu de la situation avec Ezra Miller, Warner n'a même pas pu se reposer sur cette béquille. Ajoutez à cela un démarrage très décevant, et une chute de fréquentation de 72% dès la deuxième semaine américaine, et vous avez là l'un des bides les plus spectaculaire de l'année.

 

8. Expendables 4

  • Sortie : octobre 2023
  • Budget officiel : 100 millions de dollars
  • Box-office mondial : 51 millions de dollars

 

 

 

Expendables 3 avait déjà déçu à l'époque avec ses 209 millions de dollars de recettes. Mais ce n'est rien à côté de la tannée monumentale que vient de se prendre le nouveau volet. D'une laideur ahurissante étant donné qu'il a coûté plus cher que The Creator et à peu près 7 fois plus que Godzilla Minus One (petites comparaisons gratuites), le film ne tient même pas la promesse des précédents opus : Stallone prend la tangente après quelques dizaines de minutes et le casting musclé est loin d'être aussi prestigieux qu'au bon vieux temps.

Mais peut-être peut-on expliquer la catastrophe par les conditions de production et de promotion de la chose. Après tout, les amateurs d'actioners américains ne sont pas connus pour prêter grande attention aux critiques (même si sa destruction en règle par les quelques médias à s'y être intéressés n'a pas du aider). Annoncé depuis des années, le développement du film a viré au chaos, jusqu'à sa sortie relativement discrète aux vues de ses ambitions, la semaine avant Saw X et The Creator.

Son premier week-end d'exploitation a rapporté à peine 8 millions de dollars dans 3 518 salles, le classant d'emblée derrière La Nonne 2, déjà à sa 3e semaine. 7 jours plus tard, c'était pliéExpendables 4 dégringolait à la 9e place du box-office. Le 13 octobre, il était balancé en pature en VOD, condamnant son circuit en France, où il allait à peine faire ses débuts. Une véritable descente aux enfers d'autant plus cruelle que l'autre film d'action américain du moment s'en sortait plutôt bien, avec un budget bien moins élevé : Equalizer 3 a cumulé 190 millions de dollars dans le monde. Autant dire que les espoirs d'une suite sont minces.

 

9. The Marvels

  • Sortie : novembre 2023
  • Budget officiel : 274 millions
  • Box-office mondial : 204 millions

 

 

Il convient de préciser deux choses avant de s'attaquer au bide impressionnant (et assez prévisible) de The Marvels. Tout d'abord, le film n'a pas achevé son exploitation à l'heure où sont écrites ces lignes. Néanmoins, on ne s'attend pas à voir le film faire la remontada de l'année, et encore moins à dépasser la barre – très basse pour un blockbuster de ce calibre – des 250 millions. Ensuite, le budget estimé par Forbes comprend la subvention de 55 millions de dollars accordée par le Royaume-Uni. Autrement dit, si le long-métrage a bien coûté la somme astronomique de 274 millions de dollars, Disney en a dépensé 219 millions.

Même avec ces détails en tête, le verdict est sans appel : The Marvels n'est pas seulement le plus petit score d'un film du MCU (derrière L'Incroyable Hulk), mais aussi son premier vrai échec cuisant, quelques mois à peine après la douche tiède Ant-Man 3. Les raisons du drame (ou de la bonne nouvelle, c'est vous qui voyez) sont nombreuses : l'anonymat relatif de deux des trois personnages principaux, introduits dans les séries Disney+, une héroïne maltraitée, une promotion qui sent bon le damage control (les chats sont presque plus mis en avant que les actrices...), 4 semaines de reshoots trahissant une certaine fébrilité de la part de Mickey...

Outre les premières grosses sorties de route de leur franchise-reine, les exécutifs de Disney n'ont d'ailleurs pas forcément passé une bonne année entre un Indiana Jones 5 incapable de rentabiliser son budget colossal de 300 millions de dollars et un Wish boudé par le public américain. Il semblerait que l'égémonie de la firme ne soit plus incontestable et l'inflation des budgets n'y est pas pour rien.

 

10. LES FILMS APPLE (NAPOLEON + KILLERS OF THE FLOWER MOON)

  • Sortie : octobre et novembre 2023
  • Budget officiel : 200 millions (chacun)
  • Box-office mondial : 188 millions (Napoleon), 156 millions (Killers of the Flower Moon)

 

 

A priori, Apple Studios semble avoir fait une très mauvaise opération avec 400 millions de dollars investis (enfin presque, puisqu'ils sont coproducteurs) hors promotion dans deux films qui en rapporteront probablement moins de 360 (Napoleon est à la fin de son exploitation lors de l'écriture de ce dossier). D'ailleurs, le budget colossal du film de Martin Scorsese avait effrayé Paramount avant que Apple ne vienne lui filer un gros coup de pouce. Ces prix exorbitants concernent d'énormes décors, mais aussi le salaire des vedettes : si les sources détaillant l'enveloppe de Joaquin Phoenix sont trop peu fiables, Leonardo DiCaprio aurait bien touché 30 millions de dollars.

Toutefois, surtout dans le cas de Killers of the Flower Moon, certains font l'hypothèse d'un modèle économique différent. En effet, en mettant la main sur ces deux gros projets, la firme s'est d'une part fait une place confortable dans les multiplexes américains, d'autre part trouvé un beau produit d'appel pour sa plateforme Apple TV+. Surtout si la fameuse version de 4 heures de Napoléon y trouve son public. Puisqu'elle ne communique pas ses chiffres, on ne connaîtra jamais les vraies recettes des deux (très) longs-métrages.

Enfin, Apple est parmi les rares compagnies à pouvoir littéralement s'acheter une légitimité sur le terrain du cinéma grand public. Cela fait bientôt des années que Netflix est en quête de récompenses. Apple compte bien lui tenir tête en chaperonnant, peut-être à perte, des cinéastes et des acteurs adulés par l'institution américaine. Possible que la marque rafle quelques Oscars cette année (surtout grâce à Killers of the Flower Moon), accolant à sa production cinématographique un label prestige un poil illusoire. Une stratégie sur laquelle elle s'est toujours appuyée.

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commentaires
Flo
08/01/2024 à 14:01

2023… En vérité l’année de la parenthèse pour les histoires super-héroïques. Imprévue au moment du tournage de ces films, payants avec beaucoup de mauvaise foi autant que de difficultés logistiques le fait que la majorité d’entre eux racontaient surtout des aventures plus classiques et autocontenues (un peu comme en 2017, qui était très légère pour le MCU), avec à peine quelques indices sur le futur (Kang), tout en ayant l’audace de ne pas courir comme des dératés après l’aura de la Saga de l’Infini – rien de comparable pour DC, la Saga confuse partiellement imaginée par Snyder n’intéressait aucun réalisateurs.
Sur les huit blockbusters qui se sont bousculés sur les écrans (encore très très loin de la régularité des comics, mais déjà bien trop pour le cinéma), la qualité Superficielle a payé avec les Gardiens et le Spider-Verse, dont les gros défauts sauteront un jour à la figure des gens.
Alors les échecs, immérité de « …Quantumania » (répétez bien les éléments de langage « bouh, battu par des fourmis ! bouh MODOK ! », en évitant bien de détailler entièrement ces concepts) et celui amplement mérité pour « The Marvels » (navré, mais il va être le meilleur bouc-émissaire)… c’était programmé à l’avance sur le Net, dès les premières bande-annonces qui se sont faites cracher dessus, avant même de connaître la qualité effective de ces films.
Une vengeance mesquine quand plus de la moitié des prods MCU sont moins « nulles » qu’audacieuses et expérimentales (sans l’arrogance Arty). Et que, prenant trop au premier degré les plaintes pas si pertinentes (toujours personne pour se demander si les gus des effets spéciaux ne sont pas de gros fragiles)… on avait encore plus de raisons de « se les faire ».
Eux et DC ont écoulé quasi tout leur stock de héros majeurs, célébrés, cinégéniques et adulés… vous croyiez vraiment que tous ceux qui restent ne susciteraient pas l’indifférence générale ? Avant un grand reboot qui s’annonce déjà mal avec un Gunn qui passe trop de temps sur les réseaux sociaux (jadis ça l’a trahi, attention !) au lieu de construire en secret des arcs narratifs qui soient clairs, qui vont droit au but, qui ne vont pas contredire une annonce d’il y a 3 mois.
Les séries sont bien plus sensibles à la déception, toutes ne font effectivement pas l’unanimité.
_

Ainsi le meilleur film de super-héros de cette année ne peut être que..
« Aquaman… » :

– Il est bien plus rempli d’action que « … Quantumania », sans être soumis à un teasing pour un prochain film ;

– Il a un héros bien plus viril et habile que dans « Shazam… », ce qui compense largement ses blagues débridées – c’est pourquoi ça marche toujours avec Chris Hemsworth ;

– Il ne va pas faire mine de traiter son sujet écolo, pour en bazarder comme un malpropre une bonne partie, comme avec « Les Gardiens… » – pour la centième fois, l’extermination de la Contre-Terre et tous ses habitants innocents… Y a Personne qui s’en soucie. Ni les personnages, ni la critique. Alors que ce n’est pas une séquence anecdotique, au contraire c’est un moment crucial qui montre jusqu’où va la salopardise du méchant, tout bêtement théâtral qu’il est (au moins Kang a des instants de froideur bien plus réussis). Ne pas citer cette erreur de mise en scène, c’est dégueulasse et ça ne rattrape pas les quelques petites audaces.
Sans compter d’autres idées censées être elles aussi importantes – Peter qui harcèle Gamora, le duo Drax/Mantis qui tourne à vide, les Ravageurs 3000 machins qui sont complètement sous-utilisés, Rocket qui nous fait le coup du « ton heure au Paradis n’est pas venue » (quel Paradis… ses amis y sont encore tout mutilés, et on voit encore les cages), la fausse mort de Peter qui est évitée par excès de logique (ce pathétique Adam)…
C’est ça le meilleur film du MCU de cette année ? Pauvre de nous..;

– Il imite autant une certaine folie asiatique que ne le fait « … Spider-Verse » (sauf que les asiatiques et indiens n’ont pas de diversité chez leurs acteurs, donc ils gardent une unité mais refusent plein de monde).
Seulement « Aquaman… » lui, évite d’appuyer comme un sourd sur ses détails scénaristiques. Il fait confiance à ses spectateurs et ne garde pas le pied sur le frein au lieu de faire avancer son film, entre deux scènes virtuoses.
Et il ne va pas perdre 5 minutes à faire parler son héros pour rien devant une mère dont on voit d’emblée qu’elle n’a pas la bonne couleur d’yeux – au moins dans le dernier « Mission Impossible… », c’était un personnage capable de terroriser son propre frère, l’incohérence occulaire passait grâce au suspense de la situation…
Ici ce faux coup de théâtre est la preuve honteuse d’un film qui repose plus sur ces effets que sur la construction naturelle de ces dits effets.
Et il n’est pas le seul cette année, presque tous ceux acclamés par la critique tombent dans cet écueil ;

– Il est vraiment plus centré sur son personnage principal que dans « The Flash », sans être parasité par du fan-service uniquement cosmétique (concrètement, le Bat-Keaton et Supergirl ne l’aident pas trop, contrairement aux Spider-Men de « …No Way Home »). Ni par un acteur trop perturbé, ni par des effets spéciaux d’autant plus gênants qu’ils ont trompé la confiance de certains acteurs, ni par une SF trop incompréhensible ;

– Il a plus d’ampleur que « Blue Beetle »… C’est tout ;

– Il a plus d’ampleur et de tenue que « The Marvels » (un film où il y a normalement des militaires, des guerriers), et au moins on Voit le budget à l’écran.

Si on était une autre année, « Aquaman… » serait bien sûr plus bas. Mais là…
Il n’y a guère que lui qui transcende ses lourdeurs pour en faire des atouts et faire aboutir ses pay-off, en ce qui concerne les super-héros (« Mission Impossible… », dans son propre genre, y arrive aussi).
Absolument pas un grand film, mais un très bon moment à passer.
Même pas grave que Amber Heard soit plutôt en mode « soit belle et tais-toi », au moins elle ne joue pas une faible dulcinée, et sa mise en retrait profite au rythme.
_

Ce que n’ont pas eu d’autres films cette année (question rythme) :
« Babylon » ? Les français ont été contents de ce truc rabelaisien, mais si incompatible avec Hollywood (et où pourtant Damien Chazelle s’intéresse plus aux demi-dieux blonds Pitt et Robbie, plutôt qu’aux personnages de couleur, honteusement sous-exploités).
Échec tout à fait normal dans son propre pays, vexé de se faire cracher à la figure. Pas un film de super-héros.

« The Fabelmans » ? Spielberg qui nous dit « regardez, ma mère veut tromper mon père ! », alors qu’on l’a déjà compris depuis 40 minutes. Et puis qu’il a subit un peu de xénophobie, et nous ressort des anecdotes connues de longue date… C’est tout ?
Plein de belles compositions cinématographiques. Mais Échec. Pas super-héros.

« Killers of the Flower Moon » ? Scorsese qui nous dit « regardez comme on a fait du mal aux Indiens », tout en les montrant intégralement tels des gros lards qui ne foutent rien et se laissent crever. Même pas une scène renversante là dedans.
Échec normal dans son propre pays, vexé de ne monter que des blancs complètement imbéciles et cupides. Pas super-héros. À peine super-vilains, mais remplis de crétins.

Et les Ari Aster, « Fast and Furious », « Donjons et Dragons », « Transformers », le faussement original « The Creator », ainsi que quelques films d’animation ? Plus ou moins grands échecs. Pas super-héros (les Tortues Ninja n’en sont pas, fondamentalement).

Et pour enfoncer le clou niveau colère, un « Indiana Jones » qui traîne la patte et n’a aucune saveur, aucun savoir-faire pour créer des scènes iconiques.
On dirait que James Mangold est devenu le Mola Ram, a fait « Kali Maaaah ! » et a arraché le cœur d’Indy avant de le passer au four !!!
Échec. Pas super-héros (quoique ce personnage vienne indirectement de la bande-dessinée).

Les succès sans super-héros de cette année ? Des films qui flattent l’infantilisme sans rien bousculer :
John Wick qui enchaîne les niveaux et les boss, mais qui ne renverse pas la Grande Table et accepte finalement de jouer son jeu ? Trahison !
Mario qui ne créé aucune sensation similaire aux jeux ? Vain !
Barbie méritait un succès à la mesure de la comédie un peu acide qu’elle est, mais pas à la mesure d’un blockbuster phénomène. Hypocrisie !
Oppenheimer met les mamans dans un coin honteux, et ne fait que montrer des costards-cravattes en panique, au lieu de traiter un peu plus son sujet (la paranoïa extrême, la représentation allégorique de la Physique, le sexe, la destruction) ? Trop mou !

« La petite sirène » et « Élémentaire » ont fait de la résistance (surtout contre les malades mentaux qui voient du grand remplacement partout), mais ça reste des films assez difficiles. Sans super-héros.

Répétons-le incessamment : Fa-tigue-de-la-Lour-deur ! - sur les écrans, à l'écrit on a tous les droits dès lors qu'on sait aérer son texte.
3 heures à enfoncer des portes ouvertes pendant une bonne partie d’un long-métrage, ça ne fera pas de vous un David Lean. Surtout que le rythme des films est de plus en plus rapide avec les années, l’œil humain est plus véloce, il doit être contenté plus vite.
Donc si on n’a pas de quoi remplir pertinemment le film, eh ben coupons !
Ce que les plus petits films savent encore faire, et il y en a eu des tas de qualité cette année – dont une jolie offensive des français dans le film de genre. Ne les oublions pas !

MacFly
07/01/2024 à 19:48

@Mister M

"On parle on parle", effectivement

Je n'ai rien vu de particulier dans les médias anglo-saxons. Les budgets sont globalement toujours cités hors marketing (notamment car ce budget est très rarement connu et affiché), et ce budget intermédiaire était simplement la seule donnée officielle. Bizarre de donner une intention dans les imprécisions très courantes sur ces sujets. Surtout quand on voit à quel point l'échec de ce film a été médiatisé, avant et après la sortie.

Iger parle du contrôle, donc du budget et des retards, donc en (grande) partie des grèves (pour la sortie repoussée) et du Covid (tournage plus compliqué, et on a vu passer pas mal d'infos sur le coût de tout ceci), comme il l'a explicitement dit. Si on rajoute la donnée post-prod (sujet central dans le MCU actuel, avec les délais et conditions de travail, et l'embouteillage de ces 2-3 dernières années), on a déjà pas mal de facteurs expliquant ce budget. Sachant que pas mal de ces facteurs (hors grèves et pandémie) ont déjà été pointés du doigt auparavant (notamment le scénario non contrôlé de Thor 4, dont à peu près toute l'équipe a parlé).

Mister M
07/01/2024 à 19:21

@Macfly

C'est le film du MCU qui a eu sans doute le plus de changements de date (après production). On parle de 3 sessions de reshoot. Il a été charcuté comme jamais. Beaucoup de médias anglosaxons ont essayé de sous-évaluer le budget (en ne comptant pas le marketing ou avec ce budget intermédiaire). Par rapport à ses ambitions, il n'y a aucun équivalent dans ce naufrage cette année.

Rien dans son histoire ou son casting (quand tu compares à Thor4/Antman) ne justifiaient un tel budget. Donc oui, quand Iger parle de contrôle il parle bien du budget, des retards.

MacFly
07/01/2024 à 18:15

@Mister M 0

Oui, c'est déjà +de 200 millions dans l'article.

Je ne me "leurre" pas, je dis juste que les budgets officiels sont rarement les vrais, et que même des années après, il y a certainement une part d'inconnue. Donc ouais on peut jouer au jeu des théories, hypothèses, déductions sur des choses pas officiellement détaillées comme les reshoots. Tout le monde est d'accord et ils le disent : ce film a coûté très, très cher.
(Et Iger n'a pas vraiment dit ça non, il a dit que le film n'avait pas été fait avec le degré de contrôle et surveillance que les autres Marvel, là encore on peut faire les hypothèses sur ce qui ça signifie... mais si le degré de contrôle "normal" a mené à Thor 4 et Ant-Man 3, y'a de quoi relativiser)

The Riddler
07/01/2024 à 17:26

Je crois surtout qu'ils ne savent plus communiquer ou comment vendre un film

Mister M
07/01/2024 à 16:34

@MacFly

Sauf que les chiffres de Forbes s'appuient sur la dernière année fiscale. Ce sont des chiffres intermédiaires sur les dépenses à ce moment là. Je dis ça parce qu'on voit des tentatives d'édulcorer la perte. Faut arrêter de se leurrer. Ce film a coûté bien trop cher (sûrement les même niveaux que Strange 2) et Iger lui-même dit que Marvel s'était complètement foiré.

* N.B: Par contre je corrige, les derniers chiffres sont sortie et oui il dépasse légèrement les 200 millions au BO global.

siko
07/01/2024 à 15:13

je comprends pas trop les gens qui chouinent sur l échec de Babylone. Vous savez, le film existe hein! qu il ait marché ou non, il a été fait et vous pouvez l acheter et le voir aussi souvent que vous voulez!
et on pourrait penser que c est juste pour déplorer l echec de ce type de film, et que c est un mauvais signal envoyé aux studios blabla mais au final cela fait des années qu on entend ca apres chaque bide d un film ambitieux et original mais on peut constater qu il y en toujours qui sont produits avec des budgets plus ou moins confortables

MacFly
07/01/2024 à 13:41

@Mister M

Ils l'ont déjà dit dans d'autres articles oui, notamment Strange. On n'a jamais les vrais budgets donc faut bien partager ceux qui sont officiellement donnés, donc à part faire des théories...

Mister M
07/01/2024 à 12:05

Attention pour The Marvels c'est pas le budget définitif. Ce sont les chiffres communiqués sur la dernière année fiscale aux autorités britanniques pour choper la subvention.
Il semble qu'il a eu une autre session de reshot par la suite + de la postprod donc on est sans doute sur un budget de 250 millions (voir 300) APRES déduction de la subvention.

Pour preuve, on n'a eu que cette année les chiffres définitifs de Doctor Strange 2.

De plus d'après les derniers chiffres, il a même pas encore dépassé les 200 millions au BO global et restera à moins de 100 millions sur le BO domestique. Autant dire que personne ne s'attendait à un tel naufrage et ça va sûrement laisser des traces pour l'avenir de la franchise.

Anonyme
07/01/2024 à 11:15

@Tortoro, ton commentaire est absolument navrant.
1) Spielberg, l'un des réalisateur qui aura façonné le cinéma de divertissement, et qui est connu de tous, n'aurait jamais dit un truc pareil. Après je peux m'être mal renseigné mais Spielberg a seulement prédit la mort du cinéma de super-héros mais jamais le cinéma en général, sinon il aurait arrêté sa carrière depuis une dizaine d'année.
2) Définir des films comme killer of the flower moon ou babylone comme des "échecs artistiques", qu'on aime ou pas ces films, ca montre que ton commentaire n'a pas de logique. D'un côté on a un film de Martin Scorcese, rien que ca, et de l'autre un biopic sur le cinéma des années 20. Ce sont des films comme les autres, et on peut encore moins dire que cinéma est mort quand on sait que la fréquentation en salle à augmenté de plus de 20% par rapport à l'année dernière, mais aussi quand on regarde les plus gros succès en salles cet année qui comprend Barbie et Oppenheimer, donc pas des des divertissements absurde que sont les derniers films Marvel et DC.
3)"d'un cinéma grand public intelligent" : Top gun Maverick, Avatar la voie de l'eau, spider-man across the spiderverse, même Indiana Jones 5 que je trouve injustement critiqué, the batman, Dune et j'en passe surement. Tous ces films sorties entre 2021 et 2023 sont du très bon blockbuster qui du moins ne prennent pas les gens pour des débiles.
4) Ton commentaire n'est peut être pas 100% faux, Certes il y a une certaine politisation du cinéma, mais bon le cinéma a toujours été politisé, et c'est très loin d'être à outrance, "le recyclage de ce qui a déjà été fait", avec l'exploitation de certaine franchise qui mériterait de mourir oui, mais à partir du moment où tu fais du recyclage mais que tu le fait d'une manière différente, ca peut toujours apporter un bon film. Et la médiocrité intellectuelle, peut-être une certaine partie du public oui, mais les cas d'Oppenheimer et Barbie auraient tendance à dire le contraire. Mais simplement dire ce genre de réflexion au cinéma en général, alors qu'il devrait se réduire seulement au cinéma de super-héros (et encore), c'est totalement absurde et ca montre que des gens qui disent cette remarque du cinéma qui est mort, sont en partie responsable également de "la mort du cinéma".

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