Venom : ce succès monstre qui va peut-être changer des choses dans l'ère Marvel

Geoffrey Crété | 16 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 16 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Retour sur la carrière au box-office de Venom.

Si l'idée d'avoir un film Venom sans Spider-Man a d'abord été accueillie par des rires moqueurs, Sony peut se vanter d'avoir eu le dernier mot. Alors que la version actuelle de l'homme-araignée est liée à Marvel Studios depuis son apparition dans Captain America : Civil War, le studio a lancé un univers quasiment parallèle, pour profiter des licences encore disponibles.

Ainsi est arrivé Tom Hardy en Venom, dans le film de Ruben Fleischer avec aussi Michelle Williams et Riz Ahmed. C'est l'un des plus gros succès de l'année 2018, et Ecran Large revient sur le bilan financier du blockbuster.

 

 

 

LE BUDGET

Venom a officiellement coûté dans les 100 millions, mais un peu plus (116 millions) selon Deadline. C'est nettement moins que les 175 millions de Spider-Man : Homecoming et encore plus des 250 de Spider-Man 3 (plus de 300 avec l'inflation), où Venom apparaissait.

C'est le plus petit budget de l'histoire de Spider-Man au box-office (sans compter le film de 1977 et les films animés, comme le récent Spider-Man : New Generation), et une note particulièrement basse pour un film de super-héros en 2018. Même Ant-Man et la Guêpe a coûté plus cher (entre 160 et 190 millions)

A ce budget officiel s'ajoute comme toujours le budget marketing. Un chiffre que les studios gardent secret, mais qui approche fréquemment des 75-100 millions.

Venom aurait donc coûté au bas mot dans les 175 millions. A noter que ce budget a en partie été pris en charge par la boîte chinoise Tencent Pictures (environ 33% du budget officiel selon Deadline). Ce qui a une vraie incidence sur la suite des calculs.

 

photo, Tom Hardy"Bouge pas, on va regarder de près ces dépenses"

 

LE BOX-OFFICE MONDIAL

855 millions de dollars. C'est le 6e plus gros succès de l'année dans le monde, derrière les poids lourds Avengers : Infinity War (2 milliards), Black Panther (1,3 milliard), Jurassic World : Fallen Kingdom (1,3 milliard), Les Indestructibles 2 (1,2 milliard), et Aquaman (qui a franchi le milliard). C'est donc le plus gros film, en dessous de la barre du milliard.

Dans la galaxie Spider-Man au cinéma, c'est très bien. Sans compter l'inflation, impossible à calculer précisément à l'échelle mondiale sur de tels chiffres, c'est plus que Spider-Man (821,7 millions), Spider-Man 2 (783,7 millions), The Amazing Spider-Man (708,9 millions) et The Amazing Spider-Man : Le destin d'un héros (757,9 millions). Et c'est un peu moins que Spider-Man 3 (890,8 millions), et Spider-Man : Homecoming (880, 1 millions).

Mais bien sûr, il est évident que l'inflation ferait de la trilogie de Sam Raimi des succès énormes face à Venom en 2018.

 

photoQuand tu tiens le box-office 2018 par la gorge

 

LE BOX-OFFICE DOMESTIQUE 

213,5 millions de dollars. C'est le 11e plus gros succès au box-office domestique (USA et Canada), juste derrière Solo : A Star Wars Story (213,7 millions) et A Star is Born (202,2 millions). C'est aussi très, très loin de Black Panther (700 millions), Avengers : Infinity War (678 millions) et Les Indestructibles 2 (608 millions).

Selon le calcul de l'inflation de Boxofficemojo, c'est également loin derrière la trilogie Spider-Man avec Tobey MaguireSpider-Man : Homecoming et les deux The Amazing Spider-Man. Sans surprise.

 

photo, Tom Hardy Quand on te met le nez dans les calculs avec l'inflation

 

LE BOX-OFFICE ETRANGER

Environ 641 millions récoltés hors box-office domestique. Venom a surtout attiré en Russie (32 millions), en Corée du sud (30 millions), au Royaume-Uni (26 millions), au Mexique (24 millions), au Japon (19 millions), au Brésil (19 millions), et en France (18 millions).

Mais comme bien souvent, Venom peut remercier la Chine, où il a engrangé 272 millions de dollars. C'est plus que Jurassic World : Fallen Kingdom (261 millions), et c'est l'un des dix plus gros succès hollywoodiens sur ce territoire, derrière Fast & Furious 8Fast & Furious 7Avengers : Infinity War ou encore Aquaman.

 

photo, tom hardyAllégorie de la Chine qui tient Hollywood par le cou

 

Une somme colossale, qui représente quasiment un tiers de son box-office total. C'est aussi un bond pour la popularité de l'univers Spider-Man en Chine, après les scores des précédents films : 5 millions pour le premier Spider-Man, 19 pour Spider-Man 3, 49 et 94 millions pour The Amazing Spider-Man et sa suite, et 116 pour Spider-Man : Homecoming. Venom a donc fait plus du double.

Le box-office chinois est trop souvent surestimé, puisque les règles strictes du pays réduisent considérablement la part qu'un studio hollywoodien récupère (environ 25%, contre 1/3 pour le reste du monde, et la moitié au box-office domestique), et limitent le temps d'exploitation dans les salles locales. Mais Venom a été en partie financé par Tencent Pictures, une boîte de production et distribution chinoise, qui est ainsi une porte d'entrée sur ce marché.

 

Affiche chinoise

 

Tencent Pictures a mené une féroce campagne marketing en Chine, utilisant son vaste écosystème médiatique pour occuper l'espace (l'application la plus populaire de messagerie, les réseaux sociaux, un service de SVoD à la Netflix, le service de réservation des places de cinéma, etc). Venom a en plus décroché une rallonge d'exploitation, pour avoir droit au double de la durée classique pour un blockbuster.

Une coproduction avec Tencent Pictures a donc été un très bon coup, à la fois pour réduire les dépenses, s'imposer sur le marché local, et récupérer plus sur les recettes.

 

photo, Michelle Williams La fuite vers l'avant : direction la Chine

 

LE BOX-OFFICE FRANÇAIS 

2,2 millions d'entrées. C'est le 20e plus gros succès de l'année, juste derrière Alad'2 (la peste ou le choléra, au choix). Il est loin des Indestructibles 2, premier sur le podium avec 5,6 millions.

Néanmoins, Venom en solo reste loin des sommets de la trilogie de Sam Raimi : 6,4 millions d'entrées pour Spider-Man, 5,3 pour Spider-Man 2, 6,3 pour Spider-Man 3. C'est plus proche de The Amazing Spider-Man (2,5 millions) et The Amazing Spider-Man : Le destin d'un héros (2,3 millions), et Spider-Man : Homecoming (2,3 millions).

Le box-office français comptant les spectateurs et pas leurs sous, il permet de clairement voir le fossé camouflé par l'augmentation du prix des places notamment.

 

photo, tom hardyQuand on te rappelle la vérité

 

LE BILAN

Venom aurait donc coûté 175 millions, dont environ 60 vraisemblablement pris en charge par Tencent Pictures. Le calcul reste toujours périlleux vu les nombreuses données farouchement gardées (notamment les probables parts de participation aux bénéfices, pour Tom Hardy par exemple), mais c'est minimum 150-200 millions de bénéfice. Les experts américains estimaient que le film devait atteindre les 450-500 millions pour rentrer dans ses frais, donc plus de 855 millions marquent largement une réussite nette.

Forbes estime même qu'avec une rentabilité supérieure à 5, Venom est le plus rentable de tous les films de l'univers Spider-Man, juste après le tout premier en 2002.

 

Affiche japonaise

 

LES RAISONS

La première : la popularité de Spider-Man qui a permis à Venom d'exister aux yeux du grand public, notamment depuis Spider-Man 3 en 2007. Si les multiples renaissances avec The Amazing Spider-Man puis Spider-Man : Homecoming ont certainement abîmé son aura, l'homme-araignée reste une icône. Développer son univers avec son plus célèbre antagoniste était donc une jolie parade.

 

photo"JE VEUX MON FILM MOI AUSSI"

 

La deuxième : la promesse d'un film de super-héros pas comme les autres, plus violent et extrêmeTom Hardy et l'équipe ont clairement laissé entendre que le film serait sanglant et plus adulte, et donc simplement fidèle aux comics, où Venom est une créature pas très chaleureuse. Le succès de Logan et Deadpool était un feu vert pour le film de super-héros Rated R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés aux USA), et Sony avait là un boulevard pour se poser en alternative à Marvel Studios, installé dans le PG-13 pour rassembler tous les publics.

C'était sans compter le business, et très certainement le projet ou l'espoir de voir Venom et Spider-Man se croiser - et donc, avoir un Venom que les enfants aient eu le droit de voir, afin que les personnages puissent cohabiter au royaume du dollar.

Le temps que la classification officielle de Venom soit annoncée, quelques semaines avant sa sortie, une partie du public avait été conquise par cette idée de spectacle différent, avec des têtes arrachées et un pur anti-héros en tête d'affiche.

Par ailleurs, la présence de Tom Hardy a certainement pesé dans la balance. La présence d'un acteur prestigieux, dont la popularité a explosé avec The Dark Knight Rises et Mad Max : Fury Road, laissait imaginer que Venom devait valoir le coup.

 

photo, Tom Hardy, Michelle Williams "Tu te souviens quand tout le monde croyait qu'on faisait un vrai film noir et violent et fidèle et bien ?"

 

La troisième : la ration de super-héros. Sony a calé la sortie en octobre (qu'il a dominé avec quasi zéro concurrence), entre la dose Marvel (Avengers : Infinity War en avril et Ant-Man et la Guêpe en juillet) et la dose DC (Aquaman en décembre). Aller voir le nouveau film de super-héros est probablement devenu un rendez-vous obligatoire pour de nombreux spectateurs. 

Le fait qu'il ait cartonné malgré une critique très négative prouve bien la force imparable du genre, qui attire quasiment par principe son public. Venom rentre donc plutôt dans la norme, et évite d'être un cas à part comme l'incroyable bordel Les 4 Fantastiques.

 

photo, comics Venom, à l'origine

 

LES CONSÉQUENCES

Venom 2, bien sûr. Avec de tel chiffres, Sony doit se frotter les mains, et le créneau d'octobre 2020 dévolu à une "suite Sony/Marvel sans titre" est sans nul doute pour le retour de Tom Hardy.

Mais au-delà de ce succès, c'est la stratégie de Sony et l'avenir de Spider-Man dans le cadre de l'accord avec Marvel Studios qui est en jeu. Pour rappel, les deux studios ont passé un accord inespéré en février 2015, afin que Sony "prête" Spider-Man au MCU. Les Avengers pouvaient ainsi gagner l'un des super-héros les plus importants du catalogue, tandis que Sony pouvait relancer (encore) le héros en profitant de la popularité des films.

 

Photo Tom Holland, Spider-ManCe moment où...

 

Spider-Man était ainsi négocié pour trois apparitions (Captain America : Civil WarAvengers : Infinity WarAvengers : Endgame), et deux films solo (Spider-Man : Homecoming et Spider-Man : Far From Home). 

Mais cet accord a été passé alors que Marvel était en totale position de force. Suite au succès trop timide de The Amazing Spider-Man : Le destin d'un héros et l'annulation de la suite et du spin-off, Sony avait toutes les raisons de conclure cet accord. Presque quatre ans après, les choses ont changé. 

Si Venom a été conçu comme un test, le verdict semble clair : le public est prêt à suivre Sony, même sans Spider-Man. L'accueil réservé au film a accéléré la mise en chantier de Morbius : The Living Vampire, centré sur un autre ennemi de Spider-Man, avec Jared Leto dans le rôle-titre. Divers projets ont été évoqués, et nul doute que plusieurs seront prochainement lancés.

La sortie de Spider-Man : Far From Home en juillet prochain marquera donc un tournant : Sony et Marvel Studios vont-ils prolonger les festivités, ou Spider-Man va t-il rentrer chez lui, "piégé" par le succès de son ennemi éternel Venom ? Et surtout : Venom a t-il été un vrai feu vert ou un coup de poker ?

NB : depuis, un Spider-Man 3 encore sans titre a été annoncé, bien sûr. Et le Spider-Verse de Sony s'est précisé avec divers projets.

 

Affiche

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commentaires
Laeti
22/02/2019 à 11:50

Un Marvel reste un Marvel (un Comics) je ne comprends pas tous ces pseudo "intellectuels" qui veulent voir un grand film, profond, et pensant. On veut juste se détendre aussi parfois au cinéma !! Arrêtez de nous bassiner avec vos grandes réflexions comme si vous étiez de véritables critiques de films.

Ashe30
18/02/2019 à 23:00

Ce film est un vrai navet, comme on osez nommer les films sans scénario original, sans mise scène professionnelle, un montage à la hache, des effets spéciaux pauvres, un personnage principal mal construit...un film qui a marché sur des promesses pas tenue et mensonges. Les résultats en France démontre bien le manque de qualité, le public Français est plus exigeants sur ce point.

LeanStarr
18/02/2019 à 14:14

En tout cas, concernant l'apparition de Spider-Man dans un film "Venom", à mon avis, ça ne pourrait avoir lieu que dans le troisième "Venom", surtout une rencontre qui débouchera sur une confrontation pour au final faire face à un "ennemi commun"... Reste à voir si Woddy Harrelson apparaîtra dans plus d'un film en tant que Carnage...

Geoffrey Crété - Rédaction
17/02/2019 à 23:26

@DarkRevan75

Oui...
... à peu près exactement ce qu'on écrit dans l'article ;)

DarkRevan75
17/02/2019 à 22:20

Ça permet aussi à Sony d'avoir de plus grandes marges de négociation avc Marvel, car sony a prouvé ne pas être dépendant de spidey

docsavage
17/02/2019 à 20:47

le succés de ce nanard est pour moi un mystère !!!

Sharko
17/02/2019 à 16:35

Si cette bouse peut permettre à Sony de faire la nique à Marvel en lui permettant de reprendre le personnage de Spiderman alors c'est toujours ça de gagné.

shion
17/02/2019 à 14:46

le pire film de super héros surement pas ya bien pire en marvel mdr

Pulsion73
17/02/2019 à 14:25

Le public comme un seul mouton peut suivre n'importe quelle concerne, merci à Venom, un bon révélateur du niveau ambiant.

Pseudo81
17/02/2019 à 00:01

Non captp c'est le même publique pour Fast and furious and co, ceux qui dise qu'il faut poser leurs cerveaux quand ils regardent un blockbuster.
Pour moi le pire film de super-heros de tout les temps, rien de crédible, les personnages, l'histoires, le déroulement des scènes, un mélange de transformers avec les séries mal foutues du Arrowverse... Aucune crédibilité...

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