Resident Evil 3 : Nemesis remake - gros plaisir ou petite déception ?

Geoffrey Crété | 15 mars 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 15 mars 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le remake de Resident Evil 3 : Nemesis arrive le 3 avril, et on a pu tester quelques heures du jeu sur Playstation 4.

Alors que l'avenir réel de la saga est encore très mystérieux depuis un Resident Evil 7 qui a pris une toute nouvelle direction et un Resident Evil 8 qui tarde à venir, Capcom a bien compris la puissance féroce de la nostalgie. Après le très beau remake du premier Resident Evil sorti en 2002, celui de Resident Evil 2 a été un immense succès en 2019. L'attente aura été très courte : Resident Evil 3 : Nemesis arrive le 3 avril, soit un peu plus d'un an après seulement.

Après l'avoir testé quelques heures, premières impressions sur ce remake très attendu.

 

 

L'ÂGE D'OR

Le Resident Evil 3 : Nemesis de 1999 était un point de bascule dans la saga. Directement lié à Resident Evil 2, qui se déroule en partie en parallèle et dans la même zone, ce troisième opus marque la fin d'une période, avant que tout ne bascule. D'abord avec Resident Evil : Code Veronica, qui a ouvert des horizons nouveaux et placé les premiers éléments de grosse série Z, puis définitivement avec Resident Evil 4, qui a métamorphosé la série à tous les niveaux. Que la ville de Raccoon City soit totalement détruite à la fin du troisième épisode n'est pas anodin : une page se tournait, pour le meilleur et surtout le pire.

Revoir Nemesis, c'est donc se rappeler un âge doré pour Resident Evil, avant que l'action ne prenne trop le dessus, que le décor ne vire totalement au baroque, que la mythologie ne tourne au grotesque pur, et que Wesker ne se transforme en agent Smith dans la Matrice Capcom.

Alors que l'usine à remake va devoir se positionner (Code Veronica serait logiquement le prochain, mais il n'a jamais été aussi populaire que les trois premiers), et qu'un Resident Evil 8 reste à confirmer, Resident Evil 3 semble donc marquer une même étape, 20 ans après, même si le contexte a largement changé.

 

photoQui se sent très vieux d'un coup, là ?

 

RESIDENT EVIL 2.5

Et encore une fois, Resident Evil 3 est directement lié au deuxième épisode : le remake de Nemesis a tout d'une copie carbone du remake de Resident Evil 2, et en reprend tous les ingrédients. L'ambiance, les éclairages, la mise en scène, les couleurs, divers éléments à l'image, et bien sûr le gameplay, renvoient au jeu sorti en 2019, pour en faire un prolongement évident. C'est même troublant tant les rues de la ville où Jill évolue dans les premières heures semblent être calquées sur celles que Claire et Léon découvraient dans leur parenthèse extérieure. Difficile de ne pas voir dans les grillages fragiles, les voitures abandonnées, les escaliers étroits et le goudron humide, une version alternative du Raccoon City aperçu l'année dernière.

 

photoNemesis te prend la tête en 1999

 

Ainsi, l'écart entre les remakes de RE2 et RE3 est bien plus mince qu'entre les jeux originaux. Là où le Resident Evil 3 de 1999 ouvrait de tout nouveaux horizons, avec des environnements très différents, une sensation de grandeur dans les espaces, et un sens du chaos au premier plan, celui de 2020 semble d'abord être une simple continuation. Et impossible de ne pas voir Nemesis comme un nouveau skin de Mister X. Le colosse apparaît très rapidement dans l'aventure, avec certes sa propre identité (il a un pas légèrement plus rapide, lui), mais sur un modèle qui le rapproche beaucoup du géant à l'imperméable.

Quasi 20 ans plus tard, Capcom a opéré un lissage sur les remakes, pour trouver un équilibre entre la survie et l'action, l'horreur et le spectacle. À mi-chemin entre les débuts très silencieux dans le manoir Arklay, et les épisodes bourrins où tout explosait comme si Michael Bay avait repris le contrôle de l'entreprise, Resident Evil 3 reprend donc la formule qui a conquis les fans en 2019.

 

photoNemesis te tentacule en 2020

 

RACCOON NEW CITY

Mais cette formule a aussi ses bons côtés. Tout comme le commissariat de RE2 qui avait été profondément repensé pour l'adapter au gameplay et surprendre le joueur, Raccoon City a été redessinée pour les mêmes raisons. Le fan pourra retrouver quelques étapes, reconnaître un vague sentier au fil des clins d'œil, mais le jeu procure un réel et agréable sentiment de nouveauté dans le level design.

Les ruelles, les passerelles, les toits, les bâtiments et autres sombres allées ont été réaménagés, réarrangés, quand de toutes nouvelles zones dynamisent le cauchemar, avec notamment une sympathique excursion horrifique et sous forte inspiration d'Aliens, le retour. Sans compter que le bestiaire pourrait bien surprendre, avec déjà quelques images peu ragoûtantes plus que bienvenues dans l'univers.

Néanmoins, sous couvert de neuf dans Resident Evil 3, certains passages sentent le recyclage de Resident Evil 2, en particulier une zone d'égouts vraiment très familière. En quelques heures, cette limite est déjà évidente. D'où l'importance d'un refaçonnage de l'aventure, pour contrebalancer, et se jouer des attentes du fan qui se souvient très bien de quelques histoires de pierres colorées, de bouche incendie, ou de restaurant.

 

photoCette fois, Jill n'est pas habillée comme pour un afterwork

 

Le personnage de Jill Valentine apparaît également plus moderne. Au-delà de sa tenue qui prête moins à sourire, l'héroïne semble plus féroce et déterminée, grâce à des dialogues plus sobres, et un bon doublage. Et elle pourrait bien avoir plus de choses à vivre avec les survivants dans l'aventure, là encore pour renforcer les enjeux humains.

Si le gameplay est très largement calqué sur celui du remake de RE2, deux nouveautés majeures à noter : le couteau qui ne casse plus, et surtout une esquive. L'arme blanche pourra toujours servir de plan B (en échange, il n'y a plus cette animation qui permet d'échapper à une morsure avec), et l'esquive sera aussi précise que salvatrice. Le timing est vital pour l'activer face à un ennemi, mais nul doute que ce sera un parfait challenge pour les gamers les plus adroits.

Autre point notable : l'absence de musique marquante, ce qui rappelle malheureusement le remake de RE2. Exit le thème de Nemesis qui attaque ou qui rode, par exemple. Dommage, tant l'original était marqué par les morceaux de Masami Ueda et Saori Maeda.

 

photoNote : tout ne peut pas être esquivé

 

VERY FAST & VERY FURIOUS

Enfin, le point Nemesis, bien sûr. Il est une vraie bonne menace, particulièrement vive, féroce et puissante. Difficile d'échapper au monstre, capable de piquer un sprint ou sauter pour bloquer une issue, et qui n'hésitera pas à exploser quelques zombies sur sa route pour attraper Jill.

En quelques scènes, il s'impose comme un antagoniste modernisé très efficace, qui devrait provoquer quelques sursauts et sueurs froides. L'ampleur de son rôle, son omniprésence et ses capacités sont encore mystérieux dans ces premières heures, mais la curiosité est immense.

 

photoFast & Furious & Nemesis

 

Se dessine toutefois une tendance claire : la mise en scène, construite avec des effets classiques du genre, ne surprendra pas. Scènes de chaos scriptées avec un sentiment de danger quasi absent, affrontement dans un décor type arène, stratégie habituelle... Le remake a abandonné les phases de choix du jeu original, pour des raisons logiques : elles étaient peu stimulantes vu les maigres différences réelles, et deux décennies plus tard, après la frénésie des QTE, ça n'aurait plus aucun sens. Mais à la place, le jeu obéit aux codes du genre, avec savoir-faire certes, mais sans génie, du moins sur ces premières heures.

Paradoxalement, le premier grand affrontement avec Nemesis laisse un sentiment terrible de parcours de santé. Alors que tout s'embrase, que l'issue se réduit et que le combat devient inévitable, il y a la sensation trop familière que tout est téléguidé, comme dans un jeu AAA classique, et comme Resident Evil 2, là encore.

 

photoFire walk with me

 

EN BREF

Très familier pour quiconque aura tâté le remake de Resident Evil 2 l'année dernière, le Resident Evil 3 : Nemesis 2020 est une continuation qui s'annonce efficace, solide et visuellement très soignée. Tous ceux qui avaient dépéri en tournant en rond dans le commissariat, en quête de la porte, la clé ou le médaillon qui les rapprochait de la sortie et les éloignerait de Mister X, seront ravis de trouver un cauchemar plus clair et facile à consommer.

Ici, tout semble conçu pour moins jouer avec les nerfs du gamer et limiter le backtracking, sans pour autant devenir un bête couloir à explorer. L'aventure s'annonce également plus spectaculaire, en grande partie avec un Nemesis bulldozer, prêt à tout casser, brûler et piétiner pour retrouver Jill.

 

photoBrochette de STAR dès le 3 avril

 

Mais au-delà de ce plaisir évident et irrésistible, et malgré le refaçonnage de Raccoon City pour surprendre et véritablement réécrire l'épisode, ce RE3 semble avoir une identité moins forte. L'original se démarquait des précédents épisodes (par ses décors, son ampleur), mais le remake semble en être le prolongement simple et carré. C'est d'autant plus frappant que le remake de RE2 avait misé sur des partis pris forts, comme cette interminable obscurité, et une survie très difficile qui prenait à la gorge dès le début.

Reste que tout ceci n'est qu'un avant-goût après les premières heures de jeu. Il y a encore beaucoup de décors, d'ennemis, de moments importants et de Carlos à attendre avec curiosité, et à bouffer dès le 3 avril.

 

photo

Tout savoir sur Resident Evil 3

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commentaires
Judex6
20/07/2020 à 13:12

https://image.noelshack.com/fichiers/2020/12/6/1584823600-etql8mtvaaaxfel.png

en plus ils nous le teasent a un moment dans le jeu... On le voit au loin a un moment ce putain de beffroi. l'ancien fan le voit, il bave d'envie et tout ça pour finalement ne pas y poser le pied ! C'est un peu un coup vache je trouve la dessus !

Danny Madigan
07/04/2020 à 13:20

Trop simpliste, peu d’énigme, des pans entiers du jeu original sont manquants, c’est une grosse déception. Je comprends la stratégie de Capcom de vouloir sortir rapidement un 3ème remake juste avant Resident evil 8, en surfant sur l’engouement du 2 et en profitant du sublime moteur graphique de celui-ci mais le constat est clair, c’est un échec. J’attends de pied ferme le remake de Dino Crisis avec sa dose d’effroi et d’énigmes

Dede5200
07/04/2020 à 00:21

Jeu vraiment abusé 2 jours platine defis etc...comme dis ci-dessus les seule choses intéressantes sont les clin d'oeil au remake du 2... Sincèrement ce qui ne l'ont attendez qu'il baisse fortement celui-ci ne vaut vraiment pa le coup d'être payer au prix fort...

Warweak
05/04/2020 à 08:57

Un petit goût de trop peut ont a l’impression qu’il manque quelque chose une impression d’inachevé

Roro
03/04/2020 à 13:49

Il manque des zones mythiques par rapport à l original...

Mika28
28/03/2020 à 23:34

Un peux déçu simple et trop rapide 5h en mode normal

KLM
27/03/2020 à 11:50

@Djozeuuh

Oui, je disais exactement la même chose en fait.

Djozeuuh
27/03/2020 à 11:33

@KLM

Bah en même temps il a pas tort... C'est absurde au possible de se plaindre de spoil alors qu'on parle d'un remake d'un jeu sorti en 1999. 3/4 des gens facile vont acheter le jeu par nostalgie parce qu'ils ont joué au 3 original. Ça suffit un peu la fragilité

Djozeuuh
27/03/2020 à 11:29

@Lougnar Techniquement oui si tu as joué aux originaux. Mais c'est mieux d'avoir joué au 2 avant ne serait-ce que pour garder une continuité avec l'univers et ne pas rater les clins d'oeil à l'épisode précédent :)

KLM
17/03/2020 à 18:43

@Bahamut52

21 ans après Resident Evil 3, sur un événement vu et dit dans plein de suites après... parler de spoiler.

On va espérer que c'est de l'humour très pince-sans-rire, auquel cas c'est très drôle.
Sinon, c'est très con.

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