Napoléon : critique d'un drôle d'empereur

Alexandre Janowiak | 22 novembre 2023 - MAJ : 22/11/2023 18:35
Alexandre Janowiak | 22 novembre 2023 - MAJ : 22/11/2023 18:35

Après Abel Gance, Sacha Guitry, Sergueï Bondartchouk, Youssef Chahine ou même Antoine De Caunes, c'est au tour de Ridley Scott de s'attaquer à la vie de Napoléon Bonaparte dans Napoléon. Et aussi fou que cela puisse paraître, la grande fresque historique et épique attendue est avant tout une étonnante tragédie comique sur fond de romance, avec le scénario de David Scarpa (déjà derrière Tout l'argent du monde pour Scott et le futur Gladiator 2) et le duo Joaquin Phoenix-Vanessa Kirby.

le (tout) petit caporal

En 1977, Ridley Scott sortait son premier film Les Duellistes, suivant la longue querelle de deux lieutenants de l'armée napoléonienne. La figure de l'Empereur n'y apparaissait jamais, mais elle était là, dans l'ombre. Quarante-six ans plus tard, que le cinéaste s'attaque donc à la légende de Napoléon dans Napoléon n'a rien de surprenant. Le Britannique s'est souvent attardé sur des figures historiques, de Ramsès II dans Exodus : Gods and Kings à Jean-Paul Getty dans Tout l'argent du monde en passant par Christophe Colomb dans 1492 ou Balian d'Ibelin dans Kingdom of Heaven.

 

 

Plus précisément, il s'est régulièrement attelé à déconstruire les mythes derrière certains grands personnages. Par exemple, Exodus rationalisait et politisait la quête mystique de Moïse. Le Dernier duel choisissait, lui, d'explorer son récit en mettant en lumière la victime tristement oubliée de l'Histoire, Lady Marguerite. House of Gucci, enfin, offrait une plongée dans la grandiose maison de couture tout en la muant progressivement en étonnante bouffonnerie.

 

Napoléon : photo, Joaquin PhoenixLa marche de l'empereur

 

Devant Napoléon, on pouvait donc légitimement s'attendre à ce que Ridley Scott s'amuse à décortiquer l'Empereur français. À l'origine, le film s'intitulait d'ailleurs Kitbag, reprenant un célèbre dicton : "Il y a un grand général caché dans le sac [kitbag] de chaque soldat". Si le plus simple Napoléon lui a été préféré (plus évident pour attirer le public), Kitbag révélait d'ores et déjà les intentions du réalisateur et de son scénariste David Scarpa : raconter l'arrivée au pouvoir d'un petit soldat au costume trop grand pour lui. Et dépeindre Napoléon sous ce jour moins glorieux est l'élément le plus séduisant de ce biopic.

Dès le premier quart d'heure, lors du siège de Toulon en 1793, le Capitaine Bonaparte est rapidement ridiculisé. Derrière le fin stratège, la caméra dévoile un va-t-en-guerre en proie à des crises de panique incontrôlées et dont la soif de sang inopportune a failli le mener à la mort, sauvé in extremis de l'épée d'un Anglais grâce à l'un de ses fantassins. Un choix pertinent qui va jalonner une partie du métrage, de la fuite risible de Napoléon lors de son Coup d'État à sa prise de Moscou sous les fientes de pigeons ou sa contemplation d'un peu trop près d'une momie en Égypte (pastichant le tableau de Maurice Henri Orange).

 

Napoléon : Photo Joaquin PhoenixNapoléon visite l'Egypte

 

amour, guerre et armée

Le portrait de Napoléon repose ainsi beaucoup sur une vision burlesque, voire grand-guignolesque, de l'homme derrière le dirigeant, en particulier dans la relation intime du futur Empereur avec Joséphine de Beauharnais. À la fois amoureux transi et piteux amant, incapable de contrôler ses pulsions de jeune ado avec sa femme et trainant fréquemment dans les jupons de sa môman pour avancer, la glorieuse figure de Napoléon en prend un sacré coup. Et dans la droite lignée, son couple voit sa légende éreintée, l'affreuse toxicité du duo Napoléon-Joséphine s'exposant au grand jour au point de poser une grande question.

Et si Napoléon avait finalement exorcisé ses angoisses privées sur le terrain militaire ? Ridley Scott l'affirme à demi-mot, la relation complexe de Napoléon avec Joséphine semble l'avoir poussé à vouloir conquérir le monde. Comme si son insignifiance au lit l'avait incité à devenir sursignifiant en dehors, comme si sa piètre quéquette était la raison de ses grosses conquêtes. De quoi hacker constamment la fresque historique pour livrer sporadiquement une absurde comédie, bien aidée par le jeu théâtral de Joaquin Phoenix.

 

Napoléon : Photo Rupert Everett, Joaquin PhoenixJoaquin Phoenix est régulièrement en roue libre

 

Sans doute conscient de l'énormité du projet, l'acteur jongle habilement entre la clownerie et la gravité du personnage, d'où une improbable punchline improvisée assénée à un Anglais – "Vous croyez que vous êtes si génial parce que vous avez des bateaux !" – ou ce grotesque "Le destin m'a mené à cette côtelette d'agneau" lors d'une dispute avec sa bien-aimée.

Autant dire qu'il y a matière à se marrer devant Napoléon, s'efforçant sans cesse d'associer le ridicule et le sérieux de la vie de l'Empereur... sauf que c'est aussi ce qui coince. Même si l'idée satirique osant revisiter la légende de Napoléon est judicieuse, elle est malheureusement à peine effleurée par Ridley Scott. Pire, son film ne parvient en effet jamais à harmoniser les deux facettes. En racontant le parcours de Napoléon de 1789 à 1815, tout en souhaitant pointer du doigt son pathétisme ou s'attarder longuement sur la dynamique du couple Napoléon-Josephine, le réalisateur et David Scarpa s'embourbent dans une fresque trop ambitieuse pour leur propre bien en 2h38. 

 

Napoléon : Photo Vanessa KirbyJoséphine méritait mieux et Vanessa Kirby aussi

 

KINGDOM OF HELL

En dehors des premiers instants du film, le rythme devient très vite lancinant, voire terriblement poussif. Une tragédie pour l'équilibre du récit tant la relation du couple, coeur émotionnel supposé du film, n'a pas le temps d'exister. Et c'est d'autant plus regrettable que Joséphine (excellente Vanessa Kirby), dont la présence est conséquente, y est sous-exploitée.

Napoléon rate ainsi systématiquement sa cible avec son montage composé d'innombrables ellipses éclipsant certaines situations au moment où elles devenaient intrigantes et éternisant d'autres éléments d'une profonde vanité. En balayant constamment ses éléments, le film est finalement extrêmement pauvre, sa dimension ne concordant jamais avec ses aspirations, ses intentions ne prenant jamais vie dans sa réalisation. Alors que reste-t-il dans Napoléon ? Hormis ses remarquables costumes (plutôt habituels chez Ridley Scott), le film s'épanouit surtout sur le terrain du grand spectacle

 

Napoléon : Photo Joaquin PhoenixIl est temps de découper du jeune anglais

 

Avec son intelligence de la mise en scène et un savant sens du tempo, le Britannique livre encore des moments épiques lors des scènes de guerre. Outre l'assaut nocturne plutôt captivant de Toulon, certaines images trashs (une jambe arrachée, un cheval éventré par un boulet de canon) ou la beauté des plans hivernaux de la Bérézina de 1812, ce sont évidemment les grandes batailles d'Austerlitz et Waterloo qui marquent le plus à l'écran.

La première plonge littéralement les spectateurs au coeur de l'affrontement où la chair des soldats russes et autrichiens se mêle à l'eau glacée dans une incessante pluie d'obus terrifiante, sous les directives glaçantes d'un Napoléon imperturbable. La deuxième est plus ambitieuse encore (et certains diront que c'est logique venant d'un Anglais) avec une caméra plus ample et une direction artistique beaucoup plus travaillée. Cela dit, c'est finalement bien peu vu le sujet en or que Ridley Scott avait entre les mains.

 

Napoléon : photoUne photo de Dariusz Woslki un peu trop monochrome

 

D'ailleurs, bien qu'elles soient impressionnantes, ces deux batailles sont très loin des joyaux livrés par le Britannique lors d'autres grands récits épiques, à l'image de son Kingdom of Heaven évidemment. Et la clé de secours de ce Napoléon se trouve peut-être là. À l'instar de l'épopée menée par Orlando Bloom, la fresque napoléonienne devrait avoir le droit à une Director's Cut si l'on en croit Ridley Scott. Avant même la sortie de son film en salles (et probablement aux dépens de cette version cinéma en conséquence), le Britannique semblait en effet déjà résolu à surtout parfaire sa Director's Cut de plus de plus 4h pour la sortir directement sur Apple TV+.

Pour le moment, la plateforme n'a pas du tout officialisé l'arrivée de ce deuxième montage, mais cette version serait probablement une bénédiction pour le film de Ridley Scott. Avec une plus grande ampleur cinématographique et historique, et surtout sa durée monumentale, ce Director's Cut pourrait gommer les ellipses maladroites (l'intervalle entre le Coup d'État et le sacre, l'exil à Elbe) et étoffer les bonnes idées trop vite balayées (tout ce qui concerne Joséphine). C'est bien le seul petit espoir pour sauver ce Napoléon au costume trop grand pour lui de l'oubli éternel.

 

Napoléon : Affiche française

Résumé

Avec Napoléon, Ridley Scott effleure son idée pertinente de raconter Bonaparte sous un jour moins glorieux dans un biopic tristement fouillis et anecdotique, aux scènes de batailles solides mais oubliables.

Autre avis Mathieu Jaborska
Scott voudrait restituer l'ambiguïté d'une figure aussi clivante que celle de Napoléon, voire parodier le rêve de grandeur complètement abstrait qu'elle charrie. Mais faute de temps, il survole à peu près chaque aspect de sa démonstration. Pas vraiment une comédie transgressive. Pas vraiment un drame. Pas vraiment un grand film historique épique.
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commentaires
Berezinski
01/12/2023 à 16:15

A propos du film de Ridley Scott, la liaison de Napoléon avec Joséphine y est décrite de façon envahissante et avilissante. Les acteurs choisis ne sont pas représentatifs : un Bonaparte vieux, terne et vulgaire, et une Joséphine sans personnalité, très éloignée de la meneuse de jeu qui animait les salons du Directoire avec son amie Cabarrus. Son fils d'un premier lit, Eugène de Beauharnais, gendre du roi de Bavière, a bien marié ses enfants, De ce fait il est un ancêtre de la plupart des dynasties régnantes actuellement en Europe : Norvège, Suède, Danemark, Belgique, Luxembourg, anciens rois de Portugal et de Grèce. Tout cela ressort avec évidence d'une visite à la Malmaison. C'est une autre histoire, à ne pas confier au vieux Ridley ...

Berezinski
01/12/2023 à 15:44

Barras, Carnot, Cambacérès, Siéyès, Lebrun, les gens du Directoire, ont hésité entre le retour des Bourbons et un coup d'Etat républicain. Pichegru à la tête des Cinq Cents était à deux doigts d'opérer la bascule. Fructidor en a décidé autrement et Brumaire a clos la discussion. Les anglais et le tsar se seraient calmés, on n'aurait pas eu d'épopée napoléonienne avec son cortège de morts, pas d'Arc de Triomphe et pas de boulevards des maréchaux.

SebSeb
30/11/2023 à 19:21

Présenter comme un beauf et un pleutre un type qui aussi jeune a mené autant d'hommes sur autant de batailles à la victoire, qui était érudit et est parti en Egypte aussi avec des scientifiques et des historiens, c'est vraiment navrant. Scott le présente limite comme un benêt qui a traversé l'Histoire par hasard, franchement on ne peut pas être plus loin de la réalité quand on se penche juste un peu sur ses écrits, qui datent d'avant son accession au pouvoir.

Berezinski
30/11/2023 à 14:42

Certains commentaires du film sont surprenants. En particulier : "deux heures et demie de film c'est rasoir, mais quatre heures ce sera canon." Autre perle : "Joséphine était trop vieille pour avoir un enfant de Bonaparte". Or elle s'est mariée à trente trois ans, faut pas pousser. Ridley Scott semble attribuer ce défaut de paternité à une position déviée de Bonaparte. La notice wikipédia de Joséphine est très instructive. Elle s'est mariée une première fois à seize ans et a eu ses enfants à dix huit et vingt ans. Pour la naissance d'Hortense, Beauharnais le mari de Joséphine a crié à l'adultère. Même chose plus tard quand Louis, roi de Hollande, frère de Napoléon, a exprimé des doutes sur sa propre paternité du futur Napoléon III, fils d'Hortense. Ce qui fait que Badinguet n'aurait pas eu de sang Bonaparte, comme son demi-frère le duc de Morny. Demi-frère ou frère ? Sang Talleyrand ? On parle de Louis dans l'heure et demie supplémentaire ?

Berezinski
29/11/2023 à 17:13

A condition d'exclure la grotesque idylle sexuelle, il reste une chronique historique acceptable. Il n'était pas question de tout y mettre. Le choix des épisodes est logique. On devine la progression de Bonaparte vers le pouvoir absolu. Scott a bien fait de montrer le siège de Toulon et la canonnade de Saint Roch. C'est là que Barras a compris à qui il avait affaire : un militaire performant et un politique sans scrupules. Exactement ce qu'il fallait pour sortir du marasme du Directoire. La suite on la connait : refaçonnage de l'Europe et chute finale. Cela reste du cinéma: les personnages sont nuls et les dialogues simplets. Seules les scènes d'action, les costumes et les décors sont intéressants. Si cela vous chante ...

Marco ici Léon
28/11/2023 à 13:00

@Marc en RAGE
Re-bonjour et merci de l'attention que vous portez à mes commentaires,
Je commence par le plus facile, les points d'accord sur Alien ou sur Blade Runner, qui sont les films qui je le concède permettent à Ridley Scott de réaliser tout ce qu'il peut souhaiter. Je ne suis pas très amateur de série, je ne connais pas celle que vous présentez mais je suis tout prêt à vous croire.
Maintenant plusieurs remarques : d'abord ce sont des films anciens, vous donnez les dates 1979 et 1982 ils ne disent donc plus grand chose du Ridley Scott actuel, si ce n'est qu'il a acquis sa notoriété grâce à son talent. Cependant sur le film qui nous préoccupe il s'est davantage servi de celle ci pour éructer sa rancoeur que pour nous faire partager son univers.
C'est là mon deuxième désaccord : ces films étaient des films de fiction et même de science fiction. Comme pour les utopies du siècle des lumières, cela permet à l'artiste de transporter son lecteur ou son spectateur dans un univers qui même s'il ressemble par bien des points à la réalité et permet de porter des messages reste un univers inventé et permet à chacun d'aller cultiver son jardin.
Pour revenir à Ridley Scott, on peut même se transporter dans un univers historique comme dans Kingdom of Heaven et traiter des croisades, rencontrer des personnages historiques mais moins référencés ce qui permet davantage de liberté dans le traitement des agissements de son personnage principal. C'est la même chose pour Christophe Colomb pour lequel on n'a finalement comme témoignage que ce qu'il a bien voulu dire à son retour.
Ici il veut traiter d'un personnage dont on sait tout ou à peu près tout, qui a beaucoup écrit lui même et sur lequel se sont penchés de nombreux chercheurs et historiens avec un éventail de point de vue allant de l'admiration dévote au mépris le plus absolu. Le choix fait ici de traiter des rapports du couple qu'il formait avec Joséphine aurait du inclure celle ci dans le titre et exclure ses activités militaires si ce n'est pour montrer en quoi il faisait ça pour impressionner les femmes de sa vie (j'inclus ici sa mère). En réduisant le champ de traitement on pouvait espérer en 2h40 faire un bon film, qui aurait certes touché un public plus restreint mais qui aurait eu le mérite d'éviter les énormités qui le discréditent absolument.
Le choix ici d'imposer un point de vue hostile, de mal traiter tous les sujets possibles permettant d'étayer cette thèse (y compris ses relations avec Joséphine le couple évoluant au milieu de nombreux autres personnages absents du film) dans un fourre-tout mal monté, plein de longueurs, d'erreurs volontaires et coupables dans une recherche commerciale de spectacle sans quoi il aurait fallu accepter que le film ne fasse que 10 % des entrées espérées est néfaste et la nostalgie que j'ai de son talent passé, s'il n'en fait pas votre film préféré le classe de mon point de vue au rang des bouses, je sais j'insiste ...

Marc en RAGE
28/11/2023 à 12:08

@Marco ici Léon

Sur Napoléon c'est ton avis son NAPOLÉON de toute façon c'est pas le film que je préfère de Ridley.
Pour ceux qui doute encore du talent de RIDLEY SCOTT aller voir ou revoir ALIEN le 8 ème Passager ( 1979) et BLADE RUNNER ( 1982)
Et la meilleure série que j'ai vu qu'il a réalisé produit RAISED BY WOLVES .Ridley Scott avec son Studio Scott FREE et son créateur Aaron Guzikowski imaginé une histoire ou la terre est condamné et un rebel envoie 2 Androïdes LAMIA et Père sur KEPLER 22B pour donner une nouvelle chance à l'humanité. 2 saisons à découvrir.

Marco ici Léon
28/11/2023 à 09:28

@Marc en RAGE
Bonjour,
Comme vous et comme votre pseudo le laisse penser j'espère avoir la même énergie que Ridley Scott à 85 ans, y compris pour légitimement "rager" comme vous le revendiquez et comme ce réalisateur le fait ici en réglant visiblement de vieux comptes avec Napoléon et ré-écrivant l'histoire.
C'est bien ce qui me pose problème, d'autant plus venant d'un Anglo-Saxon qui culturellement se pose en moraliste et en garant de la bonne conduite de l'humanité quant à la lecture de l'histoire. J'assume à ce propos mon côté primaire et l'à priori négatif qu'il implique quant à ce film que je tenais à voir tout en sachant qu'il allait me déplaire. Pour ce qui est de la version de 4h30 qu'on nous promet, si elle est meilleure, ils n'avaient qu'à nous la proposer plutôt que cette bouillie infâme, je ne comprends pas l'argument (si ce n'est d'un point de vue purement financier, mais qu'on ne me parle plus de licence artistique ou de montage qui ne rend pas justice à l'oeuvre, là aussi les arbitrages ont été faits et validés).
Si le coeur du film sont les relations intimes de ce couple, pourquoi nous infliger des scènes de batailles aberrantes d'un point de vue réaliste ? Restons dans les alcoves et les luttes de palais. Waterloo ici n'a d'intérêt que dans la mesure ou Napoléon va livrer une bataille que seule son ambition et sa confiance en lui rendent potentiellement victorieuse alors qu'il sait Joséphine mourante. Il croit pouvoir refaire une guerre digne de sa campagne d'Italie, mais désormais ses adversaires le connaissent et ont appris à compenser ses mouvements, c'est donc Blücher qui arrive le premier et non Grouchy.
Je regrette donc le point de vue du seul bidet, bien que j'en reconnaisse la légitimité artistique, encore faut-il l'assumer et ne pas en faire n'importe quoi pour faire de l'entertainment au prix d'un montage désastreux qui fait que ce que l'on présente et ridicule dans le fond et calamiteux dans la forme.
Je maintiens mon jugement c'est une bouze et si l'énergie et les moyens financiers liés à une légitime notoriété sont indéniables, les facultés semblent pour le moins s'amoindrir, le temps est cruel.

Marc en RAGE
27/11/2023 à 16:54

@Marco ici Léon

Je voudrai avoir l'énergie de Ridley Scott si j'arrive à cette age 85 ans.
Dans 30 ans j'écrirai des commentaires sur le speudo MARC qui est encore en zzzzzzzz....RAGE
Napoleon est loin être une Bouze il faut attendre la version de 4 heures pour se faire son avis.
Napoléon ☆☆☆☆

Marco ici Léon
26/11/2023 à 21:48

La vieillesse est un naufrage et Ridley Scott en est l'incarnation du moment !
Cette bouse qui fera passer "les Bronzés 3" pour un chef d'oeuvre ne pourra pas faire oublier ses légitimes succès, qui lui octroient aujourd'hui le droit de réaliser ... tout court et n'importe quoi.
Cette prestation devrait avoir pour titre au mieux "Napoléon vu du bidet" ou pour être plus trivial "vu des chiottes" tant il s'agit d'un étron.
Je m'explique, en donnant à votre composition un titre présentant un personnage historique, vous vous engagez à un minimum d'exigence, notamment sur ce plan. Une fois admis que l'histoire est écrite par les vainqueurs, ce qui n'a pas été le cas de Napoléon in fine, on peut admettre que le personnage peut être pour le moins contesté ; ici le parti pris d'un anglo-saxon de naissance vaut celui d'un anti anglo-saxon primaire tel que moi, pas de souci. Le point de vue affectif et intime de ce type de personnage est envisageable, mais il ne peut en aucun cas permettre de présenter des contre-vérités : la critique entendable de la réécriture de l'histoire par des personne peu fréquentables ne permet pas pour autant à ceux qui bénéficient d'une attention favorable de faire n'importe quoi.
Je prends un peu de temps, Napoléon n'était pas présent lors de l'exécution de Marie-Antoinette, très digne dans ce film, je vous en sais gré. En revanche il a assisté à l'arrestation de Louis XVI aux Tuileries. Ca aurait peut-être pu être exploitable pour un réalisateur de talent.
La bataille des Pyramides a laissé une citation à l'histoire, en complète contradiction avec la scène du film ou le général Bonaparte leur fait tirer dessus au canon ; par ailleurs mon amour-propre serait encore davantage heurté par cette séquence si je devais me reconnaitre comme Mamelouk, une fois la tête dans plantée le sable comme une autruche.
Le retour précipité suite aux infidélités de Joséphine, puisque c'est le coeur et le seul intérêt de ce film, ne date pas de la campagne d'Egypte mais de celle d'Italie. Pour autant, il aurait fallu l'évoquer ce qui est aberrant du point de vue qui a été adopté puisqu'elle est universellement reconnue comme positive (pour ne pas dire brillante et longtemps étudiée dans toutes les écoles militaires, mais ce n'est pas le choix qui a été fait, je m'égare ...).
Pour ne pas tomber dans le même écueil je n'aborde pas le point de vue Tarantinesque (pour lequel je reconnais avoir davantage de considération dans ce domaine, le côté sanguinolant étant pleinement assumé) de la bataille d'Austerlitz, ça n'a pas d'intérêt, passons.
La rencontre de Tilsit entre l'Empereur éponyme joué par le malheureux Joaquin Phoenix (49 ans) et celui qui nous a été présenté peu avant comme le jeune tsar Alexandre I° joué par le non moins malheureux Edouard Philipponnat (24 ans), qui se voudrait fraternelle ce qui est envisageable avec des personnages réels qui ont 8 ans d'écart semble hors de propos ici : c'est un père qui s'adresse à son fils avec une citation historique réelle ... qui n'est pas de lui mais de Surcouf !
Ce n'est donc plus ici Napoléon l'Empereur des français, mais Ubu Roi qui est battu lors d'une campagne de Russie désastreuse menée par une grande armée en uniforme rutilant opposée à des cosaques miteux.
A son retour d'exil (le raccourci est rapide, mais à peine plus que ceux que s'accorde un montage calamiteux sur un film de 2h40 et qui prétend se sauver grâce à une version longue de 4h30 que je ne m'infligerai pas), il retrouve décédée la caution inclusive d'un féminisme affirmé par des infidélités réelles ou imaginaires, portée à l'écran par Vanessa Kirby qui bénéficie heureusement du seul rôle positif de ce naufrage, que relate une presse d'époque que ne renierait pas la pire presse à scandales actuelle, alors qu'elle a du supporter un amant insatisfaisant, les humiliations de ce mari, de sa famille et des obligations liées à son statut.
Enfin, là je m'adresse à ceux qui s'intéressent à l'histoire militaire, on retrouve la tactique d'organisation en carré utilisée par l'infanterie de l'armée d'orient contre la cavalerie mamelouke en Egypte et remplacée par le bombardement des pyramides, on pouvait se demander pourquoi. Elle est en fait astucieusement utilisée par Wellington et l'infanterie britannique à la bataille de Waterloo. A croire qu'il fallait garder le meilleur pour la fin une façon de nous dire "je me suis bien foutu de votre gueule depuis le début, je voulais vérifier que vous en aviez bien conscience !".
Outre l'indigence du fond, reste de surcroit la forme déjà un peu abordée à propos du montage : on a des messages échangés par des personnages francophones en anglais sous-titré français, tout comme les titres de presse, alors que lorsque dans les salons, les diplomates s'adressent à des germanophones le font poliment en allemand sous-titré lui aussi, dans la plus parfaite bienséance ; ça doit être la seule qualité que vous pouvez reconnaitre aux français, vous et votre vision impérialiste du monde.

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