The Creator : les 5 chefs-d'œuvre à (re)découvrir à tout prix (parce que tout vient de là)

La Rédaction | 1 octobre 2023
La Rédaction | 1 octobre 2023

Habitué aux univers de science-fiction depuis Monsters, Godzilla et Rogue One : A Star Wars Story, Gareth Edwards a infusé The Creator de nombreuses références. On s'attarde sur cinq d'entre elles.

Le très sympathique The Creator est projeté dans les multiplexes français depuis le 27 septembre. Indéniable qualité pour les uns, limite principale de sa réussite pour les autres, il est très chargé en références cinématographiques, mais aussi littéraires et picturales. Certaines sont assumées par le réalisateur Gareth Edwards, d'autres crèvent l'écran. Petite sélection de 5 influences parmi les plus prégnantes, toutes à découvrir d'urgence, par ordre chronologique.

 

 

1. L'oeuvre d'Isaac Asimov

 

photoWe are the robots , tu, tututu

 

Qui dit film avec des machines à l'intelligence artificielle dit forcément Cycle des robots et assimilés. Le spectre de l'écrivain Isaac Asimov plane sur le cinéma de science-fiction comme la station NOMAD plane sur l'Asie du Sud. Edwards et son coscénariste Chris Weitz choisissent d'assumer son héritage avec un récit qui emprunte beaucoup aux thèmes de l'auteur. Contrairement à nombre de ses semblables (pour certaines des adaptations officielles, comme I, Robot), il n'énonce ni n'applique directement les fameuses 3 règles de la robotique, désormais un véritable marronnier, à une exception lourde de sens.

Toutefois, il se place forcément dans le prolongement de ses interrogations à propos des relations entre l'Homme et les robots qu'il a engendrés, parfois indiscernables. L'échelle est différente. Chez Asimov, c'est souvent une atteinte à l'individu qui remet en question l'animosité entre les deux "peuples", ici c'est une bombe nucléaire. Les prémisses sont néanmoins les mêmes : la volonté de dépasser le "complexe de Frankenstein", c'est-à-dire une peur viscérale, culturelle et finalement politique de la machine. En passant d'un camp à l'autre, Edwards bat en brèche les fondements du bellicisme humain et bien sûr américain. Mais bien entendu, quel long-métrage du genre Asimov n'a-t-il pas influencé ?

 

2. Apocalypse Now

 

Apocalypse Now : photoLe NOMAD des années 70

 

Ou plus globalement les films de guerre qui se sont intéressés au conflit Americano-Vietnamien, a fortiori pendant les années 1970. Bien entendu, le chef-d'oeuvre de Francis Ford Coppola reste la référence la plus discernable, notamment lorsqu'il s'agit de bombarder le spectateur d'images de destruction enflammée, d'autant plus tonitruante en Dolby. Les tirs dévastateurs de la station n'agissent pas comme des colonnes de Napalm, mais fédèrent la même fascination morbide, surtout qu'au plus le film avance, au plus ils menaceront les personnages chers à notre coeur.

La station en question domine le pays en pleine guérilla comme les hélicoptères crachant du Wagner à plein volume dominaient le Viêt-nam et ses habitants, qu'ils soient engagés militairement ou des victimes à peine collatérales. En général, le parallèle avec cette guerre est évident, de son contexte aux modes d'action des différentes armées. Et Edwards reprend peu ou prou la méthodologie de Coppola quand il balance un vétéran désensibilisé aux modalités politiques du conflit au coeur des ténèbres. Apocalypse Now fait d'ailleurs partie des films cités par le cinéaste lors d'un Q&A.

 

3. Baby Cart

 

Baby cart volume 1 - Le sabre de la vengeance : photo, Tomisaburo WakayamaPlus dangereux qu'un robot

 

Le même Q&A où il a cité Baby cart, aussi connu sous le titre Lone Wolf and Cub. Il n'a pas précisé s'il évoquait le manga ou la saga de films, même si certains paysages végétaux et autres designs évoquent vaguement l'esthétique de certains chanbaras. Toutefois, c'est de toute évidence le modèle d'Edwards pour le duo de personnages principaux, constitué d'un vieux soldat en disgrâce (John David Washington) et d'une enfant pas aussi inoffensive qu'elle en a l'air (Madeleine Yuna Voyles).

Dans Baby cart, sommet stylistique dont les trois premiers opus sont signés Kenji Misumi, un ancien bourreau du Shogun se balade dans son pays en compagnie de son fils, tranchant dans les querelles politiques en tous genres. Si la relation entre père et fils est dans The Creator plus symbolique, leur dynamique est similaire, a fortiori quand ils traversent ces vastes paysages en dépit de la guerre qui s'y déroule.

De même que la gosse ressemble en tous points au "Cub" de Lone Wolf and Cub : taiseuse et souvent sous-estimée, elle renferme un grand pouvoir et finit par former un duo létal avec son tuteur. Et si cela peut en plus faire (re)découvrir au plus grand nombre l'oeuvre de Kazuo Koike, Goseki Kojima et les adaptations de Misumi...

 

4. Blade Runner

 

Blade Runner : PhotoLes simulant rêvent-ils de moutons électriques ?

 

Outre Asimov, l'autre grande figure du genre impossible à esquiver avec une histoire pareille, c'est évidemment Philip K. Dick. Même si, son film ne brouillant pas vraiment les pistes entre réel et illusion digitale, Gareth Edwards cite volontiers l'adaptation la plus célèbre de ses travaux : Blade Runner. The Creator n'est pas un film noir, mais il inclut dans son univers quelques touches de cyberpunk qui n'auraient pas fait tache en 2019 (enfin, le faux 2019), surtout lorsqu'il s'intéresse au quotidien d'une guérilla futuriste.

Toutefois, il va sans dire qu'il a surtout piqué à Ridley Scott, Hampton Fancher et David Webb Peoples leur traitement des androïdes, plus ou moins victimes du "complexe de Frankenstein" et parfois intégrés secrètement aux sociétés humaines. Avec le même constat : l'être humain s'est persuadé que les machines qu'il a créées ne ressentent rien pour mieux pouvoir les ostraciser, voire les réduire en esclavage. Et le scénario ne peut que se contenter du point de vue d'un humain (à moins que...) coincé entre la remise en question des pratiques prédatrices de son espèce et le combat désespéré des robots qu'on l'a chargé d'anéantir.

 

5. Baraka

 

Baraka : photoRien à voir avec Mortal Kombat

 

Probablement le film le plus méconnu de cette liste et pour cause : il s'agit d'un documentaire dépourvu de narration, souvent affilié à l'immense Koyaanisqatsi. D'ailleurs, son réalisateur Ron Fricke, connu pour ses timelapse, a largement contribué au classique de Godfrey Reggio, notamment à la photographie. L'inspiration, largement assumée par le réalisateur, est majoritairement visuelle, Edwards s'efforçant de restituer un peu de la beauté des prises de vue du documentaire. Une filiation qui lui permet peut-être aussi d'esquiver (légèrement) l'ethnocentrisme auquel cèdent nombre de blockbusters s'intéressant au continent asiatique.

On peut également y déceler une envie de dépeindre l'être humain... ou tout du moins le simulant, comme un bouillon de culture hétéroclite régulièrement écrasé par l'industrialisation, la violence, les explosions dévastatrices et la guerre. Peut-être sa passion pour le film, en plus de la nécessité de faire des économies, a-t-il convaincu le metteur en scène de privilégier à ce point les décors naturels, sur lesquels le production designer et les artistes VFX ont incrusté l'architecture futuriste. D'autant que la photographie de Greig Fraser (ayant travaillé sur Dune) et Oren Soffer semblent parfois rendre hommage aux plans les plus spectaculaires de Baraka.

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commentaires
LaGaffe
02/10/2023 à 18:24

Akira, oui, clairement. L'entrée de la chambre forte, tout le design du souterrain, l'enfant surpuissant... la ref est une réussite. Idem pour Stalenhag. Il suffit de feuilleter le magnifique Electric states pour se rendre compte qu'il a du faire partie de leur bible graphique!
Bon, après, en ce qui concerne the creator lui même... trop, beaucoup trop d'incohérences dans ce scénario, tellement en fait que le final m'a fait rire, en vrai, tellement le film se contredis ouvertement et sabordé ses personnages... dommage, parce que damned! Visuellement c'est puissant!

fbuffart
02/10/2023 à 09:42

Avec toutes les références précitées on pense aussi énormément à la série Tales from the Loop, et au illustration de Simon Stålenhag


02/10/2023 à 09:41

Le trop-plein de références visuelles et artistiques est la chose qui m'a fait le plus sortir du film. Par moment, c'est presque trop évident.

Néanmoins le processus créatif, le résultat final, la puissance de certaines images (cette station orbitale et son rideau de laser, incroyable) font du film un vrai objet d'intentions et super rafraichissant

Davidivad
02/10/2023 à 09:22

J ai vu pour ma part Akira.
Une très grande ville, une bombe nucléaire, un enfant aux pouvoirs spéciaux.

L esthétisme des immeubles, etc..

Et tout ça avec juste 80 millions.
Astérix en Chine c est 72 millions.

Merci Gareth !

Fisafourletterword
02/10/2023 à 07:34

J'ajouterais un clin d'oeil sonore à evangelion avec la reprise par une femme - comme dans le générique de l'animé- de fly me to the moon, entendu à la radio au début du film

MacFly
02/10/2023 à 06:53

Pour ma part j'ai vu beaucoup de Star Wars dans ce film (l'étoile noire, la force....)

Marc
01/10/2023 à 23:25

J'ajouterai dans ces films GHOST IN THE SHELL tout le long de l'histoire Motoko Kusanagi se demande sa véritable concience est elle une copie un programme à t'elle une véritable identité ? Un Androide à t'il conscience de son existence à t'il une âme un Ghost.