The Mandalorian Saison 3 : la série est-elle en train de rattraper les (pires) erreurs de la postlogie ?

Owen Carrel | 15 mars 2023
Owen Carrel | 15 mars 2023

L'épisode 3 de la saison 3 de The Mandalorian a opéré un virage radical dans sa narration, qui sauve les errances de la postlogie au passage. 

Avec ses deux premiers épisodes, la saison 3 de The Mandalorian s'est lancée sur les chapeaux de roue. Explorations de planètes colorées, retour sur Mandalore et découverte du Mythosaure, la série a jusque-là multiplié les cadeaux aux fans de Star Wars, dans la joie et la bonne humeur. Et cet épisode 3, dans ses premières minutes, ne fait pas exception à la règle. Entre l'alliance de Din Djarin et Bo-Katan et la course-poursuite en vaisseaux contre des intercepteurs Tie, on est parti pour une nouvelle aventure explosive. Mais ça, c'est avant que cet étonnant épisode 3 ne devienne un... thriller politique. 

 

 

 

Dans ce virage surprenant, mais passionnant, on retrouve évidemment l'influence d'une série qui a l'air d'avoir secoué les choses chez Lucasfilm, à savoir l'excellente Andor sortie fin 2022. Dans le paysage habituellement si sage de The Mandalorian, ce Chapitre 19, qui suit pendant quasiment l'intégralité de son temps le personnage secondaire du Dr Pershing sur Coruscant, est un exercice de style fascinant. Mais également très important par ce qu'il a mis en oeuvre. Car en 50 minutes (l'épisode le plus long de la saison pour le moment), la série a fait mieux que la postlogie Disney en trois films : contextualiser l'univers après Le Retour du Jedi, et enfin donner une présence à la Nouvelle République

 

The Mandalorian : photo, CoruscantUn retour sur Coruscant en live-action, aucun film de la postlogie ne l'avait osé

 

Commençons par le petit bonbon de la semaine : Coruscant est de retour. Et sa place est prépondérante dans l'épisode, alors que la planète-monde a été complètement laissée de côté par les films de J.J. Abrams et Rian Johnson. Ici, comme dans la prélogie, elle agit presque comme un personnage à part entière, avec ses facettes multiples qui en font un terrain de jeu assez unique dans l'univers de Star Wars. On passe des aristocrates imbuvables à une fête foraine loufoque, jusqu'au métro délabré tout droit issu de Gotham. Coeur politique de l'univers jusqu'à la chute de l'Empire, Coruscant garde les stigmates de son passé bureaucratique

La prélogie s'était déjà chargée d'expliquer la transition somme toute logique de la République à l'Empire. Décadente et infiltrée par les Sith via Palpatine, elle s'est disloquée d'elle-même sans même comprendre que tout allait changer (« voilà comment meurt la liberté, sous un tonnerre d'applaudissements »). À travers l'espoir représenté par l'Alliance Rebelle, on était en droit de croire à une Nouvelle République purifiée et soucieuse de réparer ses erreurs. Toutefois, la postlogie s'y est si peu attardée qu'il a été impossible d'en comprendre les tenants et aboutissants.

 

The Mandalorian : photo, Omid AbtahiAutre clin d'oeil à la prélogie, la salle d'Opéra de la Revanche des Sith

 

En trois films sous l'égide de Disney, le régime politique n'a été montré qu'à travers une scène, quand Kylo Ren active sa super-étoile noire (pardon, Starkiller) pour les rayer de la carte. En une séquence, Disney et J.J. Abrams se sont débarrassés du volet politique de la saga, passionnant, mais trop embarrassant (et trop lié à l'héritage de la prélogie honnie). Ici, The Mandalorian s'échine à le ressusciter, quelques mois après la claque Andor, plongée sinistre dans les méandres de l'Empire. Pour la première fois, cette Nouvelle République existe en tant que telle, et plus seulement comme un artifice de pacotille. 

Ce sauvetage passe par les yeux du Dr Pershing, le scientifique autrefois aux ordres du terrible Moff Gideon (dont on soupçonne le retour prochain). Intégré à un programme de rééducation pour les ex-Impériaux, le personnage campé par Omid Abtahi cherche désespérément à se rendre de nouveau utile, persuadé de pouvoir aider la cause. Il trouve pour l'aider une ex-impériale, elle aussi affectée au vaisseau de Gideon, qui lui fait découvrir les petites joies de Coruscant et d'un monde sans Empire (une fête foraine, une glace), même si celui-ci ne reste jamais très loin (les biscuits). Sauf que tout ceci cache un monde bien plus sinistre

 

The Mandalorian : photo, Omid AbtahiThérapie de la saga

 

Alors que sa nouvelle amie l'incite à reprendre ses recherches sur le clonage pour le bien de la galaxie, Pershing est embarqué dans une folle aventure jusqu'aux chantiers navals de Corsucant, où la flotte impériale est démantelée. Mais ce qui a tout l'air d'une amusante virée nocturne tourne au drame quand les forces républicaines l'interceptent. Pershing découvre qu'il a été trahi par celle à qui il faisait confiance, avant d'être brutalement lobotomisé par des scientifiques de la République. On comprend que son alliée travaille manifestement toujours pour les vestiges de l'Empire. Mais aussi que politique rime toujours avec problématique dans l'univers de Star Wars

La série en vient même à tracer un parallèle troublant avec notre réalité, en filmant l'échec perpétuel d'un système qui, en plus d'étouffer les individus sous la paperasse, ne peut éviter la montée "des extrêmes". C'était déjà le cas dans la prélogie, mais The Mandalorian joue ici avec une certaine ironie dramatique, puisque le spectateur sait déjà que le Premier Ordre (et le retour impromptu de Palpatine) attend la galaxie.

Ce tournant sinistre sonne comme le réveil définitif de The Mandalorian. Autrefois la petite pastille hebdomadaire sympathique, la série assume désormais son statut de chef de file de la saga chez Disney, et poursuit son étonnante entreprise de sauvetage de la postlogie. Grâce à sa popularité et à sa réussite insolente, elle peut se permettre des épisodes complètement aux antipodes de ce qu'elle propose habituellement, et il faut dire que le résultat est rafraîchissant.

 

The Mandalorian : photo, Pedro Pascal, Katee SackhoffOn les avait presque oubliés

 

On en oublierait presque l'arrivée de Din Djarin et Bo-Katan chez le clan de Mandaloriens à la fin de l'épisode, tant cette parenthèse désenchantée aux côtés du pauvre Pershing est glaçante. Un exemple de plus qui prouve la volonté de la série de rattraper les errances des films estampillés Disney. Huit ans après Le Réveil de la Force, on sait enfin ce que représente cette obscure Nouvelle République, et comment les récits peuvent l'exploiter de façon intéressante.

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commentaires
jereffuse
18/03/2023 à 07:48

ayant totalement oublié de quoi causait les épisodes 1 2 3 7 8 9 (j'ai la mémoire courte et ultra selective)et n'ayant jamais rien vu d'autres de ce qui est sorti sur l'univers jusqu'à présent, tout cela est du chinois pour moi, je n'y voit qu'un parrallèle avec notre belle démocratie assassinée par notre monarc à coup de 49.3
J"avoue être déçu de devoir subir de la politique alors que cette série était pour moi comme un retour aux sources......

Galawar
17/03/2023 à 21:15

J'ai trouvé ça très chiant, perso. Si l'idée de montrer Coruscant, et la Nouvelle République est cool, c'est bien trop long et mou. The Mandalorian, c'est une série d'aventures avant d'être une merdouille "politique" comme la prélogie. Et c'est ça qui est bon, à mon sens. Le véritable esprit Star Wars.

J'espère vraiment que la série ne va pas aller dans des directions trop "sérieuses" de ce genre. Andor est peut-être très bien, mais si ça pouvait rester à part de Thé Mandalorian...

Enfin, José espérer que ce n'était qu'une parenthèse. Vivement la suite, tout de 3.

tibibobo
17/03/2023 à 07:09

" puisque le spectateur sait déjà que le Premier Ordre (et le retour impromptu de Palpatine) attend la galaxie." Ah non pas du tout. En temps que spectateur je fais comme si la postlogie n'existait pas. Et j'ai bien l'impression que Dave Filoni en fait de même... Le seul moment où j'en entends parler c'est dans les critiques, vous devriez peut-être suivre le mouvement. Si plus personne ne crois à cette trilogie Disney désastreuse, elle cessera peut-être d'exister.

Sinon super critique comme d'habitude.

TyrionLanister
16/03/2023 à 19:57

La série dans son ensemble est une véritable réussite, l histoire est intriguante est attachante, les acteurs ont du charisme. Depuis le rachat de Disney the mandalorian est au-dessus de tous ceux qu'il ont créé.

altaïr Demantia
16/03/2023 à 18:30

Épisode étrange avec ce segment sur Coruscant très, trop, long, à tel point qu'on a l'impression d'être dans une autre série, comme lors de l'épisode de Boba Fett dans lequel on ne voit que le Madalorian. Étrange façon de gérer plusieurs arcs. Du coup, on s'ennuie un peu devant ce "bel" épisode malgrès les combats du début qui sont de bonnes facture eux aussi. C'est beaucoup de blabla pour un twist final assez prévisible. C'est toujours chiant de comprendre ce qui va arriver alors que le personnage, non.

Le Coruscant de cet épisode fait passé celui de la Prélogie pour un amas de décors moches. Je ne connais pas le budget de l'épisode mais il y a un gros boulot dans celui-ci pour une série.

Sinon, plus que jamais on voit que Coruscant est juste un décalque de Trantor, une planète administrative à plusieurs milliers de niveaux. S'est pas trop foulé le père Lucas.

Guenhwyvar
16/03/2023 à 12:27

Je suis toujours content de retrouver Coruscant, ce passage était relativement bien réalisé je pense. Mais beaucoup trop long pour une série comme The Mandalorian.
D'après moi le passage sur Coruscant ne correspond pas au style et au rythme de cette série. Ils ont voulu faire du Andor avec The Mandalorian dans cet épisode 3 et ça ne fonctionne pas du tout.
J'espère juste que la suite ne sera pas semée de longues scènes comme ça.

Dehem
16/03/2023 à 10:08

Même ressenti pour moi ( après avoir bcp aimé les 2 premiers) avec la partie Coruscant trop longue et aux FX trop visibles.

Aegon
16/03/2023 à 08:23

Épisode assez bien mais un peu long sur la trame secondaire. Il ne faudrait pas refaire le coup de Booba feet avec des épisodes qui oublient complètement le personnage principal. Même si je vous rejoins sur l'histoire, on aimerait quand même que mando y participe. Sinon faire une série spéciale qui a pour but de rectifier les erreurs des films. Pas évident, a voir pour la suite...

brucetheshark
16/03/2023 à 00:50

Pour l'instant, cette saison 3 est un sans faute pour moi.

Kyle Reese
15/03/2023 à 23:35

Episode 3. En demi teinte. Intro superbe avec une poursuite haletante très bien réalisée. Puis ... on se retrouve sur Coruscant avec de nouveaux persos inconnus au bataillon pendant les 2/3 de l'épisode. C'est plutôt bien fait, on se balade dans la ville, il y a un coté Andor bienvenu et on comprend vite que quelque chose se trame ... mais je ne vais rien spoiler. Par contre j'avoue que bof quoi, si c'est ça qui se trame en filigrane pendant toute la saison, voir la prochaine aussi ... mouais.

Autre chose plus technique, marre des arrières plans flous pendant toute la partie sur la Coruscant lorsqu'on suit les personnages, surtout en extérieur. Cela est du à la techno du studio led, mais ça fait fake, c'est limite pire que les fond verts, c'est vraiment abusé car ça me fait presque sortir de l'histoire, déjà assez lente. Bref je n'ai pas vraiment aimé cet épisode du fait de ce dont je ne peux pas parler ...

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