Marvel : notre classement des séries Disney+, de la pire à la meilleure

La Rédaction | 13 janvier 2024 - MAJ : 14/01/2024 02:06
La Rédaction | 13 janvier 2024 - MAJ : 14/01/2024 02:06

WandaVision, Loki, Falcon et le Soldat de l'Hiver, What If...?, Hawkeye, Moon Knight, Miss Marvel, She-Hulk : Avocate, Secret InvasionEcho... quelles sont les meilleures et les pires séries Marvel sur Disney+ ?

Personne n'aurait imaginé il y a encore quelques années qu'il faudrait passer par la case série pour suivre et comprendre le MCU. Mais la guerre du streaming est passée par là, et désormais Disney+ est un rendez-vous quasi obligatoire dans l'univers étendu des Avengers et compagnie. Pour preuve : Doctor Strange 2, bien plus intéressant avec WandaVision en tête.

 

 

En à peine deux ans, Marvel a ainsi diffusé huit séries, plus ou moins liées aux films. WandaVision et What If... ? servent d'introduction à Doctor Strange in the Multiverse of Madness, Falcon et le Soldat de l'Hiver annonce Captain America 4, et Hawkeye, She-Hulk : Avocate et Moon Knight préparent la suite avec de nouveaux personnages.

Et ce n'est que le début puisque Miss Marvel est liée à Captain Marvel 2 alias The Marvels, Secret Invasion adapte un arc bien connu et teasé dans Spider-Man : Far from Home, sans parler de Ironheart, Agatha : House of Harkness, Daredevil : Born Again et bien d'autres. De quoi se noyer dans un nouvel océan de programmes. Mais en attendant, on a classé les séries Marvel de Disney+, de la pire à la meilleure.

 

 

10. FALCON ET LE SOLDAT DE L'HIVER

  • Sortie : mars-avril 2021 
  • Durée : 6 épisodes

 

 

Ça parle de quoi déjà ? Si Captain America a demandé à Sam Wilson (Anthony Mackie) de prendre la relève, celui-ci n'assume pas le symbole que représente le fameux bouclier étoilé. Le militaire John Walker est donc choisi pour être le nouveau Captain, tandis que Sam et Bucky Barnes (Sebastian Stan) se lancent à l'assaut des Flag-Smashers, des terroristes dotés d'une force surhumaine permise par le super-sérum du Captain. Tout ce petit monde se met sur la margoulette, Sam finit par devenir le nouveau Captain America et John Walker l'US Agent. Suite au prochain numéro.

Pourquoi c'est la pire série Marvel ? En retrouvant le style techno-thriller chiant et grisâtre des Captain America des frères Russo, Falcon et le Soldat de l'Hiver part avec un sacré handicap. Mais le vrai problème réside dans le fait que la mini-série de six épisodes a en réalité été pensée comme un long-métrage étendu sur six heures. Uniquement motivée par ses caméos obligés (Sharon Carter, le Baron Zemo) et ses détours pour raccrocher les wagons, la série piétine en disséminant ses péripéties en ne nous donnant que des miettes de pain.

 

Falcon et le Soldat de l'Hiver : photo, Anthony MackiePas digne de l'Excalibur américain

 

Dès lors, les rares arcs narratifs pertinents de la série se perdent dans ce fatras, dont le budget maous ne peut cacher les nombreux hangars et autres couloirs vides servant à déverser de l'exposition. Falcon et le Soldat de l'hiver ne réussit jamais à s'attarder sur ses deux protagonistes, sur leurs traumatismes et leurs peurs face à l'absence de Steve Rogers.

Si l'idée d'interroger la nécessité d'un Captain America afro-américain est forcément intéressante, la démarche du scénariste Malcolm Spellman est sacrifiée sur l'autel de sous-intrigues pachydermiques, à commencer par une escale terriblement triste à Madripoor (bonjour l'exotisme d'un parc à containers).

 

Falcon et le Soldat de l'Hiver : photo, Wyatt RussellAmerica, f**k yeah !

 

En tout cas, l'absence de showrunner réel dans la fabrication des séries Marvel montre déjà ses limites avec cette proposition aussi inutile que laborieuse, ne servant qu'à combler le vide sur les étagères de Disney+ et à amorcer un futur Captain America 4. La réalisation des six épisodes, confiée intégralement à Kari Skogland, parvient à n'offrir aucun coup d'éclat, pas même une image iconique, alors que tout son concept repose autour de ses mythes et de leur signification. Pathétique !

Y a-t-il quelque chose à sauver ? Pas vraiment... mais peut-être est-ce dû à notre mauvaise foi légendaire. En réalité, on sauvera un épisode 4 qui suit (enfin) le tournant de John Walker vers le côté obscur, le tout jusqu'à une scène finale lourde de sens, où l'une des reliques les plus importantes du MCU se voit souillée. Marvel interroge enfin le poids de ses symboles, et la légitimité de ceux qui les portent.

9. Secret Invasion 

  • Sortie : juin-juillet 2023
  • Durée : 6 épisodes

 

Secret Invasion : Photo Samuel L. JacksonFury, à fond la forme

 

Ça parle de quoi déjà ? Depuis les événements de Captain Marvel dans les années 90, Nick Fury, au nom de la Terre, a accueilli les réfugiés Skrulls. Mais une partie de ces aliens métamorphes se sentent floués par l’ex-directeur du S.H.I.E.L.D. puisque celui-ci se la coule douce sur une station spatiale au lieu de leur trouver une planète habitable. Cependant, Gravik, un Skrull lassé d’attendre, a organisé une rébellion et veut monter les humains les uns contre les autres. Heureusement, Fury empêche la Troisième Guerre mondiale, bien aidé par G’iah, la fille de son ami Talos devenue une Super-Skrull possédant les pouvoirs de tous les surhumains du MCU.

Pourquoi c’est presque la pire série Marvel ? Secret Invasion est une incroyable déception au vu des comics qu’elle était censée adapter. Dans les pages des bandes dessinées Marvel, ce récit est un event massif où les super-héros sont poussés à douter de leurs alliés, le tout culminant dans une bataille new-yorkaise apocalyptique (où Captain Marvel tient un front à elle seule). Or, dès son annonce, la série de Disney+ a assumé se détourner de ce Royal Rumble sur Times Square pour une approche façon thriller paranoïaque. Ce choix fait sens puisque les envahisseurs Skrulls peuvent prendre l’apparence de n’importe qui, c'est donc idéal pour installer un suspens constant.

 

Secret Invasion : photoL'un des cinq Skrulls de l'invasion

 

Néanmoins, c’était sans compter sur une narration embourbée dans la recontextualisation de la situation des Skrulls depuis Captain Marvel, de poser Nick Fury (Samuel L. Jackson) et son couple, de faire croire à une menace globale, etc. Et voilà que déjà quatre épisodes sont passés où tout a été expliqué dans d’interminables conversations assises des différents membres du casting (dont une Olivia Colman prise en otage dans un personnage trop facile pour elle) en gros plans. Incroyable, mais vraie, la réalisation d'Ali Selim est même moins énergique que les dialogues amorphes qu’elle filme, ce qui offre à Secret Invasion une monotonie dans l’ennui.

En fin de compte, le concept de Secret Invasion n'est jamais exploité. En effet, la tension est inexistante puisque tout est plus prévisible qu’une réponse à "Salut, ça va ?", quand les mystères ne sont pas dévoilés sans laisser de doute au spectateur. On sort donc de la série avec une profonde lassitude et une histoire sapant le MCU. Car, de tout ça on retient un James Rhodes (Don Cheadle) dont ses meilleures interactions avec les Avengers n’étaient pas de lui et une nouvelle héroïne (Emilia Clarke) extra-giga-surpuissante avec laquelle le MCU ne saura pas quoi faire. Le sentiment d’avoir été arnaqué par Marvel Studios comme un Skrull par Fury est donc là.

 

Secret Invasion : photo, Emilia ClarkeLa fin du MCU

 

Y a-t-il quelque chose à sauver ? Si Secret Invasion n’est pas la pire série Marvel, c’est bien parce qu’elle a quelques trucs dans sa poche trouée. Le charisme un peu usé de Samuel L. Jackson porte chaque épisode – en particulier au travers de quelques séquences intimes intéressantes. Mais on relèvera surtout la capacité du studio à enfin faire un projet sans aucun trait d’humour. De fait, Secret Invasion parvient à garder un ton sérieux, n’hésitant pas à envoyer de la giclure de sang par moment. C’est bien la seule promesse réussie d’un programme qui se vantait d’être la Andor du MCU.

8. She-Hulk : Avocate

  • Sortie : août-octobre 2022 
  • Durée : 9 épisodes

 

 

Ça parle de quoi déjà ? L’avocate Jennifer Walters est mise en contact avec le sang radioactif de son cousin Bruce Banner suite à un accident. Désormais, Walters peut se transformer en She-Hulk, ce qui plaît énormément à un cabinet d’avocats expert en affaires super-héroïques qui veut son quota de surhumains dans ses bureaux. De plus, être une grande femme musclée et verte permet à Walters de dépasser son manque de confiance en elle. Mais bien sûr qui dit femme forte, dit jalousie mal placée de mâles arriérés. Ainsi, l’Intelligencia, un groupe d’incels, commence à s’en prendre à elle, pointant entre autres sa vie sexuelle qu’il ne tolère pas.

 

She-Hulk : Avocate : photo, Tatiana MaslanyCroiser son regard c'est perdre un peu de son âme

 

Pourquoi c’est très mauvais ? Avec She-Hulk, le MCU se lance dans l’exercice périlleux de l’humour. Pour ce défi, Marvel Studios s’est entouré d’experts du genre puisque la créatrice de la série Jessica Gao est scénariste de plusieurs épisodes de la série parodique Robot Chicken. Un programme sur lequel a aussi travaillé Zeb Wells, autre scénariste de She-Hulk. Pourtant la série de Disney+ est un échec quasi complet sur ce point. Il y a bien quelques boutades qui visent juste, ou certains gags qui font rire (sincèrement il y en a), mais l’ensemble fait à peine l’effort de fournir une proposition cartoonesque réfléchie, croyant qu’être débile suffit à être drôle.

On ne se rattrapera pas sur le côté judiciaire de la série – une thématique qui figure quand même dans le titre. Incapable de fournir le moindre enjeu dans ses affaires, She-Hulk se perd dans une parodie dérisoire des séries d'avocats. Le matériau de base était pourtant en or puisque traiter des super-héros de Marvel par le prisme d’un tribunal a de quoi soulever des situations cocasses et créer pléthore de jurisprudences délirantes. Les comics l’ont fait avec brio, Marvel Studios n’a rien su en tirer.

 

She-Hulk : Avocate : photo, Jameela JamilAh qu'est-ce qu'on a rigolé dans cette scène...

 

Le studio tire en revanche bien sur la corde de la crédulité des rares fans du MCU à encore croire que Marvel/Disney+ propose du divertissement de qualité. Car même visuellement, chaque apparition de la bodybuildeuse verdâtre donne envie de se cisailler l’œil au rasoir. Quand elle n’a pas l’air raide façon paraplégique en pleine rééducation, l’héroïne nous offre un panel d’expressions perturbantes bien loin de la femme provocatrice écrite et dessinée par John Byrne. Jamais on ne croit que She-Hulk existe, et on aimerait oublier l’existence de sa série qui ne sait jamais l'iconiser dans sa mise en scène.

Y a-t-il quelque chose à sauver ? C’est en cherchant dans les entrailles de She-Hulk que l’on trouve le positif. Derrière la foirade complète de la série Marvel se dissimule un point de vue intéressant sur le féminisme et l’appropriation du corps de la femme par les hommes. Les débats qui ont animé la Toile chaque jour de diffusion des épisodes montrent bien que cette thématique demande encore un long travail d’ouverture d’esprit pour beaucoup, mais aussi une écriture rigoureuse. Malheureusement, ce n'est pas le cas de She-Hulk, son message en est parasité et il n’en ressort que l’épave de l’intention. On donne quand même une gommette pour la bonne volonté.

7. WHAT IF...?

  • Sortie : août-septembre 2021 (saison 1) - décembre 2023 (saison 2)
  • Durée : 18 épisodes (9 pour chaque saison)

 

What If...? : photoCaptain Brexit

 

Ça parle de quoi déjà ? La série pose la question « et si… ? » pour réécrire des points clés du MCU et observer comment l’histoire aurait pu différer. Ainsi, que serait-il advenu du MCU si Peggy Carter avait pris la place de Steve Rogers comme première super-soldate ? À quoi ressemblerait le monde de Marvel s’il était envahi par des zombies ? Ou si Thor n’avait jamais eu de frère et de sœur ?

Pourquoi c’est un rendez-vous manqué ? Le potentiel de revenir sur les grands moments du MCU et de leur donner une autre version est sans limites. Dans les comics, cela fait des dizaines d’années que l’idée est usée dans tous les sens. Pour ce projet, c'est Bryan Andrews qui est mis à la réalisation, un storyboarder qui a travaillé sur Clone Wars et presque tous les Marvel depuis Avengers. Un plus non-négligeable pour une série d'animation se déroulant dans l'univers des Avengers. Ce choix de ne pas être en live permet plus de folies visuelles impossibles au cinéma, tout en reproduisant des visages d’acteurs du MCU. Bref, What If...? avait des possibilités infinies... qui ne seront qu’effleurées.

 

What If...? : photoMarvel Studios observant


Car malheureusement la question qu’on se répète à chaque épisode est « Et si… on ne mourrait pas d’ennui ? ». Parmi toutes les histoires possibles et divergences de personnages imaginables, What If...? ose peu, et dans ses tentatives, se vautrent. Trop d'épisodes déçoivent avec des interrogations peu intéressantes ou des réponses ridicules. Qui voulait savoir ce que donnerait T’Challa en Star-Lord ? Et l’intérêt d’un Thor fêtard ? Certainement personne n’avait envie de découvrir un Thanos martyrisé.

Quand les idées ne sont pas risibles, elles sont mal développées, dans des épisodes beaucoup trop courts pour explorer des intrigues s’étalant normalement sur plusieurs heures. En témoignent les raccourcis grossiers faits dans l’épisode sur Killmonger prenant le pouvoir au Wakanda (ce qui monte à deux sur neuf les épisodes autour de Black Panther), ou le potentiel bâclé de l'adaptation de Marvel Zombies qui écarte toute émotion liée à la mort pour en faire un Bienvenue à Zombieland de seconde zone. La sauce Marvel de bons sentiments et de personnages lisses n’a jamais été aussi criante alors que le studio possède un coffre à jouets inégalable.

 

What If...? : photoThanos, le bro

 

Ce qui lui épargne le label « nul » ? Certains épisodes proposent des théories passionnantes. L’histoire sur Doctor Strange au coeur brisé représente tout ce qui rend fascinant un super-héros, constamment tiraillé par ses émotions qui peuvent le faire basculer du mauvais côté. Le destin a un rôle dans la vie d’un personnage Marvel et c’est ce que montre trop rarement la série. Le personnage du Gardien Uatu (doublé par l’excellent Jeffrey Wright) incarne le mieux l’intention sous exploitée de What If...? en faisant de lui un observateur enchaîné à son serment et contraint de le briser, s'opposant à la fatalité.

Enfin, What If...? s’apprécie principalement pour son animation composée de 3D imitant le style comics. Alors que la rigidité dans les vêtements et les cheveux peut donner l’image de Playmobil gesticulant sous nos yeux, les personnages bénéficient d’une souplesse de mouvements et de visages expressifs plus que réussis. Et surtout la série peut se vanter d’avoir des cadres et poses qui sont un écho direct aux dessins des comics, choses que l'on a trop rarement dans les films du MCU.

 

6. ECHO

  • Sortie : janvier 2024
  • Durée : 5 épisodes

 

Echo : photo, Alaqua CoxNouvelle gamme Echo+

Ça parle de quoi déjà ? La série Echo se concentre sur l'héroïne Maya Lopez (Alaqua Cox), introduite précédemment dans Hawkeye. L'action reprend cinq mois après les événements de la série consacrée à Clint Barton, après que Maya a tiré sur Wilson Fisk et pris la fuite. On apprend qu'elle est retournée à Tamaha pour rejoindre son cousin et son oncle. Elle demande à ce dernier de l'aider à prendre le contrôle des opérations du Fisk, qui n'est évidemment pas mort et se remet sagement de sa blessure à l'hôpital. Puis elle rencontre aussi sa mamie qui lui en apprend un peu plus sur ses origines (au cas où ça intéresserait quelqu'un). 

 

Echo : photo, Vincent D'Onofrio"Un geste suffira, Echo"

 

Pourquoi c’est une des séries les plus inutiles ? Parce qu'Echo a tout d'un produit fonctionnel (pour bien intégrer Daredevil et Wilson Fisk au canon) doublé d'un spin-off saboté par Marvel, ne serait-ce qu'avec la diffusion simultanée de tous les épisodes (soit une première pour une série du MCU). En s'articulant autour d'un personnage très éloigné des supers-héroïques classiques, la série avait pourtant l'occasion de ramener l'univers vers quelque chose de plus concret, à l'échelle humaine, à l'instar de Black Widow côté cinéma. 

Mais Echo est ironique malgré elle. Alors que Maya tente de s'émanciper de son "oncle", qui veut retrouver l'emprise qu'il avait sur elle, la série a l'air de ne justifier son existence qu'à travers les récents déboires du MCU Disney+. Cette nouvelle production introduit ainsi le nouveau label Marvel Spotlight, censé raconter des histoires plus resserrées et donc moins scotchées au reste de la saga. Sauf qu'au lieu de se contenter d'un récit plus humble, le scénario ne peut pas s'empêcher de filer à sa protagoniste des super-pouvoirs et des ancêtres amérindiens magiques (qui étaient en fait des aliens déguisés en humain, mais pas des Skrulls). 

 

Daredevil : photoDaredevil, ni vu ni connu

Echo passe donc soigneusement à côté de tous ses sujets et de toutes ses ambitions, à commencer par nous intéresser à cette héroïne de second, voire troisième plan. Si le premier épisode laisse miroiter une série d'action un peu plus violente et terre-à-terre que les précédentes, c'est pour mieux nous faire mourir d'ennui avec les cinq suivants. Et ça, ce n’était vraiment pas nécessaire après Secret Invasion...

Ce qui sauve Echo ? Les possibilités quasi infinies de jeux de mots avec le titre qui amusent l'équipe bien plus que la série elle-même. Plus sérieusement, le premier épisode entretient l'illusion d'une bonne série d'action avec ce plan séquence à la fois nostalgique et malin dans le renouvellement de ses enjeux. Enfin, impossible de ne pas saluer l'interprétation de Vincent D'Onofrio et l'écriture de son Wilson Fisk, qui jongle de façon angoissante entre ses différentes facettes, du grand romantique au monstre insensible. 

 

5. MOON KNIGHT

  • Sortie : mars-avril 2022
  • Durée : 6 épisodes

 

 

 

Ça parle de quoi déjà ? Steven Grant est un employé de musée discret obsédé par l’antiquité égyptienne. Son seul problème est d’avoir des nuits agitées qui l’obligent à s’enchaîner au pied de son lit. Lui se croit somnambule, en réalité Steven a un trouble dissociatif de l’identité si avancé qu’une de ses identités, Marc Spector, est un ex-mercenaire devenu Moon Knight, le poing du dieu égyptien Khonshu. Bien malgré eux, les deux personnalités vont devoir empêcher un illuminé et sa secte de réveiller une déesse égyptienne désirant punir les humains avant qu’ils aient péché.

Pourquoi c'est une des pires séries Marvel ? Belle déception que ce Moon Knight avec Oscar Isaac, qui avait pourtant tout pour lui, en théorie. Le personnage est, dans les comics, un croisement entre Batman, Rorschach et le Punisher, qui utilise la violence pour mater des criminels des rues, tout en se perdant entre les réalités de ses alters. Loin des héros classiques, Moon Knight est bien plus complexe et noir. Après des séries comme WandaVision et Loki on pouvait donc espérer un traitement audacieux de cet anti-héros si particulier dans l'univers Marvel.

 Moon Knight : photoLe fond vert se reflète un peu

 

Au final, on se retrouve avec quelques poings ensanglantés d’un héros qui ne ressemble plus grandement à sa version des comics. Tout ce qui fait l’essence et l'originalité du justicier en blanc est détourné ou écarté. Le trouble de Steven Grant, un sujet fort pour une franchise grand public, est même moqué, transformant le personnage en un sous-Deadpool plus qu'un Daredevil psychotique. Tout aussi dommageable, la série ne profite pas des nombreux antagonistes tordus et dangereux de Moon Knight, préférant piocher un ennemi anecdotique des comics et le réécrire dans une bouillabaisse de clichés ennuyeux.

Pour se rattraper, la série de Disney+ ne peut même pas compter sur la réalisation de Mohamed Diab qui panique face aux scènes d’actions. Celles-ci sont cutées sous couvert d’un prétexte scénaristique aussi redondant que la blague annuelle « Noyeux Joël » de tonton. Le chevalier blanc est pourtant connu pour ses capacités au corps à corps hors-normes dont on ne profitera jamais, même dans le combat final. La réalisation trop rarement inspirée est en plus pénalisée par des incrustations et des effets spéciaux dignes des séries du Arrowverse de The CW.

 

Marvel's Moon Knight : photoDes combats qui se finissent en un clignement d'yeux

 

Ce qui sauve Moon Knight ? Au milieu de cette adaptation ratée, le jeu de Oscar Isaac est ce qui nous accroche. L'acteur fait preuve d’une passion certaine pour incarner les différentes personnalités de Moon Knight qu’il interprète avec suffisamment de subtilité pour ne pas tomber dans la facilité et la caricature. Une performance pleine de conviction et de sincérité qui aide énormément à rendre chaque scène et réplique moins exaspérantes. Oscar Isaac semble malheureusement abonné à rejoindre les franchises par la mauvaise porte d'entrée après X-Men : Apocalypse et la postlogie Star Wars.

L’ultime bouée de sauvetage de Moon Knight qui lui évite de sombrer plus bas dans ce classement est son épisode 5 dont la qualité dénote avec les précédents. En un épisode, la série a prouvé qu’elle pouvait être une très bonne adaptation des comics en exploitant (et réécrivant) avec pertinence le passé de son personnage. Incroyablement dramatique et sombre, l'épisode met de côté le costume de Moon Knight le temps d’explorer les traumatismes psychologiques du héros victime de lui-même. Si Disney+/Marvel avait fait une série entière de ce niveau, elle aurait pu s’approcher de la qualité du Daredevil de Netflix.

 

4. LOKI

  • Sortie : juin-juillet 2021 (saison 1) - octobre-novembre 2023 (saison 2) 
  • Durée : 12 épisodes (6 par saison)

     

 

Ça parle de quoi déjà ? Loki a été tué par Thanos dans Avengers : Infinity War, mais quand les Avengers sont retournés en 2012 dans Avengers : Endgame pour aller chercher le Tesseract, le Loki de l'époque s'en est emparé et l'a utilisé pour se téléporter ailleurs. Loki raconte ce qui est arrivé à cette version du Dieu de la Malice : il a été arrêté par le Tribunal des Variations Anachroniques, une mystérieuse organisation qui corrige les paradoxes spatio-temporels et qui fait régner l'ordre dans l'Éternel Flux Temporel.

Engagé comme agent aux côtés de Mobius, Loki va devoir réparer les dégâts qu'il a causés et fera la rencontre de Sylvie, une version féminine de lui-même, avec laquelle il va tenter de découvrir qui a essayé de les faire disparaître. Leurs péripéties les conduiront jusque dans la réalité alternative où se trouve Celui Qui Demeure, le créateur de la TVA qui est en fait un des variants de Kang. Tout l'enjeu de la saison 2 a ensuite été de sauver le TVA et d'empêcher l'implosion de l'Éternel Flux Temporel. Il devient ensuite capable de voyager dans l'espace-temps, devenant de fait immortel. Il est donc retourné dans "le passé" pour empêcher Sylvie de tuer Celui Qui Demeure, mais a fini par se sacrifier pour sauver le multivers.

Il a cependant réussi à fusionner les branches temporelles en un ensemble unique semblable à Yggdrasill. L'anti-héros est donc devenu un héros et une sorte de Loki qui Demeure . 

 

Loki : photoMadame, un Dieu ne plaide pas

 

Pourquoi Loki est l'une des meilleures série Marvel ? Parce que c'est une des créations les plus excitantes de Marvel Studios et qu'elle a su conserver son identité jusqu'au bout, contrairement à WandaVision qui a sacrifié son originalité des débuts pour retourner à la formule traditionnelle du MCU et à Falcon et le Soldat de l'Hiver qui n'a jamais trouvé la sienne.

Dès le premier épisode, Loki a fait preuve de la créativité, de l'ambition et de l'audace attendues dans un tel projet avec un tel budget, que ce soit au niveau de la réalisation, de la direction artistique ou de l'évolution de son héros. Comme son dieu maître des métamorphoses et des illusions, la série est apparue comme une anomalie dans le déroulé des événements de Marvel, variant les genres, les styles, et les couleurs, du fantastique au buddy movie en passant par la comédie romantique ou le film catastropheen allant toujours un peu plus loin à chaque fois.

 

Loki : photo, Sophia Di Martino, Tom HiddlestonDuo divin

 

Avec autant de malice que son héros, Loki a su jouer avec le temps, le tordre, le briser et le mélanger pour livrer une aventure riche, tragique et passionnante, qui se regardait sans savoir ce que Loki allait bien pouvoir vivre et en espérant enfin découvrir l'identité de celui qui a créé le TVA. Alors que la réalisatrice Kate Herron proposait de jolis plans-séquences et une mise en scène plus soignée et travaillée que d'habitude, Michael Waldron et les scénaristes développaient un pan de l'univers de Marvel foisonnant et farfelu, où le duo passe des décors kitchs de la TVA à une planète en pleine apocalypse jusqu'à une réalité alternative remplie de Loki.

Une bouffée d'étrangeté et d'absurde qui apportait de la fraîcheur aux codes déjà bien usés de l'univers de Marvel, tout en prenant le temps d'étudier, d'explorer Loki et de le faire basculer dans le camp des gentils en le confrontant à ses actions et en l'envoyant dans une quête entre rédemption et introspection.

Tom Hiddleston avait encore un plus l'occasion d'exceller dans son rôle tandis que Sophia Di Martino et Owen Wilson sont naturellement rentrés dans la danse, chacun en apportant leur sensibilité à leurs personnages qui découvrent au fil des épisodes qu'ils ne sont que des pions sur un immense échiquier temporel.

 

Loki : photo, Tom HiddlestonÀ la fin, c'est toujours Loki qui gagne

 

Pourquoi Loki aurait pu être encore mieux ? Parce que Loki reste imparfait malgré toutes ses qualités. Parce que le scénario s'étire parfois un peu trop pour son propre bien, quitte à oublier certains personnages comme la juge Ravonna Renslayer, parce que la série souffre des mêmes artifices que les autres productions du studio, avec le même montage calamiteux dans les scènes d'action, mais surtout parce qu'elle servait essentiellement à poser les premières pièces du puzzle que Spider-Man : No Way Home et Doctor Strange in the Multiverse of Madnesse finiraient d'assembler.

Tout le suspense maintenu pendant les six épisodes, l'arc narratif de Loki, sa relation avec Mobius, l'histoire de Sylvie et leur enquête à travers le temps ne menait en fait qu'à l'introduction de Celui Qui Demeure, incarné par un Jonathan Majors théâtral et peu convaincant, et à la naissance du Multivers. Une conclusion bien frustrante après ce surprenant voyage, surtout que tout cela a volé en éclat dès le premier épisode de la saison 2. Celle-ci a été bien plus poussive et creuse, comme si le multivers, les problèmes judiciaires de Majors et la direction peu claire avaient freiné les ambitions de la série et précipité l'arc de rédemption de l'ancien anti-héros. 

 

3. Miss Marvel

  • Sortie : juin-juillet 2022 
  • Durée : 6 épisodes

 

Miss Marvel : photo, Iman VellaniNouvelle héroïne, même recette ?

 

Ça parle de quoi déjà ? Kamala Khan est une jeune lycéenne ordinaire, fille d’une famille d’immigrés pakistanais, geek et fan de Captain Marvel. Mais sa vie bascule dans l’extraordinaire le jour où elle met la main sur un mystérieux bracelet lui donnant des pouvoirs. Dès lors, Kamala va essayer de mener deux vies, le quotidien d’une adolescente en conflit avec ses parents et le début chaotique d’une jeune super-héroïne.

La future nommée Miss Marvel doit en effet affronter les Clandestins, un groupe d’êtres venus d’un monde parallèle cherchant à sauver leur dimension en détruisant la nôtre. Sans surprises, tout le monde est sauvé dans une résolution d’une triste banalité après que Kamala Khan a appris l’héritage familial que représente son bracelet. Alors qu'un mystère trouve sa résolution, un autre se dévoile, la nouvelle arrivée dans le business des super-héros découvre qu’elle a... une mutation.

 

Miss Marvel : photoMarvel feat Harry Potter

 

Pourquoi c’est dans la moyenne ? Adapter cette super-héroïne de confession musulmane au succès fulgurant dans les comics était autant une évidence qu’une idée casse-gueule. Comme si Marvel avait donné un coup de pied dans un nid de frelons, les racistes se sont emportés contre cette héroïne différente du moule habituel, entourant la promotion de la série d'une polémique stérile. Pour ne rien faciliter, Marvel se mit également les fans de Kamala Khan à dos en réécrivant son histoire, écartant le groupe des Inhumains de son origin story. Malgré tout ça, et grâce à son matériau de base, Miss Marvel avait tout pour être une petite pépite.

 

Miss Marvel : photoTu nous as fait espérer

 

Et dans ses premiers épisodes, on y croit. La réalisation est soignée et inventive, proposant des plans inattendus pour une production Marvel en dépit d'effets spéciaux médiocres (comme d'habitude). C’est surtout son ton adolescent assumé qui emporte le plus l’adhésion, la série s’attardant avec tendresse sur ses personnages et la vie de famille d’une lycéenne dans sa communauté d’immigrés pakistanais, plus que ses exploits super-héroïques. Les sujets plus sérieux ne sont pas délaissés puisque Miss Marvel traite avec justesse du racisme des autorités et la perception de la religion chez les jeunes. L’entreprise entière peut surtout remercier l’attachante Iman Vellani dont la motivation débordante est palpable à l’écran.

Pourtant, si Miss Marvel séduit dans son début de première moitié, l'euphorie finit par retomber. Les effets de mise en scène se répètent et l’intrigue fait le grand écart entre la routine compliquée de Kamala et l’infernal besoin de mettre un nouveau héros en sauveteur de la planète. Ainsi, chaque épisode nous éloigne de plus en plus du rêve de voir une proposition forte tenue tout du long par Marvel, la série revenant très vite sur les sentiers bien pavés des programmes ne prenant pas de risque.

 

Miss Marvel : photo"On a été bien deux épisodes et demi, c'est mieux que Moon Knight."

 

Pourquoi c'est un gâchis ? Avec un MCU perdant de plus en plus pied avec ses traques entre les dimensions, ses batailles cosmiques et ses combats divins, Miss Marvel était la promesse d’un retour à un héroïsme urbain aux problématiques à hauteur d’une justicière débutante (si la série avait suivi les premiers comics). De plus, Kamala Khan rêvant d’être une Avengers, elle était porteuse d’un regard différent sur ces dieux du monde moderne devenus distants avec ceux qu’ils sauvent. Tout était là pour en faire la nouvelle Peter Parker du MCU interrogeant ce monde débordant de super-héros.

Enfin, difficile de donner sa chance au personnage quand même ses créateurs ne l’assument pas. Marvel Studios et Disney+ ayant placé ses sorties d’épisodes les mêmes jours que ceux de Obi-Wan Kenobi, alors que Thor : Love and Thunder entamait son intense promotion avant son arrivée dans les cinémas. Ainsi, Miss Marvel, qui avait fait grand bruit avant sa diffusion, ne fera que peu de vagues pendant ses semaines de programmation. Ce bad buzz non mérité aurait pu se transformer en surprise, mais Marvel ne lui laisse que le statut de nécessaire marche conduisant à The Marvels, la série avec Iman Vellani devenant un passage obligé avant le film.

2. HAWKEYE

  • Sortie : novembre-décembre 2021
  • Durée : 6 épisodes

     

 

Ça parle de quoi déjà ? Clint Barton a retrouvé sa famille et veut passer Noël avec elle. Sauf qu’au même moment, Kate Bishop – son admiratrice n°1 (sur 5) et archère de génie – se retrouve un peu malgré elle avec son costume de Ronin. Forcément, tous ceux qui veulent se venger de l’alter ego d’Hawkeye lui courent après, en particulier la Mafia des Survêts. Cette bande d’abrutis est dirigée par Maya Lopez qui veut venger la mort de son père, tué par Ronin. 

Clint vient donc en aide à Kate et tous les deux découvrent que c’est le criminel Wilson Fisk, l’ancien associé du père de Maya, qui a fait en sorte que Ronin le tue pour reprendre ses affaires. Après avoir été engagée par la mère de Kate - qui travaillait pour Fisk depuis le début -, Yelena Belova tente elle aussi de tuer Clint qu’elle tient responsable de la mort de sa soeur. Puis Kate et Clint viennent à bout de la Mafia des Survêts ; Clint bat Maya et se réconcilie avec Yelena ; Kate assomme Fisk ; Maya lui tire dessus (mais avec 0.01% de chance de véritablement le tuer) et Kate dénonce sa mère à la police. Tout le monde ou presque passe ensuite un joyeux Noël. 

 

Hawkeye : photoFinalement, Hawkeye ne serait-il pas un peu cool ?

Pourquoi Hawkeye est presque une bonne série Marvel ? C’est probablement parce qu’on n'en attendait pas grand-chose que le jugement est plus clément. Si Wanda, Vision, Loki et dans une moindre mesure Falcon et Le Soldat de l’Hiver étaient des personnages assez puissants et complexes pour susciter un quelconque intérêt, une série sur l’archer sacrifié de Marvel ne promettait rien de bien fou en comparaison, aussi bien sur le fond que la forme.

Après Black Widow, la création de Jonathan Igla annonçait même un autre mea culpa et lot de consolation inutile pour pallier 10 ans d’indifférence. Et sans s’y tromper, la série a bien servi à combler certaines lacunes d’Endgame, notamment en étoffant l’arc anecdotique de Ronin ou en faisant en sorte que la mort de Natasha ait un réel impact émotionnel sur Clint. 

Hawkeye : photoDonner à Hawkeye le temps et la place pour exister 

 

Hawkeye porte des enjeux moins dramatiques que WandaVision, moins politiques que Falcon et moins « multiversels » que Loki, mais contrairement à Black Widow qui déroulait son histoire barbante avec beaucoup trop de sérieux, la série a contrebalancé le manque de palpitant de son intrigue en empruntant le ton léger et chaleureux des comédies familiales de Noël. Et étonnamment, ce jeu d'équilibriste fonctionne plutôt bien. Contrairement aux autres productions Marvel où les scénarios sont ponctués de vannes qui viennent souvent parasiter les séquences d’action ou désamorcer un moment de tension, les traits d’humour et comiques de situation de la série sont mieux amenés et assumés, tandis que le tempo comique est plus franc et travaillé.

En plus de donner au personnage l'aura et l'attention dont le MCU l'avait toujours privé, Hawkeye a aussi été l'occasion de prouver que Jeremy Renner pouvait réellement s'impliquer dans le rôle - ce qui n'était pas forcément une évidence dans les films - avec un  jeu moins figé, plus sensible. L'autre raison d'exister de la série est le personnage de Kate Bishop, solidement incarnée par une Hailee Steinfeld qui déborde d'enthousiasme. Il ne faut pas plus de quelques scènes pour que la série réussisse la caractérisation de cette nouvelle héroïne, honnête, énergique et délurée, en plus de lui donner un arc suffisamment consistant pour lui permettre ensuite d'avancer seule.

 

Hawkeye : photoL'esprit buddy movie que Marvel gère d'habitude assez mal...

 

Pourquoi Hawkeye aurait pu être encore mieux ? Si Hawkeye est moins ennuyant et plus divertissant qu'a priori, cela reste une série de fonction qui répond à un cahier des charges. L'histoire entre Kate, Clint et la Mafia était assez dense pour accaparer toute la narration, mais les épisodes ont été obligés de ramener Fisk en vue du caméo de Matt Murdock dans Spider-Man : No Way Home. La série ouvre des parenthèses pour les besoins du MCU quitte à torpiller son intrigue, notamment avec le retour forcé de Yelena Belova (dont l'écriture massacre le potentiel de Florence Pugh), ou le surplus d'attention portée sur Maya qui, sans surprise, aura bientôt droit à son spin-off, sobrement baptisé Echo

Hawkeye présente également une certaine ambition visuelle et créative, mais dont les essais ne sont jamais tenus jusqu'au bout. Les épisodes mettent en avant la surdité de Clint et de Maya, mais le travail sur le son - et notamment la gestion du silence - se contente de minimum syndical avec quelques effets d'assourdissement le temps d'une scène ou deux. Les combats, plus physiques et sans super-pouvoirs, sont correctement chorégraphiés, mais le découpage reste l'angle mort de Marvel, qui livre ici un autre produit calibré qui correspond à la vision industrielle du studio. Les tentatives de réalisation en plan séquence auraient également mérité d'être plus poussées, en particulier lors de la course poursuite en voiture qui choisit de briser la continuité de l'action au moment le plus mal choisi. 

1. WANDAVISION

  • Sortie : janvier-mars 2021
  • Durée : 9 épisodes

 


 

Ça parle de quoi déjà ? Quelques semaines après Endgame, Wanda veut voler le cadavre de Vision au S.H.I.E.L.D. pour l'enterrer. Mais dans un élan de douleur, elle libère des pouvoirs extraordinaires : elle ressuscite Vision, se crée deux enfants, et prend possession de la ville de Westview et ses habitants pour créer une gigantesque sitcom, afin d'oublier sa tristesse.

L'agence gouvernementale S.W.O.R.D. essaie de la stopper depuis l'extérieur, notamment avec l'agent Monica Rambeau qui a réussi à s'infiltrer dans Westview. Et Agatha Harkness, une puissante sorcière, s'est elle aussi incrustée pour essayer de lui voler ses pouvoirs.

À la fin, Wanda comprend sa puissance, liée à la Magie du Chaos. Elle libère Westview et ses habitants, piège Agatha dans son alter ego de sitcom, et accepte la mort de Vision. Mais en réalité, elle a mis la main sur le Darkhold, et veut retrouver ses enfants à tout prix. Ce sera Doctor Strange in the Multiverse of Madness.

 

WandaVision : photo, Elizabeth OlsenMa sorcière bien-vener

 

Pourquoi WandaVision est l'une des meilleures séries Marvel ? Grâce au chaos de la pandémie qui a retardé Falcon, WandaVision est devenue la première série Marvel de Disney+. Et c'était le plus beau et étrange des premiers chapitres, puisque jamais le MCU n'avait osé un tel pari : celui du vrai mystère, tenu sur quelques épisodes, quitte à perdre le public habitué au formatage des récits super-héroïques.

WandaVision s'ouvre comme une vraie fausse sitcom en noir et blanc, qui traverse les âges (les années 50 dans le premier épisode, les années 60 dans le deuxième, la couleur avec les années 70 dans le troisième...) pour poser d'entrée de jeu une énigme. À tous les niveaux, c'est un petit coup de génie : c'est le plus malicieux des débuts pour le versant série du MCU, c'est un exercice de style charmant et inattendu (qui tranche avec la direction artistique plate de quasi tous les films), et c'est une belle pirouette pour raconter le deuil de Wanda. Enfin, c'était aussi la belle promesse d'un MCU qui allait profiter des séries pour être plus audacieux (larmes).

Autre aubaine de WandaVision : le luxe du temps. En 9 épisodes allant de 30 à 50 minutes, le personnage de Wanda a enfin eu la place d'exister au-delà de ses boules magiques dans les scènes d'action. La série raconte l'humaine derrière la surhumaine, dans un beau récit sur le deuil où Elizabeth Olsen confirme (enfin) son talent à l'échelle d'une superproduction. Et elle est d'autant plus impressionnante qu'elle jongle parfaitement entre la légèreté d'une sitcom, les larmes de la douleur et la férocité de Scarlet Witch, tout ça avec quelques actrices excellentes pour l'aider (Kathryn Hahn, Teyonah Parris, ou encore Emma Caulfield Ford pour les fans de Buffy).

 

WandaVision : photoSupercopter

 

Pourquoi WandaVision aurait pu être encore mieux ? WandaVision reste un morceau de MCU, et tôt ou tard, la showrunneuse Jac Schaeffer doit raccrocher la série aux wagons de l'usine. Tandis que l'illusion de Westview se fissure, c'est la série entière qui s'effondre, engloutie par le cahier des charges. Tout revient alors sur les rails du spectacle classique (et légèrement paresseux) dans une dernière ligne droite où Wanda et Agatha s'affrontent dans les airs, et où le talent du réalisateur Matt Shakman est noyé dans les codes Marvel.

Mais en réalité, WandaVision était condamnée dès le départ, la faute à un numéro d'équilibriste visiblement impossible entre les ambitions artistiques un peu folles (la bulle Westview) et les obligations de l'usine Marvel (symbolisées par les tristes bureaux S.W.O.R.D., plantés à l'extérieur avec une armée de figurants et seconds rôles encombrants). Peu à peu, les autorités prennent le dessus, le rêve s'écroule, et la fête est finie. La magie ne pouvait pas durer, et la réalité l'a emporté. Mais peu importe : l'illusion valait bien le détour.

 

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commentaires
yugen
11/02/2024 à 17:04

La meilleure série MARVEL loin, très très loin devant est LEGION. Claque visuelle, claque scénaristique, claque narrative...

Marvelleux
14/01/2024 à 18:46

J'en ai vu aucune. Voilà !

Magnitude (le vrai)
14/01/2024 à 13:11

WandaVision 1er loin devant.

Miss Marvel en 2nd. Pas ouf, mais c'était sympathique.
Pour le reste du classement, elles sont tellement oubliables que l'ordre n'a guère d'importance.

(Je n'ai pas vu She-Hulk et Echo, mais vu les retours je n'ai absolument rien raté)

Truc Bidule
14/01/2024 à 10:12

J'ai arrêté de regarder les series marvel à la moitié de She Hulk et Moonknight.
Le problème de ce classement, c'est un classement de series bien mediocres.
En exagèrant c'est comme si on essayait de classer les series du club dorothee.(Le miel et les abeilles, Helene, les musclés etc.)

Mouais
14/01/2024 à 06:39

Confirmation d'une vision un peu spéciale de la liberté d'expression :)
Les commentaires d'extrême droite pas de soucis ça pullule, par contre les nuancés qui vous remettent un peu en question ('vous faites du bon boulot mais faite attention quand vous ressortez à l'arrache des articles mal mis à jour) là ya du monde un samedi soir pour bouder et faire dégager fissa lol :D
Après au moins vous avez aussi un peu remis à jour l'article.

Grey Gargoyle
23/11/2023 à 23:13

Hello,
deux commentaires de mon côté :

(1) Moon Knight
En fait, pour une première saison, ils leur suffisaient de prendre comme base de départ le run d'Ellis-Shalvey-Bellaire. Six numéros qui auraient donné lieu aux six premiers épisodes qui auraient défini parfaitement le personnage. Rien à enlever, rien à changer. Et en plus, la mise en scène de ce comic book est idéalement filmique. Un pur bonheur pour un showrunner. Le graphisme et les couleurs définissent exactement quelle cinématographie il faudrait envisager. Du tout cuit. Rien qu'en lisant ces six épisodes, avec un peu d'imagination, on peut percevoir par exemple ce que cela pourrait donner si les trois amigos (Iñárritu, de Toro, Cuarón) co-dirigeaient ou si quelqu'un c'était inspiré de leurs méthodes de mise en scène.
Donc... Voilà.

(2) WandaVision
Très intéressant et prometteur.
Ce qui fait que sans transition ils ont décidé ensuite que Wanda devrait repartir dans la direction opposée pour Multiverse of Madness, détruisant au passage toute l'évolution du personnage dans cette série.
Donc... Voilà.

ropib
14/11/2023 à 15:57

WandaVision, j'ai vraiment cru que ça démarrait à l'épisode 4 (je crois) et que ça allait être bien. Au final il n'y a qu'un seul épisode de bon. Et dès le suivant on comprend que c'était un accident. Avant le bon épisode on est impatient que ça commence, après on sait qu'en fait il n'y aura rien. A la fin de la série, on sait que Wanda en est exactement là où on pensait qu'elle en était : désespérée par la mort de Vision et ayant peu de limite de puissance. Un peu comme Falcon qui devient Captain America et qui reçoit le bouclier : la résolution de la série c'est qu'il devient Captain America avec son bouclier... bravo !
A part la première saison de Loki, la seule chose à conserver, au top et peut-être dans le désordre, c'est Daredevil, Jessica Jones et Luke Cage... oui c'est Netflix qui l'a fait, oui on peut faire la fine bouche, mais c'est bien supérieur à Disney. Et, voilà, la première saison de Loki c'est un échec en fait, c'est pour ça que c'est bien ; ils ont rattrapé le coup avec la seconde où on reconnaît bien la marque de fabrique de la production. Bon, au moins ils ont une stratégie de marque : la bouse.

Dova
14/11/2023 à 08:36

Ah oui, Miss Marvel devant Loki? J'aurai swirché. En fait j'aurai gardé Hawkey, Loki et Wanda, et le reste j'aurai fais une catégorie poubelle ^^

rientintinchti2
13/11/2023 à 23:14

Ce classement est une échelle de Bristol

Daygreeny
13/11/2023 à 21:27

Il manque des séries dans le classement. Les agents du Shield, Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist, Daredevil, Agent Carter, Punisher. Elles sont passées où ?

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