Challengers : critique jeu, sexe et match

Alexandre Janowiak | 24 avril 2024 - MAJ : 26/04/2024 14:28
Alexandre Janowiak | 24 avril 2024 - MAJ : 26/04/2024 14:28

Luca Guadagnino est peut-être l'un des cinéastes qui filment le mieux le désir que ce soit à travers un coup de foudre comme dans Amore ou autour d'une piscine comme dans A Bigger Splash, avec une amourette estivale dans Call Me By Your Name, une envie de libération féminine dans Suspiria ou un road movie cannibale dans Bones & All. Avec Challengersl'Italien continue à explorer désir et passion dans un film à l'énergie folle où tennis, sexe et manipulation se mêlent au milieu du trio Zendaya-Mike Faist-Josh O'Connor. Dès ce 24 avril au cinéma.

l'empire des sets

Dès son titre, Challengers laisse le doute planer sur sa vraie signification. Va-t-il pleinement se consacrer au Challenger, ces tournois de la seconde division de tennis professionnel ? Va-t-il se pencher sur un ou des personnages qui vont se challenger ou challenger quelqu'un d'autre ? Va-t-il plutôt explorer la figure du challenger, de l'outsider ? Sans surprise, on comprend rapidement que le film réalisé par Luca Guadagnino et scénarisé par Justin Kuritzkes ne va pas faire de choix et se pencher sur toutes ses possibilités.

En effet, Tashi (Zendaya) est une ancienne joueuse de tennis ultra-talentueuse dont la carrière s'est tristement brisé en pleine ascension à cause d'une grave blessure. Depuis, elle coache Art (Mike Faist), son mari, un des meilleurs tennisman de sa génération, mais en pleine perte de confiance. Avant l'US Open, seul Grand Chelem manquant à son palmarès, elle l'inscrit donc à un Challenger qu'il devrait gagner facilement pour lui redonner de l'assurance. Sauf que sur place, il retrouve Patrick Zweig (Josh O'Connor), ancien meilleur ami d'Art et ex petit-ami de Tashi.

 

Challengers : Photo Mike Faist, ZendayaTu me tiens, je te tiens par la barbichette raquette

 

Ainsi, pendant 2h11, sur fond de finale du Challenger entre Patrick et Art, observée très attentivement par Tashi, Challengers va ainsi revenir sur le passé sulfureux des trois personnages. Au coeur d'une atmosphère électrique, bien aidée par la bande originale démente du duo Atticus Ross-Trent Reznor (l'envoutant L'oeuf, le pop Yeah x10 ou le déchainé Challengers), le récit mêle les strates et les temporalités grâce au montage précieux de Marco Costa (fidèle collaborateur de Guadagnino depuis Suspiria). Les flashbacks s'enchaînent ainsi sans retenue, venant démêler les tenants et aboutissants des relations, trahisons et manipulations ayant mené à ce match décisif.

Bien sûr, avec cette succession de flashbacks eux-mêmes parfois englués dans d'autres flashbacks, le tout intégré à un match de tennis dans le présent, Challengers manque plus d'une fois de se casser la gueule. Toutefois, les allers-retours entre passé et présent font plutôt habilement corps avec les allées et venues d'une balle de tennis au-dessus du filet. Que le récit accélère aussi férocement le jeu qu'un revers long de ligne, que le temps s'arrête comme lors d'une balle de break cruciale ou que chaque rebondissement laisse pantois à l'image d'un ace, Guadagnino parvient à lier pleinement l'art du cinéma à celui du tennis, pour un résultat visuel assez épatant et entrainant.

 

Challengers : photo, Mike Faist, Josh O'ConnorEn rouge et blanc, ils rêvent d'une trêve de douceur

 

match point

L'Italien ne cesse d'expérimenter à travers sa mise en scène et filme sous le terrain, plonge dans la perspective d'une balle, multiplie les ralentis, alterne plans très larges et très gros plans, voire parfois plans-séquences (un superbe échange entre Tashi et Patrick à Stanford) et scènes clipesque. Toutefois, cette suresthétisation permanente du film est aussi ce qui l'empêche un peu de dépasser son statut de rollercoaster survolté. Il est évident que le tennis est une métaphore des relations intimes (et, in extenso, sexuelles) du trio principal pour Luca Guadagnino, au point où l'acte sexuel en lui-même est surtout suggéré à travers le sport de raquette.

Car oui, à l'image du tennis, l'amour-sexe oppose finalement à sa manière deux individualités qui doivent composer ensemble pour trouver une forme d'alchimie, affronter les hauts et les bas... le tout au prix de la sueur perlant sur leurs corps et de leurs possibles cris d'efforts se muant en râle de jouissance (le climax est parfaitement clair à ce sujet).

 

Challengers : photo, Zendaya, Mike Faist, Josh O'ConnorToi + Moi + Nous

 

Ce n'est d'ailleurs pas anodin si le duo Patrick-Art était surnommé Fire and Ice ("Le feu et la glace" en français) en début de carrière. S'ils ont formé une seule et même entité étincelante et séduisante, ils sont aussi deux êtres antinomiques (émotionnellement et physiquement) pour lesquels le personnage de Zendaya sombre, elle qui souffle le chaud et le froid. Cela étant dit, difficile de savoir exactement ce que Guadagnino veut tirer de sa métaphore un peu lourdingue, d'autant que les personnages la rabâchent avec plus ou moins de subtilité ("On parle toujours de tennis ?").

Le plus agaçant c'est que Challengers en délaisse les motivations de son trio, en particulier celles de Tashi. Son ambiguïté en fait un personnage passionnant, mais ses actions et intentions semblent souvent absurdes, voire contradictoires. Autant dire que le film bascule parfois dans le soap un peu bas de gamme entre baisers volés, relations toxiques, renversement des rapports de force inattendus et promesse de triolisme légèrement racoleuse (la partie queer étant sacrément faiblarde).

 

Challengers : Photo ZendayaQueen Zendaya

 

Reste toutefois l'atout majeur de Challengers : son casting fascinant. Bien sûr, Mike Faist et Josh O'Connor brillent de mille feux, le premier en mélancolique doux capable de se révolter et le second en charmeur invétéré, dont le sourire ravageur dissimule ses plans diaboliques (ce service évidemment). Mais sans surprise, Zendaya vole la vedette dans un rôle plus vicieux et calculateur qu'à son habitude.

Alors qu'elle n'est pas le personnage principal et s'intercale avant tout entre ses deux homologues masculins, elle accapare tous les regards entre élégance, beauté et détermination. Et c'est logique, car cette balle que s'échange inlassablement Art et Patrick, c'est finalement sa Tashi, sujet de leur désir, de leur passion, de leur amour, de leur discorde et de leur survie. S'il faut une seule bonne raison de se laisser tenter par l'aventure, c'est bien elle.

 

Challengers : Affiche française

Résumé

Malgré ses (trop) nombreux excès esthétiques et narratifs, Challengers n'en reste pas moins un thriller exaltant mené par un trio tonitruant.

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Lecteurs

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commentaires
julien thomas
29/04/2024 à 17:39

c'est bien la première fois que un tel film sur CHALLENGERS que ça prouve que l'on peut aussi le faire un exemple sur le tennis et que ça doit aussi ètre un super gros budget comme on en avais plus aujourd'hui sur les films qui on disparu totalement

Superfunk
29/04/2024 à 13:44

Un excellent film entre thriller et romance à trois. Luca Guadagnino prouve qu'il peut maitriser un autre type de cinéma. Le script est bien ficelé jusqu'à la dernière seconde. La BO est dingue, au départ déroutante mais tellement originale pour rythme ces échanges. Un trio d'acteur épatant, moi c'est surtout Josh O'Connor, tellement sexy en tant que looser. A voir absolument

julien thomas
28/04/2024 à 18:05

moi je suis peut d'accord avec toi mais la B.A du nouveau film CHALLENGERS doit avoir tout pour que les fans services y prenne sont compte aussi vu que le film à été un énorme succès aux en AMERIQUE et que ça à rassemblé les fans moi je suis très satisfait de ce film ou il y avais pas les mèmes films non plus comme en FRANCE ou la ça doit avoir le succès temps espérer d'avance

Bob nils
28/04/2024 à 04:57

Allez voir ce film. La ba ne rend pas du tout compte du film

julien thomas
27/04/2024 à 11:52

bonjour on ne trouve pas de solution pour que ce 1ER film CHALLENGERS est une 2ème suite que moi je réclame pour que une suite du 1ER CHALLENGERS est un bon moyen pour réussir de faire grande suite qui doit ètre très bientôt de retour il faudra bien

julien thomas
26/04/2024 à 18:30

moi je trouvent souvent que l'on avait pas beaucoup de films comme ça vu que le monde va mal pour moi c'est CHALLENGERS de ZENDAYA qui faut voir au cinéma c'est ce film qui fait beaucoup de bien mais espère le succès dans les salles obscures

Louis.thomas79@sfr.fr
26/04/2024 à 15:44

C'est très sportif d'avoir un film sur le nouveau film challengers qui ressemble à un très grand film

julien thomas
25/04/2024 à 16:33

un très grand CHALLENGERS part ZENDAYA HAUT EN COULEURS ET BALLE DE MATCH QUI DOIT TOUT AU SPORTS

La reine Amadala en personne
25/04/2024 à 12:39

Oh là là, les maniaques de l'orthographe première plaie de l'Apocalypse...

Heisena
25/04/2024 à 06:13

On dit "je n'ai pas tilté" et non pas "je n'ai pas tilter". ;)

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