Merci Netflix : ce film de requin passé inaperçu cartonne dans le monde (mais c'est pas mérité)

Un film de requin sorti l'année dernière dans l'indifférence générale trouve un nouveau public sur Netflix.

Chaque été, c'est la même rengaine : les distributeurs inondent le marché de films de requin, sous-genre indissociable des beaux jours et des baignades estivales, et ce depuis le succès sans précédent des Dents de la mer. Cette année 2023, c'est un blockbuster sino-américain qui attire toute l'attention : le décevant En eaux très troubles, la suite... d'En eaux troubles avec Jason Statham.

En 2022, aucun studio hollywoodien n'est venu déverser ses mégalodons à dimensions variables sur nos écrans. Il a donc fallu, comme souvent, se sustenter de séries B et autres DTV. Les amateurs de sharksploitation le savent bien ; les productions de qualité se font rares et il faut faire le tri entre les quelques honnêtes divertissements et les navets à peine regardables, parfois même des arnaques pures et simples.

Au beau milieu de la vague 2022, Shark Bay (Shark Bait en version originale) ne s'était pas particulièrement démarqué. Cependant, il est en train de trouver son public... grâce à Netflix bien entendu.

C'est quoi Shark Bay ?

Le pitch est sinon aguicheur, au moins un peu amusant. En plein Spring Break, quelques adolescents idiots ont la brillante idée, après une nuit de beuverie – relativement sage vu leur état – de voler deux jet-skis. Direction le large. Pas la direction la plus maligne : non seulement leur groupe est un poil dysfonctionnel, mais ils se retrouvent cernés par un squale en manque de viande morte. Et le fait qu'ils se soient rentrés dedans à pleine vitesse, esquintant leurs engins, n'aide pas vraiment à améliorer la situation.

Sans surprise, le scénario n'est pas un sommet d'intelligence, mais c'est surtout le réalisateur qui intriguait. James Nunn avait alors le vent en poupe. Après son remarqué Tower Block, il avait dirigé la brutasse adulée des amateurs de baston Scott Adkins à plusieurs reprises et notamment dans son film précédent, One Shot. Film qui avait acquis une petite réputation, étant constitué d'un seul (faux) plan-séquence. Son excursion dans la sharksploitation était d'autant plus attendue qu'il avait été également réalisateur de seconde équipe sur 47 Meters Down, l'un des plus sympathiques films de requin récents.

Une véritable déception

Un bagage intéressant qui le hissait a priori en haut du panier des films de requins estivaux. Et c'est certain qu'à côté du drame hideux The Requin ou de l'arnaque Meg Rising, il fait figure de chef-d'oeuvre. Mais ce n'est pas pour autant qu'il est particulièrement réussi, loin de là. Pour ce qui est du rythme soutenu et des audaces de One Shot, il faudra repasser. Quant aux effets spéciaux, s'ils sont dans la moyenne de la sharksploitation des années 2010, ils ne suffisent pas à justifier un visionnage.

Mais le principal problème, c'est qu'il est difficile de tenir les 1h36 de métrage sans balancer sa bière tiède à la tronche de nos héros et par conséquent éclater son écran tout neuf. Shark Bay est de ces films où les protagonistes pourraient s'en sortir en 15 minutes s'ils n'étaient pas aussi crétins... et s'ils ne préféraient pas se crêper le chignon pour une histoire de fesses en attendant de se les faire croquer. Même un dimanche soir, il ne faut pas trop être de mauvaise  humeur.

On s'y croirait

Un succès tardif sur Netflix

Malgré les critiques, Shark Bay semble attirer les abonnés de Netflix. Difficile de statuer sur son succès initial, puisqu'il n'est pas sorti en salles dans la plupart des pays (dont la France), donc les données sont rares.

Mais il est évident qu'il a largement gagné en notoriété après sa diffusion sur la plateforme, puisque de la semaine du 31 juillet au 6 août, il a été vu pendant 5,2 millions d'heures dans le monde à en croire les statistiques de la firme.

Quand le partage de compte n'est plus autorisé

Une popularité qui le place à la septième position des films anglophones, derrière Fatale et le documentaire Missing : The Lucie Blackman Case (la première place étant occupée par Project X-traction, avec Jackie Chan et John Cena), mais aussi devant Ils ont cloné Tyrone. Pas mal pour une série B dotée d'un budget estimé par IMdB à 5 millions de dollars.

A noter cependant qu'il n'est pas disponible dans le catalogue français. Chez nous, il faudra donc se contenter d'En eaux troubles, de Peur Bleue ou encore des Dents de la mer. Par contre, il est inclus dans l'offre Amazon Prime Video. Allez savoir.