64 ans de Palmarès - 2ème partie

Aude Boutillon | 4 mai 2011
Aude Boutillon | 4 mai 2011

Le 11 mai, cinéastes, acteurs et divas en tous genres fouleront le tapis rouge le plus célèbre du monde. L'ouverture de la  64ème édition du festival de Cannes marque l'occasion de revenir sur autant d'années de récompenses, avec à leur tête la Palme d'Or, objet de convoitise, de controverse, mais surtout manifestation d'excellence et gage de renommée internationale.

 

1987 : Sous le soleil de Satan, de Maurice Pialat

   

 

Récompense contestée, bien qu'accordée à l'unanimité, le film de Maurice Pialat a surtout marqué les esprits pour le petit scandale né de la réaction de son auteur face aux sifflets des journalistes ; alors qu'on lui remet la Palme d'Or, il s'écrie, poing levé : « si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus ».

 

 

1991 : Barton Fink, de Joel et Ethan Coen 

 

 

 Le quatrième film des impitoyables frères Coen brille par un humour pointu, particulièrement inspiré et déconcertant. Sa consécration par la Palme d'Or cannoise a toutefois fait l'objet d'une controverse de taille ; le jury, que l'on accuse d'être influencé par son président, Roman Polanski, décerne deux autres prix à Barton Fink. Ce sera la première et dernière fois qu'un film se voit à ce point auréolé de succès à Cannes, puisque par la suite, des mesures seront prises pour éviter qu'un même métrage rafle trop de trophées.

 

 

1993 : La leçon de piano, de Jane Campion

 

 

 Jane Campion devient la première réalisatrice récompensée à Cannes. Couronné de succès aux Oscars, aux Golden Globes, et aux Césars, La leçon de piano est un film féminin, sensible et passionné, sublimé par une musique du génial Michael Nyman.

 

 

1994 : Pulp Fiction, de Quentin Tarantino

 

 

En cet été 1994, un vent de douce révolte souffle à Cannes. Violent, informel (voire anarchique), rock'n'roll, référentiel, Pulp Fiction fait la part belle à la contre-culture américaine. Servi par un casting quatre étoiles, le film de Tarantino confirme, après Reservoir Dogs, l'explosion d'un cinéaste hors normes et passionné, qui doit sa palme à un Clint Eastwood suffisamment séduit pour obtenir le dernier mot face à Catherine Deneuve, co-présidente du jury. Aux contestataires du verdict, Quentin Tarantino adresse un petit doigt d'honneur en recevant son prix.

 

 

Grand prix de 1998 : La vie est belle, de Roberto Benigni

 

 

Fable profondément émouvante, à la fois déchirante et malicieuse, La Vie est Belle se fait ravir la Palme, à la surprise générale, par le grec L'Eternité et un jour. Roberto Benigni ne se laisse pour autant pas abattre ; manifestement surpris à l'appel de son nom pour la remise du Grand Prix, il laisse exploser sa joie sur scène, et va jusqu'à baiser les pieds d'un Martin Scorsese hilare.

 

 

2000 : Dancer in the Dark, de Lars von Trier

 

 

Lars von Trier, rompu aux récompenses cannoises, triomphe avec cette comédie musicale produite internationalement, mais dont la consécration n'empêchera pas de virulentes critiques, fondées notamment sur un pathos appuyé à l'extrême, et une difficile collaboration entre le réalisateur et l'interprète principale, la chanteuse Björk.

 

 

2002 : Le Pianiste, de Roman Polanski

 

 

Adaptation d'un récit autobiographique prenant place durant la Seconde Guerre Mondiale, Le Pianiste est de ces Palmes attendues. Primé sept fois aux Césars, trois aux Oscars, deux aux BAFTA, et nominé pour ainsi dire dans toutes les catégories qui lui ont échappé, le film de Polanski parvient à se bâtir instantanément une réputation d'œuvre poignante, porté par un Adrien Brody dont le reste de la carrière ne parviendra jamais à lui maintenir une réputation à la hauteur du rôle du musicien virtuose, qui lui vaudra deux récompenses.

 

 

2003 : Elephant, de Gus van Sant

 

 

Terrible fait divers que celui de la fusillade de Columbine, intervenue dans le lycée américain du même nom en 1999, qui inspira ce sublime film, quasi-muet, lénifiant, dépourvu de linéarité narrative, mais surtout d'un pathos étouffant parasitant bien souvent les films inspirés d'évènements sordides.

 

 

2004 : Fahrenheit 9/11, de Michael Moore

 

 

Second documentaire à obtenir la Palme, le brûlot anti-Bush de Michael Moore est à l'image de son auteur : excessif, partial et orienté à l'extrême. L'attribution de la récompense suprême à ce film très politisé a largement alimenté les controverses, et le mystère persiste encore quant à la motivation des jurés. 

 

 

2006 : Le vent se lève, de Ken Loach

 

 

Thème cher au réalisateur anglais, la cause irlandaise a été traitée maintes fois dans ses œuvres passées, laissant peu place à la concession vis-à-vis de son propre pays. Engagé politiquement comme socialement, Ken Loach dénonce, dans l'horreur de la guerre, la métamorphose d'une jeunesse innocente en armée sanguinaire.

 

 

2008 : Entre les murs, de Laurent Cantet

   

   

Premier film français à recevoir la Palme d'or depuis Sous le soleil de Satan, plébiscité par le jury comme par la critique, Entre les murs s'intéresse, dans un style documentaire renforcé par l'absence d'acteurs professionnels, à une classe de collège parisienne, et à la difficile communication entre élèves et enseignant.

 

 

2009 : Le ruban blanc, de Michael Haneke

 

 

Implacable, élégant, terrible, ce drame filmé en somptueux noir et blanc prenant place à la veille de la Première guerre mondiale a séduit un jury présidé par Isabelle Huppert. En 2001, le réalisateur autrichien avait obtenu un Grand Prix pour La Pianiste.

 

 

2010 : Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, de Apichatpong Weerasethakul

 

   

Parfait représentant de ces films accusés d'être de la « matière à festivals », Oncle Boonmee a fait l'objet de nombreuses réserves, notamment fondées sur son caractère peu accessible, et surtout peu attractif (au vu de sa forme très expérimentale et introspective) à une large partie d'un public lambda.

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