En eaux très troubles : critique d'un nanar abyssal
Envie de voir un Jason Statham écolo décimer une espèce en voie d'extinction depuis 3,6 millions d'années ? C'est dans la suite de The Meg, judicieusement titré En eaux très troubles en France, que ça se passe. Cette fois, c'est à la coqueluche du cinéma indépendant anglais des années 2010, Ben Wheatley, qu'incombe la tâche de mettre en scène des mégalodons sans verser plus de 4 centilitres de sang. Et contre toute attente, le résultat est encore plus stupide que prévu.
Mega frustrant
Le premier The Meg était déjà l'aboutissement d'un cafouillage hollywoodien préhistorique : le roman de Steve Alten était dans les petits papiers des majors depuis 1996, l'acquisition des droits par Disney et sa publication. Il a toutefois fallu des dizaines d'années avant que l'onéreux projet se concrétise.
Au milieu des années 2000, l'adaptation de New Line mettait l'eau à la mâchoire, avec un budget d'abord estimé à 75 millions de dollars, puis réévalué à 157 millions par des exécutifs affolés. Les concepts arts qui ont émergé depuis montrent un respect du récit de Alten (avec un Meg albinos) et surtout une orientation horrifique franche. Seulement voilà : le risque était trop grand et elle fut abandonnée.
La version finalement proposée par Warner en a pris beaucoup moins, de risques. En eaux troubles premier du nom était surtout l'une de ces coproductions sino-américaines destinées à contourner les quotas locaux pour grappiller le max de billets verts en Chine. Forcément, le premier réalisateur Eli Roth a laissé sa place à Jon Turteltaub et le shark movie flippant est devenu un divertissement familial hyper calibré. Quant au Megalodon, il passait entre les baigneurs insouciants sans même croquer un bout d'orteil pour l'apéro. Le comble pour un blockbuster qui axait sa promotion sur la taille de sa star aquatique et de sa dentition.
Comme dans le premier, des proportions aléatoires
Sa suite pâtit exactement du même problème. Si Wheatley a clairement pour seule ambition de payer ses factures, parallèlement à la réception tiédasse de son pourtant intéressant In the Earth, il est évident que les scénaristes Dean Georgaris, Jon Hoeber et Erich Hoeber cherchent à faire complètement basculer la franchise naissante dans la grosse série B débile.
Sauf qu'ils doivent une fois de plus composer avec un classement PG-13, obligatoire. Donc quand ils lâchent enfin leur(s) requin(s) géants sur une plage de touristes, après plus d'une heure de randonnée sous-marine, c'est pour les boulotter tout rond, sans la moindre goutte d'hémoglobine.
Mega con
The Meg 2 se veut crétin et outrancier. À cause du cahier des charges hollywoodien, il est surtout crétin. Très, très crétin. Reconverti dans le militantisme écologique à base de pétage de bouches (dissolution !), notre brave Jonas collabore avec un institut qui maintient en captivité un authentique Megalodon, issu d'un abîme à la faune inconnue, protégée par une couche d'eau... bizarre.
Au cours de l'une de leurs explorations, non seulement leur nouvel animal de compagnie s'échappe par une trappe faisant exactement sa taille, mais ils sont attaqués par de méchants pollueurs des grands fonds, prêts à les trahir pour l'argent. Le point de départ d'une succession de péripéties plus volontairement bêtes les unes que les autres, des sauvetages sans pression de Statham au dressage de Megalodon à la Owen Grady.
Et l'Oscar de la gamine la plus insupportable revient à...
Pour peu qu'on fasse le deuil du grand carnage annoncé et qu'on accepte une structure narrative en deux parties qui confond rythme et répétition, il n'est pas interdit de souffler régulièrement du nez. Rire franc ou symptôme nerveux, difficile à dire, le film restant à la lisière du nanar assumé dont l'usine à Z The Asylum ou certains producteurs de DTV chinois se sont fait une spécialité. À ceci près qu'ici, le budget se compte en dizaines de millions de dollars. Enfin, a priori.
Non pas que cette débauche de moyens soit particulièrement visible, l'ensemble est comme prévu techniquement indigent, du sound design aux effets spéciaux aléatoires en passant bien entendu par ces incrustations hideuses qu'il entend bien se faire pardonner à force de second degré. Mais certains plans au ralenti, coincés entre deux punchlines gênantes, amuseront les amateurs de bisseries bancales. À condition néanmoins de passer l'éponge sur... tout le reste.
Des tentacules, un hélico, qu'est ce qui pouvait mal se passer ?
Mega perdu
La stupidité revendiquée de En eaux très troubles aurait très bien pu en faire le divertissement décérébré de l'été, avec son Jason Statham qui ne desserre pas les dents pendant 1h50 et ses idées absurdes. Du moins si ce choix ne le dispensait pas de s'occuper de la matière première de n'importe quel film : la mise en scène. Car en l'état, c'est elle qui est très trouble (rires forcés).
Au mieux, elle est d'une faignantise ahurissante, refusant de ménager le moindre suspens aux moments supposés les plus cruciaux (même si aucun héros ne meurt passé la première demi-heure, rassurez-vous). Au pire, elle est purement et simplement inexistante, outre quelques images rigolotes (le point de vue de la mâchoire), toutes sans exception visible dans la bande-annonce. Combinée à un montage plus qu'approximatif, pas foutu de raccorder à peu près logiquement deux plans, elle parvient à perdre son spectateur dans ses rares décors. On frise l'exploit.
La gestion de l'espace est tout simplement catastrophique dans la deuxième partie, semant nos héros aléatoirement aux quatre coins de "Fun island" et les faisant s'entrecroiser en fonction des besoins du scénario. Une amélioration néanmoins notable par rapport à la première partie, située à 8 kilomètres de la surface, où les environnements numériques et la photo artificielle plongent la succession de courses-poursuites bordéliques dans une pénombre impénétrable.
Très probablement greenlightée par erreur par un ponte de Warner qui fêtait le 59e report de The Flash à la tequila frelatée, avec la complicité de ses homologues chinois, cette suite pourrait presque prétendre au titre de gros nanar réjouissant si ses principales lacunes n'étaient pas purement techniques. Pour peu qu'on essaie de suivre à peu près le parcours des nombreux personnages anonymes, il demande trop de concentration pour vraiment nous vidanger le cortex. Une seule alternative : revoir Piranha 3D.
NB : L'auteur de ces lignes avait bu quelques bières avant sa séance. Et il a bien fait.
Lecteurs
(2.6)18/03/2024 à 17:19
Tombé dessus hier par hasard sur Canal,
Sombré avant la fin de la première heure.
C'est tellement bête qu'il n'y a rien à sauver.
23/12/2023 à 00:58
Complètement de votre avis, à mourir d'ennui.
Une superproduction qui traine à brasser de l'air.
Que les premières minutes du film des grands qui mangent les petits que j'ai adoré, tout le reste est une mauvaise blague. C'est nul, ennuyeux à mourir, pas drôle, pas une goutte de sang ou oubliable, pas d'enjeu, pas de logique, des megalodons en second plan ou juste là pour décorer, des incohérences et la palme revient au super megalodon qui change de taille selon les compétences du héros.
Moi qui ne suis déjà pas une grande fan de ce genre de film mais ayant appréciée celui avec les piranhas, en eaux très troubles est en effet très troubles, trop pour être réussi.
29/09/2023 à 22:23
Quelle horrible déception. Fan de film de requin et plaisir régressif je pensais quand même passer un moment sympathique. Mais non! Le film est beaucoup trop stupide (dans le mauvais sens du therme si j’ose dire… ).
Vivement un remake reprenant fidèlement les livres
27/08/2023 à 22:19
Le premier était très con. Celui-ci fait encore plus fort, encore plus chiant, plus moche, plus con. Tout est tiré vers le bas et l'humour Z, je ne m'y ferai jamais. Navrant de connerie.
Seul point positif : le chien.
27/08/2023 à 18:37
"NB : L'auteur de ces lignes avait bu quelques bières avant sa séance. Et il a bien fait."
Non, c pas ça! On sait tous que boire de la bière avant une séance, c la meilleure façon d'avoir envie de pisser toute les 1/2 heures.C désagréable.
C plutôt de la weed que vous avez fumé avant!
24/08/2023 à 10:47
Bon, je n'en attendais pas forcément grand chose. J'avais trouvé le premier divertissant malgré tous ses défauts (qui étaient nombreux).
Celui-ci, je suis mitigé. OK, lorsqu'on va voir un film avec des mégalodons, il faut un minimum de suspension de l'incrédulité mais là, franchement, plutôt que de souffler des narines comme le rédacteur de l'article ou comme Jason Statham à 8000m de profondeur (je sais que c'est un ancien champion de plongeon mais quand même...), je me suis pris plusieurs fois la tête entre les mains tant c'était n'importe quoi, comme la scène de l'hélico (pas de spoil, cela correspond pile-poil à la photo illustrant l'article). Et puis cette gamine...
17/08/2023 à 11:44
Un bon divertissement. Mais trop de bestioles inutiles, des méchants dignes de Scoubidou, le comique qui devient Ninja entre le 1 et le 2, le chien, la gamine à la con (syndrome Jurassic Park) qui met en danger tout le monde (Accrochez-la au bout d'une ligne pour qu'elle serve à quelque chose !!!), ... J'ai préféré la première partie dans les fonds marins que la seconde trop bordélique.
13/08/2023 à 18:25
Z’etes durs quand même !
J’ai passé un super moment à la con.
C’est bis, c’est fun, c’est idéal pour une journée trop chaude d’été.
Solid 5/7
08/08/2023 à 15:11
En 4DX c'est encore meilleur ont sort du film trempé assomé en 3D pour les amateur de STATAN et des MEG .
06/08/2023 à 22:39
Ce n'est pas le Megalondon qu'il faut fuire c'est ce film débile !
En fait c'est une mauvais comique, ridicule.