Monster Hunter : critique Mortal Kombats

Geoffrey Crété | 2 mars 2021 - MAJ : 14/07/2022 19:45
Geoffrey Crété | 2 mars 2021 - MAJ : 14/07/2022 19:45

Alors que le souvenir de sa saga Resident Evil hante encore les cauchemars de bien des fans (même si la dérive grotesque des films est directement tirée des jeux), le réalisateur Paul W.S. Anderson a jeté son dévolu sur une autre licence de Capcom : Monster Hunter. Milla Jovovich ressort les armes pour taper du monstre, accompagnée par Tony Jaa et Ron Perlman. Attendu au cinéma en avril en France, après un bide côté américain et chinois, le film sort finalement directement en vidéo, le 28 avril. Mais comme il est déjà disponible à l'étranger, en VOD et Blu-ray, on a sauté dessus.

Paul W.S. ANDER-SON OF A B****

L'amour plus ou moins déviant pour Mortal Kombat, Event Horizon et Soldier semble bien loin. Désormais, Paul W.S. Anderson est considéré par beaucoup comme l'abominable homme des nerds, celui qui a commis six films Resident Evil portés par Milla Jovovich. Entre Les Trois Mousquetaires et Pompéi, il aurait massacré, souillé et trahi la franchise culte de Capcom, avec un succès (environ 1,2 milliard en tout au box-office) qui rend la chose encore plus douloureuse.

 

 

 

Mais a-t-il vraiment trahi Resident Evil ? Pendant que les films sombraient dans le Z, les jeux suivaient le même chemin, avec Resident Evil 5, Resident Evil 6 et autres Revelations. Des deux côtés, le bestiaire devenait de plus en plus ridicule, laid et presque aussi bête que les intrigues à base de revenants, de familles et pouvoirs spéciaux. C'est aussi pour ça que Paul W.S. Anderson n'était pas le pire choix pour Monster Hunter, autre grande saga Capcom qui se résume pour le coup à un modeste, mais généreux programme de bastons et monstres.

Depuis 2004, avec cinq jeux officiels (et un sixième en 2021) plus une tripotée de dérivés, Monster Hunter raconte les parties de chasse de guerriers et guerrières, dans un monde étranger peuplé de créatures titanesques. Découpé en missions, réduit au b.a.-ba du genre (explorer, récolter, tuer, et acheter armes et armures), c'est devenu un modèle d'action-RPG. C'est donc une formule idéale pour un film d'action, et pour un Paul W.S. Anderson qui ne cherche visiblement qu'à filmer Milla Jovovich dans un décor semi-CGI pour taper au ralenti contre des bestioles. D'où l'espoir d'un spectacle digne de ce nom... et une mission à moitié remplie.

 

photo, Milla JovovichMy name is A̶l̶i̶c̶e̶ Artemis

 

SEUL TWO AU MONDE

Passé l'intro classique, la première heure de Monster Hunter est la meilleure parce qu'elle assume la simplicité du programme : deux personnages (Milla Jovovich et Tony Jaa), un seul lieu, quasi pas de dialogues, et beaucoup de problèmes. La barrière de la langue qui sépare les héros rappelle que l'action prime sur la parole. Cet oasis rocailleux des enfers est comme une île au milieu d'un océan, avec un Diablos en guise de requin des sables. Les Nerscyllas, eux, ont le rôle des gardiens de nuit, qui viennent inlassablement hanter les héros. Il n'y a pas d'issue, et le compte à rebours vers une mort atroce ne s'arrêtera pas.

Paul W.S. Anderson n'a aucune pitié pour les seconds rôles, rapidement sacrifiés et mâchouillés comme tout bon figurant de luxe (et comme dans ses Resident Evil). Encore une fois, Milla Jovovich s'en prend beaucoup dans la tronche, pour arborer les plus belles égratignures derrière son mascara. C'est ce plaisir simple et bête qui donne une sympathique énergie à la première partie, sous très forte inspiration Pitch Black

 

photo20 000 yeux sous les sables

 

Difficile de ne pas penser au petit film culte réalisé par David Twohy, où Vin Diesel affronte des monstres qui fuient la lumière, sur une planète désertique. La scène où Milla Jovovich s'extirpe d'un sous-sol cauchemardesque par une cheminée en terre est plus qu'un hommage. Tel un Tarantino bloqué en pleine puberté, le réalisateur s'amuse comme un gosse avec les idées piochées ailleurs. Il reprend des images ou idées de Mad Max : Fury Road, King Kong, et bien sûr Alien. Les spectres de Dune et La Tour sombre de Stephen King planent aussi, comme dans les jeux. Et Anderson ressort pour la énième fois des figurines de militaires (comme dans Resident Evil), qui trouvent le temps de citer Marvel.

Les fans du jeu, eux, auront tout le loisir de se réjouir ou s'exaspérer. Diablos, Nerscylla, Rathalos, Apceros, Gore Magala, sans oublier les navires et les armes : les bases de Monster Hunter sont bel et bien là. Il y a même l'animation cuistot des Palicos et le teasing de quelques éléments de la mythologie.

 

photo, Milla JovovichRésister à la colère des fans

 

À SUIVRE (OU PAS)

Hélas, le bon goût trépasse. Paul W.S. Anderson traîne les mêmes problèmes de film en film : découpage approximatif des scènes d'action, chorégraphies hachées au montage, abus de ralentis, et autres joyeusetés de grosses séries B (mention spéciale aux bruitages des bastons, dignes de Steven Seagal). Monster Hunter souffre d'une autre limite vue sur Resident Evil avec un budget similaire (environ 60 millions de dollars) : les effets visuels, régulièrement laids.

Ces problèmes étaient plus ou moins camouflés dans la formule resserrée de la première partie, mais ils explosent dans la deuxième. L'arrivée de nouveaux personnages implique plus de dialogues, la découverte de nouveaux lieux amène des plans larges dégoulinants, et très vite, Monster Hunter revient sur les rails d'une grosse et laide série B friquée. La perruque de Ron Perlman, les sourires de Milla Jovovich au Palico et l'arrivée d'un nouveau groupe de figurants aussi inutile que le premier n'aident pas.

 

photo, Ron Perlman, Milla JovovichIt's raining Z

 

Mais le pire est à venir avec la fin du film. Ce climax en deux temps est un bel exemple de ratage, la faute à un terrible manque de souffle épique, avec un grand paradoxe : l'action s'étale dans le temps et l'espace, et pourtant elle reste désespérément plate, simple et expédiée. À tel point qu'il semble manquer plusieurs minutes pour donner un peu de consistance à ces péripéties. Le fait que tout ceci amène à un ridicule cliffhanger (et donc, à tout sauf une fin digne de ce nom), puis une scène post-générique presque auto-parodique, est la goutte d'eau.

Paul W.S. Anderson a toujours prévu une suite, mais l'a conçue de la pire des manières : comme une obligation, et pas une option. Il suffit de comparer avec le travelling arrière final du premier Resident Evil, qui dévoile Raccoon City dévastée. D'un côté, il y a une touche finale excitante, qui laisse imaginer sans frustrer. De l'autre, il y a Monster Hunter, qui ressemble à un pilote de série, ou plutôt une mauvaise blague - similaire à Artemis Fowl, autre exemple récent de non-fin.

Sans cette dernière partie, Monster Hunter aurait pu rentrer dans une petite, mais irrésistible case : celle du plaisir simple et régressif, concocté sans génie, mais avec un certain savoir-faire, entre mauvaise série B et excellente série Z. À la place, le film tombe dans la série B un peu trop gourmande pour son propre bien, et flirte avec le (très) mauvais blockbuster.

 

Affiche

Résumé

Spectacle régressif s'il en est, Monster Hunter fonctionne surtout dans sa première partie, plus simple et efficace. La suite est tellement plus convenue et la fin, tellement ratée, que l'arrière-goût est plus amer qu'autre chose.

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commentaires
Flo
18/09/2023 à 14:24

...mieux vaut tous les manger. ;-)
On croirait Paul W. Anderson revenu au temps de son « Mortal Kombat ». C’est à dire une adaptation de jeu vidéo qui assume d’être simple et bas du front, ligne directrice qu’il gardera tout le temps alors que ce récit ne cesse de se reformater :
D’abord en du « Transformers » – les militaires pète-secs face à des créatures géantes cachées.
Puis on casse avec surprise cette structure, et on se balance dans l’Horreur – Milla Jovovich hors jeu, c’était gonflé, on a failli y croire.
Puis ça devient en grande partie un remake de « Duel dans le Pacifique », avec moins de charisme et de neurones…
Pas le temps alors pour se mettre du plomb dans la tête, voilà que reviennent les codpl@yers mangas – qui sont à la fois marrants et ridicules (il est con ce chat !). Dommage, surtout quand le film se met après à pomper « Le Règne du feu » et… La fin de son « Mortal Kombat ».
Tant pis pour le potentiel…

Angra
04/03/2022 à 19:15

Une daube est bonne à manger....mais à regarder......... Film franchement nul. Je viens de perdre 1h30 de ma morne existence pour ce navet.


07/03/2021 à 22:24

Ce film, inspiré du jeu du même nom, n'a rien à voir avec celui-ci. Mis à part quelques armes et monstres ressemblant au jeu, l'histoire n'a rien à voir... mais je le savais avant de voir le film donc je n'ai pas été déçu à ce niveau.
Les effets spéciaux sont plutôt moyens-bons, pas au niveau d'une super production mais corrects. Le jeu des acteurs : C'est un film "boum-boum", donc on s'en fiche un peu. C'est un film pour guerrier-geek, si je puis dire ! En tout cas, quel plaisir de revoir cette ravissante Milla (est-ce à cause d'elle que ma note dépasse le 3 ? )

Batsy
04/03/2021 à 13:30

@Un BLU RAY 3D ??????

C'est fini depuis quelques années la 3D malheureusement, que ce soit les blu-ray ou les TV elle-même, ils veulent plus en produire. Seul Disney Et WB en font encore (et encore ça devient rare). Mais je suis de tout cœur avec toi, nous ce petit 0,5% de la population qui aime cette technologie.

Et sinon vu le film hier soir, et oui juste passable. Les effets sont très réussi, la musique aussi. Le casting est vraiment chouette (même Mila, qui nous fait du Mila avait quelque chose de changé, sans doute le fait de ne pas l'avoir vu depuis longtemps à l'écran). Quelque passage très rigolo (cette chanson militaire <3) les ralenti etait cool, la photographie sympatoche. Après est-ce que c'était fidèle au jeu ou non, je vais pas pouvoir juger la dessus (mais j'imagine que non). Comme pour WW1984, le découvrir au cinéma aurait été sans doute différent, et aurait eu plus de gueule.

Bref, à voir un soir à 4h du matin quand l'insomnie te prend.

J'ai toujours été bon client des nanar de Paulo, il a toujours eu mon argent cette enfoiré.

Pat Rick
03/03/2021 à 19:52

@ l'Indien zarbi à moitié a poil
"J'ai eu mal à mon Perlman"

J'aime bien Perlman aussi, mais bon ce n'est pas le premier ni le dernier mauvais film de sa carrière.

alulu
03/03/2021 à 15:20

Ni mauvais, ni bon. Les effets spéciaux sont réussis par-contre la musique de Jean-Michel Jar Jar Binks est un peu trop envahissante. On sent que Anderson n'a rien à raconter et s'éternise sur le coté survival.

Un BLU RAY 3D ??????
03/03/2021 à 12:43

C'est une blague je vois qu'il ne sera même pas dispo en Blu Ray 3D !!

Geoffrey Crété - Rédaction
03/03/2021 à 10:01

@Err

Oui, on reste donc vague en parlant de sa participation ("il a commis") car plus précisément : il a produit, écrit et donc chapeauté tous les films. Il n'a jamais cessé de la superviser, donc c'est bien "sa" franchise du début à la fin.

prof west
03/03/2021 à 07:25

Pas pire meme meilleur que la grosse bouse de wonder woman 84 et mieux c'est moins long^^

l'Indien zarbi à moitié a poil
03/03/2021 à 05:09

Mal à .

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