C’est l’incontournable moment
D’Un nouvel espoir au Retour du Jedi, de La Menace fantôme à La Revanche des Sith, de Rogue One aux Derniers Jedi, de George Lucas à Irvin Kershner, de J.J. Abrams à Rian Johnson, la saga Star Wars aura pris de nombreuses formes au fil des décennies.
La sortie de Solo : A Star Wars Story, qui rouvre une brèche dans la mythologie pour raconter les débuts de Han Solo, est l’occasion pour la rédaction de se replonger dans la série, pour en ressortir deux scènes : la plus belle, et la plus ratée.
Petit tour d’horizon, 100% venu du coeur.
SIMON RIAUX
LE MEILLEUR : LE CLIMAX DE ROGUE ONE
Lors de son épatante conclusion, Gareth Edwards, non content de boucler un récit qui aura su construire patiemment sa montée en puissance, nous offre littéralement la concrétisation de quantités de fantasmes. Tout fan de Star Wars a évidemment rêvé de batailles spatiales à l’aune de ce que permettent les technologies numériques, tandis que de hordes de cinéphiles espéraient que la saga retrouverait un jour les ambitions dramatiques de L’Empire contre-attaque.
Bien sûr, Rogue One n’est pas le chef d’œuvre de Kershner, mais dans sa volonté de proposer une bataille spatiale longue, ample et épique, qui ne sacrifie jamais l’impact de la mise en scène à la liberté offerte par les CGI, il ressuscite des sensations délicieuses, parfaitement combinées à une bataille au sol d’essence tragique, qu’une apparition surpuissante de Dark Vador vient parachever avec brio.
LE PIRE : LE DEBUT DE LA REVANCHE DES SITH
Star Wars Épisode III : La Revanche des Sith a beau être perçu par de nombreux spectateurs comme le meilleur épisode de la prélogie, il n’en contient pas moins quantité de passage d’une atroce nullité. En témoigne cette ouverture, qui préfère au poids et à l’inertie dégagés par les maquettes de 1977 la légèreté et la fluidité d’une mauvaise cinématique de PS2.
Textures baveuses, aucun effet de masse, innombrables rebondissements dénués d’enjeux, la bataille spatiale inaugurale du film est non seulement laide, mais également interminable. On pourrait apprécier la volonté de Lucas de proposer en guise d’amuse-bouche un très long plan introductif, mais ce dernier est si pauvrement composé, si plat, qu’il évoque au mieux une attraction au rabais du Futuroscope. Enfin, comment s’émouvoir du sort, ou de l’affrontement qui attend nos deux héros, quand le sujet même du film nous renseigne sur son issue.
CHRISTOPHE FOLTZER
LE MEILLEUR : LA GROTTE DE L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE
Star Wars a toujours été une saga mythologique mais c’est vraiment dans L’Empire contre-attaque qu’il assume totalement ce statut. Et, de ce fait, la scène qui m’a le plus marquée dans toute la saga entière c’est le moment où, durant son entrainement, Luke est obligé de se confronter à ses peurs par son maitre, Yoda. Là, nous basculons de la science-fiction au fantastique le plus pur, Dagobah passant d’un endroit inquiétant à un lieu réellement terrifiant.
C’est aussi un instant capital dans le parcours de Luke qui, pour la première fois, se confronte à sa propre obscurité. Et c’est bel et bien le message général du concept de la Force : le premier ennemi, c’est avant tout soi-même. La preuve au moment où, terrorisé, Luke se retrouve face à Dark Vador, une projection de ses peurs, qu’il combat, succombant presque à ses ténèbres, pour découvrir que, sous le masque iconique, se cache en fait le jeune Padawan. Luke comprend ainsi le destin qui peut être le sien s’il ne prend pas garde et laisse la haine le submerger. Une prise de conscience déterminante pour la suite et un vrai instant de cinéma qui, en plus de prophétiser une saga entière, nous explique de la plus belle manière sa philosophie.
LE PIRE : LA MORT DE BOBA FETT DANS LE RETOUR DU JEDI
GEOFFREY CRÉTÉ
LE MEILLEUR : LES COUCHERS DE SOLEIL DANS UN NOUVEL ESPOIR
Ce n’est que le début de l’aventure. Luke n’est pas encore un héros, mais un garçon qui vit chez ses parents. Il rêve d’aventure, d’ailleurs, d’autre chose. Le lien avec le spectateur est alors puissant puisqu’il est dans la même position que le futur héros de la galaxie : il y a encore tout à voir, tout à vivre, tout à imaginer, tout à rêver.
C’est une scène muette, d’une simplicité touchante, et un moment qui n’est pas dans l’action, ni l’humour, ni même l’explication. Il s’agit de contempler la magie pas si ordinaire de l’univers, avec ce double coucher de soleil incroyable qui illustre magnifiquement l’idée d’un « ailleurs », et laisser un court espace pour que l’imaginaire s’épanouisse.
C’est une ancre pour l’imaginaire de la saga et un moment précieux, bercé par la musique magnifique de John Williams. C’est un des moments qui, au fond, définit la magie Star Wars.
LE PIRE : L’USINE DE L’ATTAQUE DES CLONES
Là, la saga est passée dans autre chose. Ce n’est plus de la magie, mais une gigantesque attraction, où tout est devenu illusion et factice, dans les mains d’un George Lucas qui ne sait ni doser, ni s’arrêter. D’où cette Natalie Portman qui rampe, saute, court pour échapper à des pistons, des machines et tout un tas de babioles en image de synthèse, dans une interminable séquence qui ne raconte à peu près rien, puisqu’il s’agit simplement d’une grande parenthèse dédiée à l’action pure. Quitte à avoir une tension et un imaginaire aussi présents que les décors.
La scène reste amusante, mais d’une manière si bête et inoffensive, que c’est une parfaite illustration des dérives de l’entreprise, et donc l’un des pires moments : ceux où la saga a perdu son âme, et en sautille de plaisir comme un enfant.
LINO CASSINAT
LE MEILLEUR : LE COMBAT CONTRE DARK MAUL DANS LA MENACE FANTOME
Du dévoilement hyper-iconisant (à la John Wayne dans La Chevauchée fantastique) d’un méchant mutique ultra-classe à la chorégraphie enlevée de coups virevoltants, des pauses électriques et tendues jusqu’au dénouement final en un seul geste précis et parfait, tout ce dernier combat de La Menace Fantôme est parfaitement rythmé et équilibré.
C’est à peu près la seule chose à aimer dans La Menace Fantôme, mais Dieu que c’est bon. Alternant décharges de violence avec des moments de suspensions en apesanteur, de même qu’elle alterne les moments musicaux d’apothéose et les silences pesants, cette séquence est un modèle de micro-narration et de micro-dramaturgie par le combat… et un sacré souvenir d’enfance.
LE PIRE : LE JEDI ROCK DANS LE RETOUR DU JEDI
J’aurais pu prendre n’importe quel extrait avec Jar Jar Binks ou n’importe qu’elle extrait entre Anakin et Padmé, mais je vous ai trouvé un petit truc du Retour du Jedi que les gens oublient en général.
Curieusement appelé le Jedi Rock alors qu’il n’y a ni Jedi ni Rock, juste des marionnettes dégueulasses et de l’animation en 3D franchement cradingue, une musique sacrément craignos et beaucoup beaucoup de gens qui vous hurlent au visage. Seule la dernière image sacrificielle vient apporter un peu de sens à tout cela, mais c’est quand même cher payé.
C’est encore pire que le rap de Robin Williams dans Zak et Crysta. Profitez-en, en version remastérisé c’est encore pire.
ALEXANDRE JANOWIAK
LE MEILLEUR : DARK VADOR DANS ROGUE ONE
LE PIRE : SUPER LEIA DANS LES DERNIERS JEDI
En y repensant il y a plus de mauvais moments que de bons dans cette franchise…
Le meilleur : la fin du « Retour du Jedi », de l’affrontement psychologique à trois entre Luke, Palpatine et Dark Vador, la rédemption de ce dernier et la victoire finale vraiment euphorisante. Et j’oserai le dire, je suis un fan des Ewoks et j’aime bien Jar Jar Binks, faussement inoffensif (le genre de gogo qui vote pour les pleins pouvoirs de Palpatine, quelle démonstration !). Sinon, dans « The Last Jedi », l’amirale qui fonce sur l’ennemi en hyperlumière ça m’a vraiment bluffé. C’est évident et pourtant je n’y avais jamais pensé, et c’est mis en scène de façon classe !
Le pire : le combat entre Rey et Kylo Ren dans le « Réveil de la Force » m’endort pas mal, tout comme la scène dans la « Cantina » numéro 2. Trop de numérique, trop d’esbroufe, pas assez d’enjeux entre les personnages qui n’ont pas le bonheur d’avoir été aussi bien définis que ceux de la première trilogie. En y repensant, l’Etoile de la Mort géante est une grosse arnaque aussi. En fait, je déteste « Le Réveil de la Force » et je trouve que « The Last Jedi » de loin bien meilleur.
En y repensant bien il n’y a que la vraie trilogie star wars 1999-2005 de bons dans cette franchise le reste est à mettre à la poubelle car non réalisé par Georges Lucas
J’ai toujours mal aux yeux quand je lis Dark au lieu de Darth, on devrait aussi (mal) renommer les auteurs de l’article…
Sinon dans le pire y-a-t-il plus ridicule que les scènes de romance (mention spéciale aux vaches extra-terrestres) de l’épisode 2 ?
Dans les must, le final de Rogue One se pose là.
@Ssird
En même temps c’est la version fr du nom du personnage. Ce serait comme reprendre systématiquement ceux qui osent dire Les Derniers Jedi plutôt que The Last Jedi, ou La Guerre des étoiles alors que Star Wars ne se traduirait logiquement pas comme ça. Faire le puriste a des limites…