Après Jungle Cruise, quelles attractions Disney pourrait-il adapter ?

La Rédaction | 1 août 2021 - MAJ : 04/08/2021 17:55
La Rédaction | 1 août 2021 - MAJ : 04/08/2021 17:55

Disney persiste à adapter ses attractions. Après Jungle Cruise et Tower of Terror, quel manège la firme va-t-elle transformer en film ?

La franchise Pirates des Caraïbes fut un petit miracle dont Disney ne s'est jamais remis. Voué à l'échec par beaucoup d'observateurs et d'exécutifs, voyant mal le genre du film de pirate revenir à la mode, La Malédiction du Black Pearl avait pris tout le monde de court en rapportant 654 millions de dollars sur la foi d'un budget estimé à 140 millions et en créant un véritable phénomène. Un coup d'éclat transformé par la firme et Gore Verbinski en franchise tentaculaire. Le Secret du coffre maudit est allé jusqu'à dépasser la barre du milliard, prouesse rarissime à l'époque, et ses suites furent toutes extrêmement rentables.

Alors que la firme ne sait plus trop quoi faire de ces personnages (un étrange spin-off est en préparation), Mickey cherche depuis des années une relève. Il pensait peut-être la tenir avec À la poursuite de demain, grosse production inspirée de la zone Tomorrowland. Mais le film fut un flop monumental avec 209 millions de dollars de recette pour un budget de 190 millions. Il retente donc l'expérience cet été avec Jungle Cruise (notre critique), puis dans quelques années avec un Tower of Terror tout juste annoncé.

Puisque le studio n'en démord pas, on s'est demandé lesquelles des attractions de Disney World pourraient arriver dans les années à venir.

 

photo, Dwayne Johnson, Emily BluntLe montage des attractions, sans Eisenstein

 

Le manoir hanté, le reboot

C'est quoi ? Réinvention du train fantôme par Disney, l’attraction du Manoir Hanté nous ouvre les portes de la maison de M. Ravenswood, qui rappelle celle de Norman Bates (Anthony Perkins) dans Psychose. Entre humour et noirceur, la création a déjà eu le droit à une première adaptation au cinéma sortie en 2004, avec Eddie Murphy dans le rôle principal.

L'adaptation rêvée : Sous ses airs de Bal des vampires ou de Nosferatu le vampire avec Eddie Murphy pour mettre l’ambiance, Le manoir hanté et les 999 fantômes est malgré sa popularité un ratage complet. Ne jouant que sur la partie humour de l’attraction, le long-métrage de Rob Minkoff ne parvient jamais à nous faire peur. Car oui, il est assez logique de quand même jouer la carte du frisson quand on a comme décor principal... une maison hantée.

 

photo, Eddie Murphy"C'est si marrant d'être dans une maison hantée ?"

 

De plus, le passé de cette maison sur Thunder Mesa est au coeur d'une histoire passionnante que la nouvelle scénariste (voir plus bas) pourrait explorer. En effet, le propriétaire de la maison en 1860, M. Ravenswood, a fait fortune grâce à une mine dans des montagnes protégées par un oiseau tonnerre, un esprit indien enfoui dans leurs entrailles. Et un jour, l’esprit s’éveilla et déclencha un tremblement de terre qui tua M. Ravenswood et sa femme. Le lendemain de la fermeture de la mine, la fille Ravenswood devait se marier, mais son mari ne se présenta pas à la cérémonie. Elle décida de s’enfermer en compagnie de ses domestiques et condamna l’entrée.

Probabilité : Un nouveau projet d’adaptation est en cours de production et a déjà à son bord Justin Simien (Dear White People) à la réalisation et Katie Dippold (S.O.S. Fantômes) au scénario, avec comme titre de travail The Haunted Mansion. Une belle porte d’entrée vers les ténèbres que Disney ne devrait pas emprunter.

Chez Mickey, l’horreur n’est pas forcément bien accueillie et la grande major a toujours privilégié l’esprit familial plutôt que le sang et les jump-scares. Néanmoins, le réalisateur a prouvé d’une part qu’il était un cinéaste de talent en réalisant le très politique Dear White People, et d'autre part qu'il était assez adroit en ce qui concerne l’épouvante avec son très capillaire Bad Hair. À voir si le casting sera adapté à la verve horrifique et si Disney compte laisser la main à Simien.

 

photo, Manoir hanté et Les 999 Fantômes (Le)Disney recherche la partie épouvante de son projet

 

IT'S A SMALL WORLD 

C’est quoi : En 1964, Pepsi, sponsor du pavillon de l'Unicef lors de la Foire Internationale de New York, demande l'aide de Disney. L'entreprise souhaite réaliser un décor qui en mettra plein la vue aux visiteurs, et qui puisse représenter les nombreux pays présents au sein de l'ONG. C’est de cette épreuve que naîtra le concept de It’s a Small World, croisière au ralenti, au sein d’un monde peuplé d’animatroniques vocales, qui offrent au public une comédie musicale lui faisant traverser moult cultures et décors.  

Candide, voire franchement mièvre, l’attraction vit le jour en 1966 et devint un succès instantané, ainsi qu’un des emblèmes de Disneyland, souvent caricaturé pour sa mièvrerie. Il est d’ailleurs intéressant de noter que si le studio ne l’a pas encore adaptée, l’attraction a été maintes fois caricaturée, notamment par Les Simpson ou encore Futurama. Face au succès de Pirates des Caraïbes, le studio tenta de lancer une adaptation cinéma, confiée un temps à Jon Turteltaub, qui disparut dans les limbes d’Hollywood. 

 

photoL'étonnante scène de À la poursuite de demain

 

L'adaptation rêvée : Pour ce qui est d'une adaptation rêveuse et poétique, l'excellent À la poursuite de demain de Brad Bird a presque fait le job. Ce n'est certes qu'une séquence du long-métrage, mais représenter l'attraction simultanément comme une étrangeté, une source d'émerveillement, et une base de recrutement pour embarquer des mômes vers un monde censément meilleur, c'est un peu le meilleur hommage ou commentaire qui puisse être fait sur les Imagineers.

Du coup, comment consacrer un long-métrage à cette création ? Sans doute en explorant sa face cachée. En effet, tout le monde le sait sans forcément oser se l'avouer : les poupées, c'est super flippant. Alors quand en plus elles se déplacent toutes seules et chantent sans fin des refrains stridents, la terreur peut monter en flèche. Par conséquent, il s'agirait là de l'adaptation idéale pour le studio révolutionne son image de multinationale du programme familial. 

 

photo, Carrie LorraineL'armée des enfers

 

Il suffirait d'embaucher Rob Zombie pour nous raconter l'histoire d'une bande d'adolescents coincés dans le manège après sa fermeture. Ils découvriraient alors que, loin d'être de banales animatroniques, les petits automates animés sont en réalité de vieux cyborgs des années 60 dans lesquels les âmes de tueurs en série célèbres ont été transférées par tonton Walt au lendemain d'une beuverie surréaliste avec des scientifiques allemands cachés aux États-Unis. S'en suivrait un film extrêmement cruel et gore, au cours duquel quantité d'enfants se feraient dépecer, délivrant le message que l'innocence de l'entreprise de jadis s'est tout à fait envolée.

Probabilité : Assez faible. Bien sûr l'attraction est une des plus connues au monde, mais elle est bien moins "narrative" que celles que l'entreprise a choisi de transformer en longs-métrages jusqu'à présent, et elle dégage une dimension surannée, là où Disney s'efforce depuis 2008 d'être à la pointe des attentes du grand public. Quant à notre concept de slasher SF dirigé par Rob Zombie, on ne sait pas pourquoi, mais on n'est pas encore certains que tonton Mickey soit prêt.

 

photo, Nicolas CageNicolas Cage a déjà eu affaire à ce genre de problèmes

 

space mountain

C’est quoi : Le principe de Space Mountain, précurseur des "dark rides" (parcours de montagnes russes en intérieur souvent agrémenté d’interactions) modernes, est très simple : c’est un aller-retour (sur rails) vers l’espace. Chacun peut donc se la jouer Jeff Bezos pour le prix d’une entrée à Disneyland et savourer quelques virages interstellaires. À noter que la version parisienne, à l’époque d’une ambition colossale, en plus d’être la seule à proposer des inversions, s’inspire fortement de Jules Vernes et De la Terre à la lune, dont il reprend même le titre, et ce afin de rentrer dans le thème rétrofuturiste de la zone.

Aux alentours de la sortie de la nouvelle trilogie, plusieurs Space Mountain se sont vus remodelés à la sauce Star Wars (En France, il est devenu l’Hyperspace Mountain), de manière occasionnelle ou permanente. Ce sont souvent plus les attractions qui s’adaptent aux films que l’inverse.

 

photo, Daisy RidleyEt n'oubliez pas les harnais de sécurité

 

L'adaptation rêvée : L'idée derrière Space Mountain, explorée par le cinéma dès ses balbutiements, ouvre bien des portes. Elle est simple, donc aisément transformable et adaptable, et fait appel à tout un imaginaire. Le futurisme un peu dépouillé des premières versions ou le rétrofuturisme de la version parisienne rappellent des univers facilement identifiables (le space opera des années 1950/1960 et le steampunk). Pourquoi ne pas en profiter pour revitaliser ces deux genres comme Pirates des Caraïbes avait ressuscité le film de corsaire à la Douglas Fairbanks ?

On voit bien un Robert Downey Jr. jouer les astronautes de pacotille face à une bande d’ados incapables de rester les pieds sur terre. Entre les mains d’un Brad Bird (qui s’est malheureusement un peu fourvoyé avec Tomorrowland), d’un Jean-Pierre Jeunet ou même – soyons fous – d’un James Gunn, un tel projet pourrait vite se transformer en hommage vibrant à l’univers de Jules Verne, qui a encore à se relever de l’affront Le Tour du monde en 80 jours.

À moins que la chose ne soit confiée à un autre prodige du cinéma indépendant écrasé par un cahier des charges, et qu’elle se transforme en nouvelle embardée familiale pleine de bons sentiments et de sidekicks relou en fourrure numérique. Dans ce cas, la rédaction est volontaire pour aller passer le coucou à Thomas Pesquet loin de tout cet opportunisme. Et vu comment ça se goupille, on commence déjà à ramoner le canon et à préparer la navette.

 

photoLa bonne SF, Disney connait

 

Probabilité : Assez élevée. En fait, Disney cherche depuis plusieurs années déjà à capitaliser sur le culte de son attraction phare. Le scénariste Max Landis, révélé grâce à Chronicle avant de commettre American UltraDocteur Frankenstein et Bright, planchait sur une adaptation. Mais le projet n’a pas abouti, probablement définitivement tué par les graves accusations envers l’auteur.

En octobre 2020, The Hollywood Reporter rapportait le développement d’un nouveau film Space Mountain, une « aventure familiale » (sans blague) produite et écrite par Joby Harold, à la carrière assez inégale puisqu’il est derrière le scénario d’Army of the Dead, du Roi Arthur : La légende d'Excalibur et de la future série Obi-Wan Kenobi et à la réalisation du Awake de 2007. Saura-t-il nous emmener au 7e ciel ou la montagne spatiale restera infranchissable ? On attend encore confirmation ou infirmation.

 

Photo Charlie HunnmanLa montagne, ça nous gagne

 

FRONTIERLAND ET BIG THUNDER MOUNTAIN

C'est quoi : Frontierland est une représentation fantasmée du concept de "nouvelle frontière", usité pour définir cette idée d'une Amérique qui a permis aux colons de repousser toujours plus loin cette frontière, avant qu'elle ne s'incarne au sud des USA actuels et ne symbolise un haut-lieu d'aventure. En son coeur se dresse la formidable Big Thunder Mountain, traversée par le train de la mine. Cette dernière est l'objet d'une malédiction lancée par les natifs américains après que les chercheurs d'or aient troublé le repos du dieu Tonnerre, un aigle géant.

Mais Disneyland ne s'est pas contenté de bâtir un petit segment consacré au western, embrassant toute la symbolique de Frontierland pour en faire un de ses "royaumes enchantés", où l'on croise des cowboys, pionniers, différents lieux situés entre la rivière Mississippi et la Californie, tel qu'ils existaient entre les années 1790 et 1880. 

 

PhotoLa SNCF du bon vieux temps

 

L'adaptation rêvée : Puisque Frontierland est un vaste espace du parc et ne peut être limité à une attraction, autant prendre ce principe en compte et partir sur une des plus vieilles traditions du cinéma américain, à savoir le road movie. Et comme le train fou aux airs de montagnes russes, planqué au coeur d'une mine d'or abandonnée, en constitue la dimension la plus spectaculaire, il semble qu'un récit apparaisse naturellement, un récit qui pourrait parfaitement faire l'affaire.

Celui de la Ruée vers l'or, qui n'a pas été représenté depuis belle lurette par le cinéma hollywoodien, et qui pourrait s'inscrire dans l'espèce de canevas popularisé par Pirate des Caraïbes et repris par Jungle Cruise. Nous y trouverions une galerie de héros plus ou moins bien assortis, rassemblés par un meneur charismatique, ayant en sa possession une carte amenant vers un mystérieux filon d'or. Arrivés sur place, ils découvriraient que le filon s'est tari, mais qu'une entité pas super-bienveillante a transformé natifs et chercheurs d'or en simili-zombies. Un récit qui fera la joie des enfants, endormira les parents et fera les pieds de la presse, désolée de devoir chroniquer une énième aventure en pilote automatique.

 

photo, Johnny Depp, Armie Hammer"Oh ça sent bon le box-office, ou je ne m'y connais pas !"

 

Probabilité : Pas pour tout de suite. Non seulement le western est actuellement un genre réduit à sa part congrue, qui amuse ici et là les auteurs désireux de se frotter à l'histoire du cinéma, ou alors de toutes petites productions indépendantes, mais le passif de Disney en matière de western l'a sans doute violemment échaudé. Et oui, n'oublions pas que Lone Ranger, naissance d'un héros, quelles que soit les qualités qu'on puisse lui trouver, demeure, de mémoire d'homme, une des plus violentes catastrophes industrielles subies par le studio.

Chat échaudé craint l'eau froide, on voit donc mal tonton Mickey se risquer franchement à un blockbuster relevant au moins en partie du western, tant que cette cicatrice ne sera pas tout à fait refermée.

 

photo, Johnny Depp, Armie HammerIls se sont plantés

 

Expedition Everest 

C'est quoi : L’attraction relate une expédition au cœur des montagnes de l’Himalaya et plus particulièrement sur le joyau pour tout alpiniste qui se respecte : l’Everest, le plus haut pic du monde. Et elle ne perd pas le nord en proposant une chute vertigineuse puisque Expedition Everest est comiquement le quatrième plus haut sommet de Floride.

Si c’est assez drôle de croiser le Yéti (le clou du spectacle) sous le soleil écrasant des environs d’Orlando, l’attraction regorge aussi de décors de glaciers spectaculaires et d’animatroniques plutôt flippantes dans une ambiance d’exploration réaliste avec la reconstitution d’un village népalais dans son ensemble. Des pics rocheux, des monastères bouddhistes et l’abominable homme des neiges pour une attraction épique surtout grâce à son décor fastueux 

 

photoPile ce genre de galère

 

L'adaptation rêvée : Une adaptation de Expedition Everest en mode grand film d’aventure semble tomber sous le sens. On imagine bien un menu groupe d’explorateurs du début du siècle avec chacun sa petite spécialité à la recherche du mythique Bigfoot des glaces. Avec tout d'abord un décor de montagnes épique et un petit côté le Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l'anneau et ses scènes dans le passage de Caradhras, mélangées à Everest de Baltasar Kormákur

Entre les avalanches, les engelures, les chutes dans les crevasses et autres bricoles mortelles, Expedition Everest a de quoi donner quelques frissons, surtout si on met quelqu'un comme Alexandre Aja à la caméra pour nous balancer en plus quelques créatures issues des glaces et une bonne dose d'angoisse.

 

photoOn espère un Yéti moins mignon

 

Car la présence du Yéti offre la possibilité de plonger dans le fantastique avec des géants, des bestioles bizarres, des monstres pas jojo (Elsa qui chante Libérée Délivrée) et autres créatures angoissantes. Reste à savoir si cette joyeuse expédition, se terminera en gros slasher avec le Yéti armé d’une stalactite ou si (Disney oblige) tout le monde fini copains. On vous laisse deviner quelle option nous botte le plus.  

Probabilité : Fort possible. Vu le potentiel cinématographique de l’engin mécanique, de par ses décors et ses monstres, rien n’est impossible. Après la grande (et pas terrible) aventure Jungle Cruise, Disney pourrait quitter la jungle pour la montagne. Sûr que Dwayne Johnson a la classe en doudoune.

Si le côté film d’horreur est peu probable, une aventure glacière peuplée de créatures bizarres et d’un Yéti tout poilu semble parfaitement dans les cordes de DisneyExpedition Everest parait avoir tous les ingrédients pour une production familiale capable de porter les bonnes grosses valeurs incontournables dstudio. 

Tout savoir sur Jungle Cruise

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commentaires
Marvelleux
01/08/2021 à 20:00

Le Space Mountain ?

brucetheshark
01/08/2021 à 14:39

Juste une rectification : le lien entre les Ravenswood et Thunder Mesa n'existe que pour Phantom Manor (France). Cette histoire est totalement absente de Hanted Mansion (US).

Par contre,je verrais assez bien une adaptation de Mystic Manor !