Zombie, Vaudou, 28 jours plus tard... les 10 meilleurs films de zombies pour comprendre le genre

La Rédaction | 29 mai 2021
La Rédaction | 29 mai 2021

On l'annonce souvent mort, mais il ne périt logiquement jamais : le Army of the Dead de Zack Snyder, produit pour 90 millions de dollars, relance encore un peu l'engouement pour le genre du film de zombie.

Monstre aux multiples visages prélevé de la culture vaudoue, le zombie a traversé les époques, les reflétant au passage. Ses codes n'ont cessé de muter, si bien qu'il existe désormais quantité de morts-vivants en tous genres, que les puristes aiment diviser en plusieurs catégories (l'infecté, la goule, etc...). Se plonger dans le genre, c'est donc explorer l'Histoire du cinéma d'horreur et ses accointances avec des mouvements esthétiques et sociaux éphémères.

Au terme de longs débats houleux, nécessaires tant le corpus est vaste, la rédaction d'Ecran Large a sélectionné 10 films, étalés sur plusieurs dizaines d'années, pour symboliser le zombie. Cette liste non exhaustive, loin de là, se veut énumératrice des plus grands chefs-d'oeuvre du genre, mais aussi révélatrice de l'évolution de ce mouvement si particulier et si attachant.

 

photoWhat's in your head ?

 

Vaudou (1943)

"Cela semble étrange à dire. Si on m'avait dit ça il y a un an, je ne pense pas que j'aurais su ce qu'était un zombi. J'aurais eu dans l'idée qu'ils étaient étranges et effrayants. Et même un peu bizarres." C'est sur ces paroles que s'ouvre Vaudou. Ces paroles et un plan vers la mer, par delà laquelle il dénichera un nouveau monstre de cinéma. Comme souvent pour les sous-genres horrifiques, il y a débat sur la première apparition du bestiau. Certains refusent d'aller aussi loin, persuadés que Romero a tout inventé. D'autres préfèrent remonter à Les Morts-vivants, classique avant-gardiste de 1932 avec Bela Lugosi.

Mais le Vaudou de Jacques Tourneur reste une date, puisqu'il est un de ceux qui ont le mieux parvenu à capter cet instant où Hollywood, aspirant à insuffler plus de mort dans ses séries B, est venu piocher allégrement dans une culture et se rapproprier des bribes de son folklore. D'ailleurs, le scénario est une pure commande de la RKO, qui souhaitait adapter... un article de presse, écrit par l'auteure Inez Wallace. Le texte s'accorde  particulièrement à l'industrie d'alors : il promet de raconter comment, à Haïti, il est possible de réanimer les morts.

 

photoZombie walk

 

Il fallait un cinéaste de la trempe de Jacques Tourneur, qui sortait alors de son chef-d'oeuvre fantastique La Féline, pour transformer, le temps d'une miraculeuse grosse heure, un exotisme racoleur en terreur inédite. Le zombie de Tourneur, anticipant des décennies d'exploitation, a le chic pour s'immiscer dans des cadres sages, imposer sa putrescence dégoutante dans la vitalité de la Frances Dee qui, quelques années auparavant, brillait dans la comédie musicale Playboy of Paris. Il est un rappel violent du spectre de la mort dans une esthétique qui la nierait volontiers.

C'est pourquoi le film est un des plus beaux actes de naissance de ce mouvement. Malgré une réception mitigée à l'époque, son culte n'a cessé de grandir, et son approche du Vaudou de faire des émules, de Wes Craven à Bertrand Bonello. Vaudou a-t-il inventé le film de zombie ? Pas exactement. Est-ce qu'il est essentiel à son émergence ? Absolument.

À voir aussi : Les Morts-vivants (White zombie), L'Emprise des ténèbresZombi Child

 

PhotoL'Emprise des ténèbres

 

La Planète des vampires (1965)

Forcément, le titre est trompeur. Le film aussi, en fait. C'est souvent le cas chez Mario Bava, un des plus grands esthètes du cinéma italien, qui, s'il n'a pas autant tâté du genre que Fulci, a eu l'occasion de mettre en scène des zombies, sans toutefois trop assumer le terme. La Planète des vampires est avant tout un film de science-fiction. Il faut attendre plusieurs sublimes dizaines de minutes avant de voir un mort-vivant pointer le bout de son nez en décomposition.

Les puristes rejetteront la dénomination, d'autant qu'ici, les corps sont surtout possédés par des extra-terrestres, et qu'ils ne correspondent pas à la définition stricte du zomblard. Néanmoins, il n'est pas incongru de le rattacher au genre, puisque 3 ans avant le classique absolu de Romero qui démocratise l'image qu'on s'en fait désormais, il montre déjà des hordes de cadavres qui se ruent sur les héros, et énonce cette perspective terrifiante : si on meurt, on sera dépossédé de notre propre corps.

 

PhotoL'invasion des possesseurs de sépulture

 

À cette époque, le mort-vivant commence à se démarquer de la culture vaudoue pour fabriquer sa propre mythologie, grâce à Ed Wood, le précurseur du nanar, qui convoque cette figure à trois reprises, à Le Cadavre qui tue de Sidney J. Furie ou même à la série Z I Eat Your Skin, dont le titre provocateur prédit certains dérapages bis. Mais Bava l'emmène dans les étoiles et démontre une des grandes forces du monstre : il ne coûte pas cher, mais il peut dire beaucoup.

En l'occurrence, l'héritage gigantesque de cette microproduction complètement fauchée, mais incroyablement inventive (l'édition La Rabbia, encore accessible, comporte un lot non négligeable d'anecdotes démentes) ne déteint pas trop sur les films de zombies suivants. La Planète des vampires est surtout connu pour avoir inspiré Alien. Néanmoins, son esthétique baroque et sa mise en scène précise en font un des sommets du genre, et une preuve que le mort-vivant peut s'épanouir partout.

À voir aussi : Le deuxième segment des Trois visages de la peur

 

photoLe deuxième segment des Trois visages de la peur, également un presque-film-de-zombie

 

La Nuit des morts vivants (1968)

Si les monstres qui hantent notre mémoire collective ont trouvé un terrain d’expression privilégié avec le cinéma, le 7e Art lui-même n’a pas fourni à nos imaginaires quantité de monstres inédits. Mais parmi les rares figures abominables accouchées par le celluloïd, le zombie tient une place à part, tant il est l’expression la plus parfaite d’une terreur critique qui s’est emparée de l’Occident au cours de la seconde moitié du XXe siècle. 

La créature est née devant la caméra de George A. Romero, en 1968, et il aura suffi d’un unique long-métrage pour populariser instantanément ce nouvel entrant au bestiaire de nos cauchemars. Cadavre ranimé, déambulant mécaniquement et mû par un vigoureux appétit pour la chair humaine, le mort-vivant tel qu’il apparaît dans La Nuit des Morts-Vivants est une entité aussi macabre que politique. 

 

photo La nuit des morts-vivantsUne certaine idée de l'effroi

 

Alors que le noir et blanc n’est plus depuis quelques années l’apanage de la modernité au cinéma, le jeune metteur en scène prouve par les seules grâces de son imagination, de sa mise en scène et de sa conscience aiguë des démons qui traversent l’Amérique, combien il est le porte-étendard d’un cinéma résolument moderne, qui contient déjà en lui tous les germes du Nouvel Hollywood. 

En premier lieu, la vision de ces corps affamés saturant l’écran et l’image, au grain distinctif du 35mm, nous renvoie vers l’imagerie du spectre, mais Romero s’en distingue progressivement, et évoque petit à petit les terreurs d’une génération déjà marquée par l’héritage de la Seconde Guerre Mondiale, et que le Viêt Nam achève de transformer en chair sacrificielle. Et dans cet imaginaire cadavérique surgit ultimement la violence du racisme, qui achèvera de marquer le public. Le zombie moderne est né, et s’apprête à déferler sur les écrans du monde entier. 

À voir aussi : Bio Zombie, The BatteryLe Massacre des morts-vivantsLa Nuit a dévoré le monde

 

photoComme un lundi

 

Le Mort-vivant (1974)

Les années 1970 sont souvent perçues comme l'époque bénie du Romero-roi, et de ses commentaires sociaux acerbes. Mais il n'était pas seul sur ce créneau. Il n'était même pas le seul à tordre la figure du zombie et à la transformer en reflet d'un monde auquel elle n'échappe pas complètement. Coincé entre La Nuit des morts-vivants et Zombie, Le Mort-vivant est l'oeuvre d'un autre artisan de l'horreur emblématique de la période, malheureusement trop rarement cité : Bob Clark.

Sorti en 1974, ce conte pourrissant accompagne l'autre grande contribution du cinéaste à l'industrie, Black Christmas, quasi-inventeur du slasher. Et comme lui, il est à des années-lumière de la bêtise qu'on lui prête sans l'avoir vu. On y suit une famille endeuillée par la mort du fils, perdu à la guerre. Mais alors que chacun gère sa tristesse à sa manière, le soldat revient, dans un état second.

 

photoFirst Blood

 

Bien évidemment, le scénario d'Alan Ormsby sert de métaphore pour le syndrome post-traumatique, et le sentiment de déconnexion des jeunes vétérans lorsqu'ils reviennent du front. La guerre tue, qu'on s'en sorte ou pas. Les survivants restent morts à l'intérieur, surtout quand ils contaminent le reste de la société de leur obsession pour le morbide. Plus subtil qu'il n'en a l'air, le long-métrage reconstitue à travers la palette de personnages les différentes réactions possibles face à une guerre qu'ils ne peuvent vraiment connaître, du sentiment de colère au déni pur et simple (incarné par la mère).

À l'inverse de son collègue Romero, qui se sert de la masse informe (plus pour très longtemps) formée par les zombies pour faire état d'un malaise social et politique global, Clark reste dans la sphère de l'intime, étudie la décomposition d'un corps, d'un esprit, d'un foyer. Une idée tragique, qui influencera beaucoup de scénaristes, et même de productions en apparence bien plus bourrin, comme 28 semaines plus tard et son asymptomatique vengeresse.

À voir aussi : The Cured

 

photo, Ellen PageElliot Page dans The Cured, qui reprend quelques thématiques similaires

 

Zombie (1978)

Une décennie s’est écoulée. Suite à une erreur administrative aussi terrible que banale, Romero n’a jamais pu goûter aux retombées économiques de son classique instantané. Alors, pourquoi pas remettre le couvert ? Sauf que Zombie, que produit Dario Argento, ne se contente pas d’être une bête suite capitalisant sur le succès de La Nuit des Morts-Vivants

Une décennie après avoir inventé le zombie moderne, le cinéaste le révolutionne déjà, en greffant la charge politique de son intrigue non plus aux alentours de la crise horrifique, mais en chargeant ses cadavres dévoreurs d’une profonde charge contre la société de consommation. Alors que l’épidémie zombie fait vaciller les États-Unis, un petit groupe de survivants se réfugie dans un supermarché... mais ce dernier est bientôt assiégé par les morts, dont le dernier réflexe est de s’y retrouver. 

 

photoTarte à la crème de tête

 

Ainsi, le temple de la consommation est simultanément l’unique horizon d’humains à l’imaginaire amputé, et le sens ultime de “l’existence” de la majorité, à savoir une armada de cadavres putrescents. Difficile de faire plus glaçant et transparent. Dès lors, et avec encore beaucoup plus d’intensité, confrontés aux ferments de la désunion qui minent l’humanité, l’absence d’empathie, de rapport à l’altérité, on sent, du côté des zombies, pas encore de l’intelligence, mais les débuts d’une action porteuse de sens. 

Une équation redoutable, qui va donner au divertissement à base de zombie sa forme quasi définitive et encore largement usitée à l’heure actuelle. Une folie qui éclate dès l’introduction du film au cours de laquelle le spectateur assiste, pendant près d’une vingtaine de minutes, à la déliquescence d’une civilisation, d’un plateau de télévision en ébullition, jusqu’à une scène d’émeute anthropophage. 

À voir aussi : Le Jour des morts-vivants, Land of the dead - Le Territoire des morts, Diary of the Dead : Chroniques des morts-vivantsLa Nuit des fous vivants

 

Photo ZombieUn visionnage qui fait son petit effet

 

Simetierre  (1989)

Il fallait bien passer par la case Stephen King à un moment ou un autre. Le grand maître de l'horreur a abordé la figure du zombie dans son livre culte Simetierre, publié en 1983 et rapidement adapté en film par ses propres soins, pour la réalisatrice Mary Lambert. Ici, le mort-vivant n'est pas une histoire de contamination, mais de malédiction, autour d'un cimetière indien et d'un territoire sacré que la civilisation occidentale a oublié et souillé.

Ce qui commence avec un simple chat des enfers, ressuscité par surprise après avoir été enterré dans ce cimetière pour animaux abandonnés, se termine dans une tragédie absolue. Après la mort accidentelle de son fils, le père de famille décide de le ramener à la vie, sans se soucier des graves conséquences. Le môme se relève certes, mais avec un appétit de sang et de violence. C'est le début d'un cauchemar où la figure de l'innocence devient le vecteur d'une horreur absolue, puisqu'il tue sa mère, avant d'être lui-même retué, par son père cette fois.

 

PhotoLe comité de l'image de marque des chats s'en souvient

 

Cette variation du zombie à l'indienne permet à Stephen King de raconter l'abîme du deuil, et la défaite de la raison face au cœur, même (surtout) face à l'horreur totale. Car à la fin, le père décide de recommencer : il enterre sa femme dans le cimetière des enfers, convaincu qu'elle pourrait revenir comme avant, contrairement à leur fils. Simetierre se termine sur les retrouvailles morbides du couple, et la mort inévitable de celui qui avait de toute façon tout perdu. Soit une fin d'une noirceur abyssale.

Peu importe les qualités ou les défauts du film de 1989, ou de l'adaptation de 2019 réalisée par Kevin Kolsch et Dennis Widmyer. Simetierre est un bel exemple de comment le zombie est utilisé pour raconter un drame, et aborder la mort comme horizon ultime et infranchissable dans l'existence. Comment se remettre de la perte d'un être cher ? Que se passerait-il si l'on avait le pouvoir de le ramener ? Et plus symboliquement, il y a cette idée que sans l'étape douloureuse où le passé doit être laissé derrière, le deuil peut vous engloutir à jamais. Oui, le zombie peut être un vertige de mélancolie derrière ses râles et sa bouche dégueulasse.

À voir aussi : Frankenweenie, Maggie, In the flesh

 

photo, Arnold SchwarzeneggerPapapocalypse

 

Braindead (1992)

Poussé dans ses derniers retranchements d’abomination gorasse, le zombie dévoile son potentiel cartoonesque, et personne ne l’a mieux compris que Peter Jackson. Le mort-vivant ne l’a certes pas attendu pour se marier avec quantité de concepts issus de la série B, du pulp, tant la créature s’avère compatible avec ce que la culture populaire contient de savants fous ou de nazis d’opérettes. Depuis longtemps, pointe la folie, en grande partie initiée par le cinéma d’un Lucio Fulci, qui a trituré le zomblard dans tous les sens. 

Mais quand Jackson s’en empare, c’est pour réaliser un véritable opéra de chair, lancer une turbine à boyaux à pleine vitesse. Son scénario à lui seul a des airs d’épopée, où se mêlent l’évocation de Skull Island, une histoire d’amour totale et naïve, un gros problème d’Œdipe, un curé amateur de kung-fu et surtout des cohortes de morts-vivants, dont le pourrissement autorise toutes les démences. 

 

photoL'ultime cauchemar vegan

 

Toujours inégalé dans la sauvagerie hilare, trente ans après sa sortie, Braindead utilise le zombie comme une sorte de super sparadrap collé au doigt de ses héros, qui deviendrait plus massif et indétachable à chaque inflexion du poignet. Soit une collection de sévices qui mélangent allègrement litrons d’hémoglobine, latex, miniatures, animatroniques et faux membres, alors que tout ce beau monde se découpe et s’annihile. 

Cette énergie cosmique change autant la tonalité du film que l’ADN des zombies. Ceux-ci servent purement le récit, et paraissent plus refléter l’âme joueuse du metteur en scène qu’un véritable principe horrifique. Tantôt prédateurs, tantôt blagueurs, ces morts-là sont surtout des caricatures de vivants, dont l’appétit pour le chaos a été démultiplié, au contraire du surmoi, aux abonnés absents.

Notre dossier sur le film

À voir aussi : Re-Animator, Evil Dead, OverlordVersus, l'ultime guerrier

 

photoPlus haut les pommettes !


28 jours plus tard (2002)

Et si, plutôt que des cadavres ambulants narcoleptiques, les zombies étaient des fusées à réaction sur pattes ? Bienvenue dans 28 Jours plus tard, la péloche crasseuse et furibarde signée Danny Boyle, qui s'est permise de transformer à jamais le genre et les créatures qui le peuplent. L'auteur du scénario, Alex Garland, qui avait déjà collaboré avec Boyle sur l'adaptation de son roman La Plage, a avoué s'être beaucoup inspiré du jeu vidéo pour concevoir ses zombies champions du 400 mètres. Ça se voit.

Pur produit de son époque, 28 Jours plus tard crée plus ou moins "l'infecté", dérivé zombiesque qui reflète l'accélération de l'esthétique cinématographique et vidéoludique des années 2000. Paradoxalement, s'il prétend à une dimension clinique, pathologique, il n'est ni plus ni moins que la manifestation presque théorique de l'horreur moderne, dans laquelle les monstres surprennent plus qu'ils n'oppressent et transforment instantanément quiconque est en contact avec eux en bête enragée.

 

photoToi vs le couvre-feu

 

Jouant sans cesse du contraste entre la beauté d'un monde dévasté (l'introduction, bien sûr) et la violence de l'instrument de sa ruine, le film est une expérience exigeante, qui a terrassé tous ses spectateurs à l'époque. Personne n'y est en sécurité. Un sentiment de danger constant que tentera d'émuler - souvent vainement - une nouvelle vague de longs-métrages.

Avec son succès gigantesque (85 millions de dollars de recette pour 8 millions de budget) et sa musique instantanément reconnaissable, 28 Jours est une révolution mythologique presque comparable à La Nuit des morts-vivants (le sous-texte social en moins). Il y a un avant et un après, qui ne cessera de lui rendre hommage. Quelques mois après sa sortie, Zack Snyder transforme l'essai et enterre métaphoriquement le zombie léthargique avec son remake de Zombie. Dès lors, 95 % des morts-vivants seront de hargneux infectés, des plus fauchées des séries Z aux plus friqués des blockbusters. Welcome to the new age.

À voir aussi : 28 semaines plus tard, L'Armée des morts, Resident Evil, Dernier train pour BusanWorld War Z

 

Armée des mortsSnyder des der

 

Shaun of the Dead (2005)

Une bande de potes décide d'adapter un des épisodes de sa série délirante Spaced au cinéma, sans savoir si l'objet trouvera son public. Heureusement, la bande de potes en question est composée d'Edgar WrightSimon Pegg et Nick Frost. Et leur amour commun du cinéma de Romero, ainsi que leur créativité hors-norme, transforme ce petit projet inoffensif en une des comédies d'horreur les plus efficaces de l'Histoire.

À une époque où le zombie sous speed post-28 Jours plus tard ruissèle sur les écrans sans discontinuer, le trio décide de revenir au coeur du mythe, pour une parodie au sens noble du terme. Si elle pastiche avec délice les codes du genre, elle en reproduit les meilleurs aspects. Le zombie reflète encore une réalité dure à admettre (Shaun est un gros branleur) et il est une fois de plus au coeur d'expérimentations formelles exigeant un budget inversement proportionnel au nombre d'idées de Pegg et Wright, les deux scénaristes.

 

PhotoFlash mob

 

Shaun of the dead est un véritable festival de gags visuels qui popularise auprès du grand public le style Wright, son goût pour l'insert et son rythme effréné. Comme les autres films de la géniale trilogie Cornetto, il commente au passage les mystères de l'amitié grâce à un traitement très touchant du duo d'acteurs principaux. Bref, c'est une véritable mine d'or pour l'amateur de zomblard.

Il n'en fallait pas plus à l'industrie pour relancer la comédie horrifique et se moquer du zombie à toutes les sauces. Si le cynisme de certaines de ces propositions, méprisant au fond leur sujet, fait peine à voir (Dead SnowManuel de survie à l'Apocalypse zombieThe Dead Don't DieLittle Monsters plus récemment), plusieurs bonnes surprises ont pu émerger, comme Bienvenue à Zombieland. Mais ne soyons pas dupes : pas un des titres mentionnés ci-bas n'arrive aux chevilles de Shaun of the dead.

À voir aussi : Bienvenue à Zombieland, Warm Bodies, The Dead Don't Die, Fido

 

Photo Jesse EisenbergRègle numéro 27 : ne pas oublier la zom-com à l'américaine

 

Ne coupez pas ! (2017)

Comment raconter des histoires de zombies situées dans un monde où tout le monde a déjà entendu parler des zombies ? La question a l’air toute bête, mais elle nous renvoie à la base de ce qui fonde le genre fantastique, soit l’irruption dans la normalité, d’un phénomène, d’un évènement, ou d’une créature surnaturelle. En effet, le mort-vivant est si puissamment installé dans la pop culture, qu’il est devenu impossible de croire à des personnages qui ne seraient pas familiers avec le concept. 

Mais si nos héros savent ce qu’est un zomblard, comment introduire l’étrangeté, la surprise, le vertige de la découverte ? Tout simplement en poussant la logique encore plus loin et poussant les morts-vivants à contaminer... leur propre film. C’est symboliquement l’idée géniale de Ne Coupez pas !, qui raconte comment le tournage d’un film fauché se transforme progressivement en son propre film d’horreur. 

 

photoUn film un peu marteau sur les bords

 

Porté par un principe de mise en scène simple, mais jusqu’au-boutiste, une double lecture permanente, quantité d’idées toutes plus violentes et divertissantes les unes que les autres, le récit de Shinichiro Ueda est à la fois une expérience maline et une observation pertinente sur l’épuisement de cette figure passionnante. Surreprésentée dans le cinéma de genre, mais aussi dans quantité d’autres domaines (un siège de morts-vivants en constituait-il pas le sommet spectaculaire de la 8e saison de Game of Thrones ?), cette créature a-t-elle encore de l’avenir ? Peut-elle redevenir plus que son propre commentaire ? 

On pourrait être tenté de prédire son assèchement, la fin de son formidable appétit. Mais ce serait oublier les œuvres qui parsèment la liste ci-dessus et leur message sous-jacent. Avant toute chose, le zombie est une idée mutante, un éternel retour qui afflue ou reflue en fonction de nos angoisses, et de la représentation que nous osons nous faire du néant. 

À voir aussi : Get the hell out

 

photoGet the hell out, adaptation géniale du zombie aux codes de l'absurde 2.0. Le futur ?

 

Mais aussi...

Évidemment, il a fallu se limiter à dix films, un crève-coeur quand on connait la déferlante qui s'abat tous les ans dans les salles et en vidéo. Certains titres ne rentraient pas dans la liste, car nous n'avons pas réussi à les incorporer. Néanmoins, ils témoignent parfois de l'efficacité du genre, même récemment. Ainsi, The Dead ou I Am a Hero par exemple, ne révolutionnent rien, mais leur contribution reste importante, tant les idées qu'ils contiennent nourrissent l'imaginaire collectif. On peut en dire autant de Messiah of Evil, petite pépite simplement terrifiante qu'on vous recommande chaudement.

D'autres films sont d'authentiques interprétations inédites de la figure du zombie. Nous déplorons par exemple de ne pas avoir pu caser les morts-vivants de Lucio Fulci (L'Enfer des zombiesL'Au-delà), putrescents, dégoulinants de vers. Comme souvent chez le cinéaste italien, la pourriture envahit le cadre, métaphoriquement et concrètement. Les deux longs-métrages comportent d'ailleurs un lot d'effets gores encore insurpassables. De même, le traitement du zombie en animation, de L'étrange pouvoir de Norman à Seoul Station, s'avère fascinant.

Enfin, de nouveaux médiums s'emparent de ces monstres, souvent avec panache. Si le jeu vidéo mériterait un article à lui seul, ses influences commencent à poindre, dans The Last Girl, par exemple, dont nous avions défriché les liens avec The Last of Us dans ce dossier. De même, la télévision et surtout les services de SVoD sautent sur l'occasion. Passons sur The Walking Dead, le plus célèbre représentant du genre sur petit écran. Si iZombie et Z Nation n'ont pas convaincu, Black Summer (spin-off de Z Nation) et Kingdom, tous deux sur Netflix, continuent de passionner. Et si la prochaine révolution zombiesque, elle était là ?

Tout savoir sur Army of the Dead

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commentaires
xav
08/07/2021 à 14:47

Le meilleur, ça reste The Girl With All the Gifts.


08/07/2021 à 07:03

Worl War Z ne fait pas partie des 10, heureusement, c'est une daube qui est très loin du chef d'oeuvre de Max Beooks, vous auriez pu aussi parler de Fido, un film canadien de 2006 d'Andrew Currie, une comédie sympa qui raconte l'amitié entre un zombie et un gamin, ou encore le génialissime film espagnol REC de 2007 de Paco Plaza et Jaume Balagueró,

Lomo
29/06/2021 à 19:46

World War Z est l'un des pires films jamais fait, il a tellement le matériel original qu'il ne devrait pas porter ce nom, une succession de situation déconnectée les unes des autres, une fin qui n'a ni queue ni tête, au moins que les zombies se soucieraient de qui est malade ou pas

Je suis une légende avec Will Smith, une honte sans nom, une telle trahison, le premier avec Vincent Price respecte l'œuvre de Matheson

Jg
31/05/2021 à 08:27

The Battery.

le Waw
31/05/2021 à 00:16

Heu...... Et le retour des morts vivants alors ????

Cooper
30/05/2021 à 22:39

@Sascha, qui est un remake de «  la nuit des fous vivants » de George Romero.

Sascha
30/05/2021 à 20:27

Je garde aussi un très bon souvenir de "The Crazies" avec Timothy Olyphant & Radha Mitchel

Madix
30/05/2021 à 16:13

World war Z est l'un des meilleurs

C.Ingalls
30/05/2021 à 14:36

28 Jours Plus Tard, ce n'est pas de la "peloche crado", mais de la vidéo SD. On ne le verra jamais en 4K.

Deck
30/05/2021 à 13:51

Je suis une légende, de Richard Matheson, avec Vincent Price.
ça c'est la base :)

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