The Tomorrow War : critique de Starshit Forceur sur Amazon
Alors que toute la famille et les amis de Dan sont réunis pour assister à un match de football, la retransmission est interrompue par des soldats venus du futur pour demander à l'humanité d'aller botter le fondement de vilains extra-terrestre. Alors que l'humanité s'engage pour aller faire la guerre dans le futur, c'est dès le 2 juillet 2021 qu'Amazon Prime Video nous invite à rejoindre The Tomorrow War aux côtés de son bon vieux Chris Pratt.
REMOUS VERS LE FUTUR
À l’heure où se multiplient les licences et autres franchises déclinées par Hollywood comme autant de marques interchangeables, voire essorées, la sortie d'un blockbuster qui ne soit ni une suite ni une adaptation tient du miracle. Malheureusement, l’euphorie du spectateur s’attendant à un minimum de surprise ou d’originalité s’évaporera rapidement, The Tomorrow War faisant le choix du pot-pourri centrifugé, plutôt que de la proposition scénaristique digne de ce nom.
C’est bien simple, il n’est pas une scène qui ne soit un emprunt direct d’un classique, un décalque d’un succès passé. À la faveur d’une version Wish de Terminator, Chris Pratt est donc envoyé combattre des aliens, au cours d’assauts qui font leur possible pour cloner certains plans de Starship Troopers, sans oublier de désosser La guerre des mondes, avant de mêler curieusement Prometheus et Edge of Tomorrow à la faveur d’un climax attendu. Autant de concepts pertinents dans l’absolu, qui se heurtent ici à l’orientation commerciale du film.
Un futur pas spécialement engageant
En effet, si Amazon a déboursé 200 millions de dollars afin d’acquérir le film que devait distribuer Paramount, ce n’est certainement pas pour se retrouver avec autre chose sur les bras qu’un produit familial ultra-calibré.
Un choix qui étouffe nombre de bonnes idées, et contraint plus d’une fois la caméra à se détourner de l’action, quand elle ne l’ignore pas purement et simplement. Qu’importe que nos vilains extraterrestres soient dotés de ratiches tranchantes et tirent à l’aide de gros appendices phalliques des projectiles létaux, l’action doit fréquemment les ignorer, les minorer, pour s’assurer de rentrer dans les clous.
"L'est beau mon pass du Hellfest hein ?"
TERMINAMORT
Et s’il est question de clous, ce sont bien ceux d’un cercueil qui nous sont assénés durant 2h18, tant la direction artistique se révèle pauvre. Comme le gros de la production américaine dite à grand spectacle de ces dernières années, la direction artistique paraît avoir été générée par une intelligence artificielle tout juste capable de synthétiser l’essence du Prozac. Les décors, tous vastes et complexes en apparence, ont beau avoir été dopés au numérique dans tous les sens, l’ensemble demeure cruellement générique.
L’arrivée à Miami, son clin d’œil grossier à la mode vidéoludique du Battle Royale, renarde le fond vert à des kilomètres et pourrait avoir été tournée sur le parking d’un abattoir moldave, ainsi que le reste du film, qui ne bénéficie jamais d’un semblant d’identité. À la manière de son comédien Chris Pratt, devenu depuis Les Gardiens de la Galaxie une sorte de ventre mou de la mythologie américaine (drôle, mais jamais goguenard, puissant, mais pas musculeux, courageux, mais pas téméraire, conservateur jusqu’au bout des ongles, mais pas réactionnaire), le film se vit comme un collier de perles où s’égrènent des clichés déréalisés.
La belle bête
C’est particulièrement vrai quand le récit se risque à nous offrir quelques considérations bien senties sur la vie, la famille, et bien sûr la politique. Que les choses soient claires, les femmes, les personnes en surpoids et les scientifiques, le plus souvent responsables de la mort de leurs camarades, sont là pour être mis en pièces, humecter un chouïa l'oeil nerveux des combattants, et si possible se sacrifier plutôt que les ralentir.
On apprendra ainsi que seuls les héros solitaires peuvent mener les hommes, et que le collectif, l’organisation ne sont que les cache-nez des lâches, tandis qu’on punira tout le métrage durant, un pauvre type, pour un péché qu’il n’a pas encore commis, avant de révéler que c’est bien dans les tréfonds de l’âme russe que se dissimule l’engeance corruptrice qui détruira le monde. Un festival de stupidité, plus claqué au sol qu’un joueur de football français un soir de match.
Quand tu as un peu trop insisté sur les économies du département décoration
INDEPENDANCE mouais
Mais le plus rageant, au-delà de la banalité tragique de l’ensemble, de la mollesse de son récit et de son esthétique à rayer des cristallins d’aveugles, c’est bien le sentiment de sentir, par endroit, la charogne faisandée d’un bon film qui affleure sous cet exosquelette savonneux. Tout d’abord, le réalisateur Chris McKay n’est pas un inconnu.
En travaillant sur des séries telles que Robot Chicken, ou des films tels que LEGO Batman : Le film, il a bossé au sein d’univers exigeant des mélanges de techniques complexes, une narration menée tambour-battant, au gré d’une fantaisie échevelée. Un cocktail potentiellement détonant qu’on retrouverait presque par endroit.
Une guerre du futur très actuelle
Quand il organise des joutes un tant soit peu physiques entre ses extraterrestres, au design à la fois inquiétant et plaisamment cartoonesques, sa caméra choisit fréquemment un angle plaisant, tout comme on le sent investi quand il s’agit de découper des affrontements virtuels avec perspective ou d'orchestrer la montée en tension. Ce sont d’ailleurs les rares moments où le casting paraît soudain utilisé à bon escient, et où l’alchimie entre Pratt et la trop rare Yvonne Strahovski fait mouche. Ainsi, en dépit d'une gestion de l'espace aux airs d'hommage à l'oeuvre de Gilbert Montagné, on se surprend plus d'une fois à en redemander quand le duo se coltine des hordes d'abominations baveuses, toujours plus malignes et retorses quand il est question de boulotter du figurant numérique.
De même, on sait gré, plus souvent qu’à son tour, au cinéaste de savoir dynamiter tel concept foireux, ou passer rapidement sur un dialogue trop fonctionnel, comme c’est le cas lors de la “révélation” unissant les deux protagonistes. Bref, on sent toujours Chris McKay capable, son ambition de créer une sorte de Starship Troopers mongoloïde a des relents sympathiques, mais jamais ces désirs ne parviennent à se coaguler en un tout cohérent, face à une commande industrielle qui préfère un gâteau au savon plutôt qu’un bonbon à la viande.
The Tomorrow War est disponible sur Amazon Prime Video depuis le 2 juillet 2021 en France
Lecteurs
(2.8)06/08/2022 à 11:01
Vu hier soir (ça faisait un an que ce film était en dans ma liste à voir sur Amazon...) et franchement décevant !
Avec le principe du voyage dans le temps, je m'attendais à des aller-retours entre le présent et le futur l'un impactant l'autre et vice-versa avec un déraillement complet mais non, le film reste sur une intrigue bien simpliste...
Les décors recyclent assez souvent ce qu'on a pu voir ailleurs notamment dans Independance Day 2.
Mais je reconnais néanmoins que c'est assez bien foutu pour rester devant pendant plus de 2 heures... Tristesse
21/08/2021 à 08:05
Encore une critique digne de télérama...
30/07/2021 à 23:35
Et sinon, Chris Pratt qui commence à prendre l'Alien à coups de poing, on en parle !!! Le mec peut se considérer chanceux que le film ne soit pas sorti en salle tellement c'est mauvais !!!
14/07/2021 à 14:07
Très bon divertissement, très 90’s, ultra référencé, mais supérieur à la majorité des blockbusters actuels. Très bonne surprise.
11/07/2021 à 08:53
Tomorrow War, est au cinéma ce que la « compil’ de l’été » est à la musique. Le « NRJ Hits » de l’année en quelques sortes. Il en a donc les mêmes défauts : un manque totale de cohésion artistique… Alors ça se regarde une fois et ça donne surtout envie de revenir aux matériaux originaux: Alien, Starship Trooper, World War Z (si si je vous assure), Edge of Tomorrow et même X-Files Le film, dont certaines scènes finales sont quasiment du copié-collé.
10/07/2021 à 20:45
J'attendais un film pas terrible du au retour de certains critiques, et en définitive une bonne surprise, le film met du temps à démarrer, mais ce n'est pas un défaut cela permet de poser les personnages et un contexte, avec cette histoire d'invasion extra terrestre. A partir du moment ou l'action commence, on a le sentiment d'acceleration de l'intrigue, mais c'est surtout pour souligner l'urgence de la situation, avec une planète terre qui risque de vivre ses dernières moments. On a droit à des scènes spectaculaires, les monstres malgré un certain manque d'originalité, sont bluffants dans leurs attaques, mortels et terrifiants; ils représentent pour les générations actuelles,la menace que représente le réchauffement climatique pour les générations futures. Ce Tomorrow War nous pousse à voir la planète que nous laissons à nos générations future et nous y confrontent afin de nous faire tirer les leçons de nos comportements. L'idée est vraiment bonne, quoi que un peu moralisateur, mais n’enlève rien au plaisir de voir des humains s'opposer de manière assez dérisoire à des monstres tenaces, la mise en scéne est parfaite, pas de sur découpage, l'action est totalement lisible, et prenante, il manque juste du gore et une violence explicite, mais en toute franchise, je ne vais pas m'en plaindre, je n'ai pas boudé mon plaisir en le voyant, et j'y ai pas passé un bon moment. Ce qui est déjà pas mal.
09/07/2021 à 18:19
très bon divertissement
08/07/2021 à 19:52
Sur Capture Mag, pendant que Yannick Dahan et Stéphane Moïssakis, consternés, se marrent à défoncer ce con de film, Clémence Gueidan en profite pour citer votre titre...
https://www.youtube.com/watch?v=JYnIc3UkPLg
08/07/2021 à 07:20
Au début j'étais intrigué de lire la critique, après j'ai vu que c'était Simon Riaux...
07/07/2021 à 16:43
Simon, t'es trop beau