Shark Bay : le moins nul des films de requins de l'été ?

Que se passe-t-il quand les adolescents les plus stupides du monde volent un jet-ski ? Réponse dans Shark Bay.

The Requin, Meg Rising... jusqu'ici, les films de requin de l'été 2022 vont de l'arnaque pure et dure à la nullité abyssale. Shark Bait (Shark Bay en français) était tout désigné pour relever le niveau. Moins opportuniste et moins fauché que ses deux concurrents, il a pour lui en prime un pitch plutôt amusant. Un groupe d'amis en plein Spring Break décide de voler deux jet-skis et de se la jouer Dom Toretto au beau milieu de la mer. À la grande surprise de personne, leur petite escapade tourne mal, d'autant plus qu'un squale local en profite pour se remplir la panse.

Jet sec

Une approche minimaliste qui rappelle forcément le très flippant The Reef. Sauf que dans les faits, la chose se rapproche plus du Dérive Mortelle de 2006, vous savez, le film où des ados oublient de descendre l'échelle de leur bateau et s'entretuent involontairement en essayant de remonter. Shark Bait est en effet de ces séries B qui tirent l'absolue intégralité de leurs enjeux de la stupidité de leurs personnages. Préparez-vous donc à être exaspéré par chacune de leur action, jusqu'à la résolution qui précède le climax, usant du ressort narratif le plus irritant de toute l'histoire de la dramaturgie : les héros font quelque chose qu'ils pouvaient faire depuis le début.

Des défauts flagrants qu'on aurait pu pardonner si le reste était généreux. Que nenni. Le squale-vedette peut se targuer d'avoir un sacré appétit et une obstination comparable à celle du poisson vengeur de Jaws 4. Ses attaques ne sont ni assez fréquentes ni assez spectaculaires pour nous épargner les dialogues insipides de ces clichés sur pattes et des crêpages de chignon à peine dignes du best of de Demain nous appartient. Un beau gâchis d'effets spéciaux à peu près potables (du moins, par rapport à la concurrence) et une immense déception.

Il a une dent contre elles

En effet, on attendait de Shark Bait qu'il nous confirme le talent d'un petit artisan de la série B. James Nunn avait co-réalisé le mini huis clos sans prétention Tower Block avant de diriger Scott Adkins dans des monuments de subtilité tels que Hooligans 3 et Eliminators. Après un détour par la franchise WWE The Marine, il avait retrouvé Adkins pour un film d'action en plan séquence très remarqué, One Shot. Précédé d'une bonne presse et d'une solide réputation, il a attiré l'attention sur la carrière du metteur en scène.

Autant dire que quand on l'a annoncé aux commandes d'un film de requin, sans Scott Adkins malheureusement, on était chauds. Quel dommage donc que, outre le scénario feignant (signé Nick Saltrese) avec lequel il doit composer, sa caméra ne retrouve pas la fureur et l'intensité de son essai précédent. Plus divertissant que les purges qu'on s'inflige depuis juin, Shark Bay n'est donc contre toute attente pas le grand huit maritime de l'été. Ça nous apprendra à placer nos espoirs n'importe où.