Daredevil, Luke Cage, Jessica Jones... les super-héros Marvel chez Netflix, un échec de plus en plus clair ?

Simon Riaux | 1 juillet 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 1 juillet 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Alors que la saison 2 de Luke Cage a récemment été lâchée sur Netflix, faisons un point sur l'alliance Marvel/Netflix.

Quand Netflix dévoile en avril 2015 la première saison de Daredevil, adaptation en séries des comics chapeauté par Drew Goddard, le géant de la SVOD entame une collaboration d’une ampleur inédite avec Disney, à l’ambition dévorante. Le succès est vite au rendez-vous, le public est conquis.

Il a depuis été question de lancer ou continuer, dans un timing plus que resserré, quatre séries, chacune consacrée à un des membres des Defenders, groupe de super-héros new-yorkais qui auront ensuite droit à un cinquième show les rassemblant, et un sixième sur un anti-héros croisé par l'un d'eux. Trois de ces quatre personnages (Jessica JonesIron Fist et Luke Cage) sont à peu près totalement inconnus du grand public, et le seul à bénéficier d’un peu de visibilité préalable (Daredevil) a été méchamment souillé par une adaptation cinématographique aux airs de catastrophe nucléaire.

Le défi que pose donc ce projet est de taille. Trois ans plus tard, après six séries et neuf saisons (en comptant The Defenders et The Punisher), tous les personnages ont été lancés, les Defenders ont accompli leur premier tour de ronde. Mais l'entreprise est-elle un succès ?

 

PhotoUne très belle pyramide humaine

 

YOU KNOW MY NAME

Netflix a pour habitude de ne pas communiquer ses chiffres de visionnage, mais le simple fait que chaque série, y compris la moins appréciée (Iron Fist avec Finn Jones) soit renouvelée, indique clairement que le géant de la SVOD et Disney trouvent leur compte et que ces productions sont suivies. Autre indice : lors de sa diffusion, Daredevil a talonné Game of Thrones en matière de téléchargement illégaux sur certaines plateformes prisées des pirates.

 

PhotoLes Defenders 

 

Enfin, la mise en chantier d’une série dédiée au The Punisher, qui tourne actuellement sa deuxième saison témoigne clairement de la dynamique des audiences et de l’enthousiasme que le projet génère.

En matière de vie du catalogue et d’occupation de l’espace, pour Marvel, l’entreprise est un carton plein. En effet, Daredevil a fait oublier le film où officiait Ben Affleck et peut désormais se targuer d’être l’image persistante du héros pour le grand public. Il en va de même pour le Punisher, que tout le monde associe désormais à la prestation fiévreuse de Jon Bernthal, l'un des acteurs les plus appréciés des fans.

Le challenge était peut-être encore plus relevé en ce qui concerne les autres personnages. Il y a trois ans, seuls les amateurs de comics connaissaient Jessica Jones, Iron Fist et Luke Cage. Ils sont désormais des visages familiers grâce à Krysten Ritter, Finn Jones et Mike Colter et, semble-t-il, durablement installés de la pop culture contemporaine.

 

PhotoCelui par qui la gloire arriva

 

Toutes les séries n’ont pas bénéficié du même accueil critique, c’est le moins que l’on puisse dire, mais il est notable que chacune d’entre elles ait su s’attirer une communauté de fans. Peu importe finalement que les aficionados de Luke Cage ne se précipitent pas sur les enquêtes de Jessica Jones, ils témoignent de la capacité de l’écurie Marvel à occuper presque tous les terrains de la fiction, et démontrent la capacité industrielle de Netflix à "fabriquer" des produits où ils peuvent se déployer.

 

Photo Krysten RitterKrysten Ritter

 

LA RECETTE DE MAMIE

Sur le plan de la réussite artistique, tout devient immédiatement plus discutable. On ne reviendra pas ici sur les forces et faiblesses individuelles de chaque show, mais impossible de ne pas relever certains problèmes structurels récurrents.

 

PhotoCombat générique, épisode 7494

 

En l’état et après trois années de diffusion à un rythme intense, le choix du format paraît de plus en plus discutable. À l’heure actuelle, aucun de nos héros n’est capable de remplir 13 épisodes d’une heure. Tous sont condamnés à dilater des sous-intrigues loin d’être passionnantes, à s’embourber dans des dialogues interminables ou à rejouer des arcs scénaristiques tellement stéréotypés que l’investissement du spectateur est soumis à rude épreuve. La saison 2 de Luke Cage l'a encore rappelé.

Le même constat peut être fait de la charte esthétique développée par Netflix. La première saison de Daredevil avait frappé par sa sèche urbanité et son sentiment de réalisme, assez inhabituel dans le genre. Plusieurs scènes avaient clairement marqué le public et emballé la critique, à l'image de la baston dans le couloir.


 

Depuis, il semble que ces Defenders souffrent un peu trop d’une uniformisation qui les paralyse. On a beau noter quelques échappées stylistiques ici et là (Luke Cage en est probablement l’exemple le plus évident), leur unité visuelle finit par les desservir.

Ce côté « production à la chaîne » se retrouve jusque dans les intrigues enchâssées, qui privilégient souvent l’avènement d’un super-bad guy en milieu de saison. La méthode n’est pas déplaisante en tant que telle, mais son systématisme amoindrit sa force, et donne le désagréable sentiment de regarder encore et encore la même histoire.

 

PhotoAvoir de bons copains

 

D’ailleurs, exception faite de Daredevil (et encore), les similitudes entre les protagonistes vont jusqu’à la description de leurs pouvoirs. En l’état, il nous manque ce sentiment euphorisant de complémentarité, les échanges de compétence qui ont toujours fait de X-Men une source de surprises et d’interactions délirantes. Ici, on a plus ou moins affaire à quatre cadors très très forts, qui se castagnent avec talent et font preuve d’endurance.

C’est sans doute un avantage en matière de réalisme, mais c’est aussi source de répétitions sacrément décevante. Enfin, malgré quelques effets d’annonces et une poignée de détails – essentiellement dans Daredevil –, jamais les Defenders  ne seront parvenus à s’inscrire pleinement dans le MCU. Trop éloignés plastiquement, trop violents, trop abrasifs, ils ne donnent jamais le sentiment de coexister avec les Avengers, dont on se dit qu’ils leurs feraient roter leurs dents rien qu’en fronçant les sourcils.

 

Photo*insérer légende pertinente

 

NETRISQUE

Mais le plus gros problème des Defenders, c’est l’épée de Damoclès, pendue au-dessus de leurs petits cous tous musclés. En effet, Disney lancera dès 2019 son propre service de SVOD payante, qui sera notamment alimentée par le catalogue du studio. Le studio de Mickey va logiquement sortir les gros moyens, avec déjà une rumeur pas si ridicule d'avoir un spin-off de Star Wars lancé sur ce service pour appeler le public.

Dans ces conditions, on voit mal comment Disney pourrait continuer à laisser Netflix utiliser un catalogue qu’il lui est vital de rentabiliser un maximum. A fortiori si tonton Mickey parvient à acquérir le catalogue Fox, suite à son enchère avoisinant les 80 milliards de dollars. Il paraît limpide que les actionnaires autorisant leur entreprise à mener ce genre d’opération entendent utiliser toute la force des dits catalogues pour générer du profit… et pas pour engraisser Netflix.

 

Photo Finn Jones, Krysten Ritter, Charlie Cox, Mike Colter, The Defenders saison 1"Le premier qui met son slip en pilou sur la tête a gagné"

 

Quant à savoir quel est le détail du contrat qui unit les deux futurs concurrents, c’est probablement là que se joue le nœud du problème, et la clef de l’avenir de ces personnages. Quand et comment Disney pourrait-il en reprendre le contrôle ? Daredevil et ses amis sont-ils contractuellement dans l'univers Netflix pour plusieurs saisons encore ? Comment la transition pourrait-elle se faire ? Voilà qui reste à définir.

Mais, selon cette logique et cette insécurité artistique, on voit mal comment les équipes créatives de Netflix pourraient longtemps continuer à se focaliser sur des produits à l’avenir incertain, quand il deviendra vital pour l’entreprise d’assoir sa position face aux nouveaux venus Disney, puis Apple.

 

PhotoLes personnages, au coeur d'une cité toujours crédible

 

Au final, malgré l’irrégularité manifeste de ces héros, en dépit de défauts de fabrication aussi évidents qu’usants, les voir comme autant d’échecs serait une erreur. Leur reconnaissance au sein du grand public témoigne en effet de la réussite de l’entreprise, quand bien même ces personnages pourraient être en sursis.

Mais n’est-ce pas là le quotidien de tout super-héros qui se respecte ?

 

Photo

Tout savoir sur Luke Cage

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
BOF
13/09/2018 à 23:06

Comment ça! Evidemment que NETFLIX fait partie belle et bien de la production. Quand même je croyais que tout le monde savait déjà cela.

bosmer-fr
11/07/2018 à 01:45

@Pseudo81 : Tu a l'air renseigné, mais au final tu ne l'est pas vraiment...

OUI, Netlfix est surtout diffuseur des séries Marvel mais NON, ils ne font pas que ça. Ils participent à la production, et je vais te donner 3 noms : Allie Goss, Kris Henigman et Alison Engle. Ce sont 3 employés de Netflix, crédités sur les séries Marvel en tant que producteurs exécutifs. Même si Marvel assure une grande partie du côté créatif par le biais de ses studios, Netflix intervient également dans le processus.

Et ce n'est pas étonnant : Les créations Netflix ne sont pas forcément des créations internes ! Le plus souvent, c'est une collaboration étroite avec un studio... ils apportent le financement, la logistique et bien évidemment la distribution... mais ils laissent une grande liberté créatrice. Stranger Things par exemple, c'est le studio 21 Laps Entertainment. Bright est un film netflix, mais produit par la société Overbrook Entertainment.

Mais il n'y a rien de nouveau : A partir du moment où un diffuseur commande une série, il n'est pas inexact de dire que c'est sa création... Que ce soit Netflix, ABC, CBS, Warner Bros, la FOX...

MystereK
04/07/2018 à 09:26

@Pseudo81

"asdededsz justement vas voir tout les proches son simplement sur wikipédia Netflix n'est pas du tout producteur arrêté votre mauvaise fois"

Justement, Wikipedia n'est pas la seule source d'information et certainement pas la plus complète/fiable concernant le cinéma. Tu le monde peut aller ajouter/enlever quelques chose sur WIkipedia sans aucun contrôle et c'est un visiteur suivant qui peux éventuellement corriger quelques chose. De plus,l les professionels ne peuvent même pas corriger les pages qui les cocetnent car selon les règles de Wikipedia, ils manquent d'objectivité (sic... il y a eu plusieurs cas qui ont fait la une de la presse).

Sur IMDB Pro, il y a une validation et les fiches de bases sont créées et misent à jour par les personnes concernées. Pour les titres que j'ai cités, Luke Cage; Iron FIst, The punisher et The Defeders, il y est clairement indiqué que Netflix participe à la production.

Sarcastic
03/07/2018 à 16:16

Du même avis que corleone.. Feige est un sale escroc qui a juste la chance d avoir une brillante équipe pour son mcu

corleone
03/07/2018 à 12:05

Le concept était brillant au départ mais après on va dans tous les sens(IronFist est au mieux l'une des pires adaptations de comics de tous les temps et au pire un crime contre l'humanité), Luke Cage reste un assez bon divertissement, Jessica Jones est prétentieux et chiant, The Punisher rend enfin justice au personnage tant maltraité au cinéma(même si j'ai toujours eu une affection particulière pour War Zone) mais le véritable bémol dans tout ça c'est pourquoi avoir vanté cet univers comme faisant partie du MCU si de toute façon à l'allure où vont les choses on ne les verra jamais dans les films? C'est de la pure anarque ou de la publicité mensongère(coucou Civil War) comme seul Kevin Feige en a le secret car dès l'annonce de ces séries j'ai rêvéet je crois pas être le seul) du Punisher et Daredevil se foutant sur la tronche encadrés par un Captain America dans de nouvelles aventures des avengers. Bref c'est vraiment dommage que ses personnages n'aient pas été intégrés dans le MCU.

Pseudo81
03/07/2018 à 11:37

asdededsz justement vas voir tout les proches son simplement sur wikipédia Netflix n'est pas du tout producteur arrêté votre mauvaise fois

asdededsz
03/07/2018 à 09:48

@Pseudo81 Tu racontes n'importes quoi, une recherche google de 10 secondes permet de te démentir.

@Cowcow idem, tu racontes n'importe quoi.

C'est dingue la quantité de conneries qu'on peut lire dans ces espaces commentaires.

marteau
02/07/2018 à 23:47

https://www.imdb.com/title/tt5290382/companycredits?ref_=ttloc_ql_4

Cowcow
02/07/2018 à 22:40

Mindhunter n est pas produit par netflix non plus au meme titre que stranger things ces deux séries sont la propriété de Disney

MysterK
02/07/2018 à 21:48

Pseudo81

Pour Luke Cage; Iron FIst, The punisher et The Defeders Netflix est bien crédité dans les sociétés société de production au coté de ABC/MARVEL/Disney... Tout est dans IMDB PRO.

Plus