Superman : Dossier complet sur l'homme de Krypton
« It's a bird, it's a plane, it's Superman ! »
Qui
aurait crû qu'un simple personnage de bande dessinée devienne en
l'espace de quelques années un des mythes les plus récurrents générés
au cours du 20ème siècle, et encore vivace en ce début de 21ème siècle,
symbole de la toute-puissante Amérique et parfait succédané des héros
mythologiques de la période antique. C'est d'ailleurs en s'inspirant
d'un personnage de la bible, en l'occurrence de Moïse, que le
scénariste Jerry Siegel et le dessinateur Joe Shuster, deux immigrés
juifs installés à New-York (Siegel est né dans l'Ohio, Shuster au
Canada), créent Superman en 1938, dont l'apparition dans le magazine Action Comics N°1
reste un des moments mémorables du 9ème Art. Les années 30 ont déjà
connu l'avènement de héros de papier qui peuvent entrer dans la
catégorie de super-héros, comme Buck Rogers, Flash Gordon ou venant
directement du pulp, The Shadow et Doc Savage (à qui Siegel et Shuster
emprunteront la « Forteresse de Solitude »). Mais le dernier fils de
Krypton saura vite se distinguer des autres par un background et des
possibilités plus riches : ses origines kryptoniennes, ses
super-pouvoirs hérités de notre Soleil, son identité terrienne de Clark
Kent employé du Daily Planet (Daily Star en 1938), ses relations
avec la pétillante journaliste Lois Lane ainsi que l'irrésistible
besoin de défendre, à tout prix, la veuve et l'orphelin. Dans ses
premières aventures dessinées, Superman intervient non seulement pour
mettre en prison bandits et autres malfaiteurs (quitte aussi à tuer ce
qui se verra très peu par la suite) mais aussi pour se poser comme
référence morale, prompt à lutter contre les trafiquants d'armes (la
seconde Guerre Mondiale n'est pas loin) ou à inculquer aux dictateurs
récalcitrants les vertus démocratiques à coup de poings.
L'extraordinaire
succès de la BD entraînera un engouement qui ne s'est pas démenti
depuis pour les super-héros, dont les autres fleurons Batman ou encore
The Flash émergeront les mois suivants, faisant la renommée de la
compagnie DC Comics et éveillera très vite l'intérêt des producteurs de
cinéma. Déjà vedette d'un programme radiophonique, une première
tentative d'adaptation sur grand écran sera menée par la compagnie
Republic, spécialiste du serial à succès (Fighting Devil Dogs, Mysterious Dr Satan). Mais préférant se reporter sur un autre super-héros alors en vogue, Captain Marvel,
Republic laissera le champ libre aux frères Max et Dave Fleischer,
créateurs de Betty Boop et de Popeye et animateurs de talent,
sollicités par la Paramount. Au final, ce sont 17 cartoons de 7 minutes
qui sont produits entre 1941 et 1943, pour ce qui demeure la série
animée la plus onéreuse de l'époque, où Superman affrontent savants
fous, androïdes, saboteurs japonais (les USA sont en pleine Seconde
Guerre Mondiale) et dinosaure survivant de la préhistoire. Fluidité de
l'animation, découpage de l'action et stylisation « iconique »
caractérisent le travail des frères Fleischer qui font de cette série
Superman une des meilleures représentations du super-héros emblématique
des USA. D'ailleurs Bryan Singer dans Superman returns
rend visuellement hommage au travail visuel des animés des Fleischer,
par le biais de quelques plans parmi les plus aboutis du film.
Il faut attendre 1948 pour que Superman
soit enfin adapté dans un film d'action live, à savoir dans le serial
au titre éponyme produit par la Columbia et l'ineffable producteur Sam
Katzman, à la radinerie proverbiale. Interprété avec conviction par
Kirk Alyn, un danseur de formation, Superman affronte la blonde
Spider-Lady qui n'hésite pas à utiliser la kryptonite contre lui (tout
comme le ferait Lex Luthor), y côtoie Lois Lane, Perry White et Jimmy
Olsen au sein du Daily Planet et utilise la pleine foultitude de ses
pouvoirs : la super-force, l'invulnérabilité aux balles, l'ouïe
hypersensible, le souffle réfrigérant et le fait de voler (auparavant
Superman ne faisait que des « sauts »). Bien que la réalisation de
Spencer Gordon Bennett (un des grands spécialistes du serial) manque
cruellement de rythme, et que les séquences de vol du super-héros sont
en fait des animations (budget limité oblige), Superman est un énorme succès et engendrera une suite en 1950, à nouveau un serial, Atom Man versus Superman. Avec
la même équipe et le même casting à l'affiche, cette fois-ci Superman
affronte sa Nemesis, Lex Luthor, interprété par Lyle Talbot, un habitué
du serial et de la série B. Machine à téléporter, kryptonite de
synthèse, missile et rayon de la mort sont les périls auxquels le
protecteur de Metropolis est confronté tout au long de 15 chapitres,
bien plus amusants et passionnants que ceux de 1948. Mais après la
bande dessinée et le cinéma, c'est un nouveau média en plein essor qui
allait contribuer à la renommée de plus en plus grande du super-boyscout
américain, la télévision.
Lorsque le film Superman and the mole men
est réalisé en 1951, il n'est en fait qu'un véhicule promotionnel pour
la série télévisée qui va sortir quelques mois après et pour présenter
au public la dernière personnification du dernier fils de Krypton,
Georges Reeves un habitué des petits rôles (on l'aperçoit dans Autant en emporte le vent).
Tourné encore en noir & blanc, toujours avec une budget modeste (la
durée en est de 1h07), le film met en scène Superman en héros bienveillant
protégant des créatures naines vivants au centre de la Terre (les Mole Men du titre) et menacées par la vindicte de bouseux américains. Le 9 février 1953, The Adventures of Superman
commence à être diffusé sur le network américain, George Reeves et
Phyllis Coates reprennent leur rôle de Clark Kent/Superman et Lois
Lane. Noel Neill (déjà à l'oeuvre sur les deux serials) reprendra
l'interprétation de la téméraire journaliste après le départ de Coates
après la première saison. Autre changement d'importance, l'arrivée
de la couleur en 1955, qui donne à la série un côté plus rutilant et
plus proche de l'imagerie comics-books d'origine. Même si The Adventures of Superman
n'explore jamais à fond les possibilités du personnage, se focalisant
en grande partie sur ce schéma simple, Superman intervenant lorsque
Lois Lane ou Jimmy Olsen sont menacés, la série fera les beaux soirs de
la télévision américaine des 50's. Pendant plus de vingt ans, George
Reeves restera, pour le public américain, le modèle de Superman, viril
mais conciliant, justicier mais jamais violent. Mais après l'arrêt du
show télévisé en 1957, l'interprète de Superman fera une dernière fois
les titres des journaux, mais dans la rubrique des faits divers. George
Reeves est retrouvé « suicidé » de deux balles de revolver dans la tête
au petit matin du 16 Juin 1959 dans sa villa californienne. Le mystère
de cette mort tragique est resté entier depuis (mari jaloux,
cambriolage qui aurait mal tourné). On peut découvrir une version de cette histoire dans Hollywoodland avec Ben Affleck dans le rôle de George Reeves.
En 1960, le pilote d'une hypothétique série TV The Adventures of Superboy
est tourné mais ne sera jamais diffusé. Seule la bande dessinée demeure
pour narrer les aventures et l'évolution du super-héros qui demeure le
fer de lance de la DC Comics. Dans les années 60, qui resteront comme
la décennie de l'esprit « camp », Broadway se lancera dans l'aventure
d'une comédie musicale narrant les exploits chantés du kryptonien au
collant bleu et à cape rouge avec It's a Bird, it's a Plane, it's Superman
qui sera un énorme succès, au point de susciter une tentative
d'adaptation au cinéma. Seule une version télévisée du show sera
produite en 1975 mais il est à noter que les auteurs du livret ne sont
autres que Robert Benton et David Newman, tandem déjà auteur de Bonnie & Clyde
et qui seront du pool des quatre scénaristes des films de 1978 et 1980.
Mais après tant d'essais infructueux vers le cinéma, la chance semble
enfin sourire au super-héros le plus connu au monde (le terme
Superman est devenu un mot du langage courant), une adaptation avec des
moyens dignes d'un superproduction qui se respecte étant prévue pour la
fin des années 70.
Après le grand succès remporté par le diptyque Les Trois Mousquetaires
en 1973 et 1974, les producteurs Alexander et Ilya Salkind obtiennent
les droits de DC Comics pour un film à gros budget, prévu en tournage
aux studios Pinewood à Londres, avec aux commandes le réalisateur
spécialiste des James Bond, Guy Hamilton,
et financée par la Warner Bros. Mais de sombres histoires fiscales
provoquent le remplacement du réalisateur anglais par l'américain Richard Donner, qui sort tout juste du triomphe de La Malédiction. Lorsqu'il lit le scénario rédigé par l'écrivain Mario Puzzo (Le Parrain)
et retravaillé par Robert Benton, David Newman et Leslie Newman,
Richard Donner, effaré du contenu qui s'apparente plus à un épisode de
la série Batman des années 60 qu'à une vision respectueuse du mythe,
demande à retravailler le script avec l'aide Tom Mankiewicz, fils de Joseph L. Mankiewicz, qui restera non crédité. Après avoir envisagé Warren Beatty ou Robert Redford pour le rôle-titre, c'est un jeune acteur issu du monde du théâtre, un certain Christopher Reeve
qui héritera de la cape rouge et du collant bleu. Jamais le choix de
faire jouer Superman par un inconnu ne semblera plus approprié (et
Bryan Singer pensera de même quand son tour viendra) et Christopher
Reeve demeure jusqu'à présent le meilleur interprète du dernier fils de
Krypton. Le rôle de Lois Lane est le sujet d'une compétition effrénée
entre toutes les jeunes actrices américaines d'alors qui sont
auditionnées. C'est l'expérimentée Margot Kidder (Soeurs de sang de Brian de Palma)
qui est choisie pour donner la réplique à Clark Kent/Superman. Elle
sera parfaite en tant que digne représentante de la nouvelle femme
pétulante, urbaine, féministe et n'ayant de cesse de taquiner son
empoté de collègue Clark Kent. Pour le rôle de Jor-el, père de
Superman, Marlon Brando touche la coquette somme de 2,5 millions de dollars pour 13 jours de tournage et Gene Hackman
compose un Lex Luthor délectable, à la limite de la parodie. La gageure
du film (« You'll believe a man can fly ! ») sera respectée à la
lettre, grâce à des effets spéciaux optiques de toute beauté concoctés
par l'équipe anglaise dirigée par Colin Chilvers et Derek Meddings. Les
séquences d'anthologie du film sont restées dans la mémoire
cinéphilique, du sauvetage de Lois Lane aux scènes catastrophes finales
en passant par le survol romantique de Metropolis. Et que dire de la
photographie de Geoffrey Unsworth (Zardoz, Le Crime de l'Orient Express),
son dernier travail, qui donne à tout le prologue se déroulant au
Kansas un rendu visuel qui renvoie aux représentations picturales de
Norman Rockwell. Lorsque Superman
sort en décembre 1978, le succès est immédiat et rapporte plus de 80
millions de dollars de l'époque au box-office US, Christopher Reeve
devient une star et sera invité au Muppets Show. Une suite est
aussitôt mis en branle.
En fait, Richard Donner avait déjà tourné près de 70% du second métrage lorsque Les Salkind le remplace sans ménagement par Richard Lester,
qui achève le tournage du film pour une sortie mondiale fin 1980. Les
Salkind, gros coutumier du fait, avait oeuvré de manière similaire en
faisant tourner une version complète des Trois Mousquetaires
avant de distribuer le tout en deux parties, ne payant les vedettes et
techniciens de l'époque (dont Richard Lester
) que pour un seul film.
Continuant le travail entamé dans le premier volet, tentant d'humaniser
un héros invulnérable, Superman II
assume encore plus le côté comic-book en opposant au super-héros trois
vils kryptoniens aux pouvoirs équivalents à Superman. Ces derniers, échappés de la
Zone Fantôme où ils étaient emprisonnés, sont venus sur Terre pour prendre
leur revanche sur le fils de Jor-El, responsable de leur bannissement. Si le
style de Richard Lester fait souvent dans le slapstick (normal pour
celui qui a réalisé Help ! et Le Knack
dans les années 60), le film prend véritablement sa mesure dans sa
dernière partie avec l'affrontement final entre Superman et le Général
Zod (excellent Terence Stamp)
et ses sbire, où les gratte-ciels et les panneaux publicitaires de
Metropolis sont transformés en arène de combat entre les derniers
survivants de Krypton. Superman II clôt aussi de manière
brillante le drame inhérent à la dualité Clark Kent/Superman, le fait
d'accepter son rôle de gardien de la Terre, quitte à sacrifier son
amour pour Lois Lane, dans une scène de baiser qui est restée célèbre.
Quand Superman III
sort en 1983, avec toujours Richard Lester aux commandes, d'après un
scénario de David et Leslie Newman, le côté épique qui
habitait les précédents volets est abandonné pour verser dans le pur
divertissement. On sacrifie aussi l'association Clark Kent/Lois Lane (5
minutes de présence à l'écran pour Margot Kidder) pour laisser le champ
libre à Lana Lang (Annette O'Toole, futur Martha Kent de la série Smallville)
et à un retour nostalgique au Kansas. Même Superman n'est pas au centre
de l'intrigue, le devant de l'écran étant occupé par le comique Richard Pryor (disparu en 2005, cf. news), en informaticien au génie insoupçonné qui tombe sous le pouvoir du magnat Ross Webster (Robert Vaughn),
déterminé à devenir maître du monde. Le seul moment mémorable du film
réside en l'affrontement entre Clark Kent et son mauvais double,
permettant à nouveau de faire ressortir le conflit inhérent du
personnage qui étouffe ses mauvais penchants pour n'oeuvrer que pour le
bien et la justice. Le reste de l'action où Superman lutte contre un
super-ordinateur, relève au mieux de l'anecdotique, le cinéma découvrant
alors le monde de l'informatique et ses dangers. Au niveau box-office, Superman III sera une relative déception, le film rapportant 10 fois moins que Le Retour du Jedi
distribué la même année, indiquant une certaine lassitude du public
envers un personnage presque trop gentil pour une époque qui retrouvait
de l'attrait pour les héros violents, avec Rambo & Co. Les Salkind
tenteront de se rattraper en montant Supergirl, la cousine de Superman, tourné en 1984 par le français Jeannot Szwarc, mais le four rencontré (et mérité) par le film dégoûtera à jamais les producteurs du film de super-héros, du moins au cinéma.
C'est la compagnie Cannon, qui a fait son trou au box-office des années 80 grâce à ses séries B mettant en vedette Charles Bronson et Chuck Norris, qui reprendra le flambeau des aventures du gardien de Metropolis, avec Superman IV: The Quest for Peace (Superman IV : Le Face à Face)
réalisé en 1987 par Sidney J. Furie. Malgré
l'implication de Christopher Reeve dans le scénario (sur lequel planera
longtemps des suspicions de plagiat), le retour de Gene Hackman en Lex
Luthor, la mayonnaise ne prend jamais. Il faut dire que le budget alloué par la Cannon est des plus bas pour ce type de production (16 millions de dollars). Amputé de plus de 30 minutes de
métrage, Superman IV
est un naufrage presque complet, malgré la tentative de poser le
super-héros comme remède à la course aux armements qui battait alors
son plein. Le risible affrontement final contre L'Homme Nucléaire
rappelle plus les serials des années 40 que les trois films précédents. Et les pathétiques scènes célébrant les retrouvailles de Christopher
Reeve avec Margot Kidder sonnent le glas d'une série qui a perdu toute
sa magie.
De leur côté les Salkind se sont retournés vers la télévision et mettent en chantier la série Superboy,
qui retrace les aventures de Superman post-adolescent (il est étudiant
à Capitol City en Floride) avec sa girl-friend de l'époque, Lana Lang
(Stacy Haiduk). Le show télévisé durera 4 saisons, de 1988 à 1992,
proposant 100 épisodes de 25 minutes chacun. Même si la série n'atteint pas
les sommets à cause d'un budget réduit limitant les effets spéciaux, elle demeure un divertissement honorable qui permet de montrer les premières
aventures du super-boyscout en costume. L'attrait premier de la série
réside dans la présence de toute une galerie de super-vilains à laquelle
les lecteurs du comics étaient habitués : Bizarro, Metallo,
l'extra-terrestre Mxyzptlk et bien sûr Lex Luthor. A noter que Superboy sera
interprété par deux acteurs différents, John Haymes Newton
laissant sa place à Gerard Christopher en 1990.
La télévision réussissant aux exploits de l'Homme de Fer, une nouvelle série est initiée par la Warner Bros en 1993 Lois & Clark : Les nouvelles aventures de Superman
diffusée sur la chaîne ABC. Optant pour un style directement inspiré de
la série-phare du genre comédie romantique des années 80, Clair de Lune, Lois & Clark
délaisse un peu le côté action et aventures pour se focaliser sur les
relations animées entre Clark Kent (Dean Cain) et Lois Lane (Teri Hatcher, futur Desperate housewives),
reporters au Daily Planet et jouant au jeu de la séduction. Au gré de ses
4 saisons, la série évoluera d'un simple démarquage
des personnages tel que Richard Donner les a introduit dans le film de
1978 (qui reste la référence), avec une Lois Lane pleine de morgue
envers son collègue et énamourée devant Superman, jusqu'à une relation plus intime entre les journalistes,
Clark Kent étant moins le faux dégingandé créé par Christopher Reeve
qu'un véritable yuppie alerte et bien dans sa peau, conscient de sa
nature de sauveur de l'humanité. Côté audience, la série marche du
tonnerre jusqu'à ce que l'union soit consommée lors de la 4ème saison
entre les deux tourtereaux avec mariage à la clé, Clark Kent
réussissant toujours à garder le secret sur sa double identité.
Syndrome Clair de Lune, le public ne suit plus et ABC annule le
show en 1997, au grand dam des fans et laisse en suspens l'ultime
question : auront-ils un enfant ?
Parallèlement à la série live et grâce au succès de Batman : The Animated Series, la Warner Bros produit à partir de 1996 le dessin animé Superman : The Animated Series (Superman, l'Ange de Metropolis
en VF) supervisé par Bruce W. Timm et Paul Dini. Véritable condensé de
60 ans de comics, la série évoque les origines kryptoniennes du
super-héros, ses relations avec Lois Lane (uniquement platoniques ici),
sa lutte contre son éternel nemesis Lex Luthor mais aussi contre tout
le bestiaire imaginé par les différents dessinateurs qui ont oeuvré sur
Superman : Brainiac, Toyman, Darkseid (une création de Jack Kirby),
Bizarro, Metallo, le Parasite, ainsi que ses rencontres avec les autres
super-héros de DC Comics, The Flash et Batman (dans le diptyque Nec plus Ultra,
sûrement le meilleur de la série). L'animation est un régal, alliant
fluidité et sens du punch, le tout illustrant des scénarios
passionnants où l'humour n'est pas absent, faisant de ce dessin animé
le digne héritier des productions Fleischer des années 40. Après une
pause d'un an, le concept évolue en 2001 vers une série entièrement
dédiée à la Justice League of America, où l'alliance entre Superman et
Batman aboutit à la création de la plus grande association de
super-héros de la DC Comics, où viennent se greffer d'autres icônes
tels que Wonder Woman, Aquaman ou encore Green Lantern. La série ne cesse d'évoluer et dépasse
largement le cadre du divertissement pour enfants pour devenir une
référence ultime pour tout fan de comics-book.
Après la tentative avortée de Tim Burton de relancer le dernier fils de Krypton au cinéma via le projet Superman lives en 1998, avec Nicholas Cage envisagé dans le costume bleu et rouge (le producteur Jon Peters préférant s'investir dans Wild Wild West !) et les divers réécritures de scénario qui enterrent le projet pendant quelque temps malgré l'intérêt de réalisateurs comme McG, Wolfgang Petersen ou David Fincher, les espoirs de voir à nouveau Superman sur grand écran semblent encore s'éloigner. Seul la petite lucarne semble sourire pour l'instant à Superman. En 2001, Alfred Gough et Miles Millar, grands amateurs de comics et scénaristes de BD, ayant oeuvré sur L'Arme fatale 4 et Shangaï kid, lancent la série Smallville, produite par la Warner Bros et censée narrer l'adolescence de Superman dans son Kansas d'adoption. Débutant par une chute de météorite mortelle sur la petite ville américaine, dans une scène-catastrophe anticipant le trauma du 11 Septembre 2001 (le premier épisode est diffusé le 16 Octobre 2001), la série TV met le focus sur les déboires de l'adolescence du futur Superman (Tom Welling), tiraillé entre son désir de vivre normalement et le fait d'assumer ses fantastiques pouvoirs. Pouvoirs qui sont une gêne pour gagner l'amour et la confiance de Lana Lang (Kristin Kreuk) mais qui se révèlent être aussi une bénédiction lorsqu'il faut affronter les différents mutants générés par la Kryptonite. La série est une tentative réussie de donner un vision inédite sur le mythe de Superman, un peu comme si Dawson rencontrait X-Files, le tout enrobé de hits musicaux à la mode. Mais le plus de Smallville réside surtout dans le développement en parallèle d'une intrigue tout à fait inédite dans l'univers de Superman : une possible amitié entre Clark Kent et Lex Luthor (Michael Rosenbaum), ce dernier cherchant à lutter contre sa funeste nature. Malgré une tendance soap-opera qui ampoule parfois cette série luxueuse ou le côté répétitif du « monstre de la semaine » qui fait de Smallville une véritable ruche de phénomènes de foire, la série évolue au gré des épisodes et propose une véritable relecture du mythe de Superman, de la découverte de ses pouvoirs à l'avènement inéluctable de sa destinée de justicier, tout en posant les bases de sa situation à venir, avec l'arrivée de Lois Lane (Erica Durance) à partir de la 4° saison. En plus de disposer d'une facture technique des plus abouties, le show bénéficie d'un élément positif de taille, à savoir la volonté des auteurs de rendre hommage au passé de Superman au cinéma, avec comme exemples la dernière apparition à l'écran de Christopher Reeve dans le rôle du Dr. Virgil Swann (il est décédé le 10 Octobre 2004), des caméos de Margot Kidder ou la voix de Terence Stamp utilisée pour personnifier Jor-El ! Véritable carton télévisuel, diffusé sur tous les continents, Smallville atteint son maximum dans une superbe cinquième saison dont la conclusion voit le Général Zod s'incarner en Lex Luthor, alors que côté cinéma, après plus de 19 années de development hell, l'ange de Metropolis semble prêt à de nouveau prendre son envol.
Après l'annonce d'un crossover Batman/Superman titré World's Finest
scénarisé par Andrew Kevin Walker avec aux commandes Wolfgang Petersen
en 2002 et d'un Superman: Flyby scénarisé par JJ Abrams, qui déclenchera
les foudres des fans du fait des nombreuses entorses vis à vis de la BD
d'origine, Bryan Singer est embauché en 2004 par la Warner Bros pour
procéder au retour de Superman sur grand écran. La nouvelle est
accueillie avec enthousiasme par tous les fans du comic book, car, au sortir
des deux volets de X-Men qu'il vient de réaliser pour la Fox, Singer
est considéré ,avec Sam Raimi et sa saga Spider-man, comme un des
meilleurs choix possibles, capable de se livrer à une relecture du mythe
tout en sachant se montrer respectueux de l'existant du personnage. Et
de faire des premiers choix courageux (ou suicidaires c'est selon) :
choisir un inconnu pour incarner l'Homme de Fer à savoir Brandon Routh
qui n'a excellé à l'époque que dans des séries TV, et plus encore se
situer dans la continuité du Superman de Richard Donner et deSuperman II , mais pas celui de Richard Lester sorti en 1980 mais plus
proche de la version de Donner visible en vidéo depuis 2006.
Nanti du budget pharaonique de 260 millions de dollars (incluant tous les travaux de préproduction des projets précédents il est vrai), de Kevin Spacey dans la peau de Lex Luthor, de prises numérisées de Marlon Brando en Jor-El et d'un score de John Ottman reprenant les thèmes de John Williams, Superman returns déboule sur les écrans mondiaux en juin 2006 ...et déçoit globalement. Avec des recettes mondiales de l'ordre de 400 millions de dollars et des critiques plus que mitigées, ce n'est pas la franche réussite espérée par les cadres de la Warner Bros pour pouvoir lancer une franchise rentable, à l'instar de ce qu'avait accompli Christopher Nolan avec son Batman Begins en 2005. Malgré de superbes moments (dont le sauvetage du jet ou le tremblement de terre frappant Metropolis) et une volonté de lyrisme qui renoue avec un certain standard hollywoodien qui semblait perdu, Superman returns souffre d'un scénario erratique et d'un manque de punch, surtout dans sa dernière partie qui n'est qu'une redite des péripéties du premier Superman, rebutant un jeune public qui n'adhère pas un film ressemblant plus à une oeuvre des 70's qu'à un actioner survitaminé des années 2000.
Du côté de la télévision, les choses se passent beaucoup mieux pour le show Smallville qui enchaîne les saisons avec régularité et puise avec bonheur dans le réservoir des comics book, incluant les persos d’Oliver Queen aka Green Arrow, Kid Flash, Cyborg et Aquaman allant jusqu’à élaborer un embryon de Justice League adolescente. Le bestiaire des ennemis de Clark Kent s’élargit aussi avec Doomsday, Brainiac, Metallo, Bizarro et même la Légion des Super-héros venue du futur fera quelques apparitions. Cette volonté de converger au plus près de la mythologie de DC Comics lui permettra d’intégrer l’organisation Checkmate, et ses velléités liberticides envers les tenants de super-pouvoirs, et culminera avec l’épisode Absolute Justice qui verra la résurrection des super-héros du Golden Age de la Justice Society of America diffusé lors de la saison 9. Ayant désormais son mot à dire dans la tenue de la série, le comédien Tom Welling, devenu producteur exécutif et réalisant quelques épisodes au passage, attendra le tout dernier épisode en mai 2011 pour revêtir la combinaison bleue et la cape rouge et s’affirmer en tant que Superman, à la TV tout du moins.
Au cinéma, après la relative déception du Superman Returns et malgré
l’annonce d’un Superman Unleashed avec toujours Bryan Singer aux
commandes, le couperet tombe en 2008 après le carton du Dark Knight,
Warner Bros a décidé de procéder à un reboot du personnage. Est évoquée
une trilogie scénarisée par Mark Millar et Matthew Vaughn (on parle des
Wachowski derrière la caméra), alors que de son côté George Miller
est en charge de la première adaptation live de la Justice League
sous-titrée Mortal qu’il doit tourner en Australie avec, au casting,
D.J. Cotrona en Superman et le chanteur Common en Green Lantern. Malgré
un gros travail de pré-production et des SFX aux mains de Weta Workshop,
le projet sera annulé en 2009 au grand dam des fans de DC Comics pour
ce qui aurait été le premier grand crossover de super-héros, des années
avant le Avengers de Joss Whedon.
De plus, des difficultés juridiques viennent s’ajouter aux déboires de
production : si Warner Bros ne veut pas perdre définitivement les droits
sur la franchise, le tournage d'un nouveau Superman doit démarrer avant
2011. Et pour parachever le tout, les héritiers de la famille Siegel
ont intenté une action pour récupérer l’intégralité des droits de
propriété de Superman. Devenu le parangon de la réussite du film de
super-héros et de SF pour la Warner Bros, après les cartons planétaires
de Dark Knight et Inception, Christopher Nolan est nommé producteur du
projet du reboot en 2010, avec son habituel collaborateur, le
réalisateur-scénariste David S. Goyer qui s’est essayé
quasi-exclusivement à redéfinir les origines de nombre de super-héros de
la Marvel et de DC, de Blade à Batman en passant par Ghost Rider. Si les
noms de Ben Affleck et de Darren Aronofsky en tant que réalisateur sont
évoqués, c’est le vibrant Zack Snyder, autre abonné de l’adaptation de
bande dessinée (300, Watchmen) qui s’y colle et le premier coup de
caméra de Man of Steel est envoyé en août 2011, le mot Superman étant jugé trop peu attractif par les cadres hollywoodiens.
En capitalisant sur une tonalité réaliste et sombre, proche des Batman élaborés par Nolan, tout en faisant le pari de faire interpréter le dernier fils de Krypton par un comédien relativement peu connu (Henry Cavill, star des Tudors et interprète de Thésée dans Les Immortels), Warner semble avoir partie gagnée. Depuis sa sortie le 19 juin 2013, Man of Steel a engrangé plus de 520 millions de dollars au box-office mondial. Malgré une critique qui regrette le côté majestueux et boyscout de la période Christopher Reeve, la machine est lancée et on parle déjà du futur Man of Steel 2 sur lequel Snyder et Goyer ont d’ores et déjà commencé à travailler. Mieux, le succès aidant, Warner semble enfin prêt à accélérer (vraiment) sur l'adaptation tant attendue de la Justice League. Soit les promesses de la concrétisation d’un univers DC cohérent qui aura mis son temps avant d’arriver sur grand écran.