Justice League a t-il vraiment été un désastre au box-office, avant le Snyder Cut ?

Geoffrey Crété | 29 avril 2021 - MAJ : 29/04/2021 18:11
Geoffrey Crété | 29 avril 2021 - MAJ : 29/04/2021 18:11

Petit bilan box-office et business de Justice League, diffusé ce soir à 21h15 sur TMC.

Sorti en novembre 2017 en salles, Justice League de Zack Snyder (et Joss Whedon) était une importante étape programmée pour l'univers étendu de DC. Après Man of Steel en 2013, Batman v Superman : L'Aube de la justice et Suicide Squad en 2016, et Wonder Woman en 2017, la grande réunion des super-héros Batman, Superman et Wonder Woman, avec notamment l'arrivée d'Aquaman avant son film solo, ne pouvait être qu'un rendez-vous incontournable.

Sauf que le blockbuster s'est très vite transformé en entreprise problématique, de sa construction influencée par l'accueil compliqué de Batman v Superman aux fans (ce qui a été confirmé depuis), en passant par une post-production publiquement désastreuse. C'est la deuxième partie de l'histoire, désormais bien connue : la naissance du Snyder Cut, la "vraie" version du film, où le cinéaste a pu recoller les morceaux pour livrer son director's cut de quatre heures, arrivé sur HBO Max.

Après le fameux Zack Snyder's Justice League, (notre critique ici) on fait un bilan de la carrière du film.

 

 

LE BUDGET

Selon The Wall Street Journal et Variety, Justice League a coûté entre 250 et 300 millions : un chiffre plausible, vu que Batman v Superman : L'Aube de la justice a coûté environ 250 millions minimum, là où Avengers était dans les 220, et Avengers : l'Ère d'Ultron dans les 250.

Il faut ajouter à ce chiffre deux données : le budget marketing (indispensable et important à ce niveau de superproduction), et des reshoots majeurs, réalisés par Joss Whedon lorsque Zack Snyder a quitté la production pour des raisons personnelles.

Si les dépenses côté marketing restent une donnée protégée par les studios, la note peut vite être salée. Pour des films comme Avengers : Endgame et Jurassic World : Fallen Kingdom, ça peut monter jusqu'à 200 millions. Pour Justice League, c'était de toute évidence dans les 150 millions (un chiffre aligné sur BvS et Suicide Squad).

 

Photo Gal Gadot Gal Gadot en Wonder Woman

 

La question des reshoots est encore plus délicate. Si les jours de tournage additionnel sont devenus monnaie courante dans l'industrie, intégrés par principe à la production et donc loin d'indiquer une catastrophe, ceux de Justice League ont alimenté d'innombrables débats et rumeurs. Variety a affirmé en juillet que la Warner a déboursé 25 millions pour environ deux mois de reshoots à Londres, loin des 6-10 millions pour une semaine ou deux habituellement décidés. Les nombreuses images de promo absentes du film, les acteurs coupés au montage et les éléments révélés depuis (le costume noir de Superman a été filmé), laissent bien croire que les reshoots ont été très importants, et donc chers.

Justice League, ce serait donc dans la fourchette basse un budget d'environ 350 millions. Et probablement plus, vu que la promotion a débuté en amont (une première bande-annonce a été montrée au Comic Con en juillet 2016, alors que le tournage était en cours), et que la postproduction a vraisemblablement été très compliquée, avec un coût réel que la Warner n'aurait aucun intérêt à révéler.

 

Photo Gal GadotL'équipe de winners

 

triste record pour dc

Avec environ 657 millions au box-office mondial, Justice League est le plus petit score du DCEU lorsqu'il sort, loin derrière le milliard d'Aquaman, les 873 millions de Batman v Superman : L'Aube de la justice, les 821 millions de Wonder Woman, les 746 millions e Suicide Squad, ou encore les 668 millions de Man of Steel

À titre de comparaison, c'est très loin du premier Avengers, première réunion du MCU, qui a engrangé 1,5 milliard en 2012. C'est même moins bien que quelques aventures solo des super-héros Marvel dès la Phase 2, comme Captain America : Le soldat de l'hiver (714 millions), Iron Man 3 (1,2 milliard), Les Gardiens de la Galaxie (773 millions), ou encore Thor : Ragnarok (852 millions).

Côté DC, c'est très, très bas. Après Batman Begins (environ 360 millions), la trilogie de Christopher Nolan a grimpé jusqu'au milliard avec The Dark Knight et The Dark Knight Rises. Et dans la famille Batman, avec l'inflation, Justice League reste loin des précédents films avec Bruce Wayne. Seule consolation : l'échec commercial de Superman Returns en 2006, avec environ 391 millions.

 

Photo Ben Affleck, Gal Gadot, Ezra Miller Image promo d'une époque plus lumineuse

 

triste record americain

Justice League a récolté environ 229 millions au box-office domestique. C'est à peine 35% de son score dans le monde.

C'est là encore le plus petit score de DC à ce moment : moins que Man of Steel (291 millions), Batman v Superman : L'Aube de la justice (330 millions), Suicide Squad (325 millions), Wonder Woman (412 millions), ou encore Aquaman (335 millions).

La comparaison avec Marvel est elle aussi terrible puisque le premier Iron Man avait amassé 318 millions au box-office domestique en 2008, alors que l'univers étendu n'en était qu'à ses balbutiements. 

 

EquipeSuper-héros et super-figurines alignées sur un rayon de magasin ? 

 

PETITe aide internationale

À l'étranger, Justice League a encaissé près de 428 millions, soit plus de 65% de ses chiffres. Le film marque des points de ce côté : c'est mieux que Man of Steel (377 millions), Suicide Squad (421 millions), et Wonder Woman (409 millions). Seuls Batman v Superman : L'Aube de la justice (543 millions) et Aquaman (813 millions) ont ont mieux.

Le film a surtout été un succès en Chine (106 millions), au Brésil (41 millions), au Mexique (24 millions), au Royaume-Uni (24 millions), en Australie (15 millions), ou encore en France (14 millions).

En Chine, c'était d'ailleurs le meilleur score des films DC au cinéma : 63 millions pour Man of Steel, 95 millions pour Batman v Superman, et 90 millions pour Wonder Woman (Suicide Squad n'y est pas sorti). Mais depuis, Aquaman a tout écrasé avec 291 millions.

 

Photo Jeremy IronsJeremy Irons travaille le fer

 

GROS FLOP EN FRANCE

1,7 million de spectateurs se sont déplacés en France, soit le pire score de cet univers étendu. C'est moins que Man of Steel (2,3 millions), Batman v Superman : L'Aube de la justice (2,5 millions), Suicide Squad (2,2 millions), Wonder Woman (2,1 millions) et Aquaman (3,2 millions).

C'est très loin des 4,5 millions du premier Avengers, ou du premier Iron Man avec 2 millions. Le premier X-Men avait rassemblé plus de 1,8 million en 2000. C'est aussi très loin des sommets comme Spider-Man, qui a attiré 6,4 millions dès sa première aventure en 2002.

Toutefois, c'est mieux que Batman Begins (1,5 million en 2005), Batman Forever (1,6 million en 1995), ou encore Batman, le défi (1,2 million en 1992).

 

Photo Ezra MillerEssayer d'entrer en connexion avec le maigre public

 

LES RAISONS

La première explication : l'univers DC au cinéma a payé le prix d'une identité confuse, entre un Batman v Superman : L'Aube de la justice perçu comme sombre et torturé, un Suicide Squad survendu comme un spectacle léger et décomplexé, et une Wonder Woman sous forme de flower power super-héroïque.

Face à la machine de guerre Marvel qui passionne le public avec une construction carrée et harmonieuse (et donc souvent jugée comme plate et répétitive, mais c'est une autre histoire), DC semble se chercher. Parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. En plus de multiplier les risques d'avoir un spectateur charmé par un film, mais perplexe face à un autre, la méthode n'a visiblement pas permis de créer une véritable attente face à une réunion de héros qui, au fond, semblent avoir été assemblés plus par obligation contractuelle que par logique interne.

 

Photo Ben AffleckBatman sous les larmes des fans

 

Autre raison : le bad buzz. Si l'idée d'une ligue de fans et médias unis pour tuer l'univers DC est plus drôle qu'autre chose (Iron Man 2 a été aussi détesté que Wonder Woman adulé, et Zack Snyder a plus d'admirateurs que la plupart des réalisateurs du MCU), Justice League a plus passionné au cours de sa production chaotique qu'à sa sortie. Que la moustache de Henry Cavill soit devenue une "affaire" illustre ce cirque : rappelé pour les reshoots alors qu'il tournait Mission Impossible : Fallout, l'acteur a vu une partie poilue de son visage retouchée en postproduction pour des questions de raccord. Une opération exécutée dans des délais absurdes, qui a donc donné un résultat peu flatteur à l'écran.

Gal Gadot qui admet que l'arc de Wonder Woman a été rectifié en cours de routeBen Affleck qui laisse planer le doute sur son avenir au sein de DC, sans parler des producteurs qui reconnaissent avant la sortie que le public devrait être indulgent : la promo du film a été un interminable tunnel ponctué de rumeurs, de déclarations et éléments contradictoires. Le studio ayant choisi de ne pas contrôler la parole comme certains concurrents, Justice League a été tiraillé dans tous les sens.

 

Photo Jason MomoaUne scène de Whedon donc

 

La dernière raison, plus simple : le film n'a pas convaincu. La critique a sans nul doute un impact, mais celui-ci reste finalement mineur. Exemple : descendu par la critique, Batman v Superman a mieux démarré au box-office américain que Wonder Woman, porté par une presse dithyrambique. Preuve que les spectateurs écoutent avant tout leurs envies, surtout dans le domaine du blockbuster où la critique sera plus encore considérée comme inutile (car intello, car anti-superproduction).

Que Wonder Woman ait en revanche bénéficié d'un excellent bouche-à-oreille pour mener une carrière solide sur la durée, là où Batman v Superman a vite chuté, prouve que le public dicte la loi, et n'a besoin de personne pour choisir ou bouder un film. La super-héroïne a finalement engrangé près de 80 millions de plus que Batman et Superman aux USA.

Indicateur absolu de l'intérêt du public et du potentiel commercial d'un film : le week-end de sortie américaine. Celui de Justice League a été problématique, puisqu'inférieur à ceux de tous les précédents films DC (à peine 94 millions, loin des 166 de BvS ou des 103 de WW).

Que de nombreux spectateurs réclament rapidement une version director's cut de Zack Snyder (notamment avec une pétition) et s'en prennent à Joss Whedon, confirme bien que le film vu en salles n'a pas été à la hauteur des attentes et des enjeux. La Warner est à blâmer, plus que Snyder, Whedon, le public, les fans, ou les médias. Et l'affaire des bonus financiers, qui auraient poussé les producteurs à ne pas repousser la sortie contre tout bon sens, ne fera que confirmer leur responsabilité.

 

Photo Gal Gadot La seule à en sortir blanche comme neige ?

 

LES CONSÉQUENCES

Justice League est loin d'être un bon coup. De près ou de loin, il est à ranger dans le cimetière des bides hollywoodiens, entre Un raccourci dans le temps, Le Roi Arthur : La Légende d'Excalibur, X-Men : Dark Phoenix ou Men in Black : International.

Forbes estimait une perte d'environ 100 millions pour Warner, alors que le studio espérait de toute évidence un gros carton. Comparé à Wonder Woman qui aurait finalement fait gagner dans les 300 millions à la Warner, pas de doute : Justice League est une opération catastrophique. Heureusement, Aquaman a rattrapé l'histoire, avec un succès monstrueux. Par la suite, Warner a repris un verre d'eau, avec des budgets plus serrés : à peine 100 millions pour Shazam! et pour Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn (qui a néanmoins été un petit échec là encore).

 

photoTous pour un, et Snyder pour tous

 

Si le Snyder Cut a miraculeusement permis de rectifier le tir, les plans d'origine de Justice League ont de toute évidence été enterrés (sauf si..?). Zack Snyder avait pourtant prévu une trilogie ambitieuse, cosmique et apocalyptique, avec Green Lantern, des voyages dans le temps, et pas mal d'idées que Marvel a justement exploité dans Avengers : Infinity War et Endgame.

Le désastre a également eu des conséquences en interne : Warner Bros. a remplacé Jon Berg, alors à la tête de DC Films, par Walter Hamada. Lequel a depuis été accusé par Ray Fisher d'avoir largement contribué à créer un climat toxique sur les reshoots de Justice League. Au-delà des humains, la stratégie entière a été revue, pour se calmer sur l'univers étendu copié sur le MCU. La Ligue des Justiciers allait donc continuer à vivre, mais à son rythme, chacun dans son coin, menant à des films aussi fous que Joker à ce niveau de production. C'est peut-être le plus grand héritage de ce désastre hollywoodien unique en son genre.

 

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commentaires
Erwan56
02/05/2021 à 18:45

Geoffrey se serait cool que tu puisses faire une vidéo de cet article

benjamin
02/05/2021 à 07:10

Justice league super man

Jade
01/05/2021 à 04:46

C cler qui il y a des films qui ont mieux réussi que d'autre mais,est ce qu on doit les blâmés pour sa,moi je pense pas.par exemple superman et Batman ou Wonder woman c est les effets spéciaux qui rendent les films excellent s il avait pas sa dans les films serais vraiment nul.c vrai quand on va aux cinémas c est le nombre de place vendu que Warner et autre écran large fait son chiffre d affaire.bref la critique c est facile quand fait pas soin mm de film.on peut pas être excellent en tout sinon on vivrait tous dans un monde parfait.

Marvelleux
30/04/2021 à 04:56

Entièrement d'accord, le bazz buzz du dcu à commencé avec Batman vs superman, considéré par certains comme films de superhéros le plus de tout les temps (voir internet), biensur sans justification. Même Man of Steel à l'époque était très critiqué. Bon nous avons la chance d'avoir Marvel et DC, pourquoi choisir, en sachant qu'il y a boire et à manger dans les deux cas.

Barnabé
29/04/2021 à 22:12

Toujours à ressasser les mêmes trucs... vous n'en avez pas marre de refaire le même article dix fois ?

Waito
29/04/2021 à 21:24

"Batman v Superman : L'Aube de la justice perçu comme sombre et torturé"... Ça a aussi et surtout été perçu à sa sortie comme une sombre merde par une partie du public (je ne quatifierai pas, je vois d'ici la réaction toujours mesurée des fans) et une très large majorité de la presse, n'en déplaise aux aficionados. Le bad buzz a démarré bien avant Suicide Squad.

Batman rafistolé
29/04/2021 à 20:24

je sais pas si c'est un carnage financier, mais c'est un carnage pour mes retines, tous ces plans en cgi et autres composting mal foutus, les sfx les plus mauvais que j'ai vu pour un film a ce niveau de budgets, exemple:les sequences sur l'ile avec les amazones, sur leurs chevaux aiai, une buillie numerique absolue, et tous ralentis à la con, le gars il joue trop avec les Speed Ramp dans les Softs pro,
quant au Superman, on comprend pourquoii Cavill est pas revenu, (ona un clone numerique assez bien foutu je dois dire): Superman n'a rien à dire, une fois qu'il a deglingue le bad Guy,en vitesse, le Snyder sait plus quoi en faire

Cassian00
29/04/2021 à 18:56

Je vois qu'il ya des confusions dans les commentaires: quand un film fait 600 millions au box office, cela représente la somme des tickets de ciné vendus. Ainsi, le box office est réparti entre plusieurs acteurs comme les distributeurs et l'Etat (cela varie selon le pays mais au minimum 40% pour les 2). La Warner récupère donc beaucoup moins que les 600 millions au final.

Alors OUI, Justice League 2017 est un échec GIGANTESQUE et heureusement vu la médiocrité du film et l'attitude du studio durant la production du film.

Come de romanet
02/05/2018 à 14:39

Au final je pense que warner devence de loin Disney et son Marvel, car si on regarde le box office des deux studios a long termes Disney n'arrive pas aux chevilles de Warner qui détient d'énormes succès telles que "au temps en emporté le vent", "le seigneur des anneaux",ect...

Nomoreheroes
21/03/2018 à 22:28

@Finnigan Comme je te comprend.
Les types se cassent le cu à sortir des dossiers rassemblant l'ensemble de leurs avis sur tous les Marvel & DC, et les abrutis continuent avec leurs "mé vou ete Pro Marveleeee"

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