Arthur, malédiction : Luc Besson (encore) soupçonné de plagiat, et d'avoir exploité son équipe

Axelle Vacher | 1 juillet 2022 - MAJ : 02/07/2022 14:07
Axelle Vacher | 1 juillet 2022 - MAJ : 02/07/2022 14:07

Plusieurs étudiants de l'École de la Cité, fondée par Luc Besson, ont dénoncé le tournage lunaire et WTF d'Arthur, malédiction.

Après visionnage de sa première bande-annonce, le dernier projet estampillé Luc Besson, inattendu spin-off horrifique d'Arthur et les Minimoys, avait de quoi susciter l'inquiétude, voire le désarroi. Métrage aux motivations contestables et difficilement intelligibles, le suicide artistique Arthur, malédiction s'annonce déjà comme le nouvel échec cuisant d'Europacorp, deux ans seulement après le catastrophique Anna.

Porté par une intrigue moins crédible encore qu'un politicien en pleine campagne promotionnelle, Arthur, malédiction fait donc le récit d'une bande d'adolescents qui, en dépit de leurs 18 printemps, vouent toujours un culte singulier à la franchise pour enfants transposée à l'écran par Besson au milieu des années 2000. Désireux de faire plaisir au plus fan d'entre eux, le groupe d'amis décide alors de s'embarquer dans un week-end camping-urbex afin d'explorer les décors désormais abandonnés du film.

 

 

Malheureusement pour eux (et pour le spectateur), les lieux ne s'avèreront pas plus abandonnés qu'une soirée d'influenceurs en pleine pandémie, et découvrent bien assez vite que les lieux sont en réalité habités par de dangereuses entités au goût prononcé pour le démembrement non consenti. Trip méta et égocentrique à moitié sous acide mis à part, le métrage dirigé par Barthélémy Grossmann est une attaque envers toutes personnes dotées de la vue.

Sous-tendu par une mise en scène inexistante, un parterre de comédiens dont les capacités d'interprétation semblent avoir été oubliées dans les loges, d'un montage épileptique et d'une trame narrative aussi décousue qu'incohérente, il ne serait pas déraisonnable de se demander si le traditionnel processus de production cinématographique ne s'est pas enrayé quelque part. Ecran Large avait d'ailleurs été contacté dès la sortie du trailer par un proche de l'équipe de tournage, alertant déjà sur la médiocrité du film à venir et des conditions de tournages particulièrement étrange.

Et d'après quelques étudiants de l'École de la Cité, lesquels ont participé bon gré mal gré à l'aventure maudite, il semblerait bien que le projet fleurait le relent nauséabond dès sa genèse.

 

Arthur : Malédiction : photoPorte ouverte à toutes les fantaisies

 

voler un film... Jamais

Publiquement parlant, tout commence lorsqu'un jeune assistant-réalisateur pointe du doigt quelques similitudes entre la bande-annonce du métrage produit par Besson, et son propre court-métrage réalisé cinq ans plus tôt (et avec nul autre que Shannah Besson en tête d'affiche, précisera-t-on). Et effectivement du décor au concept, les deux métrages semblent bien se répondre l'un à l'autre.

Si le réalisateur du film précise sur son compte Twitter qu'il n'accuse nullement Luc Besson de plagiat (il a depuis éclairci la situation pour bien le rappeler), il s'agirait toutefois de souligner que le cinéaste derrière Le Cinquième Élément n'en est nullement à son coup d'essai en termes de contrefaçons artistiques. Maintes fois accusé d'avoir emprunté un peu trop facilement aux autres, Besson a de fait été condamné en 2016 par la Cour d'appel de Paris à reverser quelque 465 000 euros d'amende à John Carpenter, son co-scénariste Nick Castle, et StudioCanal pour avoir plagié New York 1997

 

 

Que Luc Besson se soit, ou non, inspiré du court-métrage réalisé par Reudet est une chose. Mais le chaos planant autour de la production d'Arthur, Malédiction, est toutefois bien loin de s'arrêter là. Dans les commentaires de la vidéo critique du film du youtubeur Durendal, un ancien étudiant de l'École de la Cité s'est appliqué à décrire le vaste capharnaüm dont la production du métrage aurait été le théâtre.

 

Arthur : Malédiction : photo, Mathieu BergerCommencer à sentir l'arnaque venir

 

nobody said it was easy, no one ever said it would be this hard

Selon Lesmouchesdu74 (pseudonyme internet employé par l'ancien étudiant en question), Luc Besson en personne se serait un jour rendu à l'École de la Cité afin de proposer aux étudiants un projet de long-métrage. Le cinéaste leur confie vouloir produire un métrage horrifique dans le monde d'Arthur et les Minimoys, et les impliquer à part entière dans le processus.

Ces derniers ont alors carte blanche en termes de traitement, à condition toutefois de s'en tenir au concept imposé. Plusieurs scénarios seront ainsi rédigés au cours des semaines, mais aucun ne semble trouver grâce aux yeux du cinéaste, lequel décide de l'écrire lui-même. Les étudiants, déçus, mais pas rancuniers, officieront alors de script-doctors.

Une première mise à l'envers qui sera, selon Lesmouchesdu74, bien loin d'être la dernière. Ainsi, au cours du tournage, les divers étudiants de la Cité auraient été répartis selon plusieurs postes, lesquels ne correspondaient pas nécessairement à leur filière d'apprentissage (l'école propose un pôle scénario, et un pôle réalisation).

 

Arthur : Malédiction : photoDécors-métaphore

 

Une répartition d'autant plus curieuse que, premièrement, les étudiants ne disposent aucunement de l'expérience professionnelle requise afin d'occuper certains des postes qui leur auraient été attribués (Lesmouchesdu74 confie ainsi que des étudiants inexercés occupaient les postes de deuxième et troisième assistant-réalisateurs – ce qui représente un travail colossal – tandis que d'autres étaient attachés à rédiger des contrats sans avoir de connaissances préétablies de la convention de l'audiovisuel), mais surtout, que la production disposait d'un budget de 2,24 millions d'euros ! Une somme modeste pour une production lambda, mais très confortable pour une production sans tête d'affiche en décor unique.

Comme il fallait donc s'y attendre, disposer d'une équipe majoritairement constituée d'étudiants sans expérience de plateau aurait donné lieu à des situations lunaires, habituellement l'apanage des tournages de fin d'études. Ainsi, les étudiants auraient été contraints de changer de poste au milieu du tournage, voire faute de moyens (selon la production toutefois, puisqu'on le rappelle, des moyens financiers honorables avaient bien été avancés), de s'improviser figurants ou, plus surprenant encore, cascadeurs (et selon le témoignage de Lesmouchesdu74, sans protection). 

 

Arthur : Malédiction : photo, Vadim AgidLes étudiants en plateau

 

Une situation incompréhensible au vu des moyens financiers dont disposait le métrage (lesquels ne seront pas plus observables plastiquement ou techniquement, ajoutera-t-on), flirtant dangereusement avec l'irresponsabilité, et surtout, bien différente de ce qu'en rapporte le cinéaste, Barthélémy Grossmann.

Selon un entretien accordé à Le Matin, le cinéaste aurait été apparemment tout à fait libre de choisir sa propre équipe technique, et ne mentionne par ailleurs nullement les étudiants présents sur le tournage. Pas plus qu'il ne mentionne l'étendue de l'investissement de Besson à la réalisation qui, selon Lesmouchesdu74, aurait tourné plusieurs scènes, et une majorité de reshoots. Pourtant, Grossman affirme avoir bénéficié de la confiance totale du réalisateur, d'une grande liberté artistique, et surtout, d'un budget assurant un déroulé confortable.

Il semblerait donc que, soit les étudiants de la Cité et le cinéaste n'aient pas officié sur le même projet, soit l'un des deux s'est malheureusement retrouvé prisonnier d'un tournage dans le Monde à l'envers. Toutefois, selon une autre ancienne élève de l'École de la Cité, laquelle corrobore les propos de Lesmouchesdu74, l'expérience rocambolesque décrite dans le commentaire de l'étudiant n'aurait malheureusement rien de surprenant :

 

  

Depuis, le groupe Facebook "Paroles de scénaristes", qui travaille activement pour mettre en lumières les injustices dans le milieu, a publié un témoignage anonyme. Là encore, c'est la parole d'un.e étudiant.e de l'Ecole de la Cité, qui a été liée à Arthur, Malédiction.

 

Arthur, malédiction : photo

 

 

Outre l'irrespect manifeste que cette étrange production témoigne envers tout le processus cinématographique, il semblerait donc que Luc Besson ait allègrement fourvoyé les étudiants mobilisés sur le projet. Un comble pour un cinéaste ayant fondé une école pour que, tel que le stipule la citation en page d'accueil du site internet de la formation, « les jeunes passionnés (…) qui n’ont pas trouvé leur chemin par la voix classique, puissent avoir une alternative ».

Si ces divers témoignages sont bien entendu à prendre avec des pincettes, rien n'ayant été officiellement confirmé, les évènements qui y sont décrits permettent toutefois de se faire une idée sur ce qui aurait bien pu occasionner un métrage pareil. Soit, un désintéressement total du cinéma.

Tout savoir sur Arthur, malédiction

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commentaires
Isac654
06/07/2022 à 23:49

J'ai passé un très bon moment devant ce film et je ne comprends vraiment pas la critique hautaine et méprisante d'Ecran Large sur ce film. Les acteurs sont convainquant et j'admets avoir été impressionné par leur jeu.
La salle était aux 2/3 pleine et personne n'est parti avant la fin du film.
Ce serait bien d'encourager une entreprise française ayant ses locaux en France qui au moins sur ce coup là a fait un très bon film !
Arrêtez le dénigrement sur Luc Besson pour une fois !

Rhaegon
06/07/2022 à 08:39

J'ajouterais que "passer par les voies légales", ca coûte. Qui va payer l'avocat d'un étudiant qui acceptera de lancer quelque chose contre Luc Besson, qui a des moyens beaucoup plus importants ?

Puis "ce qui nous intéresse ici c'est le film" : qui c'est "nous" ?
Parce que perso, le film je m'en tape, et ceux qui ont (éventuellement) été exploités par Besson dans leur propre école aussi, et ceux qui le seront (toujours éventuellement) plus tard également.
Ce n'est rien de plus ni de moins qu'un témoignage comme il en existe tout un tas pour tout un tas de sujets différents (harcèlement, agressions ...).

Et bon, c'est fait à ce moment précis parce que c'est maintenant qu'on parle du film et que ca peut être vu. Le gars exploité est sensé ne pas perturber le bon déroulé de la sortie au cinéma, pour pas fâcher Besson et sa société ? X)

Donc je rejoins Morcar : ces propos sont assez inquiétants.

Simon Riaux
05/07/2022 à 10:49

@RobinDesBois

C'est quand même étrange, de considérer qu'on ne défend pas Besson mais qu'une nouvelle fois, ses accusateurs devraient baisser les yeux et être réduits au silence.

Evidemment qu'il n'existait pas d'autre tempo pour faire connaître les apparentes conditions de tournage. Avec le système de l'intermittence, espérer une reconnaissance par les structures légales encadrant le droit du travail est un voeu pieux. L'intéressé est connu depuis des décennies pour être régulièrement accusé de traitements particuliers à l'égard de ses collaborateurs. L'attention médiatique autour du film de Besson est à tout péter d'une petite semaine. Sauf à considérer que les éventuelles victimes de ce système doivent se taire, leur reprocher de faire connaître des conditions de travail qu'elles estiment ubuesques, c'est un peu particulier.

RobinDesBois
05/07/2022 à 04:53

Quand au timing, oui je pense effectivement que la personne anonyme aurait du attendre. Au moins un mois. Quel est le but de ce commentaire ? Flinguer la sortie du film (qui de toute façon devrait bider puisque c'est apparement une daube finie), faire perdre de l'argent au studio ? Le cinéma ne se porte déjà pas très bien et ce genre de commentaire est plus contreproductif qu'autre chose.

Et si c'était pour jouer les lanceurs d'alerte et hurler au monde que l'école de la cité ou Europacorps entube les étudiants y avait d'autre moyens de le faire et ne pas tout mélanger dans un même commentaire bourré d'aigreur, de puérilité et de contradictions.

Je reprécise que je ne cherche pas spécialement à défendre Besson, son école et sa société de production qui sont le cadets de mes soucis mais c'est la démarche victimaire et revancharde anonyme qui me dérange.

RobinDesBois
05/07/2022 à 04:37

@Morcar sauf que je parle de ce cas précis et pas du tout du statut de stagiaire en général. Je vois un commentaire anonyme (et aussi un autre commentaire qui contredit les propos de Lesmouchesdu74 donc qui croire dans l'histoire et surtout pourquoi accorder du crédit au premier commentaire anonyme sur internet ) se plaindre de tout. Hors ce qui nous intéresse ici c'est le film.

Qu'il se plaigne de la réalisation foireuse du film pourquoi pas (encore qu'il y a participé) mais ses problèmes de salaire je m'en contrefous et je réitère: les gens se plaignent beaucoup trop publiquement. S'il estime s'être fait exploité qu'il porte plainte, qu'il passe par des voies légales, il est pas le seul si on en croit son commentaire donc ça ne devrait pas être trop difficile à prouver. Mais pourquoi prendre les abonnés d'un critique sur youtube à témoin pour quelque chose qui ne les concerne pas ?

Morcar
04/07/2022 à 11:39

@RobinDesBois, je trouve ton discours assez inquiétant concernant le statu d'étudiant/stagiaire. Je ne parle pas du cas précis ici, puisqu'on ne sait pas vraiment ce qui est vrai ou pas, mais de ce que tu dis de manière générale. Quel que soit le domaine, il y a des règles qui protègent justement les étudiants/stagiaires des abus, dont tu as l'air de te moquer totalement.
Travaillant dans l'informatique, par exemple, j'ai pu voir des patrons profiter d'un stagiaire pour lui faire développer gratuitement un logiciel en lui faisant faire des heures dépassant largement le cadre légal. Evidemment, le stagiaire pourrait se plaindre, mais il ne le fait pas car il n'est pas en position de force, et pas mal de patrons en profitent. D'après toi, le stagiaire n'a rien à dire car il vit de sa passion ?!
Alors certes, il faut attendre de voir si les propos de cet étudiant sont prouvés ou non (s'il y a enquête), mais le gars Besson a prouvé depuis plusieurs années qu'il était loin d'être clean, quand même. Pourtant à la base je l'aime bien, mais ça parait un peu énorme d'imaginer que le monde entier voudrait lui nuire. D'abord ça a été une actrice qui lui porte certaines accusations, maintenant des étudiants. Il doit y avoir une secte anti-Besson qui oeuvre dans l'ombre pour s'infiltrer à tous les niveaux et lui nuire.
Au passage, le commentaire de la Demoiselle d'Horreur, YouTubeuse aujourd'hui très réputée, et apparemment autrefois élève de l'école (je l'ai appris ici), montre qu'elle n'est même pas surprise de découvrir cette histoire. Et elle n'est pas du tout une anonyme, elle.

Quand au fait que la personne en question en parle maintenant, et pas il y a un an quand ça s'est passé, ou dans six mois, c'est bien parce que c'est maintenant qu'on parle du film. Durendal a fait sa vidéo à la sortie du film, pas six mois avant ou après. L'étudiant en question aurait du venir la commenter dans 6 mois, d'après toi ?

@brucetheshark, tu m'as tué ! Ah ! Ah ! Ah !

Morcar
04/07/2022 à 11:16

Ouah !!!! Donc le mec en plus d'arnaquer ses spectateurs depuis des années, arnaque aussi ses étudiants. Il n'a vraiment aucune limite !

J'attends la nouvelle vidéo de Mozinor qui va pouvoir ajouter une nouvelle étape à la conception d'un scénario par Luc Besson, en plus de sa machine à création automatique ^^

TerminéatoR
04/07/2022 à 10:30

Décidément EL vous ne voulez vraiment pas poster mon commentaire hein mdrrr

brucetheshark
03/07/2022 à 22:17

Vous imaginez l'ironie si un mec choisissait le pseudo Robindesbois alors qu'il est de droite ? Bon vous avez raison, c'est trop bête pour arriver ... Mais imaginez...

Geoffrey Crété - Rédaction
03/07/2022 à 12:04

@Pote

Etant donné qu'il n'y a pas grand rapport entre DVDrama-Excessif et Ecran Large (un membre de l'équipe, qui n'était qu'un petit pigiste sur ces sites, donc zéro pouvoir de décision) : oui, totale logique.

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