The Boy : La malédiction de Brahms - il n'y a pas que Chucky et Annabelle dans la vie des poupées maléfiques

Geoffrey Crété | 26 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 26 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La sortie de The Boy : La malédiction de Brahms, ce 26 février, donne envie de replonger dans les poupées du cinéma d'horreur.

Il est de retour. Quatre ans après The Boy, Brahms revient dans The Boy : La malédiction de Brahms. Cette fois, c'est Katie Holmes qui croisera sa route, et pour tout amateur de films d'horreur, c'est une piqûre de rappel : attention aux poupées.

Difficile de ne pas penser à l'increvable Chucky et les récents Annabelle, visages les plus populaires des poupées des enfers. La création de Don Mancini a donné vie à une franchise interminable, capable du meilleur comme du pire, et qui reviendra encore prochainement ; la star du Conjuring-verse, elle, a déjà eu droit à trois aventures solo.

Mais il n'y a pas que Chucky et Annabelle dans la vie. Au cinéma et dans les séries, la figure de la poupée démoniaque a pris beaucoup de visages différents, inspiré bien des scénaristes et réalisateurs, et donné lieu à pas mal de versions marquantes.

Tour d'horizon de quelques-unes des plus flippantes, et pas forcément les plus remises sur le tapis.

 

 

LA PLUS PERTURBANTE

Film à sketches culte de 1945, Au cœur de la nuit (Dead of Night) a marqué l'imaginaire de la démoniaque poupée avec le segment Le Mannequin du ventriloque. Réalisée par Alberto Cavalcanti, cette partie raconte l'histoire d'un ventriloque instable, qui agit comme si sa poupée Hugo était vivante et dangereuse. Bien sûr, il ne rêve pas, et le machin cache bien quelque chose de pas très catholique.

Le segment a surtout marqué les esprits avec sa fin. Emprisonné après avoir tiré sur un homme, le héros retrouve la marionnette sur les conseils d'un médecin, et la détruit dans un accès de rage. Léthargique suite à cet événement, il reçoit finalement la visite de sa victime, qui le sort enfin de son mutisme. Et la voix qui résonne... est celle de la marionnette, sans que ses lèvres ne bougent.

Le corps de l'homme semble avoir été vidé, déserté, suite à la destruction de Hugo, comme si les deux ne formaient qu'un depuis le début. L'un des deux a bien été anéanti, mais dans un terrible et ironique coup du sort, pas celui qui était prévu. Ne reste alors plus que cet esprit enfantin. "Il y a longtemps que je t'attendais...".

Au coeur de la nuit est bon pour d'autres raisons machiavéliques, mais Le Mannequin du ventriloque reste l'une de ses facettes les plus marquantes. Au fil des décennies, cette idée du double intimement lié, des transferts d'esprit et de personnalité, a été maintes fois réexploitée, au cinéma et dans les séries.

 

photo, Michael RedgraveMichael Redgrave, vraiment excellent

 

LA PLUS FONDATRICE

La Quatrième Dimension est une source inépuisable de cauchemars, de rêveries, d'illusions et de réflexions sur les limites de l'existence, dans les dimensions communément admises. Parmi les très nombreux épisodes cultes, il y a La Poupée vivante, sixième épisode de la cinquième saison, réalisé par Richard C. Sarafian (et avec la musique de Bernard Herrmann, rien que ça). Bien avant Chucky, il y a donc eu Talky Tina, charmante petite chose offerte à la petite Christie par sa maman Annabelle (Annabelle, oui). Le beau-père n'est pas un homme très épanoui, et sa frustration se manifeste sur la petite fille, du moins jusqu'à ce que Tina arrive et provoque quelques sueurs froides éventuellement mortelles chez l'adulte.

C'est un conte classique, dont l'idée sera reprise des tonnes de fois par la suite, si bien que l'épisode semble totalement prévisible et téléphoné - preuve encore une fois de la force de l'anthologie de Rod Serling qui a servi de terreau à une grosse partie du cinéma de genre par la suite. Mais The Twilight Zone reste un modèle du genre avec son économie de moyen et sa géniale simplicité. Il suffit que Talky Tina sorte de son petit discours programmé et vendu sur la boîte, pour semer le doute, la peur et la panique, avec des phrases aussi génériques que "Je ne t'aime pas". Car derrière le cauchemar, il y a l'histoire d'une enfance à protéger, et si l'indestructible Tina devient la gardienne de la petite Christie, c'est d'abord parce qu'elle en a besoin.

La punition pour les adultes sera néanmoins lourde, puisque la poupée demandeuse d'amour n'est pas là que pour Christie, comme en témoignent ses ultimes mots dans l'épisode : "Mon nom est Tina... et tu as intérêt à être gentille avec moi !". Ou comment imaginer la version horrifique de Toy Story.

 

photoLa mamie d'Annabelle donc

 

LA PLUS OUBLIÉE

Oui, Magic existe. Anthony Hopkins en ventriloque accroché à sa poupée, Richard Attenborough derrière la caméra, tout ça dans une histoire adaptée de William Goldman. Ce trio en or qui compile plus d'Oscars que Meryl Streep a donné vie à ce film, énorme bide à sa sortie en 1978. Rien de fantastique ici, au propre comme au figuré : Fats la poupée n'est qu'un outil pour mettre en scène la lente démence d'un homme fragile et perturbé, qui va peu à peu en arriver au sang pour tenter d'arriver à ses fins sentimentales.

En ça, Magic rappelle beaucoup un film fondateur dans l'histoire de la marionnette au cinéma : Gabbo le ventriloque, film de 1929 de James Cruze, avec Erich von Stroheim en ventriloque lui aussi rendu fou par l'amour.

Celui de Richard Attenborough n'a pas autant marqué les mémoires, même si Hopkins (avant Elephant Man, avant Le Silence des agneaux) y a été très remarqué. C'est sûrement l'aspect le plus intéressant d'un film sinon trop timoré, qui tourne en rond, et offre plus de moments marquants dans l'écriture de son personnage féminin à la masse que du côté de la marionnette.

 

photo, Anthony HopkinsHannibal L'écoeure

 

LA PLUS CHELOU

Dans la série des poupées, ventriloques et autres dérivés, il y a Schyzo Dream, alias Pin en version originale. Petit film canadien inédit dans nos salles, qui s'est échoué sur le marché de la vidéo à la fin des années 80, le film de Sandor Stern avec notamment David Hewlett et Terry O'Quinn a fait son petit effet à l'époque auprès des amateurs. Et c'est mérité vu la nature inattendue et perturbante de cette histoire, centrée sur un mannequin anatomique qui va créer quelques troubles dans une famille.

Il y a à l'origine un père médecin, froid et ventriloque à ses heures perdues, qui a nommé le mannequin de son cabinet Pin, et l'utilise pour communiquer certaines choses avec ses enfants de manière ludique. Mais le petit Léon se prend un peu trop au jeu, aime vraiment beaucoup Pin, et sa vision de la vie vrille totalement lorsqu'il surprend une infirmière qui utilise son copain comme un sex toy. À 18 ans, Léon est lui aussi un excellent ventriloque, et Pin est son confident. Et leur relation prime sur tout et tout le monde.

Schyzo Dream a des airs de Magic dans sa construction, avec la poupée comme figuration de la douce folie d'un homme, mais malgré des moyens limités, le film de Sandor Stern va plus loin, avec notamment une très belle fin, qui pousse l'idée jusqu'au bout. Et David Hewlett (futur acolyte de Vincenzo Natali, vu dans Cube, Nothing ou encore Cypher) est excellent.

 

photoREDRUM REDRUM

 

LA PLUS COOL

Bien sûr que Stuart Gordon a tâté de la poupée. Le réalisateur culte de Re-Animator, Dagon et Fortress bien sûr, a mobilisé son sens du baroque, de l'horreur et du grotesque dans Dolls - Les Poupées, inédit dans nos salles, mais naturellement devenu une référence en vidéo. Concentré de cinéma d'horreur eighties, Dolls tourne autour d'une maison perdue dans les bois, où une famille échoue après une panne de voiture, en plein orage. Une douce petite fille avec son papa odieux et sa belle-mère odieuse, deux sous-Madonna et un grand môme aux faux airs de Sean Astin se retrouvent donc une nuit dans ce musée des horreurs plein de poupées, où vivent deux vieux parfaitement sinistres. Et ces charmants jouets sont évidemment affreux, vivants, et prêts à punir tous les adultes.

Au-delà de la patine kitsch fantastique (dédicace spéciale à la VF), il y a là une flopée de scènes mémorables : lorsque l'une des pauvres pouffes est attaquée dans le grenier, et révèle ce qui se cache derrière la porcelaine et le plastique des jouets en essayant de survivre, il y a quelques images gentiment perturbantes qui peuvent offrir matière à pas mal de cauchemars. Même chose pour la punition du papa, l'attaque de la marâtre, ou encore la scène qui donnera la belle affiche du film.

La magie old school des effets spéciaux aide au charme de cet objet déviant particulièrement jouissif. Et la fable moraliste, qui attaque le cynisme des adultes pour chérir l'innocence des autres, ajoute une couche encore plus délicieuse à ce Dolls, qui invoque justement la candeur du spectateur pour en avaler les grosses ficelles, et croire à ces poupées des enfers.

 

photo, Carrie LorraineMais oui bien sûr, dormons avec ce machin pas du tout inquiétant

 

LA PLUS AMUSANTE

En sept saisons de Buffy contre les vampires, Joss Whedon a balayé tout le bestiaire du cinéma de genre, du plus noble (les Gentlemen gothiques, la déesse Gloria) au plus gênant (un robot nommé Moloch, un biker des enfers). Impossible de ne pas sortir la carte marionnette donc, arrivée dès la première saison dans l'épisode... La Marionnette.

Fraîchement arrivé après la mort de son prédécesseur (oui, il y avait un proviseur avant lui), Snyder force Buffy, Alex et Willow à participer au spectacle de théâtre du lycée. La Tueuse attirant les ennuis comme un aimant à chaos, elle retrouve bientôt le cadavre d'une camarade, le coeur arraché. Tout indique que Morgan, la marionnettiste, est responsable ; sauf que sa marionnette Sid est vivante, et semble en vouloir à l'héroïne.

Après une petite "baston" absolument épique entre un gros chandelier et un mur, qui figure parmi le meilleur des pires moments de la série, Buffy et la poupée s'arrêtent pour discuter : elle apprend alors que derrière ses airs brillants et sibyllins, Sid est un chasseur de démons, piégé dans ce corps en plastoc à cause d'une malédiction. Le visage des enfers cache donc un allié.

Ce petit renversement, qui s'amuse à se jouer des attentes d'un spectateur biberonné au cinéma de genre, atteste du recul malin de Joss Whedon sur ces mythologies. L'épisode est loin d'être parmi les plus marquants de Buffy contre les vampires, mais il y a suffisamment d'esprit pour en faire un moment significatif.

 

photoGrand moment d'acting entre Sarah Michelle Gellar et un mur

 

LA PLUS OLD SCHOOL

Après Saw et avant son décollage ultime avec Insidious et Conjuring : les dossiers Warren, James Wan a rendu hommage aux poupées des enfers avec Dead Silence en 2007. Faussement modeste avec son budget de 20 millions (autant que Conjuring), cette histoire est un pur hommage au genre, option gothique : humiliée sur scène, une ventriloque se venge en tuant l'enfant qui a osé moquer ses talents, et traque toute la lignée du méchant môme après qu'on lui ait coupé la langue en représailles.

Dead Silence a ses défauts, et le scénariste Leigh Whannell est le premier à les reconnaître, regrettant quasiment d'avoir accepté ce projet qui a été remanié et refaçonné par le studio. Mais le talent de James Wan est là, dans l'ambiance et quelques scènes amusantes.

Et surtout, tout le film repose sur cet ultime twist terrifiant : le héros (et le spectateur) a tellement poursuivi Mary Shaw et mené son enquête, qu'il a raté le vrai danger, présent sous ses yeux depuis le début au sein même de sa famille. Car la douce belle-mère était la dernière poupée, la parfaite marionnette de sa cruelle adversaire, et elle maniait depuis le départ son père, mort et transformé en poupée pour le berner.

Ou comment brillamment illustrer le pouvoir de manipulation d'une histoire, avec le scénariste qui tire les ficelles dans l'ombre, derrière les personnages, afin de piéger le spectateur en maîtrisant son attention. Rien que pour cet effet malin, Dead Silence mérite d'être réévalué.

Pour plus de raisons de (re)voir Dead Silence, c'est dans ce dossier.

 

PhotoVivement qu'il rejoindre le Conjuring-verse

 

Après l'amusant The Boy en 2016, The Boy : La malédiction de Brahms de William Brent Bell arrive donc ce 26 février en salles. Katie Holmes y croise la route de Brahms, que son film adopte comme nouvel ami, sans se douter de sa véritable nature, et des événements de la Heelshire Mansion.

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

 

Affiche française

Tout savoir sur The Boy : La malédiction de Brahms

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