Lost : oui, le tournage était toxique selon le créateur Damon Lindelof

Alors que la série Lost s'est retrouvée au coeur d'une polémique concernant les coulisses de son tournage, son créateur Damon Lindelof a réagi. 

Tour à tour adulée ou détestée, la série Lost a déchaîné les passions pendant des années, avant d'énerver tout le monde au moment de se conclure. Et si la fin de Lost n'est pas si ratée selon une partie de la rédaction, l'héritage du feuilleton culte reste néanmoins contrasté. Est-ce un grand monument de la télévision, qui a tout bonnement révolutionné la manière de faire une série ? Ou simplement une grosse bouillie incompréhensible et indigeste ? 

Treize ans après la fin de diffusion de la dernière saison, il semble que tout le monde ait un peu oublié Lost, supplantée par d'autres gros morceaux comme Game of Thrones ou Breaking Bad dans l'imaginaire collectif. Pourtant, la série est étonnamment de retour dans l'actualité, avec la publication d'un livre, Burn it Down, qui contient plusieurs interviews-chocs avec d'anciens membres du casting. Accusations de racisme et conditions de tournage infernales, Lost est depuis au coeur de la polémique. Alors que sa série Mrs. Davis vient de se terminer sur Peacock, Damon Lindelof a réagi aux différentes allégations.

Drama dans la v-île-a

we don't want to go back

La journaliste de Vanity Fair, Maureen Ryan, a pu interroger plusieurs membres de l'équipe de Lost dans le cadre de ses recherches pour son ouvrage Burn it Down. Et les témoignages qu'elle a recueillis sont assez saisissants sur la production de la série, mettant en avant le comportement déplacé de plusieurs membres de l'équipe d'écriture, notamment les showrunners Damon Lindelof et Carlton Cuse. Plusieurs scénaristes attachés plus ou moins longtemps à la série ont ainsi fait l'état d'une ambiance nauséabonde, où blagues racistes et attaques personnelles étaient considérées comme la norme. 

Des témoins, comme Monica Owusu-Breen, scénariste de plusieurs épisodes de la saison 3, racontent avoir entendu un individu appeler un enfant asiatique adopté "yeux bridés", ou encore avoir désigné l'acteur Adewale Akinnuoye-Agbaje comme un "voleur" de portefeuilles. Les tensions étaient également fortes concernant Harold Perrineau, interprète de Michael dans les quatre premières saisons. Celui-ci, inquiet de voir que la série ne semble s'intéresser qu'à ses têtes d'affiches blanches, a finalement dû se résoudre à dire adieu à son personnage contre son gré. Les coulisses de Lost auraient donc été un véritable cauchemar, et le co-créateur de la série Damon Lindelof l'a d'ailleurs plus ou moins confirmé. 

La maison Lost brûle (encore)

who watches the watchmen

Dans le cadre de la très longue enquête publiée dans Vanity Fair, Damon Lindelof a répondu aux accusations qui pesaient sur lui, reconnaissant qu'il n'avait pas été à la hauteur, tout en affirmant que cette expérience lui avait beaucoup appris : 

« Mon niveau d'inexpérience fondamentale en tant que manager et patron, mon rôle en tant que personne censée modeler un climat de danger créatif et de prise de risque tout en assurant la sécurité et le confort à l'intérieur du processus créatif – j'ai échoué dans cette entreprise. 

La façon dont je me comporte et dont je traite les autres personnes dont je suis responsable, dont je suis le manager est le dérivé de toutes les erreurs qui ont été commises... J'ai considérablement évolué et grandi, et cela n'aurait pas dû se faire au prix et au détriment des personnes que j'ai blessées dans Lost. »

Quand tu entends les 4 8 15 16 23 42 plaintes contre toi

Le showrunner est également revenu sur la décision controversée de virer Harold Perrineau, admettant que l'acteur était dans son droit : 

« Tous les acteurs ont exprimé leur déception de ne pas être suffisamment utilisés. Cela fait partie intégrante d'une série d'ensemble, mais il est évident que Jack, Kate, Locke et Sawyer – les personnages blancs – ont bénéficié d'une attention disproportionnée. Harold a eu tout à fait raison de le souligner.

C'est l'une des choses que j'ai profondément regrettées au cours des deux décennies qui se sont écoulées depuis. Je pense qu'Harold a légitimement et professionnellement fait part de ses préoccupations concernant son personnage et de l'importance du fait que Michael et Walt étaient vraiment les seuls personnages noirs de la série. »

Le génial twist made in Lindelof de la série Watchmen

Chose intéressante, le monsieur ne s'est pas braqué à l'heure d'être confronté par la journaliste de Vanity Fair, celle-ci n'hésitant d'ailleurs pas à remettre en question ses premières réponses (à base de "on ne savait pas"). Et sa réflexion sur les demandes rejetées de Harold Perrineau va de pair avec ses travaux récents, particulièrement dans sa série Watchmen sur HBO, où il n'hésitait pas à s'attaquer frontalement (et brillamment) aux questions raciales américaines. Si cela n'excuse en rien son comportement passé, il faut au moins lui reconnaître une réelle volonté affichée de s'en écarter.

Nul doute en tout cas que ces nouvelles révélations vont relancer les débats autour des conditions de travail à Hollywood, alors que l'industrie est traversée par une importante grève des scénaristes. La réputation de Lost s'en trouve une nouvelle fois entachée, même si cette fois-ci la colère ne concerne pas une énième direction narrative controversée. De son côté, Damon Lindelof a donc continué à s'amuser dans le monde des séries, avec sa dernière création Mrs Davis, qui met en scène une nonne (incarnée par Betty Gilpin) en guerre contre une intelligence artificielle.