AU-DELÀ DU RÉEL : L’AVENTURE CONTINUE
Monolith commence avec une mystérieuse voix dans le noir, qui raconte une histoire digne d’un parfait cauchemar. C’est un mensonge, mais peu importe. Le mal est déjà fait, la graine d’angoisse a été plantée, et ce sera l’un des sujets de cette histoire sur les histoires : comment les raconter et les transformer, pourquoi les croire et les propager, et dans quelle mesure elles peuvent éclairer le monde ou au contraire le cacher dans les ténèbres.
Ce n’est pas un hasard si Monolith se déroule dans un seul décor, qui sert à la fois de refuge (une maison immense et isolée) et de perchoir (les grandes baies vitrées). Dans ce cocon qui se transforme en lieu de cauchemar, tout passe par des voix dans le vide, alors que l’héroïne journaliste collecte les témoignages et récolte la peur au fil d’une enquête au-delà du réel. En cause : de mystérieux artefacts à l’origine pas forcément terrestre.
A mesure que les mots s’empilent et que les images se dessinent, l’impensable arrive. Et si c’était réel ? Et si ces sources absolument pas fiables (les témoignages rassemblés par l’héroïne, capable de les remonter afin de recomposer les récits) permettaient de décrypter la réalité ? Et s’il suffisait d’y croire pour le voir ?
LA VOIX LACTÉE
En parlant d’avoir la foi : Monolith est l’un de ces petits miracles assemblés avec peu d’argent et beaucoup d’envies, comme Cube, Primer, The Vast of Night ou encore Monsters au rayon SF. Le film est né de la rencontre entre le réalisateur Matt Vesely, la scénariste Lucy Campbell et la productrice Bettina Hamilton dans le cadre d’un laboratoire d’écriture en Australie.
Avec un tout petit budget d’à peine 500 000 dollars et seulement 15 jours de tournage, Monolith aurait pu avoir l’allure d’un simple huis clos fauché. Matt Vesely avait peu de cartes en main, mais a su comment les utiliser avec intelligence. Des très gros plans sur les objets (téléphone, micro, piste de montage) aux images où l’héroïne est perdue dans la maison, des longs plans sur son visage aux souvenirs recomposés au gré des récits, il arrive à lentement distendre ce petit espace-temps pour faire naître l’angoisse.

Monolith est quasiment un monologue en miroir, où la journaliste sans nom fixe le vide en écoutant des voix. Celle de Terence Crawford, qui joue un collectionneur d’art allemand (et qu’on aime imaginer avec la tête d’Udo Kier, nous demandez pas pourquoi), est probablement la plus fascinante et déstabilisante. Celle de Lily Sullivan fera office de phare dans la nuit, puisque l’actrice vue dans Evil Dead Rise est de tous les plans, du début à la fin. Sans elle, il n’y a pas de film.
La bonne idée de Monolith est d’avoir mis au centre de l’équation un personnage moyennement sympathique et moyennement fiable, qui semble volontairement se jeter dans la gueule du loup. Filmée sous tous les angles, écoutée à chaque instant, Lily Sullivan est absolument fantastique dans cet extrême numéro solo.

LA BRIQUE ÉLÉMENTAIRE
Comme tout film bâti sur les questions, Monolith doit finalement affronter les réponses. Et c’était l’ultime risque pour le réalisateur Matt Vesely et la scénariste Lucy Campbell : que tout s’écroule dans la dernière ligne droite, avec trop ou pas assez d’explication sur ces fameux monolithes.
Un peu comme dans une prophétie autoréalisatrice, l’héroïne finit ainsi par manifester l’horreur chez elle, en elle, pour elle. Les références sont évidentes pour toute personne friande de films de science-fiction parano, mais là encore le réalisateur sait manier ses effets. Il suffit d’un plan-choc de « naissance » baveuse, de simples bruitages effrayants et quelques savants effets de montage pour ouvrir les portes du cauchemar.

Avant une confrontation attendue, Monolith prend un malin plaisir à étirer le temps et les silences pour forcer à contempler la situation. Et si la résolution joue sur quelques notes attendues, le film se termine dans un irrésistible parfum de pure SF légèrement terrifiant.
C’est la dernière preuve que Monolith est un premier film impressionnant, qui place le réalisateur Matt Vesely et la scénariste Lucy Campbell sur les radars.

Quelle catastrophe. J’ai tenu difficilement dix minutes.
Très bonne critique de Geoffrey, j’ai la chance d’avoir déjà vu ce film et c’est effectivement une petite pépite à ne pas manquer. Malheureusement il sera très mal distribué donc si jamais il passe par chez vous, foncez !!
Cool, merci ! Ça donne envie.
Enfin une histoire qui donne envie d’en savoir plus.
Votre critique donne envie. Hâte de pouvoir le regarder, mais j’attendrais quand même qu’il soit sur internet pour le voir
Intéressant. A suivre. Je le mets sur ma liste