Matrix 4, Resident Evil, The Suicide Squad... les 10 gros bides du box-office 2021

Geoffrey Crété | 23 janvier 2022 - MAJ : 30/01/2022 20:26
Geoffrey Crété | 23 janvier 2022 - MAJ : 30/01/2022 20:26

Matrix Resurrections, Chaos Walking, Resident Evil, Le Dernier Duel, The Suicide Squad : retour sur 10 gros échecs, flops et bides au box-office de 2021.

Tout n'a pas été noir en 2021 pour les comptables. Spider-Man : No Way Home a braqué la banque box-office, après que Marvel a enchaîné quelques contre-performances avec les déceptions Shang-Chi, Les Éternels et Black Widow. Mourir peut attendre, Fast & Furious 9 et Venom : Let There Be Carnage ont sauvé la mise en temps de pandémie, tandis que la Chine a explosé tous les compteurs avec The Battle at Lake Changjin et Hi, Mom.

Mais 2021 a aussi eu son lot de bides, avec quelques nuances et explications nouvelles : les sorties repoussées dans tous les sens, et la SVoD, avec des sorties simultanées qui ont impacté l'exploitation salles. D'où une année un peu particulière dans le décryptage des échecs au box-office, puisque la donné streaming pèse dans la balance.

Malgré ça, retour sur 10 films qui ont été des échecs en salles - et pourquoi pas, ont été un peu sauvé par la SVoD.

PS : oui, il y a beaucoup de HBO Max, et non, on n'a rien contre Warner (on a même vivement salué leur courage à l'époque de Tenet et étudié avec nuance leur stratégie avec HBO Max)

 

Space Jam : Nouvelle ère : photoWarner lors du bilan 2021

 

SPIDER-MAN, JAMES BOND, GODZILLA VS KONG... LES GROS SUCCES DE 2021, C'EST PAR ICI

VOYAGERS

Budget : 40 millions

Box-office : 5 millions

 

Voyagers : photoDTVraiment DTV

 

Qui a vu cette version young adult spatial de Sa Majesté des mouches, avec Tye Sheridan et Lily-Rose Depp ? Et qui voit exactement de quoi il s'agit d'ailleurs ? Malgré une promo racoleuse qui trouvait le moyen de montrer ses deux acteurs à poil sur l'affiche, Voyagers est passé inaperçu. Prévu pour novembre 2020, repoussé pour avril aux États-Unis et sorti dans la foulée en France, le film de Neil Burger (Divergente, oui) a probablement été abandonné en cours de route par ses producteurs et son distributeur. Personne n'y croyait, à peu près personne n'a aimé, et à peu près personne n'a été le voir.

Malgré les décors (trois couloirs et cinq écrans plats), quelques plans à effet dans l'espace, et probablement le salaire de Colin Farrell (évidemment éjecté à mi-chemin, comme tout bon acteur qui passe une tête dans un film de seconde zone), le budget de 40 millions de Voyagers semble absurde. C'est loin des 100 millions de Passengers, autre récent film de science-fiction sentimentale, mais c'était bien trop pour ce drama entre ados secoués par leurs hormones, qui ressemble au chaînon manquant et déviant entre une série Netflix et High Life de Claire Denis.

Nul doute qu'en SVoD, Voyagers aurait bénéficié d'une petite curiosité algorithmique. Mais au cinéma, c'était kamikaze. Et même sans embouteillage de sortie et pandémie, cette histoire d'ados en rut aurait probablement été un bide.

CHAOS WALKING

Budget : 100 millions

Box-office : 27 millions

 

Chaos Walking : Photo Tom HollandTom Holland se viande

 

Merci à Chaos Walking d'avoir été l'une des meilleures blagues hollywoodiennes, avant même sa sortie. Tout avait pourtant commencé comme une parfaite machine de guerre : l'adaptation d'une trilogie de livres de SF young adult, un pitch aussi débile qu'amusant (un futur post-apo où tout le monde est doué de télépathie, où les femmes ont toutes été tuées... jusqu'à ce que le héros en rencontre une), avec Tom "Spider-Man" Holland et Daisy "Star Wars" Ridley. Avec en plus le réalisateur Doug Liman (La Mémoire dans la peau, Edge of Tomorrow), il y avait de l'espoir.

Sauf que le chaos a bel et bien été là. Lancé en 2016, tourné en 2017, le blockbuster a eu droit à de gros reshoots, repoussés jusqu'à début 2019 pour jongler entre les agendas Disney du duo d'acteurs. La sortie initialement prévue en mars 2019 a donc été repoussée. Entre temps, les rumeurs de réécriture, de nouveaux scénaristes et même d'un nouveau réalisateur (Fede Álvarez aurait participé aux reshoots, aux côtés de Doug Liman) se sont accumulées. Les premières projections tests auraient été si désastreuses que Lionsgate jugeait le film inexploitable, sans grosses modifications. Coût des opérations : 15 millions, pour gonfler le budget jusqu'à 100 millions.

 

Chaos Walking : Photo Daisy RidleyDaisy Ridley bien qui rira le dernier

 

La pandémie est ensuite entrée dans la danse, pour repousser encore une fois la sortie jusqu'en mars 2021, soit l'un des pires créneaux. Quelques semaines après, Chaos Walking était lâché en Premium VOD, et donc offert sur un plateau au piratage illégal. En France, la sortie cinéma a purement été annulée, et remplacée par une sortie VOD en juillet puis une arrivée en SVoD sur Amazon Prime Video.

Bref, un bel exemple d'accident industriel à tous les niveaux, qui a certainement fait perdre beaucoup d'argent à Lionsgate et tous les producteurs. D'autant que Chaos Walking est effectivement un mauvais film.

LE DERNIER DUEL

Budget : 100 millions

Box-office : 30 millions

 

Matt Damon : photo, Le Dernier DuelLe bide dans la peau

 

Juste avant que le monde ne se régale du mauvais goût chic de House of Gucci, il rejetait en bloc Le Dernier Duel et le dernier vrai bon film de Ridley Scott depuis... (on ne finira pas cette phrase, pas d'humeur à relancer ce débat). Marquant les retrouvailles entre Matt Damon et Ben Affleck, qui ont co-écrit le scénario avec Nicole Holofcener, ce drame en armures mené par Adam Driver, Jodie Comer et Damon lui-même a été boudé par le grand public.

Là encore, la pandémie est passée par là. Le Dernier Duel devait sortir en décembre 2020, avec une stratégie classique pour s'installer aux États-Unis, en commençant par une "limited release" - parfaite manœuvre pour les Oscars. Mais il a été repoussé à octobre 2021, et son passage à la Mostra ne lui a pas porté bonheur. Exploité 45 jours exclusivement au cinéma avant d'être vendu en VOD, le film a été un échec monumental côté box-office domestique, avec environ 10 millions.

Le Dernier Duel est ainsi l'un des plus gros flops de Ridley Scott, loin derrière Tout l'argent du monde (56 millions), Cartel (71 millions), G.I. Jane (48 millions) ou encore 1492 : Christophe Colomb (60 millions). À titre de comparaison, House of Gucci a déjà encaissé plus de 124 millions au box-office.

 

 

Que s'est-il passé ? Ridley Scott a son avis sur la question, exprimé dans le podcast WTF de Marc Maron. Et l'expression "Ok boomer" semble avoir été inventée pour lui : "Je pense que ça se résume à une chose : le public d'aujourd'hui qui a été élevé avec ces putains de téléphones portables. Les millenials, qui ne veulent jamais qu'on leur apprenne quoi que ce soit à moins que ça ne soit sur un téléphone portable". Le réalisateur défendait aussi Disney (qui a récupéré le film, en rachetant la Fox), en parlant de leur "fantastique boulot de promo" - donc inutile de blâmer le marketing. Toutefois, Scott restait serein : "On ne peut pas gagner à tous les coups. Pour ma part, je n'ai jamais eu un seul regret sur un film que j'ai fait. Rien."

Ben Affleck, lui, était plus philosophe et dépressif chez Entertainment Weekly, et parlait du succès du film en SVoD : "J'ai eu de mauvais films qui ne marchaient pas et je m'en fichais. Je comprenais pourquoi les gens n'y allaient pas, parce que ce n'était pas bon. Mais j'ai aimé Le Dernier Duel. J'aime ce qu'on avait à dire. J'en suis très fier. Donc j'étais perdu. Et puis j'ai vu qu'il marchait en streaming, et je me suis dit, 'Et bien voilà. C'est là que le public est"".

Notre critique du Dernier Duel.

SNAKE EYES

Budget : 100 millions

Box-office : 40 millions

 

Snake Eyes : photo, Henry Golding, Samara WeavingGo go gadget

 

Oui, il y a eu un nouveau film G.I. Joe en 2021 : le prequel et spin-off et origin story Snake Eyes, sous-titré G.I. Joe Origins, et centré sur le ninja incarné par Ray Park dans G.I. Joe : Le Réveil du Cobra et G.I. Joe : Conspiration. Henry Golding a pris la relève pour pas grand-chose puisque le film réalisé par Robert Schwentke (Divergente 2 et 3, décidément franchise porte-bonheur) est complètement passé inaperçu.

Normal : Snake Eyes devait sortir aux États-Unis en mars 2020, puis octobre 2020, puis octobre 2021. Avant d'être avancé à juillet 2021. Un sacré bordel d'agenda en partie lié à la pandémie, qui n'a pas aidé à se souvenir de l'existence du film. En France, c'est encore pire : la sortie cinéma prévue en août 2021 a été annulée au dernier moment, et un mois après, Snake Eyes était rétrogradé à une sortie en SVOD... annoncée deux jours avant. Autant dire que le film a été mis à la poubelle par le studio.

 

G.I. Joe : Conspiration : photo, Channing Tatum, Dwayne JohnsonG.I. Joe V1

 

Snake Eyes a ainsi cumulé toutes les tares industrielles : la confiance improbable en la marque (quasiment effacer la mention G.I. Joe du titre), l'exploitation hybride (disponible sur Paramount+ aux États-Unis, 45 jours après la sortie cinéma), et donc le piratage illégal dans la foulée. Sans oublier la volonté subtile de charmer le marché asiatique et notamment la Chine, en troquant les Channing Tatum et compagnie par Henry Golding, Andrew Koji, Haruka Abe, Iko Uwais et Takehiro Hira. Ce qui n'a absolument pas porté ses fruits, puisque le film a été un bide en Chine.

Dans tous les cas, c'est un joli crash, qui devrait enterrer la franchise G.I. Joe. Sauf si Paramount recycle tout ça pour nourrir le catalogue de Paramount+.

Notre critique de Snake "G.I. Joe" Eyes

REMINISCENCE

Budget : 60 millions

Box-office : 15 millions

 

Reminiscence : photo, Hugh JackmanJackman, pas Jackpot

 

Parmi la longue liste des échecs plus ou moins liés à la stratégie de sortie hybride de Warner Bros., le moyen Reminiscence tient une place particulière. Au milieu des Mortal Kombat, Conjuring : Sous l'emprise du DiableDune et Matrix Resurrections, c'était l'un des seuls films originaux (c'est-à-dire : non tiré d'une franchise, d'un livre, ou encore d'un jeu).

Premier film de Lisa Joy, co-créatrice de Westworld, ce récit de science-fiction mené par Hugh Jackman brille certes par son ironique manque d'originalité - un détective privé qui tombe amoureux de sa cliente, part à sa recherche après sa disparition, le tout dans un Miami futuriste submergé par l'eau, car réchauffement climatique. Ce qui explique peut-être son échec sensationnel au box-office, malgré un lancement digne d'un blockbuster, sur plus de 3000 écrans aux États-Unis.

 

Reminiscence : photo, Hugh JackmanSonge d'un bide d'été

 

Là encore, la pandémie a joué un rôle. Reminiscence devait sortir en avril 2021, avant d'être repoussé sans date, et trimballé plusieurs fois dans l'agenda de Warner. Exploité simultanément sur HBO Max, le film y a trouvé un maigre public : environ 2 millions de visionnages sur le premier mois, soit un score évidemment inférieur aux poids lourds de Warner (Godzilla vs. Kong, Space Jam, The Suicide Squad), mais également inférieur à des films du même acabit comme Ceux qui veulent ma mort avec Angelina Jolie.

Comparé à un sous-Westworld, un sous-Inception, un sous-Blade Runner, Reminiscence a été puni à cause de son allure trop familière. Variety estimait que le film devait atteindre les 110 millions pour être rentable, ce qui veut dire qu'il a encaissé 10 fois moins que nécessaire pour éviter d'être dans le rouge. C'est donc un naufrage pour Warner Bros. et toute l'équipe, particulièrement Lisa Joy. À ranger avec Transcendance, énorme flop avec Johnny Depp dans un récit de SF boiteux.

MATRIX RESURRECTIONS

Budget : 190 millions

Box-office : 140 millions

 

Matrix Resurrections : photo, Keanu ReevesJohn Weak

 

C'était programmé dès son démarrage au box-office domestique, et ça s'est confirmé depuis : Matrix 4 rejoint le cimetière des échecs commerciaux signés Wachowski, après Speed Racer, Jupiter Ascending et Cloud Atlas. Avec un budget hors marketing qui avoisine les 200 millions, Matrix Resurrections devrait finir sa carrière aux alentours de 150-160 millions (et moins de 40 millions côté domestique). C'est très, très loin des attentes, et certainement très loin d'un seuil de rentabilité estimé aux alentours de 350-400 millions.

Néanmoins, c'est la suite logique pour la franchise, qui avait déjà essuyé le revers de la médaille du succès dès la fin de la trilogie. Après le succès monstre de Matrix Reloaded (plus de 740 millions), Matrix Revolutions avait été une déception ("seulement" 427 millions). La vision des Wachowski avait déjà freiné les ardeurs du grand public, et Resurrections le confirme. En plus d'arriver bien (trop) tard, cette suite a refroidi une très large majorité. Le seul bouche-à-oreille a donc été catastrophique.

 

 

Par ailleurs, Matrix a affronté un vrai monstre, nommé Spider-Man. Le succès phénoménal de No Way Home ne laissait aucune place dans les salles, et aucune chance à Neo et Trinity. Après un démarrage catastrophique côté américain (environ 11 millions, très loin des 40-60 projetés), le film a dégringolé, tout en étant boudé partout dans le monde. Jusqu'en Chine, où le film a fini par sortir.

La sortie simultanée sur HBO n'a certainement pas aidé, puisque le film a été sans surprise en tête sur les sites de piratage, pour occuper les fêtes de fin d'année, entre deux séances de Spider-Man. D'autant que Matrix 4 n'a pas explosé de record sur HBO Max, avec environ 2,8 millions de visionnages selon Samba TV, sur les premiers jours - moins que Godzilla vs. Kong par exemple.

Mais le bilan reste le même. Le retour de Matrix est un échec commercial, qui devrait enterrer la franchise, malgré quelques rumeurs de projets notamment sur HBO Max.

Notre critique de Matrix 4 (qu'on aime, oui).

Many saints of Newark

Budget : 50 millions

Box-office : 12 millions

 

Many Saints Of Newark - Une histoire des Soprano : photoMany cheh of Newark

 

Autre cas étroitement lié à HBO Max : le film prequel de la série culte des Soprano. Lui aussi arrivé longtemps après la bataille, Many Saints of Newark – Une histoire des Soprano a été repoussé plusieurs fois, puisqu'il devait sortir en septembre 2020, avant d'être programmé pour mars, puis septembre 2021. Le film de mafieux a donc été pris dans le même tourbillon Covid que les autres, et a certainement souffert de son exploitation mi-cinéma mi-SVoD.

David Chase, le créateur des Soprano, co-scénariste et producteur du film, n'a jamais caché son avis sur cette exploitation simultanée au cinéma et sur HBO Max. Il expliquait à Deadline être "extrêmement en colère", particulièrement car Many Saints of Newark est un film adapté d'une série, et qu'il souhaitait véritablement pouvoir se détacher du petit écran, pour transposer ce monde sur un écran géant de cinéma. "Je ne pensais vraiment pas qu'on serait de retour sur HBO", concluait-il avec amertume.

 

Many Saints Of Newark - Une histoire des Soprano : photoLicorice Pizza : Origins

 

Et HBO lui a-t-il encore porté chance ? Plutôt oui. Alors qu'il se plantait en salles, le film réalisé par Alan Taylor caracolait en tête des scores sur HBO Max, devant d'autres titres comme Reminiscence ou Cry Macho. Aucun chiffre officiel au royaume de la SVoD néanmoins (plus de 2 millions de visionnages en un mois, selon Deadline), WarnerMedia a simplement paradé en agitant les bras, et en disant que le succès avait même ramené Les Soprano sur leur plateforme.

Ne reste plus qu'à voir s'il y aura une continuation, sous une forme ou une autre, puisque David Chase a évoqué un autre film suivant Tony Soprano, écrit avec Terence Winter, son acolyte fidèle sur la série.

Notre critique du film Many Saints of Newark.

CRY MACHO

Budget : 33 millions

Box-office : 15 millions

 

Cry Macho : photo, Clint EastwoodCry Macho Bidos

 

Les plus belles rides du cinéma américain n'ont pas été de taille face aux ouragans de 2021 - la pandémie et la SVoD. Sorti en septembre 2021 au cinéma et sur HBO Max, le dernier Clint Eastwood a été un échec étonnant vu la solidité de l'acteur et réalisateur. Avec seulement 15 millions, Cry Macho se place loin derrière ses récents films : Le Cas Richard Jewell (44 millions), La Mule (50 millions), Le 15h17 pour Paris (57 millions), Sully (60 millions) ou encore Jersey Boys (67 millions).

Tout ça reste loin du succès d'American Sniper (plus de 547 millions au box-office, six nominations aux Oscars), mais le plus modeste Cry Macho n'avait pas la même vocation.

Sur HBO Max, Eastwood a eu un peu d'amour, avec environ 1,6 million de visionnages sur le premier mois, aux États-Unis.

Notre critique de Cry Macho.

La Méthode Williams

Budget : 50 millions

Box-office : 27 millions

 

La Méthode Williams : photo, Will SmithCinéma, SVoD : balle au centre

 

Encore une victime de HBO Max ? Peut-être. Dans tous les cas, c'est un autre exemple de film pris dans les mêmes filets de 2021, entre sortie repoussée (il devait sortir en novembre 2020) et stratégie streaming appliquée.

Alors que La Méthode Williams continue sa petite vie grâce à Will Smith qui a remporté un Golden Globe (parmi d'autres nominations, comme meilleur film), et se met sérieusement dans la course aux Oscars, le film sur Richard Williams, le père et coach des célèbres Venus et Serena Williams, a eu une carrière très molle au cinéma.

La Méthode Williams n'avait certes pas l'ambition commerciale d'un Suicide Squad, Aladdin, Bad Boys for Life, ou même Gemini Man, qui ont refait une santé business à l'acteur. Mais le film visait sans nul doute un score similaire à Beauté cachée (88 millions), Seul contre tous (48 millions), voire Sept vies (170 millions) et À la recherche du bonheur (307 millions). Surtout avec un angle biopic qui fait parfois des merveilles.

 

La Méthode Williams : photo, Saniyya Sidney, Demi Singleton, Aunjanue EllisQuand tu pensais que Smith était l'assurance succès

 

La magie n'a pas pris, mais le prince Smith s'en sort avec les honneurs. En plus de son Golden Globe et une possible nomination aux Oscars, il a touché une corde sensible de pur storytelling hollywoodien : suite à l'annonce d'une sortie simultanée sur HBO Max, l'acteur et producteur (qui avait selon les rumeurs touché 40 millions, ce qui semble légèrement exagéré vu le budget de 50 millions, sauf à inclure une participation quelconque) en aurait reversé une partie aux actrices. Parfait pour le discours aux Oscars.

Côté HBO Max, le film a été dans la moyenne plutôt basse des estimations, avec 2 millions de visionnages sur le premier mois. Mais un boss de HBO Max avait néanmoins déclaré à Deadline que La Méthode Williams avait la particularité d'avoir été peu coupé dans son visionnage, faisant de lui un cas spécial dans l'ère du streaming. Et c'était aussi la preuve que la communication dans le secteur de la SVoD va être un sacré défi pour les studios - et pour tous ceux et celles qui doivent les écouter.

the suicide squad

Budget : 185 millions

Box-office : 167 millions

 

 

Ce monde est donc un monde où The Suicide Squad version James Gunn est un échec, comparé au carton commercial de Suicide Squad version David Ayer. Présenté comme une suite mais bien évidemment conçu comme un soft-reboot qui passe un coup d'aspirateur sur les saletés du film de 2016, le blockbuster déliro-débile a été massivement boudé par le public. Avec moins de 170 millions, le film encaisse plus de quatre fois moins que le précédent (746 millions).

Meilleur coupable : Warner Bros. avec son foutu HBO Max. Nul doute qu'un tel film, vite étiqueté gros plaisir régressif, voire coupable, est un parfait candidat pour les sites de piratage. La chute de fréquentation dès la deuxième semaine semble le confirmer, et avoir condamné le film à vite s'écraser au box-office.

Par ailleurs, The Suicide Squad est aussi arrivé au coeur d'un été rempli de divertissements hollywoodiens, après plusieurs mois de sorties annulées et salles plus ou moins fermées. La bande de dégénérés a débarqué entre Black Widow, Snake Eyes et Space Jam 2 et Jungle Cruise (sortis en juillet), et Free Guy (carton surprise d'août). Autre raison : le Rated R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés, aux États-Unis), qui a probablement envoyé des signaux contradictoires pour ce film s'adressant aux plus enfantins des adultes (ou le contraire).

 

The Suicide Squad : photoMake America Bête Again

 

Mais la réalité est sûrement plus simple. The Suicide Squad n'a pas résonné avec le public, notamment américain, avec un démarrage inférieur aux attentes. Au lieu d'être un Shazam, le film de James Gunn a été un Birds of Prey.

Ce qui n'a pas empêché Warner Bros. de s'emballer par principe sur James Gunn, avec une série prequel centrée sur Peacemaker, et d'autres projets à venir. Le réalisateur a d'ailleurs affirmé depuis que son film avait cartonné sur HBO Max, sachant que Warner avait dit (sans chiffre à l'appui) que c'était le deuxième meilleur démarrage de la plateforme, et globalement dans la lignée de Godzilla vs. Kong et Mortal Kombat.

Notre critique de The Suicide Squad.

MENTION SPéCIALE "on tue la franchise" : Resident Evil 

Budget : 25 millions

Box-office : 32 millions

 

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City : photoRare specimen de spectateur ayant vu Reboot Evil

 

Rebooter la franchise Resident Evil au cinéma après une saga de six films, c'est prendre le risque d'y être comparé, à tous les niveaux. Côté artistique, Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City s'en sort avec le petit honneur d'être moins nul et plus fidèle que les 3/4 des épisodes avec Milla Jovovich en guerrière-mutante-amnésique-mais-pas-trop.

En revanche, côté business, c'est un désastre, avec le pire score de Resident Evil au cinéma. Certes, le reboot a coûté moins cher, et c'est bien normal vu que le manoir ressemble à une salle d'attente et que les CGI sont une misère. Mais avec 32 millions au box-office, ce Bienvenue à Raccoon City est très, très loin des scores de la saga chapeautée par Paul W.S. Anderson, qui n'a jamais été en dessous de la barre des 100 millions. Afterlife et Chapitre final avaient même passé le cap des 300 millions.

Conçu pour relancer une saga qui aurait un vrai rapport avec les jeux vidéo cette fois, Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City est donc un flop en bonne et due forme. Quasi assumé par le studio, qui a vite lâché le film en VOD, pour éventuellement grappiller quelques dollars. Difficile d'imaginer une suite donc, en tout cas pas sans repenser ou réaménager les choses.

Notre critique du reboot de Resident Evil.

Mention spéciale "cas d'école" : the tomorrow war

Budget : 200 millions

Box-office : 8 millions

 

The Tomorrow War : photoLes Gardiens de la fallacie

 

Warner n'a pas le monopole du chaos en temps de pandémie. Paramount et Skydance ont aussi décidé de jeter bébé avec l'eau du bain en vendant aux enchères du streaming un gros morceau à 200 millions de dollars : The Tomorrow War, avec Chris Pratt contre des aliens. Prévu au cinéma fin 2020, pour rendre Noël encore plus affreux, le film a été reporté à juillet 2021, avant d'être simplement mis de côté.

Amazon Studios a alors saisi l'occasion pour acheter le film, au prix hallucinant de 200 millions. Pour Paramount et Skydance, c'était donc une opération blanche (au mieux), et possiblement une belle démonstration de panique (face à la pandémie, face au film lui-même, ou face aux deux). Dans tous les cas, The Tomorrow War est devenu l'un des films les plus chers jamais vendus à une plateforme de SVoD.

Le blockbuster a toutefois eu l'honneur d'une sortie salles en Chine, parce que pourquoi pas. C'est là qu'il a engrangé un peu plus de 8 millions, gagnant ainsi sa place ici, malgré sa sortie hybride.

Selon Samba TV, 5,2 millions de spectateurs ont regardé Chris Pratt mener sa guerre, soit un record pour Amazon. À voir si ça lancera une franchise, comme espéré au départ.

Notre critique de The Tomorrow War.

Tout savoir sur Matrix Resurrections

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commentaires
Sanchooz
25/01/2022 à 22:51

@geoffrey
Alors je continuerai à ne pas lire les commentaires des photos et à lire les articles qui sont au top.
Keep up the good job!
Merci d'avoir pris le temps de répondre en tout cas.

mauvais vent
24/01/2022 à 19:28

Matrix 4 plutôt mon œil John wick la même tête et la même barbe

Picsou
24/01/2022 à 16:13

Très dommage pour Matrix 4, une renaissance inattendue mais finalement magistralement réussie.

Jayjay
24/01/2022 à 16:03

Totalement mérité pour Matrix 4, englué dans la mode des films qui revisitent d'autres films, au 1er degré. On a eu les purges Ready Player One, Avengers Endgame et maintenant ce machin absolument inutile et agaçant. Et cette longue intro WTF? Et ce Morpheus ?! Et ce montage ? Et les bastons filmées en 1 journée c'est pas possible autrement ? Lana a écrit ça pour évacuer son deuil paraît-il, en quoi retrouve-t-on la moindre once d'émotion là dedans ? C'était l'occasion de tenter de retrouver les qualités du 2er volet et relancer en beauté...
Désolé pour le HS, évidemment que le film s'est méchamment gaufré et qu'ils l'ont bien cherché. On devrait faire des dons parfois, on éviterait bien des saccages.

The insider38
24/01/2022 à 13:58

J ai tout vu .

Pour moi, 2 mentions spéciales :

Matrix 4 : C’est le pire de tous en fait, inexcusable, honteux, heureux qu’il se soit planté, on va nous laisser tranquille comme ça.

Résident evil: rendez-nous Milla!! Au moins on rigolait. La , c’est pas drole, pas d’enjeu, et mon dieux que c est cheap!! Il est où le pognon bordel!!!

Pour le clint Eastwood : Vu sa carrière, et son apport au 7 eme, j ai envie dire , et alors ? Oui c est nul , mais le nombre de chef d’œuvre, qu’on se taise.

Tom3
24/01/2022 à 10:29

Et pourtant pas si mal Matrix 4

Geoffrey Crété - Rédaction
24/01/2022 à 09:46

@JohnCroute

Oh, nous ça nous amuse beaucoup, et ça reflète bien notre état d'esprit. D'autant que ça plaît à beaucoup de lecteurs et lectrices, donc pardon mais on risque de continuer

@Gunn12

"mais bon on est dans un air tout critiquer et rien aimer est devenu cool."
N'est-ce pas ?

Ridley.gouv.fr
24/01/2022 à 08:45

Le Dernier duel qui est un très brillant film avec des acteurs exceptionnels a le mérite de montrer avec clarté un des savoirs faires indiscutables de la France depuis des siècles : l’expertise mondiale dans la collecte des impôts qui avec les siècles et passe dés méthodes expéditives de Jacque Le Gris à la mamie de impôts.gouv.fr ! Merci Ridley

Pieriku
24/01/2022 à 08:32

@JohnCroute Moi, j'adore ces sous-titres :-D

JohnCroute
24/01/2022 à 05:12

Écran Large, je t'aime beaucoup mais est il possible s'il te plaît d'arrêter les blagues sous les photos? Je trouve (et ce n'est que mon avis) que ça ne cadre vraiment pas, dans le ton et la qualité, avec le reste de ta direction éditoriale.

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