Box-office US : Jungle Cruise surnage devant la fantasy The Green Knight

Jungle Cruise explore les petites cimes du box-office US, laissant The Green Knight et le reste de la concurrence barboter dans le sillage.

Qui dit été dit saison des blockbusters qui bourgeonnent dans tous les multiplexes du territoire nord-américain. Et forcément, cette période se caractérise généralement par un embouteillage de sorties de mastodontes, où chaque box-office hebdomadaire ressemble au PIB d'un état européen. Et pour cause, au blockbuster a succédé le tentpole, soit un film au budget et à la couverture publicitaire encore plus massif sur lequel un studio va faire peser beaucoup d'espoirs de rentabilité, notamment niveau merchandising. 

Une vision à court terme et risquée, qui n'empêche pas les studios de retenter l'aventure chaque année. Ainsi, si Disney sort plusieurs blockbusters au cours de ses derniers mois (Black Widow, Free Guy...), Jungle Cruise est clairement son pari de l'été. Budgété à 200 millions de dollars hors coûts marketing, inspiré par une attraction du parc, avec Dwayne Johnson en tête d'affiche (pardon Emily Blunt)... Disney vise clairement à établir une nouvelle franchise sur le modèle de Pirate des Caraïbes. Une ambition auquel le public semble avoir répondu favorablement. 

Disney sort les gros calibres

Ainsi, Jungle Cruise ouvre son premier week-end avec près de 34,2 millions de dollars. Des chiffres en déca de Black Widow (80,3 millions) ou Fast & Furious 9 (70 millions) qui se révèle nettement plus impressionnants quand on considère le film comme "original", ni tiré d'une franchise, ni adapté d'un comics. À titre de comparaison, Cruella ouvrait à 21 millions de dollars le week-end du 28 mai dernier. Pour Dwayne Johnson, si on exclut les deux Jumanji, c'est dans la moyenne haute de ses week-ends d'ouverture avec Rampage - Hors de contrôle (35,7 millions), Skyscraper (24,9 millions), Agents presque secrets (35,5 millions). 

Surtout, il faut retenir que le poids de la pandémie se fait encore ressentir sur le nombre d'entrées en salles, et que la sortie en simultanée de Jungle Cruise sur Disney+ en Access Premium a épongé une partie de ses potentielles entrées supplémentaires. On s'est permis de faire un point chiffres un peu plus précis.

En tout cas, le film a une très longue longueur d'avance sur les deux autres nouveautés du week-end, The Green Knight et Stillwater. Le premier démarre avec près de 6,8 millions pour un budget de 15 millions. Des sommes assez rares pour David Lowery, plus habitué aux budgets à un chiffre et aux sorties confidentielles qui font monter le film grâce au bouche-à-oreille. 

Dev Patel fixant Jungle Cruise de loin

Sorti sur un parc de près de 2800 salles, le film cumule déjà plus que A Ghost Story et Les amants du Texas réunis. Néanmoins, une ouverture aussi basse pourrait bloquer le film sous la barre des 20 millions de dollars en fin de parcours. Il faut donc croiser les doigts, attendre les chiffres de la sortie internationale et espérer que le bouche-à-oreille fonctionne à nouveau pour porter le film. On le souhaite à A24, la boîte de production-distribution derrière The Green Knight et pourvoyeuse de propositions esthétiques radicales dans le paysage américain. Le long-métrage signe d'ailleurs le quatrième meilleur démarrage de A24 au box-office domestique.

À quelques encablures (200 000 dollars plus exactement) se trouve Old qui chute de près de 60% pour son deuxième week-end avec 6,8 millions de dollars. Le film cumule près de 30 millions en deux semaines, avec 48 millions récoltés en tout dans le monde. Le film semble suivre la même trajectoire que La Jeune fille de l'eau, qui chutait de 60% en deuxième semaine avec 32 millions au compteur. Heureusement, Old a coûté 18 millions là où La Jeune fille de l'eau était budgété à 70 millions de dollars. Si on peut blâmer le contexte pandémique pour une tenue de route aussi chaotique, la qualité du bousin est sans doute également à mettre en cause. 

Quand tu vois tes scores partir en lambeaux

En quatrième position, Black Widow achéve tranquillement sa carrière, descendant calmement les marches du top 5 chaque semaine. Avec ses 6,4 millions de dollars supplémentaires sur le territoire nord-américain et ses 340 millions de dollars cumulés au box-office mondial, le film fait office de petit poucet du monde Marvel, se plaçant plus proche d'un L'Incroyable Hulk que d'un Ant-Man et la Guêpe. Néanmoins, la sortie de Black Widow aura au moins permis de déclencher le feuilleton "Scarlett Johansson vs Disney" qui promet un beau bordel. 

En queue de cortège, Stillwater traîne la patte et cumule péniblement 5,1 millions sur 2500 salles pour son premier week-end d'exploitation. À titre de comparaison, Spotlight cumulait environ 4,4 millions de dollars sur un parc de... 900 salles (mais avait la hype des oscars avec lui). Malgré des critiques plutôt positives, le public n'a visiblement pas adhéré aux aventures de Matt Damon à Marseille, il s'agit d'ailleurs du score le plus bas de l'acteur depuis Promised Land en 2013 et ses 4,3 millions de dollars. Il faudra attendre de voir la sortie internationale et la tenue de route du film le week-end prochain pour pouvoir se prononcer sur le remboursement de son bugdet de 20 millions. 

Jason Bourde 

À l'orée du top 5, on retrouve Snake Eyes qui chute de près de 70% pour sa deuxième semaine d'exploitation. Avec 4 millions de dollars encaissés sur un week-end, le film parvient à peine à 22 millions de dollars au bout de deux semaines d'exploitation. Un score décevant quand on connaît le budget de près de 100 millions de dollars du film, et encore plus lorsqu'on sait l'ambition de la Paramount de ressusciter la franchise G.I Joe. à travers Snake Eyes. Avec 28 millions cumulées en tout à l'international, la sentence du public est irrévocable. 

Enfin, notons l'arrivée de Nine Days de Edson Oda à la 24e place avec 18 000 dollars. Distribué sur 4 salles, le film bénéficie de la deuxième meilleure moyenne par copie du week-end (4600 dollars par salle environ) après Jungle Cruise. Mais c'est son pitch et son casting qui en font un objet définitivement intrigant : un homme vivant seul et reclus loin de la société, va conduire une série d'entretiens avec plusieurs âmes ayant une chance de naître. Il a en plus la chance d'être porté par un casting solide : Winston Duke, Benedict Wong, Zazie Beetz, Bill Skarsgård, Tony Hale... un projet à suivre de près. 

La semaine prochaine, l'arrivée de The Suicide Squad devrait redistribuer les cartes. En tout cas, c'est tout le mal qu'on lui souhaite, vu tout le bien qu'on en pense.