Avatar 2 : oui, Kiri est le meilleur personnage

Geoffrey Crété | 18 décembre 2022 - MAJ : 19/12/2022 11:39
Geoffrey Crété | 18 décembre 2022 - MAJ : 19/12/2022 11:39

Kiri, interprétée par Sigourney Weaver, est un nouveau personnage du passionnant Avatar 2 : La Voie de l'eau. Et c'est peut-être même déjà le meilleur.

Après 13 ans de débats sur Avatar-Pocahontas, Avatar-grand film surestimé, Avatar-plagiat d'œuvres cultes de SF, ou encore Avatar-vraie ou fausse révolution technologique, Avatar 2 est arrivé pour remettre une pièce dans la machine. Le blockbuster de James Cameron au budget de 350-400 millions va t-il être à la hauteur des attentes ? Va t-il atteindre voire dépasser le score monstrueux du premier au box-office ?

Mais là, ici, on s'en fiche. Parce qu'on va parler de la plus grande des petites choses : le personnage de Kiri. "Née" entre les deux films, découverte dans Avatar 2, elle marque le retour de Sigourney Weaver, dans la peau d'un autre personnage puisque Grace est morte dans le premier épisode. Kiri est de toute évidence l'une des clés de la saga. Mais c'est surtout un personnage passionnant et magnifique, qui représente à merveille tout Avatar.

ATTENTION SPOILERS SUR AVATAR 2

 

 

NATURALIA

Kiri aurait pu être le pire personnage. Dans l'intro, son existence est balayée en une réplique, digne du "Somehow, Palpatine returned" de Star Wars 9. Son rôle de marginale, à cheval entre les Na'vis et les humains, aurait pu être une expression lourde d'une grande thématique de la saga. Ses pouvoirs magiques, liés à Eywa, auraient pu être un mauvais joker pour régler le moindre problème.

C'est aussi avec elle qu'il y a le plus de questions sans réponse. Elle aurait donc pu incarner le lourdingue teasing des suites, et devenir un pauvre sac à interrogations, comme en témoigne la scène avec Grace.

Mais Kiri est bien plus que ça. C'est la discrète boussole émotionnelle d'Avatar, suffisamment en retrait pour ne pas être entièrement aspirée par le spectacle, mais bien assez développée pour jouer un rôle central dans l'aventure.

 

Avatar : La Voie de l'eau : photo(Insérer blague sur le fromage Kiri)

 

Plus que les autres, Kiri est le personnage aux multiples facettes, à la jonction des mondes. Elle est totalement intégrée à la famille des Sully (contrairement à Spider), mais garde un pied dans le monde des humains (ses visites au labo). Le fait qu'elle ait une relation si privilégiée avec Spider n'est d'ailleurs pas anodin. Là où Jake a quitté son histoire humaine (son corps, son passé) pour rejoindre entièrement les Na'vis, Kiri se tient aux frontières des civilisations, et a de toute évidence un lien unique avec la Terre (Grace) et Pandora (Eywa).

C'est l'âme espiègle et légère, à l'énergie communicatrice, mais c'est aussi la voix de la raison et de la prudence si besoin. Elle est toujours prête à suivre l'intrépide Lo'ak, mais n'oublie jamais de protéger Tuk. D'une certaine manière, c'est la plus grande des enfants, et la plus petite des adultes. Kiri est un monde à elle seule.

Tour à tour introvertie et extravertie, elle passe de suiveuse à sauveuse, lorsqu'elle finit par prendre le contrôle d'Eywa pour protéger les siens, et retrouver Neytiri et Tuk dans le navire qui coule. Un moment héroïque d'une beauté inouïe, qui illustre le temps d'un ballet aquatique et lumineux toute la puissance et le mystère de la nature. Tout Pandora est (littéralement) au bout des doigts de Kiri, comme si James Cameron lui avait donné les pleins pouvoirs, pour en faire son alter ego dans la fiction. Après tout, c'est elle qui met en scène le climax, et convoque lumières et mouvements pour diriger l'action.

 

Avatar : La Voie de l'eau : photoRegarde bien le monde qui t'entoure dans l'océan parfumé

 

pause kiri

Dans le brouhaha d'Avatar 2, quasi personne n'a le temps de respirer, souffler et s'arrêter. C'est probablement ce qui manque à Jake et Neytiri dans plusieurs scènes, où James Cameron embraye très (trop) vite sur la suite, comme si chaque fraction de seconde (dont le prix donnerait sûrement le vertige) devait uniquement servir le bulldozer du récit. Et quitte à perdre les miettes de fragilité et d'hésitation qui représentent l'humanité.

Mais pas Kiri.

 Avatar : La Voie de l'eau : photoKiri au pays des merveilles

 

Ce n'est pas un hasard si dans la première partie du film, elle est au centre d'une scène mystique où elle s'endort et où, littéralement, son souffle anime le monde et l'image. Elle ressent différemment, elle vit à son propre rythme, et le film entier semble se soumettre à son tempo, même pour de courts instants. Plus qu'avec tout autre personnage, Avatar 2 s'arrête pour vibrer avec Kiri.

C'est encore plus évident avec cette scène où Kiri, la tête sous l'eau, fixe le sable dans son coin. Les raisons et les sentiments de ce moment resteront énigmatiques, mais James Cameron s'attarde longuement sur la douceur et la magie. Dans ces rares mais précieux instants, le cinéaste prend le soin de fixer Kiri, pure création de la technologie et de Sigourney Weaver, qui elle-même fixe les créations d'Eywa avec un œil nouveau.

 

Avatar : La Voie de l'eau : Photo Sigourney WeaverLa vie sous la mer c'est bien mieux que la vie qu'ils ont sur la terre

 

d'alien À Avatar

Kiri est l'essence de Pandora et d'Eywa... et au fond, de tout Avatar et de toutes ambitions de James Cameron. Il aurait pu avoir mille actrices, mais il a choisi Sigourney Weaver, sa fidèle Ripley d'Aliens, revenue pour mourir dans le premier Avatar. Annoncé dès 2011, son retour n'est pas (juste) l'expression d'une amitié et d'une famille de cinéma : c'est en réalité le point ultime des rêves technologiques du cinéaste.

Quel plus grand écart que celui de Sigourney Weaver, actrice de 73 ans, qui donne vie à une alien de 14 ans ? Existe t-il plus belle manière de faire de la technique une pure magie, capable de recréer et remodeler la vie ? Le fait que Kiri soit si vivante, si touchante, si entière, n'est-il pas la preuve ultime que la performance capture a ouvert un boulevard vertigineux ?

 

Avatar : La Voie de l'eau : photoKiri d'amour

 

C'est d'autant plus poétique que Kiri est littéralement née grâce à la mémoire cinéma, puisque l'équipe a été piocher dans la filmographie de Sigourney Weaver. En interview avec Trois Couleurs, James Cameron expliquait : "Il a donc d’abord fallu comprendre le visage de Sigourney tel qu’il est aujourd’hui, puis le transférer sur le visage qu’elle avait à 14 ans et ensuite nous avons pu créer Kiri. Avec des tonnes de références. Sigourney nous a donné des dizaines de photos d’elle jeune, mais aussi des vieux films de famille.

 

Alien - Le huitième passager : Photo Sigourney WeaverFlashback

 

Mais ce qui nous a le plus aidés, c’est Alien. Elle avait une bonne vingtaine d’années lors du tournage, et le film comporte énormément de plans très rapprochés d’elle : c’était une matière première formidable pour, par exemple, étudier de façon approfondie la structure particulière de sa mâchoire. C’était énormément de travail, mais c’était indispensable pour saisir l’essence de ce que fut la jeune Sigourney. C’était émouvant de voir cette connexion entre cette dame de 73 ans et la jeune femme qu’elle fut."

Ou quand l'histoire du cinéma (Alien) permet de continuer l'histoire du cinéma (la saga Avatar). Et que James Cameron boucle la boucle, lui qui avait donné une suite aux xénomorphes.

 

Avatar : La Voie de l'eau : Sigourney WeaverLe meta vertige

 

weaver of water

Mais le monstre technologique ne fait pas tout. Car Kiri est bel et bien une performance de Sigourney Weaver, autant que celle de l'équipe des effets visuels. L'actrice a utilisé son corps comme un outil, adoptant les postures et comportements d'une adolescente. Elle a notamment demandé à tourner avec un châle, pour avoir un accessoire-refuge afin de créer cette enfant perdue (une belle manière de rappeler l'investissement des interprètes, même en studio, dans ces conditions). Elle a même modifié naturellement sa voix, qui a grimpé d'une octave selon Cameron, alors qu'elle avait au départ annoncé qu'elle ne prêterait que son corps à Kiri.

Là est le magnifique paradoxe d'Avatar 2 : Sigourney Weaver a beau être absente, invisible, et désincarnée même, elle a rarement été aussi vivante, touchante et finalement, présente. C'est aussi le cruel rappel que plus grand monde n'offre de digne rôle à cette immense actrice depuis des années (peut-être Quelques minutes après minuit en 2016, avec un second rôle). Et au final, c'est peut-être le parfait pied-de-nez à Hollywood, qui oublie les actrices de plus de 50 ou 60 ans (hormis Meryl Streep oui), et qui voit ici l'une d'elles revenir dans la peau d'une jeune fille, comme un magnifique fuck.

 

Quelques minutes après minuit : Photo Sigourney WeaverSigourney qui étudie un specimen d'enfant pour jouer Kiri

 

C'est d'autant plus beau que Sigourney Weaver, la vraie, en chair et en os, reste là. Grace est morte, mais Kiri rend visite à son avatar, et parvient même à communiquer avec elle dans une rêverie. Cette scène, certes écrite avec de gros sabots, créé un dialogue impossible à travers le temps, l'espace et la technologie.

A tous les niveaux, Kiri est un personnage fascinant et passionnant, que ce soit à l'intérieur du récit, dans la grande machine technologique, ou à l'échelle de la carrière de Sigourney Weaver. De là à dire qu'elle représente le vrai cadeau de la saga Avatar, il n'y a qu'un pas. Qu'on vient de franchir.

 

Tout savoir sur Avatar 2 : La Voie de l'eau

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commentaires
Geoffrey Crété - Rédaction
27/12/2022 à 18:06

@Picasso sensei

Euh
C'est écrit en majuscules, en gras, dans l'intro

Picasso sensei
27/12/2022 à 18:04

EL, Il faut préciser "attention spoilers" comme vous le faites souvent, en lisant l'article auquel j'adhère totalement d'ailleurs, on se rend compte de beaucoup de scènes du film.
Kiri sera selon moi l'atout du 3eme opus si James Cameron l'utilise bien.

Fhinrussen
22/12/2022 à 01:28

Alors moi j'ai adoré Avatar 2, autant que Avatar 1. il y a très James Cameron avait annoncé qu'un jour il tournerait un film que le thème de l'Avatar mais qu'à cette même époque il n'avait pas les moyens technologiques.
Pourquoi j'ai adoré le second opus Avatar 2 ?
Par ce que les paysages sont encore plus beaux que le premier même si ça n'est pas une concurence entre les deux films.
Tout le film ne tourne pas autour des deux principaux personnages mais de beaucoup plus et c'est parfait.
Après les gouts et els couleurs, j'aime Avatar 1, j'adore Avatar 2, j'aimerais Avatar 3 et les suites car depuis Terminator je suis un fan de Cameron.

Danny
20/12/2022 à 23:03

Une reprise mouillée du premier film, rien de plus.

fenris054
20/12/2022 à 13:36

A part des sourires béats et des capacités magiques sorties d'un chapeau, je n'ai rien retenu de ce personnage. Et des autres, à part des feulements toutes les 3 secondes,rien du tout. Que c'est lisse un acteur en MoCap...

Kyle Reese
19/12/2022 à 20:20

Idem ,Kiri est l'âme d'Avatar 2.

Par contre @Morcar Spider précise que les bébés ne pouvait pas être mis en état d'hybernation pour un retour sur terre. Il dit ça a son père.

Pour le reste, improvisation ? Peut être, mais je trouve ça très bien vu. Il y a bien transfert d'esprit dans le premier pour prendre le control des Avatars. Donc ils avaient la techno pour concerver en parti un esprit. Je trouve au contraire le perso de Spider hyper intéressant avec sa problématique. Et ce qu'il fait à la fin est vraiment intriguant pour la suite.

Billie
19/12/2022 à 11:43

Le moins pire on va dire…

Morcar
19/12/2022 à 11:30

Personnellement, je ne me suis accroché à aucun des personnages, et c'est sans doute la raison principale pour laquelle les 2 premières heures du film m'ont mortellement ennuyé. Mais concernant Kiri, Spider et le retour de Quaritch, j'ai surtout eu du mal avec ces personnages car dès le début du film on voit bien que Cameron les a improvisé totalement, qu'il n'avait rien prévu les concernant en faisant son premier film.
Entre le mec issu de la mémoire de l'autre, alors que dans le précédent film on faisait appel à Jake pour remplacer son frère mort (pourquoi ne pas avoir aussi sauvegardé la mémoire du frangin ?) et la fille née du personnage mort, on sent bien que Cameron voulait faire revenir les deux acteurs et a improvisé une histoire pour ça, quite à ce que ça soit incohérent avec le premier film.
Et c'est pire encore pour Spider. Non seulement Quaritch ne semblait franchement pas avoir de vie sentimentale et/ou familiale dans le premier film, mais en plus comme par hasard le seul bébé qui ne pouvait pas être rapatrié sur Terre s'avère être le sien. Pas de bol !

Donc bon, admettons que Kiri soit le meilleur personnage. Je veux bien vous donner raison puisqu'aucun personnage n'est vraiment bon dans cette suite, selon moi.

maxx
18/12/2022 à 21:32

Plutot se faire ha.ra.KIRI que de voir ce film lol

BuntM4gnet
18/12/2022 à 15:55

Ah merde, quelqu'un a déjà fait la blague sur le fromage de la vache Kiri.

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