Kathleen Kennedy après Star Wars : de l'amour à la haine, ou la guerre de la rage

La Rédaction | 25 avril 2021 - MAJ : 25/04/2021 11:06
La Rédaction | 25 avril 2021 - MAJ : 25/04/2021 11:06

La carrière de la productrice Kathleen Kennedy se résume difficilement en un seul article, bien que la discrétion de ses débuts limite la recherche de sources. C'est pourquoi nous avons décidé de revenir dessus en deux parties : l'une évoque son hallucinant parcours, l'autre ses accomplissements très récents. Pourquoi se concentrer sur ces quelques années ? Car ce sont aujourd'hui les plus commentées, de très, très loin.

Ainsi, le résumé de sa première partie de carrière a révélé à quel point la haine à son encontre déborde du seul cadre de Star Wars. Même certaines vidéos ou plusieurs articles antérieurs au rachat de Lucasfilm, dans lesquels elle parle de ses productions étroitement liées aux cultes populaires contemporains (Retour vers le futur, Jurassic Park, Gremlins, Twister...), sont pollués par les hashtags virulents et autres démonstrations de mécontentement.

Rendue responsable de la débâcle de la dernière trilogie, mais écartée par beaucoup du succès critique de The Mandalorian ou Rogue One : A Star Wars Story, elle semble prendre le blâme de toutes les mauvaises décisions récentes, et ce malgré sa discrétion passée et sa filmographie riche en classiques.

Comment en est-on arrivé là ? Après avoir couvert son ascension glorieuse dans l'ombre de Steven Spielberg et Frank Marshall, on détaille cette période plus... compliquée, au sein de laquelle elle a dû composer à la fois avec les exigences de Mickey et celles d'une légion d'amoureux de la mythologie de George Lucas.

 

Kathleen Kennedy, Star WarsBienvenue à bord

 

George Lucas in love

Souvent pointée du doigt comme la main armée de Disney, parachutée pour nuire à la saga et à ses fans par la souris maléfique en personne, Kathleen Kennedy a en fait accédé au trône de Lucasfilm dans des circonstances un peu plus complexes. En effet, la nouvelle de sa nomination en tant que coprésidente et future remplaçante tombe début juin 2012, soit peu ou prou cinq mois avant l'officialisation du rachat de la compagnie, et l'annonce tonitruante (on s'en souvient encore) du retour de la franchise au cinéma.

Bien sûr, en interne, l'opération se tramait depuis très longtemps. Un article de Bloomberg datant de mars 2013 révèle que dès l'inauguration d'une attraction Star Tour à Disneyland en 2011, George Lucas se confiait sur ses envies de retraite à Robert A. Iger, grand patron de Disney. Vu la proximité des deux firmes, il n'était pas question qu'il passe le flambeau à qui que ce soit d'autre, précise Alan Horn dans le même article.

 

photoGeorge Lucas se retournant sur son oeuvre

 

À l'époque, Lucas souhaitait se consacrer à sa famille, comme il l'explique dans un livre récent, The Star Wars Archives: Episodes I-III 1999-2005. Il pesait le pour et le contre et songeait même à garantir l'indépendance de Lucasfilm, confiant les rênes de la compagnie à une autre personne sans toutefois la vendre. Dans Vanity Fair, on apprend d'ailleurs qu'il est allé voir Kennedy avant d'acter auprès d'elle sa décision vis-à-vis des futurs tortionnaires de son oeuvre.

Dans l'entretien produit et diffusé par Lucasfilm où il apparaît aux côtés de la productrice, il évoque son nom en premier, comme "la meilleure personne pour prendre le relai de la compagnie". Juste après, il précise qu'il veut cependant confier Star Wars à une plus grande entité qui "protégerait" la marque. Il avoue aussi avoir fait hériter sa successeure de ses projets personnels.

 

photo, Harrison FordUn peu trop de protection

 

Évidemment, les voies des puissants d'Hollywood restent impénétrables, surtout quand ce passage de témoin se fait au prix de plus de 4 milliards de dollars. Difficile de vraiment statuer sur la sincérité d'un artiste qui doit lui-même son succès à son sens du business et qui dit aujourd'hui à demi-mot regretter avoir été laissé de côté par l'ogre aux grandes oreilles. Nul doute qu'il croit alors dans le potentiel de Kennedy, qu'il a rencontrée très tôt sur le tournage des Aventuriers de l'arche perdue. Et nul doute que Disney relit en boucle son CV affriolant.

Car pour les deux parties, la nommer est un excellent choix. Comme nous le décrivions dans l'article précédent, Kennedy a accompagné dans l'ombre l'évolution d'une forme de divertissement dont Star Wars est le pinacle. De plus, dès le début de sa carrière, elle s'est occupée de franchises prospères, devenues presque aussi iconiques que les combats de sabre laser. Véritable vétérane de l'industrie, elle est omniprésente, et s'est fondue à la perfection dans une culture dont Disney compte bien tirer le maximum, comme il l'a prouvé avec le rachat de Pixar et Marvel.

 

PhotoUne certaine expérience avec Lucasfilm

 

Vis-à-vis de son image, tout change. Les énormes sabots de la bande de Bob Iger imposent un spectacle promotionnel ininterrompu, tel qu'elle les avait jusqu'ici manipulés en coulisses, dans l'ombre de Steven Spielberg ou de son mari Frank Marshall. L'entretien cité plus haut avec George Lucas, qui cumule à ce jour plus de 2 millions de vues sur YouTube et aura été poncé par tous les médias orientés pop-culture de la planète, est un point de rupture : Kennedy s'affiche, s'affirme et laisse poindre une certaine expérience de la langue de bois hollywoodienne... qui va progressivement se retourner contre elle.

Promue grande architecte, alors qu'elle s'était surtout fait connaître pour ses collaborations, délivrée des obligations de son propre studio Kennedy/Marshall, elle hérite d'une pression phénoménale. Une pression de la part d'un public qui dépasse largement le cadre de la simple communauté de fans ; surtout depuis que le rachat de Lucasfilm a été médiatisé dans des dimensions qui vont bien au-delà du petit univers des cinéphiles. Une pression de la part d'un monstre de divertissement qui compte bien inonder le monde de vaisseaux spatiaux. Un chantier inédit, qui doit lui permettre de s'imposer, pour reprendre le titre du portrait de Vanity Fair à son sujet, comme "La femme la plus puissante d'Hollywood".

 

Photo snokeUn peu d'ambition professionnelle

 

une grande perturbation dans la force

Les plus véhéments exulteront : "N'est pas George Lucas qui veut". Ça serait oublier que le prospère cinéaste a lui-même bien exploité son univers au grand dam de fans éplorés (La Menace fantôme, aujourd'hui défendu par toute une génération, a eu son lot de haine lui aussi), et qu'il souhaitait déjà, bien avant The Mandalorian, le décliner sur petit écran, non pas en animation, mais en prises de vue réelles, avec Star Wars : Underworld, présenté en 2005.

Reste que Mickey voit encore plus loin. Le modèle qui prévaut est moins celui de la trilogie canonique, secondée par des projets périphériques, que celui d'un univers global, à peu près cohérent et réplicable à l'infini, logiquement inspiré par le carton stratosphérique du MCU de Kevin Feige. Dans la même position, la productrice doit assurer, d'autant qu'en 2012, soit au moment de l'annonce du rachat, Avengers récolte 1,5 milliard de dollars au box-office, consacrant la stratégie.

 

photoUn précédent définitif

 

Et contrairement à son homologue fan de casquettes et de billets verts, elle accuse le poids d'un héritage cinématographique très précis. Elle l'avoue dans Vanity Fair :

"Je pense que cette compagnie, pendant un long moment, marchait pour voir ce que George voulait faire. Je ne gère pas cette compagnie de cette façon. Les gens ne passent pas leur temps à attendre de voir ce que Kathy veut faire."

De là à dire que ce sont paradoxalement les restes de son retrait habituel qui lui ont valu l'opprobre, il n'y a qu'un pas, franchi largement par Le Réveil de la Force. Un film qui pèche évidemment par son manque d'innovation.

Accusée d'avoir vendu l'âme de Star Wars, Kennedy sera finalement coupable de trop lui manger dans la main, fidèle à sa réputation, celle d'assurer les arrières et la popularité du divertissement hollywoodien. D'ailleurs, à l'origine, Lucas est crédité en tant que consultant... avant de voir ses concepts répudiés, comme il le déplore lui-même dans les colones de CinemaBlend. Qui est responsable de cet embryon de débâcle ? Certains aiment faire de la productrice et désormais coordinatrice de la chose un bouc émissaire, mais elle n'est pas la seule à blâmer.

 

photo, Adam DriverKathleen Kennedy et quelques scénaristes

 

vitesse lumière

Car si J.J. Abrams, probablement en partie responsable de la nostalgie lourdingue de ce premier film, est engagé, c'est grâce à / à cause d'un conseil de... Steven Spielberg, qui aide ainsi son ex-protégée, croulant sous les envois de propositions, mais aussi les refus de réalisateurs pas franchement heureux de se refiler la patate chaude. Kennedy a le dernier mot, mais cette décision suggérée va peut-être un peu se transformer en la cause de son malheur.

En effet, sa nomination anticipée avait permis de prendre un peu d'avance sur un long-métrage qui devait être tout sauf bâclé. Avant même l'annonce officielle du rachat, le scénariste Michael Arndt avait été dépêché par Kennedy et Lucas pour plancher sur un traitement. Dans le long article de Rolling Stone s'immergeant dans la production du mastodonte, on apprend que la collaboration entre les deux hommes n'a pas abouti à grand-chose. Arndt souhaite 18 mois supplémentaires pour terminer son scénario. C'est bien plus que ce que Disney peut lui accorder.

 

Adam Driver Kylo Ren Rey Daisy RidleyArndt VS Abrams

 

Plusieurs années n'étaient peut-être pas encore suffisantes pour accoucher d'un projet, qui semble s'être, après son départ, simplifié plutôt que complexifié, avec la présence de Lawrence Kasdan comme (maigre) garantie. Au sein du même article, même les habituelles déclarations optimistes de Kennedy trahissent un de ses rôles principaux : imposer des dates de rendu :

"[Abrams] est une fontaine d'idées, non-stop. En fait, ça épuise en général tout le monde autour de lui. Il a une curiosité sans fin, et il veut essayer de nouvelles choses, et puis vous devez finalement dire : 'D'accord, on n'a plus de temps, tu dois prendre une décision !'"

Célébrée dès le début de sa carrière pour son organisation, elle s'était déjà assurément battue avec des délais serrés. Néanmoins, cette production, somme toute moins mouvementée que celles qui vont suivre, annonce le principal problème de sa gestion de la saga : l'écriture. Le produit fini est sans surprise une réussite technique indéniable. Ça ne sera jamais le point sur lequel elle sera attaquée de toutes parts. Auparavant, son expérience avec le scénario consistait à accompagner le processus plutôt que réellement le superviser, tel un showrunner, tel Feige.

Sur E.T. l'extra-terrestre, elle appliquait les décisions de Spielberg. Sur Retour vers le futur, elle et ses partenaires d'Amblin avaient surtout eu l'audace d'accepter de concrétiser un scénario refusé par tous les studios. Sur Jurassic Park, elle a pu se reposer sur l'implication de tonton Steven, et d'un Michael Crichton enclin à adapter son propre roman. Sur Star Wars, elle doit composer avec six films de la saga la plus appréciée du moment, contrôler la direction prise par les scénaristes et surtout copier la grande qualité de Feige : penser global.

 

Photo Daisy RidleyBagage nécessaire

 

strike first, write later

C'est sur ce dernier point que sa réputation en a pris un coup. Si les premiers films du MCU pouvaient se permettre d'être hésitants, les spectateurs attendent des Star Wars qu'ils soient cohérents avec le reste de la trilogie, et ce dès le premier épisode. Et la tâche de mener à bien la complétion du Réveil de la Force semble avoir déjà perturbé le déroulement des choses. Dans un article de Variety accompagnant la sortie du premier volet, elle laisse une fois de plus transparaître une certaine difficulté derrière le langage marketing :

"Nous n'avons pas planifié chaque détail pour l'instant. Mais évidemment, tout le monde se parle et travaille ensemble... Cette collaboration va garantir que tout le monde ait son mot à dire par rapport à l'avancée de tout ceci."

Malheureusement, comme elle le sait très bien, produire dans ce cas consiste plus à imposer un point de vue que véritablement laisser s'exprimer celui des autres. À peine un mois après la parution de l'article, Star Wars : Les Derniers Jedi commence déjà son tournage, alors que Rogue One : A Star Wars Story est bien avancé et qu'il va au-devant de nouvelles difficultés.

 

photoStar Wars version Disney, allégorie

 

Encore une fois, la productrice n'a jamais été soumise à un tel rythme. Les suites de Jurassic Park ont bénéficié de plusieurs années de césure. Les opus 2 et 3 de Retour vers le futur ont été tournés à la suite, mais ils étaient pensés par leurs créateurs comme un seul et même ouvrage.

Dans Syfy WireRian Johnson, celui que Kennedy compare à Spielberg lors du Star Wars Celebration Day et qui va lui aussi connaître un lynchage numérique, révèle les ficelles étonnantes de son expérience. Ce qu'il interprète comme une forme de liberté laisse dubitatif quant au cadrage de la production :

"La première chose qui m'a fait me dire que ça pouvait être une super expérience, c'est que [le film] n'allait pas être écrit par un comité. Ce n'est pas non plus comme s’il y avait un tableau blanc avec tous les arcs narratifs dessinés. À ma grande surprise, c'était : 'Voilà un scénario pour l'épisode VII, et tu peux regarder quelques images, parce qu'ils tournaient l'épisode VII à ce moment, et parlons de ce qu'il va se passer après'."

 

Photo Daisy Ridley, Mark HamillRian Johnson et Kathleen Kennedy

 

Jamais il n'a été question d'imiter Lucas sur la prélogie et de viser un horizon, avec des points clés déjà établis. En résultent un manque de cohérence et une propension à la liberté créative dont profite bien l'auteur de Looper, que nous détaillons dans notre article à ce sujet. Bien sûr, tout est supervisé, mais lorsqu'il faut rendre des comptes à Lucasfilm pour l'écriture, l'auteur dialogue avec Kiri Hart, vice-présidente du développement, et pas directement avec Kennedy.

Et sur L'Ascension de Skywalker, l'absence de son implication à la rédaction du scénario se ressent d'autant plus que le renvoi de Colin Trevorrow abîme la relation entre les deux cinéastes. Désormais forcé de se coltiner un Abrams débarqué, Johnson ne participe pas à la phase d'écriture, ce qui aboutit au rétropédalage qu'on connaît. Car non contente de complètement se désolidariser de la construction narrative générale, elle rajoute encore des bâtons dans les roues de la saga, ou du moins laisse Mickey s'en occuper.

 

photo, Adam Driver, Daisy RidleyJohnson VS Abrams

 

De l'ordre à l'anarchie

La haine à son encontre n'a fait que suivre la courbe de la désorganisation de l'entreprise. Car si elle laisse faire les artistes embauchés pour la progression narrative de la saga, elle a encore la responsabilité de les sélectionner. En ça, son processus diffère également des méthodes de Marvel Studios, qui aime recruter des cinéastes indépendants talentueux forts d'un long-métrage remarqué, pour les faire plonger dans les méandres hollywoodiens et profiter de leur talent tout en misant sur leur inexpérience au sein d'un grand studio.

Kennedy engage un beau lot de fortes têtes, comme Abrams, grand manitou de la culture de la nostalgie ; Johnson, qui avait déjà bien transgressé les limites hollywoodiennes avec la violence psychologique de Looper ; Phil Lord et Chris Miller, derrière le reboot le plus irrévérencieux de la décennie 2010 (21 Jump Street) ou même Gareth Edwards, habitué des légendes du 7e art, puisqu'il avait redonné ses lettres de noblesse au Godzilla américain. Sans compter James Mangold, pressenti à la tête du film Boba Fett avorté, ou même Guillermo del ToroBrad Bird et David Fincher, tous trois considéré pour mettre en scène l'épisode VII fut un temps.

 

scène coupéeRogue One et sa noirceur préservée malgré tout

 

Néanmoins, on ne peut pas dire que cette stratégie soit toujours couronnée de succès. Si, comme elle le disait, elle produisait avec Amblin les films qu'elle voulait voir, elle produit avec Lucasfilm les films que Disney veut voir. Une légère différence qui fera apparaître l'expression "différends artistiques" dans la moitié des communiqués de presse de la firme, alors que Colin Trevorrow quitte la production du 9e opus pour le laisser à la catastrophe artistique et que Phil Lord et Chris Miller ont été éjectés à la dernière minute du tournage de Solo : A Star Wars Story pour le laisser à la catastrophe artistique et économique.

Causer le seul four de l'histoire de la saga au cinéma a tout de la faute éliminatoire, mais une fois de plus, Kennedy est-elle vraiment à blâmer ? Dans un entretien assez récent et donc plus ou moins libéré de la pression de la promotion accordé à Team Deakins, le chef opérateur du film Bradford Young a expliqué déceler une véritable volonté artistique dans ses choix :

"Mais j’ai eu la chance de beaucoup parler avec Kathy et Allison Schearmur [productrice exécutive], et elles ne sont pas là pour jouer. Elles sont là pour l’art. C’était génial de se rendre compte qu’il y avait des personnes dans ce processus qui étaient là pour défendre l'art et qui voulaient s’assurer que le film donne cette impression. ‘Nous ne voulons pas perdre cela, car c’est ce que les gens attendent de ces films’. C’était rafraichissant d’entendre cela. [...]"

 

photo, Alden Ehrenreich"Oups"

 

À la tête du visage familier de Star Wars, elle a plus embauché que remercié. Trevorrow lui doit même sa carrière à Hollywood ! Dans un entretien au Hollywood Reporter, elle a expliqué en effet l'avoir suggéré à Marshall et Spielberg pour la réalisation de Jurassic World, après avoir été impressionnée par son essai Safety Not Guaranteed lors de sa recherche de réalisateur pour l'épisode VII. Malgré sa difficulté à s'adapter au mode d'écriture de Disney, elle laisse transparaître une certaine sincérité.

Il est évident que les problèmes rencontrés par les nouveaux films sont dus à un trop-plein d'ambition et surtout un rythme infernal. À qui la faute ? Difficile de démêler le vrai du faux alors que l'histoire des reshoots de Rogue One, par exemple, reste très floue. Mais la mise à mal de l'image d'une des patronnes d'Hollywood par sa position d'intermédiaire entre les exécutifs de Disney et les désirs artistiques de Lucasfilm pose plusieurs questions passionnantes : un producteur a-t-il vraiment le contrôle d'un film ? Est-ce que la puissance d'une multinationale gargantuesque peut vraiment prétendre développer un univers en se passant d'une véritable tête pensante ?

 

photoLe futur de Star Wars ?

 

this is the way

Responsable maladroite des scories de la saga ou productrice aux grandes idées empêchée par son employeur, Kathleen Kennedy aura dans tous les cas fait figure de bouc émissaire, car il est bien plus facile de détester une personne (surtout quand c'est une femme) qu'un système. Quelqu'un d'autre aurait-il mieux su gérer ce chantier trop mercantile pour son propre bien ? Difficile à dire.

Kevin Feige, de son côté, avait du attendre 2015 et la fin de son conflit avec le chef de Marvel, Ike Perlmutter, pour complètement s'emparer de la licence MCU, et produire des longs-métrages dont son ex-patron ne voulait pas entendre parler... parce qu'elles mettaient en scène des femmes. Modèle évident du système Disney, l'univers qu'il a développé a longtemps été hésitant avant qu'il ne s'empare des pleins pouvoirs. Kennedy a donc encore une marge de manoeuvre non négligeable.

 

photo, Brie LarsonUne victoire artistique... et économique

 

Son incapacité à s'adapter à l'appétit de Mickey (et des spectateurs) ne lui enlève pas une carrière impressionnante et la mutation en cours de la franchise - sur Disney+ notamment - lui laisse probablement plus de temps pour gérer les choses, comme elle avait l'habitude de le faire.

La plateforme est un peu venue sauver les miches de la franchise auprès du grand public, notamment grâce à The Mandalorian. Moins ambitieuse, tirant sa singularité des différents auteurs qui signent ses épisodes, la série gomme dans son principe même tous les obstacles rencontrés par la productrice. Une petite pause salvatrice, permettant d'enfin prendre le recul qui lui manquait depuis le début. Certains prétendent qu'elle s'y investit moins, mais ce redoux est surtout l'occasion pour elle de prévoir avec plus de calme le futur, comme elle l'expliquait il y a quelques mois dans The Wrap :

 

photoL'Empire contre-contre-attaque

 

« On a juste besoin de temps pour prendre du recul et vraiment absorber cette création de George, et commencer à imaginer vers où les choses pourraient se diriger. Et c'est ce que nous faisons en ce moment, et on s'amuse bien à le faire, en rencontrant plein de cinéastes et de talents. Il y a tellement de fans et de cinéastes qui ont été influencés par Star Wars pendant si longtemps que c'est une opportunité fantastique de cerner qui veut s'y atteler. C'est notre travail en ce moment. »

Plus qu'une pause, The Mandalorian et Disney+ sont surtout une rampe de lancement. Une rampe de lancement pour un nouveau départ ? Espérons-le, d'autant que le futur de Star Wars reste chargé : beaucoup de séries et de films sont prévus ces prochaines années. Quoiqu'en disent ses détracteurs, la retraite n'est pas pour tout de suite.

Retrouvez l'article dédié à Kathleen Kennedy avant Star Wars, avec Jurassic Park, Gremlins et compagnie, par ici.

Tout savoir sur Kathleen Kennedy

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commentaires
Jet
28/04/2021 à 15:54

A noter que "Kiri Hart", l'une des têtes pensantes de LucasFilms qui a certainement contribué grandement à tout ce marasme a été remerciée et qu'on attend encore la preuve des compétences du "Story Group" pour mettre en ordre de bataille l'héritage de Lucas ....

FanBase
28/04/2021 à 01:00

Évidemment, tellement de facteurs peuvent expliquer la situation délicate actuelle de SW: les 'mystery boxes' de JJ, les 'audaces' de Rian, le casting, le fan shaming, l'avidité de Mikey, etc.. etc.. Évidemment KK n'est pas coupable de tous les problèmes ... mais elle évidemment responsable !

Jean Neige
27/04/2021 à 11:00

Postlogie star wars = échec

Myst
26/04/2021 à 12:31

A partir du moment ou ils (car ils ont sans doute été plusieurs, Kennedy en tete) ont décidé de lancer la production de l'episode VII sans une trame scenaristique precise et coherente pour l'ensemble de la trilogie, le projet étais voué a l'echec.

LDR
26/04/2021 à 12:05

@ SimaoDoBrasil

Tout à fait d’accord.

Sortir un film près de 3 ans après le rachat de la licence constitue le péché originel.
Seul la rentabilité justifiait cette décision.

SimaoDoBrasil
26/04/2021 à 09:58

Bouc émissaire, pas sûr... Quand un tel projet tourne au fiasco, on vise la tête dirigeante, au cinéma comme dans tous les domaines.
Kathleen Kennedy a beau avoir sur son CV quelques chefs d’œuvre (bien qu'elle ne soit jamais seule à les porter), cela n'excuse aucunement sa gestion calamiteuse de la postlogie Star Wars.
Après, il est évident qu'elle était soumise aux décisions des exécutifs de Disney. La souris ne lâche pas 4,1 milliards de dollars en laissant carte blanche sur le résultat. Bob Iger est je pense autant à blâmer, Disney ayant imposé un calendrier purement mercantile. L'entourage également, scénaristes et réalisateurs n'auront pas aidé à redresser la navire. JJ Abrams et Ryan Johnson ont aussi leur grande part de responsabilité qui n'est plus à démontrer.
Mais il n'empêche que KK est présidente de Lucasfilm, et que Star Wars est un film Lucasfilm. C'est elle qui tient les rênes de la licence. Et quand je l'entends défendre "ses" films Star Wars comme avant tout une continuité artistique de l’œuvre de Georges Lucas, sans reconnaitre aucune mauvaise décision et pleinement satisfaite de son boulot, je me dis qu'en fait elle n'a aucune sensibilité envers l’œuvre. Triste constat (et un peu puéril je l'accorde, c'est une productrice qui brasse des centaines de millions...).
La dernière citation de KK tiré de The Wrap est d'ailleurs révélatrice de son manque de considération et de discernement : "On a juste besoin de temps pour prendre du recul et vraiment absorber cette création de George, et commencer à imaginer vers où les choses pourraient se diriger." 2021. Cette phrase a presque 10 ans de retard !!! C'est lors du rachat par Disney qu'il fallait se dire ça ! Ça sonne comme si les 5 derniers films étaient des coups d'essai, et que maintenant on en tire l'expérience et on se met au boulot. Honteux...
C'est là où la comparaison avec Marvel ne tient pas selon moi. Marvel Studio est un studio dédié aux adaptations des comics Marvel. Il ne fait que ça. Lucasfilm est une société chargée de produire, entre autre, la licence originale Star Wars. Quand Marvel a des centaines d'histoires et de personnages pour se faire la main, Lucasfilm n'a qu'une cartouche à chaque film. Et depuis 2012, ils en ont tiré 5, et raté la cible 4 fois. (Oui, Rogue One est dans la cible, lui).
Donc KK n'est certes pas seule responsable, mais reste complètement à blâmer pour ce naufrage.

Elvis vénéré
26/04/2021 à 08:06

L'épisode 7 etait déjà bancale .au bout de 10 minutes déjà ,on se rendait compte de l'incohérence du scénario .
La postlogie est vraiment nulle ( objectivement ) .
Vive la prelogie .
A une époque le cinéma ,au début des années 2000 ,a produit la prelogie ,le seigneur des anneaux ,Matrix ,kill bill ,pour les plus jeunes Harry Potter ....
Et aujourd'hui ??

THX
25/04/2021 à 20:13

Disney Star Wars expliqué en plusieurs points :
- Plafond de verre
- Déconnexion des "élites" par rapport à la réalité des fans/consommateurs
- Logique du toujours plus de rentabilité qui fini par avoir l'effet contraire
- Copinage
- manque flagrant de créativité
- Et pour finir la dernière invention de Disney, le fan shaming (qui n'a pas d'autre but que de se planquer par rapport au share-holder en pointant du doigt les consommateurs mécontents et en les accusant des pires choses pour se dédouaner, ce sont des -istes, des -phobes, etc)

Hawaii
25/04/2021 à 20:10

Très bon article mais je crois que depuis l episode 8 plus personne même les fans n en ont quelque chose a faire de cette merveilleuse saga qu etait star wars. La preuve que 4 pauvres commentaire sur cette article ... épisode 8 a detruit/ruiné/anéanti la sag. RIP star wars

Xav
25/04/2021 à 20:01

"il est bien plus facile de détester une personne (surtout quand c'est une femme) qu'un système." La bonne blague...
Faut arrêter de sexualiser ou racialiser tout. On juge les gens sur leurs actes, pas sur leur genre ou leur ethnie. Et encore, pour elle, une si bonne productrice, il doit y avoir une autre raison pour que ça cafouille autant... Le géant aux grandes oreilles doit être bien plus responsable. Mais il est plus facile de détester un animal, surtout quand c'est une souris, plutôt qu'une personne...

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