Arthur, malédiction : un box-office qui sent le Luc pour le cinéma français

Lino Cassinat | 3 octobre 2022 - MAJ : 04/10/2022 18:36
Lino Cassinat | 3 octobre 2022 - MAJ : 04/10/2022 18:36

Dernière production de Luc Besson, Arthur, malédiction a eu une carrière pour le moins mouvementée au box-office. Au point d'en faire un échec ?

C'était la sensation du cinéma français pendant environ une semaine, mais c'était une sacrée sensation : Arthur, malédiction, dernière entrée du Luc Besson Navet Universe sortait au mois de juin accompagné de son lot de scandales – entre accusations de plagiat et de travail non rémunéré – et de critiques au lance-flamme. Si le film est "réalisé" par Barthélémy Grossmann, l'ombre sulfureuse de son producteur en perdition Luc Besson planait sur tout le projet maudit, et malgré les déboires de son poulain, il pourrait avoir gagné de l'argent.

 

Arthur : Malédiction : photo, Marceau EbersoltQuand ça sent pas bon

 

UN bon gros LUC

Tourné dans le plus grand des secrets entre deux confinements et avec la plus grande célérité en seulement trente jours, Arthur, malédiction pourrait être vu comme une tentative de retour à la tradition du film d'horreur produit pour une bouchée de pain, ou comme un pari industriel à la Blumhouse. Le film a en effet bénéficié d'un budget de seulement 2,2 millions d'euros. Évidemment, c'est toujours une sacrée somme gâchée pour les quidams que nous sommes, et de nombreux excellents films doivent faire avec moins – au hasard, Les Misérables a coûté 2 millions d'euros.

On pourra donc déjà se consoler un peu que relativement peu d'argent a été dispersé dans cette fumisterie, et on espère qu'il est allé dans la poche des pauvres étudiants de l'école de cinéma de Luc Besson et de techniciens vraisemblablement payés au SMIC, visiblement méritants au vu des rumeurs qui circulent sur les conditions de tournage ubuesques et dangereuses. Notez tout de même qu'on ne peut même pas en être sûr.

 

Arthur : Malédiction : photo, Ludovic BerthillotQuand tu fais passer les frais généraux dans les salaires

 

Par ailleurs, et avant de hurler bêtement dans les commentaires contre le fameux public du cinéma français par vos impôts – c'est inexact – et la fameuse chronologie des médias (un outil de répartition des richesses, on le rappelle), sachez également qu'Arthur, malédiction n'a bénéficié pour ainsi dire d'aucun apport public (fonds de soutien probablement excepté). Selon certaines sources, Luc Besson aurait même mis tout son salaire de producteur, tous ses frais généraux, et un apport en numéraire dans le film, on peut donc littéralement parler d'une production maison.

Seuls financeurs en vue : une SOFICA (un type de fonds d'investissement privé encadré par la loi et obligatoirement à destination du cinéma) et une participation de Canal+ et Ciné+. Enfin, Kinology aurait également mis la main à la patte dans l'étape de production avant de recevoir le mandat de ventes internationales. On vous précise tout cela, car vous allez voir qu'à cause du financement du film, il va être difficile de déterminer s'il s'agit d'un échec ou non.

 

Arthur : Malédiction : photoToujours plus bas

 

ET UN (TROP) PETIT TROU

Car si Arthur, malédiction a eu une exploitation désastreuse avec une perte vertigineuse de 60% de son public dès la deuxième semaine, et 80% en troisième semaine avant d'être arrêté, il n'en reste pas moins que le film a engrangé quasiment 190 000 entrées. C'est faible (et en même temps, beaucoup trop), mais pas tant que cela, et il est très difficile de dire s'il y a là une perte d'argent à cause du comptage en entrées. Le site JP's Box-Office avance une rentabilité de 1,2 million d'euros, ce qui fait qu'un million d'euros manque à l'appel, tandis qu'une rapide multiplication du nombre d'entrées par le prix moyen du ticket de cinéma (7,04€ en 2021 d'après le CNC) indique un résultat de 1,3 million d'euros.

Le problème, c'est que tous ces calculs se font au doigt mouillé ou sont invérifiables, et même s'il ne faudra pas compter sur l'exploitation internationale infinitésimale du film, l'exploitation vidéo/télé ainsi que les ventes internationales pourraient lever le million d'euros manquant hypothétiquement à l'appel. Par ailleurs, sans avoir aucune idée des montants mis par chacun sur la table et compte tenu des différents mécanismes de remboursement et d'exploitations parallèles, impossible de déterminer si quelqu'un s'est fait plumer avec aussi peu d'informations.

 

Arthur : Malédiction : photoDonne-moi de l'argent

 

Ce qu'on peut dire par contre, c'est que grâce à son faible coût de production et ses probablement faibles frais d'édition (Apollo étant un petit distributeur), il n'est pas vraiment permis de parler de catastrophe commerciale et qu'il est possible que la deuxième vie du film rapporte de l'argent à son producteur, même si on soupçonne que tout le monde espérait mieux en salles et que personne ne s'attendait à une telle taule. Car Arthur, malédiction, à cause de l'effondrement de sa fréquentation, reste malgré tout une exploitation calamiteuse, et il demeure assez certain que la première vie du film ne lui a pas permis de rentrer dans ses frais. C'est juste pas assez calamiteux pour tuer un film avec un aussi faible budget.

Morale de l'histoire, n'écoutez pas votre fascination pour le pire, vous la pensez inoffensive, mais parfois elle rapporte de l'argent à des tiers peu scrupuleux et c'est vous qui êtes plumés. Rira bien qui rira le dernier, et il est possible que Luc Besson se rit de ses spectateurs qui auraient gagné du temps et de l'argent à ignorer Arthur, malédiction. Surtout que, sachant la mauvaise réputation mondiale de l'univers des Minimoys au cinéma, il n'y avait vraiment pas besoin d'aller vérifier et de continuer à maintenir cet univers radioactif en demi-vie.

 

Arthur : Malédiction : photoVous étiez mieux ailleurs ce jour de juin 2022

 

MAUDITS MINIMOYS

Pour rappel, Arthur et les Minimoys (produit par Harvey Weinstein...) avait en effet obtenu un résultat très tiède avec 108 millions de dollars de recettes pour un budget de 85 millions de dollars, avant que la licence ne dévisse : 52 millions de dollars de recettes pour Arthur et la vengeance de Maltazard (dont le budget est curieusement introuvable) tandis que Arthur 3 - La guerre des deux mondes fait un bide retentissant avec 30 millions de dollars de recettes pour un budget de production de 90 millions de dollars.

 

Arthur : Malédiction : photo, Vadim AgidLa douleur

 

L'AFP rapportera d'ailleurs qu'entre 2010 et 2011, EuropaCorp aura perdu près de 30 millions de dollars, largement à cause de ces deux derniers films. Évidemment, à l'échelle d'un empire multimillionnaire, le petit million de pertes occasionné par Arthur, malédiction ne représente pas grand-chose. Mais le faible coût engagé de départ garantissait de toute façon une faible perte en cas d'échec, et cela représente tout de même près de la moitié de l'argent investi parti en fumée. Inutile cependant d'espérer (ou de désespérer ?) que le Luc Besson Navet Universe s'arrêtera là.

Tout savoir sur Arthur, malédiction

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commentaires
TailS_tff
10/01/2023 à 11:17

Je pense que les chiffres parlent pour eux même, ce film est une catastrophe.
Ca n'enlève pas le "génie" de Besson, arrêtez avec vos commentaires rageux pro-Besson, mais faut savoir reconnaitre un mauvais film
Pour être honnête, j'aimais bien Besson lorsqu'il faisait des films qui avaient de l'intérêt (Nikita), une belle histoire/belle bande son (le grand bleu), ou de l'audace (5ème élément).
Depuis, y a plus rien à voir

mister freeze
05/10/2022 à 00:40

oui comme dit smacky l a aussi co produit MUSIC HOLE sorti le 6 juillet. Et là , pas de commentaires Ecran Large ? c'est sorti la meme semaine au cinema

The Moon
04/10/2022 à 22:28

Luc Besson c'est battu pour mettre en avant les films français dans le monde au point de taquiner les studios américain.
Le début de sa filmo est géniale...
Il a ouvert une école de ciné gratuite!
Il aura toujours sa place dans les salleq de cinés même si il se plante.
Qui en France peut en dire autant...
Lever le pied, même si l'article n'est pas 100% EL, restez objectif sur le parcours du bonhomme...

Simon Riaux
04/10/2022 à 16:35

@Bilbo

Il est très dur de répondre à Elie puisque je ne suis pas l'auteur de l'article... Et qu'il ne l'a manifestement pas lu, puisqu'il explique qu'un certain nombre d'infos qui y sont sourcées et publiques sont inconnues.

Je note également qu'il ne semble pas faire la différence entre exploitation et remontée de recettes, ce qui n'est pas bon signe...

Bilbo
04/10/2022 à 16:32

@Simon Riaux : facile de répondre à filou ...une réponse à Élie peut être ?

Simon Riaux
04/10/2022 à 14:04

@Filou

A priori, la plupart des êtres humains correctement alimentés excrètent tous les matins 5% du talent du Luc Besson, juste après leur café.

Filou
04/10/2022 à 14:02

Essayez d’avoir seulement 5% du talent de Besson et vous pourrez commencer à prétendre critiquer cet légende vivante du cinéma Français.
Qui êtes vous pour parler de la sorte.
Pauvre type!

Elie
04/10/2022 à 12:45

Mais vous dites vraiment n'importe quoi...

Multiplier le prix de ventes des billets par les entrées pour calculer combien sa rapporte.

1) c'est le distributeur qui touche environs 40% de cette somme (en l'occurence Apollo)

2) l'exploitant de la salle touche environs 40% de cette somme lui aussi

3) les ventes internationales infinitésimales, vous n'en savez strictement rien : le film est déjà sorti dans 7 pays dont la Russie, via le partenaire habituel d'EuropaCorp, central Partnership.
Donc vous ne savez pas combien ECP a acheté les droits internationaux à la prod, ni sous quelle forme le film est vendu.

4) L'exploitation majeure de ce type de film se fait de toutes façon en TV / VOD / SVOD.

5) Vous ne savez pas combien le film a réellement coûté...

Bref... que du bullshit.

Bond
04/10/2022 à 02:04

Merci Gilles 27 , j’ai dit la même chose que vous mais moi g été censuré,

Smacky
04/10/2022 à 01:40

Il a aussi co produit MUSIC HOLE sorti le 6 juillet. Et là , pas de commentaires ?
Ce film est un bijou !

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