Luc Besson est-il vraiment détesté par la critique et le monde ? (spoiler : non)

Geoffrey Crété | 13 janvier 2022 - MAJ : 20/05/2022 15:37
Geoffrey Crété | 13 janvier 2022 - MAJ : 20/05/2022 15:37

Luc Besson détesté par la critique, victime des méchants médias, mal-aimé et incompris dans son pays : pourquoi c'est un mythe.

A chaque nouveau film de Luc Besson, le même refrain : la critique française le déteste, lui voue une haine aveugle par principe, n'a pas conscience de son beau rôle dans l'industrie du cinéma français, et méprise par ricochet des millions de spectateurs.

La sortie de Valerian et la Cité des Mille Planètes, superproduction adaptée des BD de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, avait vivement relancé le débat en 2017. Le blockbuster avait été atomisé par la critique, et boudé par le public, pour devenir un énorme échec. Son film suivant, Anna, a enfoncé le clou en étant à son tour à flop.

Avec en parallèle la situation financière catastrophique d'EuropaCorp, et les accusations de viol contre Luc Besson, le cinéaste n'est plus en odeur de sainteté dans le paysage. Mais le mythe de l'artiste rejeté perdure.

L'heure est donc venue d'essayer de comprendre ce phénomène, et mobiliser des faits, des chiffres, pour comprendre si Luc Besson est bien la victime des critiques. Première réponse simple pour évacuer les extrêmes : la presse n'est pas systématiquement et totalement contre le cinéaste, tout comme le public ne répond pas à chaque fois à l'appel de ses films.

 

Le Grand Bleu : Photo Jean-Marc Barr"Personne ne m'aime"

 

LE PUBLIC AIME BESSON : OUI, MAIS....

L'idée fondatrice derrière cette soi-disant haine des critiques est le fameux fossé entre la presse et le public. La presse mépriserait le cinéma de pur divertissement, mépriserait la réussite des français surtout lorsqu'ils jouent dans la cour hollywoodienne, et serait élitiste : Luc Besson serait donc l'antéchrist.

Parce qu'il a cofondé EuropaCorp, véritable usine plus connue pour ses films d'action (Taxi, Taken, Le Transporteur, Revolver, Banlieue 13) que ses œuvres d'auteur soutenues par la presse intello (Trois enterrements, À l'origine, Villa Amalia), Luc Besson a été adopté par de nombreux spectateurs, devenant le symbole du cinéma à grand spectacle qui rassemble dans les salles. 

Mais le public français ne se déplace pas en masse à chacun de ses films, par principe. Il va voir Bruce Willis dans Le Cinquième Elément (7,7 millions d'entrées), ou Scarlett Johansson dans Lucy (5,2 millions d'entrées), mais n'a pas été plus emballé que ça par Robert De Niro et Michelle Pfeiffer dans Malavita (958 000 entrées).

 

Photo  Scarlett JohanssonLuc Besson à la moindre critique

 

Le Grand Bleu (9 millions d'entrées) a rassemblé de manière extraordinaire, mais la trilogie Arthur et les minimoys n'a pas convaincu sur la durée : 6,3 millions d'entrées pour le premier, puis 3,9 millions et 3,1 millions, loin d'un schéma de réussite pour une franchise. Le phénomène du film des dauphins a permis au documentaire Atlantis d'intéresser un million de personnes en 1991, mais lorsque Besson raconte la vie d'Aung San Suu Kyi dans The Lady, moins de 500 000 spectateurs se déplacent. 

Le réalisateur a vite trouvé son public avec Subway (2,9 millions d'entrées), Nikita (3,7 millions) et Léon (3,5 millions), mais sa superproduction Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec n'a pas attiré beaucoup plus que 1,6 million de curieux. En 1999, Jeanne d'Arc avec Milla Jovovich ameute 2,9 millions de personnes, mais le comeback du cinéaste en 2005 avec Angel-A, filmé en noir et blanc avec la superstar Jamel Debbouze, se contentera d'environ 843 000 curieux.

 

Angel-A : photo, Jamel DebbouzeRegarder la vérité, en face, enfin

 

Valerian et la Cité des mille planètes a lui été un bide dans plusieurs territoires, mais a été bien accueilli en France : plus de 4 millions d'entrées. Pas assez pour rééquilibrer les comptes, vu le budget pharaonique du film (pas loin de 200 millions d'euros). Beaucoup plus modeste, Anna a rassemblé environ 730 000 spectateurs.

Bien sûr, même le plus mauvais score de Luc Besson au box-office ferait pâlir nombre de réalisateurs ignorés du public - et parfois soutenus par la presse, histoire de nourrir la chose. Mais l'intérêt très variable du public pour ses films, qui passent d'un genre à l'autre, montre une chose simple et évidente : les spectateurs n'ont pas un attachement absolu au réalisateur, et ne se déplacent pas en salle sur son simple nom. Ils vont voir des films, des acteurs (hollywoodiens), des aventures qui promettent des sensations fortes. Quitte à bouder ce qui ne les inspire pas.

Il sera par ailleurs amusant de noter que le nom de Besson est par exemple plus associé à la série des Taxi (dont il n'a réalisé aucun épisode : il est scénariste et producteur), qu'à certaines de ses réalisations moins populaires.

 

Photo Sasha LussQuand tu te prends la vérité dans la tronche

 

LA CRITIQUE DÉTESTE BESSON : PAS VRAIMENT NON

L'idée que Luc Besson est détesté par la presse est née avec Le Grand Bleu en 1988. Avant ça, un parcours exemplaire : propulsé sur le devant de la scène avec son premier film Le Dernier Combat en 1983 (prix spécial du Jury à Avoriaz, prix spécial de la critique au Festival international du film fantastique de Bruxelles, nomination au César de la meilleure première œuvre), il s'envole avec Subway en 1985 (13 nominations dont 3 prix aux César, succès public : équation idéale). Bref, Besson est totalement adopté par le système.

Lorsque Le Grand Bleu est présenté en ouverture du Festival de Cannes (honneur remarquable pour un troisième film), une partie de la salle le hue. Ce n'est ni le premier ni le dernier à vivre ça (Antonioni, James Gray, Tarantino ou encore Sofia Coppola y sont passés). Mais Besson l'a mal vécu et s'en est défendu à la télévision : « J'ai 28 ans, je n'ai fait que trois films. Je suis un bambin dans le cinéma. J'apprends mon métier. Il ne faut pas que les critiques, qui ont entre 30 et 50 ans, me tapent dessus comme ça. C'est pas très sympa ».

Il expliquera ensuite qu'un événement personnel a logiquement joué dans son émotion : deux jours après la projection, sa fille subit une importante opération programmée. 

 

Photo Jean-Marc BarrComment éviter l'odeur des méchants critiques

 

Intéressant néanmoins de constater que le cirque cannois cache la vérité : à sa sortie en salles (simultanée avec la présentation à Cannes : pas de veste retournée donc), Le Grand Bleu a été bien reçu par la critique, même la plus soi-disant élitiste et anti-cinéma populaire. Et même ceux qui trouvaient le film bancal, imparfait, voyaient clairement la valeur du cinéaste.

« Luc Besson ne prend pas le risque de vouloir en mettre plein la vue au spectateur. Il préfère varier le bleu (…), fabriquant un matelas profond sur lequel le spectateur pourra rêver. (...) Il existe une planète Besson et cette planète va éclipser le cinéma français (voire mondial, Besson voulait ouvrir le festival et ne pas y venir, dit-on) » (Les Cahiers du cinéma)

« Très beau, inclassable et déconcertant, qui se penche autant sur l'amour des dauphins que sur le vertige intérieur de son plongeur métaphysique » (Le Monde)

« Bon film spectaculaire et prenant » (Positif) 

« Et si le Grand Bleu était, tout simplement, un beau film ? » (Libération)

Bref : Le Grand Bleu est très loin d'avoir été tué par la critique, bien au contraire. Tout au plus a-t-il été frappé par le syndrome cannois de la presse (internationale) exigeante et de l'hystérie cannoise, le temps d'une soirée. Rien qui ne justifie donc l'étiquette d'un Besson détesté et détruit à Cannes.

 

Photo Anne ParillaudAnne Parillaud dans Nikita

 

1990 : Nikita. Après le triomphe du Grand Bleu (9 millions d'entrées, six nominations aux César dont meilleur film et réalisateur), la critique est plus partagée, et le public sera moins présent (3,7 millions d'entrées). Libération et France-Soir aiment. Les Cahiers du cinéma, Positif et Le Monde aiment moins. Le thriller récolte neuf nominations aux César, et Anne Parillaud remporte le prix de la meilleure actrice. Difficile alors de considérer que Luc Besson est méprisé par les élitistes quand il affronte Jacques Doillon, Patrice Leconte ou encore Jean-Paul Rappeneau pour la statuette du meilleur réalisateur (ce dernier l'aura, pour Cyrano de Bergerac).

1994 : Léon. La critique est tiède. Beaucoup s'accordent à dire que le film est efficace, mais manque de nuances. Libération sent le désir de « cibler large, à coups de concepts visuels », Les Cahiers du cinéma regrette une trop forte impression de « déjà vu », Positif voit majoritairement « une superproduction américaine banale ». Là encore, le public est à peu près d'accord : avec 3,5 millions de spectateurs en France, Léon est loin de recréer l'engouement du Grand Bleu. Mais avec sept nominations aux César (dont meilleur film et réalisateur, encore), Besson confirme sa place, toujours soutenu par le milieu.

1997 : Le Cinquième Elément. Les Cahiers du cinéma publie une critique positive, à la fois charmée et désarçonnée par un spectacle « mi-insipide, mi-agréable, mi-grandiose ». Le Monde salue un spectacle « filmé avec une vivacité, un sens du show et assez d'humour pour que, côté montagnes russes, on s'amuse bien et de bon cœur », et Télérama valide « un divertissement survitaminé, héroïque et léger ». Positif regrette que « tout a été vu ailleurs en mieux ». Pas de consensus et de cri au génie, mais une revue de presse loin d'être assassine. 

 

Photo Le Cinquième ElémentCloué au pilori par la presse (non)

 

1999 : Jeanne d'Arc est particulièrement bien accueilliStudio Magazine, Le Monde, Le Parisien, Le Point, L'Express, Libération, Première et Le Figaro publient des critiques très positives. Le Nouvel Observateur parle d'une « mise en scène énergique, avec batailles spectaculaires et combats formidables ». Besson est à nouveau nommé au César du meilleur réalisateur, parmi plusieurs nominations prestigieuses. Là, le public est moins conquis : moins de 3 millions d'entrées, un chiffre similaire à son Subway.

2005 : Angel-ALe retour de Besson avec un petit film en noir et blanc ne convainc ni le public ni la critique. Environ 843 000 personnes se déplacent pour voir un film que Les Inrocks, Libération, Mad Movies, Positif, Télérama et Studio Magazine trouvent raté. Pas de consensus assassin néanmoins : Première y voit un film « étonnamment riche », Le Parisien y va de son « magnifiquement filmé en noir et blanc », et Le Figaroscope applaudit une œuvre « en noir et blanc classique, tout simple dans sa forme, mais profond ».

 

photo, Rie RasmussenMême là, une fille et des flingues

 

2010 : Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, succès moindre en salles vu les ambitions, récolte des critiques divisées. Le Parisien, Les Inrocks, Libération, Positif aiment beaucoup ; Le Monde, Le Figaroscope, L'Express, Télérama aiment plutôt ; Mad Movies et Les Cahiers du cinéma, pas du tout.

2011 : The Lady est moyennement apprécié. Bien reçu par Le Parisien, Le Figaroscope, Le JDD ; un peu moins par Les Inrocks, Première, Télérama, Le Monde, Positif ; descendu par L'Express, Les Cahiers, Studio et Libération

2013 : Malavita récoltera quelque chose dans le même genre. Comme The Lady, la critique est très moyenne, et le public ne se déplacera pas en masse.

 

photo, Michelle PfeifferMalavita n'a pas eu besoin de la critique pour finir en cendres

 

2014 : Lucy, qui aurait tout à fait pu être tué par la critique élitiste. Sauf que non : une bonne partie de la presse valide le spectacle, à défaut de le trouver entièrement satisfaisant ou réussi. 

« Au milieu de cette série B friquée, fonçant à toute allure pour ne pas être prise en flagrant délit d’inconséquence, surnage cependant un second film passionnant, mené par Scarlett Johansson » (Les Inrocks)

« Que Luc Besson continue à filmer des poursuites, des complots et des règlements de comptes. Il est fait pour ça et c'est l'un des rares, en France, à le réussir aussi bien. Mais surtout, surtout, surtout, qu'il évite de penser. » (Télérama)

« On peut toujours essayer de sauver quelque chose chez Besson, par exemple cette sorte de panache qu’il met à filmer des héroïnes terrassant des hommes plus faibles qu’elles » (Les Cahiers du cinéma)

« On ne saurait nier que le cinéaste donne à son public en pâmoison exactement ce que ce dernier attend, même si la surprise est quelque peu éventée: "Lucy" est tout à fait ce qu'il espère . (Positif)

 

Photo Scarlett JohanssonDémunie face à la presse pas si méchante que le veut la légende

 

Et l'explication est probablement là : ces commentaires sur les limites du cinéma de Luc Besson. Le réalisateur a été soutenu et parfois encensé par la critique, a été salué par la profession et le public à de nombreuses reprises, mais à mesure que son cinéma a glissé vers le mainstream pur, la presse n'a pas manqué de signaler ses défauts systématiques. Ce qui aura certainement été perçu comme de la condescendance et du mépris par les fans de Besson ou les "haters" de la critique. Étant donné que le cinéaste a globalement été soutenu par la presse (même la plus intello et élitiste), loin du mythe d'un homme haï par l'assemblée, c'est la meilleure explication.

En 2017, Valerian et la Cité des mille planètes a relancé de plus belle le débat sur le réalisateur le plus détesté par la presse, d'autant que le statut unique du blockbuster made in France a pesé dans la balance - pour l'argument du rejet d'une réussite comme celle de Luc Besson. Sauf que là encore, le film a récolté des critiques mitigées, mais pas du tout assassines.

 

Valerian et la Cité des Mille Planètes : Photo Dane DeHaan, Cara Delevingne"Oh mon dieu, une critique mitigée !"

 

Le Figaro ressort de la séance « avec des ailes aux pieds, sachant que cette œuvre hors du commun, qui innove à chaque scène, est l'antiblockbuster américain ». Télérama parle d'un grand « spectacle hors du commun ». Première, d'un « geste de cinoche démesuré, mégalo, sincère et unique, qui porte la marque de son auteur à chaque plan, pour le meilleur comme pour le pire ». Même les grands méchants Inrocks publie une critique bienveillante, pointant du doigt des défauts, mais également des scènes folles.

Anna est toutefois l'un des films les plus mal reçus par la critique française. Mais même là, Télérama trouve une raison de rester bienveillant en parlant longuement de la révélation Sasha Luss.

Bref : parler d'une critique qui déteste Besson, c'est au minimum caricatural et simplifié à l'extrême ; voire totalement faux sur pas mal de cas.

 

Anna : photo, Sasha LussAllégorie très réaliste de Besson victime de la critique

 

BESSON N'AIME PAS LA PRESSE : NON, MAIS...

En revanche ou en conséquence, la presse est traitée de manière spéciale dans le royaume de Besson. L'accès aux projections est compliqué, voire impossible pour certains médias susceptibles de ne pas aimer le film (qui a parlé d'Ecran Large ?). Ceux qui ont la carte du club pourront en parler, et la promo passera par les grands médias et les plateaux télévisés, donnant ainsi l'impression que la couverture médiatique est normale, ouverte, et positive - une manœuvre qui n'est pas propre à EuropaCorp, les studios hollywoodiens étant experts en la matière.

 

The Lady : photo, Michelle YeohAllégorie très réaliste de Besson face à Claire Chazal au JT

 

La question n'est pas de réclamer un droit d'entrée aux projections et donc aux interviews, ou se venger d'un faux privilège retiré aux critiques, mais de mettre en valeur le problème de ce fonctionnement. Car le principe n'est pas de fermer l'accès aux médias, mais de sélectionner afin de contrôler la parole. Si personne ne parle du film, le public risque de ne pas savoir qu'il existe. Si tout le monde en parle, la revue de presse risque de ne pas être totalement positive. En revanche, si la chose est maîtrisée, avec un tri, le public entendra alors une parole claire, agréable, qui donnera l'illusion d'une presse enthousiaste, quasi unanime. 

Il faudra alors attendre la sortie du film en salles pour qu'il aille vérifier par lui-même, parfois trop tard, tandis que la presse privée d'accès ira elle aussi rattraper le film. Là encore, pas d'enfant gâté qui râle, mais le constat d'un fonctionnement éventuellement problématique, en plus d'un travail qui devra être fait dans l'urgence afin de couvrir la sortie.

D'autant que le public avisé n'est pas dupe, et capte vite ces signaux qui ont tendance à être associés à un film fragile - alors que ce n'est pas systématiquement le cas.

   

Photo Cara DelevingneCritique de cinéma montrant patte blanche au distributeur

 

LA PRESSE DÉTESTE BESSON : OH QUE NON

Luc Besson est reçu au JT de TF1, se retrouve en couverture des grands magazines, et ce en dehors d'un box-office qui lui offre parfois encore plus de couvertures médiatiques. Bref : le réalisateur est loin d'être un paria.

Bien sûr, une telle présence médiatique a aussi ses côtés négatifs. Sa vie privée a longtemps été un sujet de discussion, et ses activités de businessman lui valent des articles parfois peu glorieux, notamment lorsqu'une enquête est ouverte sur les financements d'EuropaCorp. Côté créatif, Besson a plusieurs fois été poursuivi pour plagiat - John Carpenter a gagné après avoir accusé Lock Out d'être une copie de New-York 1997Colombiana a été attaqué par une société de production du Bangladesh.

 

Subway : photo, Christophe LambertMétro-boulot-bobo

 

Mais dans tous les cas, que le film soit une réussite ou une déception, avant même qu'il ne soit un phénomène ou un petit flop, Luc Besson bénéficie par principe d'une forte présence sur la scène médiatique ; et ce depuis le début de sa carrière de jeune prodige reconnu par les César - eux aussi accusés d'être élitistes et coupés des goûts du public. Son statut d'égérie du cinéma français à l'international et de businessman surpuissant avec EuropaCorp étant communément admis, le cinéaste est très loin d'être l'homme à abattre pour la presse.

Et il n'y a qu'à voir les nombreuses réactions sur le silence institutionnel des médias autour des graves accusations contre Luc Besson, pour voir que l'idée d'une haine de la presse est peu crédible.

 

photo, Sasha LussMême pas mal

 

pas de BESSON vs le monde

La critique a-t-elle un problème avec Luc Besson ? Non : elle a soutenu et salué son travail à de multiples reprises. Est-il pour autant vénéré, protégé, intouchable ? Absolument pas.

Pas plus que n'importe quel autre cinéaste, qui divise la presse et le public, enchaîne un succès phénoménal et un film moins vu et apprécié. En plus de 30 ans de carrière, Besson a récolté des éloges et des critiques assassines, a conquis le public ou l'a laissé indifférent. Rien de spécial à signaler donc. Sauf un certain art du storytelling pour écrire son propre personnage public ?

 

Valerian et la Cité des Mille Planètes : Photo"Aimez-moi"

 

En revanche, Luc Besson jouit certainement d'une puissante position sur la scène médiatique, conséquence d'une filmographie en grande partie populaire et d'une carrière de premier plan, comme réalisateur, scénariste, producteur et business man. Une place à double tranchant, qui lui offre une couverture médiatique énorme à chaque film, et attire naturellement plus d'attention et donc de critiques, d'analyse, d'interrogations et de questions. 

Régulièrement reconnu aux César et à l'international, il n'a toutefois rien d'un marginal rejeté par le milieu ou les fameux intellectuels. L'étiquette du sale gosse antisystème qui trace sa route envers et contre tous est donc un brin artificielle, et participe d'un storytelling nourri par tous. Mais une chose est certaine : qu'il soit aimé, détesté ou ignoré, Luc Besson est une personnalité incontournable. Pour le meilleur, et pour le pire.

Tout savoir sur Valerian et la Cité des mille planètes

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Orange 125
24/01/2022 à 09:46

Mr Besson a une certaine créativité pour sauvegarder ses finances et son train de vie de nabab.Bravo un vrai génie.

Blaireau86
22/01/2022 à 14:52

À lire les bonnes petites affaires de Luc Besson.

Agata1966
21/01/2022 à 09:02

La méthode Besson Mozinor à voir et à revoir.

Greta1966
17/01/2022 à 12:48

Allez rien que pour divertir klm .Mr luc Besson vit toujours confortablement avec une rémunération astronomique au détriment des petits porteurs ayant investit dans la société Europacorp.Je n ai personnellement rien contre Luc Besson ,je parle de son comportement.Sans rancune klm.Je vous souhaite une heureuse année 2022.

KLM
15/01/2022 à 16:49

Cet obsédé de l'objectivité qui vient régulièrement faire sa crise ici, répète les mêmes choses, demande les mêmes choses, et arrive inévitablement à des comparaisons complètement de mauvaise foi : vraiment divertissant.

Agata1966
15/01/2022 à 09:34

Europacorp a été un gaspillage d argent à tous les étages.Cette société aurait dû être un des fleurons du cinéma européen mais malheureusement une gestion catastrophique à entraîner sa chute.Des rémunérations astronomiques voilà aussi le gros soucis de cette entreprise.

Kay1
14/01/2022 à 23:57

@Britney style , pour le coup je suis assez d'accord sur le principe que le chef d'œuvre n'existe pas. Personnellement j'ai pas trouvé Blade Runner incroyable, mais le film fait le consensus. Peut on pour autant parler de chef d'œuvre ? On oublie trop souvent que l'art est subjectif et que ce qui touche quelqu'un peut énerver un autre. Je considère Inception comme un chef d'œuvre, d'autres trouveront le film lourd, lent et pas facile à comprendre. D'autres considèrent Skyfall comme le meilleur James Bond tandis que je ne le mettrais même pas dans mon top 10. Faire consensus ne signifie pas avoir raison, c'est plutôt se mettre d'accord avec d'autres personnes.

Pour le coup, votre raisonnement sur la terre plate est un peu malhonnête, car vous confondez logique et sentiment, ce qui n'a rien à voir. La logique implique un raisonnement qui est justifiable, les sentiments ,eux, dépassent toute logique et tout raisonnement. Ce n'est pas parce qu'une majorité de gens aiment une personne que je suis obligé de l'aimer. Par contre, si je prends le Théorème de Pythagore, je peux démontrer qu'il s'agit d'un raisonnement logique et donc inattaquable.

Britney style
14/01/2022 à 19:04

Donc si je vous suis la notion de chef d’œuvre du cinéma ne tient pas
Il n’existe pas d’œuvres objectivement meilleures que d’autres et cette qualité théorique ne peut être saisie et échappe à tous en raison de la subjectivité des avis

Le fait que par exemple Blade Runner soit considéré comme un chef d’œuvre par un vaste consensus ne vaut rien ou ne reflète qu’une agrégation d’avis dans plus de valeur que celui qui considérerait que c’est un navet

Le fait que votre intelligence soit supérieure à la mienne ne joue jamais dans l’objectivité d’un avis

Ce mode de raisonnement est-il cantonné à l’art ou pour vous quelqu’un qui prétend que la terre est plate à autant raison que celui qui dit qu’elle est ronde ?

Geoffrey Crété - Rédaction
14/01/2022 à 18:48

@Question

En gros, je répète être en désaccord avec l'idée qu'on puisse "objectivement" déterminer qu'un avis est meilleur qu'un autre, comme je l'expliquais. C'est le principe d'un avis, d'une opinion, dans ce cadre. Et oui, j'ai littéralement écrit des dizaines, et des dizaines de fois que notre avis ne vaut ni mieux ni moins bien que celui des autres, donc cette idée est étalée sur Ecran Large depuis des années. Meilleur terreau à débat pour nous.

On peut être d'accord avec untel, préférer ceci, croire cela, soutenir avec passion et véhémence, mais l'idée même qu'on puisse considérer qu'il y a une Vérité quand on parle art, ça me dépasse, et m'attriste. D'autant qu'elle ne règle rien, elle ne fait qu'ouvrir une guerre de "qui représente la parole sacrée, et qui détermine qui a cette parole, etc". Cercle vicieux, vilain et vain, pour moi.

L'histoire est remplie d'exemples forçant l'humilité à ce niveau, et je suis pour le débat sans frein ni limite (aucun classique intouchable, aucun film indéfendable, aucune discussion irrecevable). Le vrai sujet devrait être d'exprimer notre avis, notre sensibilité, apprendre à l'écrire et la développer et la partager avec toujours plus de détail et de mots et de précision, et s'enrichir en écoutant ceux des autres (pour être d'accord, ou pas, peu importe) ; et pas déterminer qui détiendrait le bâton de la parole sacrée. En tout cas, c'est ce qui réunit l'équipe.

More
14/01/2022 à 18:45

L’article ci dessus est suffisamment bien documenté et nuancé pour qu’il soit compliqué de dire objectivement qu’on est pas d’accord
Vous démontrez pourquoi Luc Besson ne peut être tenu comme une victime des critiques… il faudrait être de très mauvaise foi pour prétendre que votre argument ne tient pas

Plus