Justice League : la version folle qu'on ne verra jamais, par le réalisateur de Mad Max

La Rédaction | 20 mars 2021 - MAJ : 20/03/2021 15:48
La Rédaction | 20 mars 2021 - MAJ : 20/03/2021 15:48

Avant Zack Snyder et le Snyder Cut, George Miller devait réaliser Justice League : Mortal, un projet fascinant et terriblement ambitieux. On revient sur ce miracle avorté.

Avant Justice League version catastrophe industrielle, avant Zack Snyder's Justice League (notre critique du Snyder Cut par ici), il y a eu Justice League : Mortal : un projet jamais tourné de George Miller, réalisateur de la saga Mad Max (et également Babe, le cochon devenu berger et Les sorcières d'Eastwick).

La première grosse tentative de réunir à l’écran les héros de l’écurie DC a laissé un goût d’autant plus amer que la concurrence n’a cessé de mener ses Avengers toujours plus haut au box-office, avec la bénédiction de la presse comme du public. Cette déroute, fût-elle passagère, pourrait donner envie d’entériner la malédiction de la Justice League, dont beaucoup situent la naissance à la fin des années 2000, quand Warner tenta de monter un projet pharaonique, que même George Miller ne put mener à bien. 

Retour sur ce Justice League : Mortal, véritable usine à rêves pour lecteurs de comics, et tombeau d’après certains, des ambitions artistiques du genre (avec quelques illustrations d'Alex Ross, qui devaient constituer une des principales inspirations du film).

 

 

LE TITANIC DES SUPER-HÉROS 

Il est des navires de luxe, parés pour traverser le vaste monde, et qui pourtant finissent au fond de l’océan, à nourrir les vers marins. Tel est le destin de Justice League : Mortal, dont la genèse démarrait sous les meilleurs auspices. 

En septembre 2007, les astres paraissaient s’aligner chez Warner pour cette Justice League. Le studio avait validé trois mois plutôt le scénario de Michele et Kieran Muloney, et George Miller venait de signer pour le mettre en scène. Le récit devait s’inspirer de célèbres arcs de comics, parmi lesquels Justice League : la tour de Babel, Superman : Sacrifice et Crisis on Infinite Earth

Le studio avait envisagé une version animée ou en motion capture (à l'époque, ça les démange avec Le Pôle Express et La Légende de Beowulf réalisés par Robert Zemeckis), mais un film en prises de vue réelles est privilégié.

 

photo, George MillerGeorge Miller, sur le tournage de Fury Road

 

Sur ces alléchantes prémices, le projet avance alors à pas de géant. Budget envisagé : 220 millions de dollars, une somme somptuaire pour l’époque. 

Le projet est énorme, et attire toute l'attention. Tous les jeunes acteurs et actrices se pressent à la porte du studio pour tenter leur chance : Jessica Biel, Minka Kelly, Adrianne Palicki, Mary Elizabeth Winstead, Max Thieriot... George Miller veut caster des acteurs qui grandiront avec leur rôle, car tout le monde pense à une grande saga super-héroïque.

Mais déjà, c'est un exercice d'équilibriste puisque Warner Bros. a un Batman et un Superman en place : Christian Bale vient d'apparaître dans Batman Begins et The Dark Knight arrive, et Superman Returns avec Brandon Routh vient de se planter en salles. Personne n'a envie de mélanger tout ce beau monde, hormis peut-être les producteurs. Justice League : Mortal sera donc dans son propre univers.

 

photo, Brandon RouthJ'arriiiiive (ah non, ok)

 

GRÈVE DE LA FIN

La machine avance très vite, notamment parce que dès octobre 2007, une menace plane à l'horizon : une grève des scénaristes, qui immobiliserait toute l'industrie. Une grève signifie que les scénaristes ne peuvent plus travailler, même pour réécrire et peaufiner - ce qui arrive constamment avant et pendant les tournages. Et une grève peut durer des mois, et donc coûter très cher aux studios pour un projet de cette envergure.

De toute évidence, un coup d'accélérateur est donné. George Miller désigne sa Ligue : Armie Hammer en Batman, Megan Gale en Wonder Woman, D.J. Cotrona en Superman, Adam Brody en Flash, Santiago Cabrera en Aquaman, Common en Green Lantern, et Hugh Keays-Byrne en Martian Manhunter. Côté méchants, Jay Baruchel serait Maxwell Lord et Teresa Palmer, Talia al Ghul.

Pour les effets visuels, c'est Weta Workshop, le studio popularisé par Peter Jackson, qui est sur le coup. Un gage de qualité donc.

Tout le monde se prépare, et le tournage est prévu début 2008... sauf que Warner Bros. stoppe tout un mois avant, en janvier, officiellement à cause du scénario qui n'est pas suffisamment solide. La grève a officiellement commencé en novembre. Le studio est donc dans une impasse, et tout le monde est mis en pause.

 

photoÀ part Cyborg, ils étaient tous là, déjà

 

En février 2008, la grève est finie, et les affaires reprennent. Mais un nouveau problème arrive, lié à de pures histoires d'argent. George Miller avait tout fait pour sécuriser un tournage dans son Australie natale, dans l’espoir d’insuffler de précieux millions de dollars dans l’économie locale.

En échange d'une telle aide financière, précieuse pour les studios, la production est tenue d'engager des locaux. Megan Gale, Terasa Palmer et Hugh Keays-Byrne sont australiens, et l'écrasante majorité de l'équipe technique aussi. Pourtant, la commission estime que ce n'est pas assez et refuse de soutenir le film. George Miller est furieux, et qualifie cette décision d'incompréhensible et triste.

Warner Bros. change donc son fusil d'épaule. Justice League : Mortal sera tourné au Canada, dès juillet 2008, pour une sortie prévue à l'été 2009.

C'est là qu'arrive un coup fatal digne d'un Joker : The Dark Knight réalisé par Christopher Nolan.

 

Photo Christian BaleNolan qui tombe sur Miller

 

LE JOKER NOLAN

En juillet 2008, ce nouveau Batman est un raz-de-marée qui change tout pour le studio. Si l'échec relatif de Superman Returns (tous les détails de la mésaventure par ici) n'était pas si grave, le phénomène The Dark Knight ne peut être ignoré. L'engouement du public donne des ailes à Christopher Nolan, place sa future trilogie en tête des priorités, et relègue Justice League : Mortal au placard.

La raison est simple : maintenant que Batman est revenu en force, loin du fluo kitsch des années 90 avec Joel Schumacher, il faut entretenir et protéger la bête. Le projet de George Miller étant lui aussi centré sur Batman, avec un autre acteur en Bruce Wayne, le risque de confusion est trop grand. C'est le début de la fin pour Justice League : Mortal.

En août 2008, alors que The Dark Knight avance vers le milliard au box-office, le studio entretient le flou : le vice-président de DC Entertainement, Gregory Noveck, assure qu'il y aura un film Justice League... un jour. "Que ce soit maintenant ou dans 10 ans, nous ne le ferons pas avant d'être sûrs que c'est le bon moment".

Ainsi, le projet de George Miller est repoussé indéfiniment, et lentement tué. En 2008, le producteur Joel Silver le confirme : alors qu'il développe un film Wonder Woman (un autre projet qui ne verra pas le jour avant des années de problèmes), il déclare que ce Justice League n'est plus.

 

Photo Heath LedgerJoker "passez votre tour et à bientôt"

 

LE CHOC DES TITANS (ET DES NANO-ROBOTS)

Comme toujours sur ces projets abandonnés, mais très attendus, le scénario a fini par ressortir. Et difficile de ne pas comprendre les craintes du studio vu l'ambition en termes de spectacle, personnages et mythologie.

Justice League : Mortal se déroule dans un monde où Batman, Wonder Woman, Aquaman, Green Lantern, Flash et Martian Manhunter existent et se connaissent déjà, mais n'ont pas créé la Ligue des justiciers. Sans surprise, Bruce Wayne est au centre de l'intrigue. Inquiet et paranoïaque face à ces êtres surpuissants, il imagine le pire : et si l'un d'entre eux se retournait contre l'humanité ?

C'est pour ça qu'il utilise un satellite secret pour les espionner et les analyser. Un outil qui va se retourner contre lui, et les super-héros, puisque quelqu'un d'autre va en prendre le contrôle.

 

photo, Armie HammerArmie Hammer devait être Batman

 

Ainsi, les héros sont attaqués les uns après les autres. J'onn J'onzz alias Martian Manhunter perd le contrôle de ses pouvoirs, après avoir été en contact avec un objet qui l'enflamme. Flash et Wonder Woman viennent le stopper avant qu'il ne cause un cataclysme de feu. Superman va demander de l'aide à Aquaman, qui en veut toujours à l'humanité de souiller les océans. Néanmoins, il accepte, pour Wonder Woman.

John Stewart alias Green Lantern devient subitement aveugle à cause d'une substance mystérieuse, et perd le contrôle de ses pouvoirs à son tour. Piqué par un robot-moustique, Aquaman devient brutalement terrorisé par l'eau. Un nanobot fait perdre à Flash le contrôle de ses pouvoirs, et Wonder Woman parvient à le stopper. La future Ligue des justiciers est attaquée, par une force inconnue.

Très vite, les responsables sont révélés : Maxwell Lord (oui, le méchant de Wonder Woman 1984) et Talia Ra's al Ghul (oui, Marion Cotillard dans The Dark Knight Rises). Sous couverture, ils sont entrés dans le cercle social de Bruce Wayne, et ont pris le contrôle du satellite. Grâce à cette technologie, le duo a un pouvoir énorme, qui leur permet notamment de créer des super-soldats type O.M.A.C. (One Man Army Corps).

 

concept artCette image floue est une des seules du casting costume à avoir fait surface

 

Grièvement blessé à son tour, Batman finit par réunir les héros à la Forteresse de la solitude pour leur dire la vérité sur le satellite : il étudiait les forces et faiblesses de chacun d'entre eux, pour pouvoir les affronter si nécessaire. D'où ces attaques parfaitement calibrées contre eux.

Peu à peu, les héros arrivent à se soigner les uns les autres, et reprendre le contrôle de leurs pouvoirs. Grâce au neveu de Flash, Wally West, ils découvrent le projet O.M.A.C. : un programme de recherche dans la nanotechnologie et le contrôle des esprits, testé sur des enfants. Un seul d'entre eux a survécu... et c'est Maxwell Lord.

Batman découvre que sa faille, selon le satellite, est l'amour. Talia l'a piégé lui aussi, mais c'est en réalité Lord qui tire les ficelles. Il active une nouvelle phase avec la satellite : plein de personnes à travers le monde se transforment en O.M.A.C. Martian Manhunter, Green Lantern, Aquaman, Flash, Wonder Woman et Superman viennent finalement à sa rescousse.

 

concept artUn Aquaman imaginé par Weta, loin de celui de Jason Momoa

 

Et c'est le début d'un très gros climax, où Maxwell prend le contrôle de Superman grâce à ses pouvoirs physiques. Le super-héros de Krypton affronte alors tous ses collègues, à commencer par Wonder Woman. Ce combat de titans va jusque dans l'espace, où elle le catapulte sur la Lune, avant qu'il ne l'envoie s'écraser sur Terre.

Toute la bande affronte Superman avec ses pouvoirs : Aquaman avec une armée de copains aquatiques, Green Lantern avec un double de Superman qu'il crée et qui devient géant au fil des coups reçus, Martian Manhunter avec une illusion de la mère du kryptonien. Tous échouent, car seule Wonder Woman est suffisamment forte pour lui tenir tête.

Problème : le seul moyen de l'arrêter est de tuer Maxwell, et Diana s'est promis de ne plus jamais ôter la vie d'un humain. Résignée, elle semble prête à mourir pour ça, mais Batman sauve la situation. Il brise le cou de l'homme.

 

photo, Justice League : MortalWonder Woman version Miller

 

Il en faudra plus pour arrêter le méchant puisque son esprit va dans un ordinateur, où Talia est elle aussi prisonnière. C'est le moment où Maxwell Lord explique son plan : il a infecté les clients de sa chaîne de restaurant avec le virus O.M.A.C. et veut déclencher une guerre totale. Il prend possession de Flash pendant que les autres affrontent plein de super-soldats.

Finalement, Flash comprend qu'il doit se sacrifier pour anéantir Maxwell. Il fonce pour dépasser la vitesse de la lumière et se détruire.

Le film s'ouvrait et se terminait sur une scène d'enterrement, avec un mystère dès le début sur l'identité du super-héros mort : c'était donc Flash. C'est là que la bande décide de former la Ligue des justiciers.

À la fin, une menace arrivait du ciel pour annoncer la suite : Starro, un parasite alien aux allures d'étoile de mer géante.

 

photo, G.I. Joe : Le Réveil du CobraD.J. Cotrona, passé à côté de Superman

 

"LA MÊME AMPLEUR QUE LE SEIGNEUR DES Anneaux"

Depuis, plusieurs personnes impliquées ont bien entendu reparlé de ce projet avorté. Armie Hammer notamment a plusieurs fois évoqué cette version de Batman. En 2017, il racontait à Happy Sad Confused : "C'était avant Christian Bale, mais la version de Christian Bale est ce qui s'en rapproche le plus, par rapport à George Clooney, Michael Keaton et tout ça. La nôtre, c'était un mec profondément dérangé d'un point de vue psychologique. C'était sombre, intense, il avait de gros problèmes pour faire confiance aux autres."

Hammer revenait aussi sur l'affrontement entre Wonder Woman et Superman : "C'était le combat le plus brutal que vous ayez jamais vu. C'est deux super-héros qui se battent vraiment, donc ils détruisent des villes, par accident, parce qu'ils ne voient rien d'autre que l'ennemi qu'il faut détruire. C'était incroyable. À un moment, ils détruisaient un porte-avions par accident !".

Enfin, il assurait que le film aurait été cruel : "Et le nombre de morts était très élevé. Maxwell Lord avait cette chaîne de fast food. Imaginez McDo, mais dans la nourriture, il met des nano-robots, et c'était à l'époque où personne ne connaissait les nano-robots. Donc tout le monde consomme la nourriture par addiction, parce que ça les rend accros. Et à un moment, il appuie sur un bouton pour tout activer... et ces nano-robots tuent quasiment tous ceux qui mangeaient là-bas, et les transforme en cyborgs."

 

concept artUne idée de l'univers des Amazones

 

Jay Baruchel alias Maxwell Lord était tout aussi enthousiaste, au micro de Happy Sad Confused en 2017 : "Ils avaient préparé tous les costumes. Toutes les séquences pré-visualisées. Ils avaient avancé sur tout un tas d'éléments, et ils nous montraient tout ça. Les choix esthétiques qu'ils faisaient et les choix côté histoire et personnages, étaient tellement couillus. Et on ne le verra jamais."

Il revenait notamment sur cette vision de Wonder Woman : "Je le transforme en Superman aux yeux rouges, et il y a un gigantesque combat entre Wonder Woman et lui, où il lui brise les poignets et tout. La première fois qu'on découvre Wonder Woman, la scène d'intro à Themyscira, c'est juste elle, sur le dos d'une monture... et en fait elle fonce sur un Minotaure. Il a une hache dans les mains et elle lui fonce dessus. Toutes les Amazones l'encouragent derrière, et elle le décapite. Elle descend de sa monture, tient la tête du Minotaure et ne dit pas un mot. C'est la Wonder Woman que je veux voir !"

Casté en Superman, D.J. Cotrona racontait son désarroi à Screenrant : "C'est vraiment dommage qu'on n'ait pas pu finir ça, parce que ça aurait été très cool. Vraiment, ça aurait été fantastique, d'une ampleur dingue. C'était du genre Le Seigneur des anneaux. (...) C'était vraiment Weta, Weta, Weta, Weta. Ils sont incroyables, et peuvent faire ce qu'ils veulent."

 

photo, Mad Max : Fury RoadMiller castera Megan Gale dans Mad Max : Fury Road

 

Adam Brody, casté en Flash, s'est montré plus prudent en interview avec HeyUGuys : "C'était un super scénario, avec un super réalisateur, et je ne dis pas que ça aurait changé le monde, mais le film aurait fonctionné. Je suis objectif à ce sujet, j'ai un regard critique. Encore une fois, ça n'aurait pas changé le monde, mais ça aurait été un bon petit film, je pense. Mais Warner ne voulait pas se court-circuiter avec plusieurs Batman, donc ils ne l'ont pas fait. Je dis juste que dans son propre monde, ce n'était pas un mauvais film."

Enfin, George Miller a lui-même reparlé de l'expérience avec The Hollywood Reporter en 2016. Et le monsieur était en paix avec cet échec : "C'était vraiment un bon scénario. Et Warner disait, 'Faisons-le, faisons un film Justice League'. J'étais vraiment intéressé. Mais la grève des scénaristes se profilait. On a dû caster très vite, et on a dû tout lancer très vite. Et tout dépendait d'une date de démarrage, et d'une législation nouvelle avec le gouvernement australien. Mais c'était une trop grosse décision à prendre pour eux à l'époque. Et ça s'est écroulé, et tout le film s'est écroulé. On a presque réussi. Mais ça ne devait pas se faire. Ça arrive très souvent, les films semblent lancés, les étoiles alignées, et en fait non. C'est arrivé trois fois sur Mad Max : Fury Road."

 

photoStory-board de Steve Skroce

 

MORTAL RECYCLAGE

Au-delà des fantasmes sur ce qu'aurait donné ce projet à l'écran, ce Justice League : Mortal semble avoir été recyclé sous diverses formes, comme s'il avait été mis en pièces et réutilisé par la suite.

Talia qui séduit et trahit Bruce, et collabore avec un autre bad guy ? C'est son arc dans The Dark Knight Rises (sauf que c'est elle qui tire les ficelles chez Christopher Nolan). Maxwell Lord ? C'est le grand méchant de Wonder Woman 1984, sous les traits de Pedro Pascal.

L'idée d'un affrontement titanesque entre Superman et un autre géant dans une ville sera au centre du climax de Man of Steel. Et les conséquences de ce destruction porn seront abordées dans Batman v Superman : L’Aube de la justice, tout comme la parano de Bruce Wayne face à un super-héros qui pourrait devenir une menace, un jour.

Idem pour Superman contrôlé par Maxwell : dans la trilogie préparée de Zack Snyder, le kryptonien devait se retourner contre ses camarades, à cause de Darkseid. Un élément largement exploité dans BvS et le Snyder Cut, dans les visions du futur apocalyptique.

Enfin, les pouvoirs immenses de Flash (attention spoilers) et son sacrifice résonnent dans Zack Snyder's Justice League, où Barry parvient à remonter le temps en prenant le risque de mourir au passage.

 

Photo Ezra MillerSacré joker ce Flash

JUSTICE LIVIDE

Est-on passé à côté d'un grand film de super-héros ? Peut-être, peut-être pas. Mais avec le recul, l'annulation pure et simple du projet n'est pas si étonnante. Lancer un tel blockbuster dans une telle précipitation est un (trop) gros risque, surtout avec un tel budget et des ambitions claires d'installer une franchise.

Ce Justice League : Mortal semble par ailleurs excessivement ambitieux à tous les niveaux. Notamment du côté des personnages, puisque c'était la première apparition de sept super-héros, réunis dans un film de groupe, face à deux antagonistes. C'est donc le meilleur moyen de ne pas pouvoir les caractériser et leur donner un vrai rôle, au-delà des bastons.

D'autant que l'intrigue ne manque pas de piments avec ces histoires de satellite-espion, de nano-robots dans les burgers, de super-soldats activés et de pouvoirs psychiques. Le scénario de Michele et Kieran Mulroney (scénaristes de Sherlock Holmes : Jeu d'ombres et derrière la comédie Paper Man) ne brillait pas par sa sobriété. Le public aurait-il été prêt pour une telle dose de comics en 2009 ?

 

Photo , Robert Downey Jr.Stop, je prends le relais

 

Et c'est bien ce point historique qui ramène Justice League : Mortal sur Terre. En 2008, alors que la lumière du projet de George Miller commence à faiblir, la torche Iron Man est allumée. Avant le début de tournage prévu, le film réalisé par Jon Favreau, avec Robert Downey Jr., rencontre un succès phénoménal, et entrouvre la porte d'un univers étendu avec Avengers à l'horizon. Disney a pris la même direction que Warner, mais avec un plan d'attaque très différent : le film de groupe viendra plus tard, une fois que chaque héros aura été présenté et adopté par le public.

En 2012, quand Avengers sort, Thor, Hulk et Captain America existent déjà en solo. Black Widow, Hawkeye et Loki sont déjà apparus dans des films. Ces six Vengeurs ne sortaient pas de nulle part. Comment imaginer que Justice League : Mortal aurait pu présenter d'un coup sept personnages en un film ?

 

photoAvengers : disassemble la concurrence

 

Dans une autre dimension, sans The Dark Night et Iron Man, Justice League : Mortal aurait peut-être pu être relancé. Mais le film a été pris entre deux feux, entre la simplicité brute de Christopher Nolan (qui a bloqué Batman dans cette dimension), et la formule à succès de Marvel (qui a imposé un modèle et remué toute l'industrie).

Pour ne rien arranger, Warner Bros. a souvent eu du mal à gérer les personnages DC, amenant à divers problèmes et décisions précipitées. Le Superman version Christopher Reeve a très vite tourné au vinaigre, avec le réalisateur Richard Donner viré en cours de route (Superman II aura droit à un director's cut 25 ans après), et des suites sombrant dans le Z.

Lorsque Superman Returns a été lancé, plusieurs projets étaient déjà lancés en parallèle. Plusieurs projets Wonder Woman ont été développés et abandonnés dans les années 90. Et côté Batman, le virage entre Tim Burton et Joel Schumacher a été particulièrement violent, et visiblement dicté par le marketing.

Tenté entre Supermans Returns et Batman BeginsJustice League : Mortal a donc cumulé les facteurs aggravants. Encore un beau cas d'école pour Warner donc, bien avant le Snyder Cut.

Retrouvez notre critique sans spoilers du Snyder Cut.

Et pour le décryptage avec spoilers de Justice League 2021, c'est par là.

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commentaires
Unknown
26/05/2021 à 15:13

Snyder ne fera jamais de suite car entre temps sa fille est décédée

Olvers974
16/04/2021 à 16:05

@Tuk

C'est idiot de ne pas comprendre et de faire des comparatifs qui n'ont aucun lien ...
Mais bravo :)
Y avait un gros postule pour star wars , Entre Rian et JJ

Mich24
25/03/2021 à 01:50

Je vois pas pourquoi il parlent d'avengers alors que c'est complètement nul.

JL de syndir cut je l'ai trouver très bien. Et pour ma part j'aimerais bien une suite, même si mes espoirs son malheureusement très minces.

beyond
24/03/2021 à 09:55

Casting éclaté au sol (comme disent les jeunes).

Lucha-man
22/03/2021 à 11:42

Ce film avait l'air un poile plus recherché que la banale histoire des habituelle méchants extraterrestre qui voulons envahir la terre. C'est même triste que le film de zack snyder reçoit un tel engouement maintenant vue que snyder n'a pris aucun risque scénaristique qui ou il aurait pu ce vautrée comme le moment martha

Momo
21/03/2021 à 11:49

Je trouve le scénario de JL 2&3 moyen, mais celui ci est encore pire.

Guigui2000
21/03/2021 à 10:54

D'après le scénario que vous decrivez, on parle plutôt d'une forte inspiration d'Infinite crisis que de crisis on infinite earth. C'est certainement un détail pour vous, mais pour moi...

lulu
21/03/2021 à 10:45

@Tortue Géniale j'me suis exactement la même réflexion. Ils se ressemblent tous par contre je viens de remarquer grâce à toi qu'ils ont en plus sa tête, Narcissisme poussé à l'extrême ? ?^^ Merci à toi.

Ken
21/03/2021 à 07:40

Restore the Snyder Verse

Tuk
20/03/2021 à 20:11

Quand un autre réalisateur s'attaquera à une nouvelle version... Personne ne regrettera Snyder, mais pour l'instant il n'y a que lui chez DC ! C'est l'équivalant de JJ Abbams chez Star Wars... Un incapable qui fait sa réputation avec du buzz !

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