Percy Jackson : avant la série Disney+, pourquoi il faut redonner sa chance au film tant détesté

Alors qu'une série sur Disney+ va bientôt tenter de nouveau d'adapter les romans de Rick Riordan, retour sur le mal-aimé premier film Percy Jackson : Le voleur de foudre. 

Parmi la myriade d'œuvres qu'on regroupe traditionnellement dans le genre "young adult", la série littéraire Percy Jackson, dont le premier roman est sorti en 2005, a su se faire une place de choix. À tel point que, peu de temps après avoir récupéré les droits par son rachat de la Fox, Disney a rapidement lancé une adaptation en série avec sa plateforme Disney+. 

Une belle marque de confiance, alors qu'on croyait le young adult mort et enterré. Et cette série, dont les épisodes sortiront à partir du 20 décembre 2023, s'est révélée plutôt prometteuse dans sa première bande-annonce. L'occasion parfaite de se pencher sur la première adaptation mal-aimée des aventures du fils de Poséidon, Percy Jackson : Le voleur de foudre, sorti en 2010. 

Une nouvelle série qu'on espère à la hauteur

Percy Jackson le mal-aimé

À sa sortie, Le voleur de foudre est à la fois un héritier et un précurseur. La saga Harry Potter arrive à sa fin, alors que la deuxième vague du young adult (Hunger Games, Divergente, Le Labyrinthe...) n'a pas encore pris d'assaut les salles de cinéma. Seulement, le film s'avère être une déception, étant peu apprécié par la critique et rejeté par les fans des livres (et l'auteur Rick Riordan lui-même, qui dénigrera complètement cette adaptation quelques années plus tard).

C'est déjà une petite surprise, car la Fox avait mis les moyens. Le budget du long-métrage s'élève à presque 100 millions de dollars, et en faisant le choix de l'expérimenté Chris Columbus à la réalisation (Harry Potter 1 et 2), le risque était en apparence minime. De plus, le casting est plutôt séduisant sur le papier, entre le talentueux Logan Lerman en tête d'affiche et une flopée de vétérans pour l'appuyer (Sean Bean, Pierce Brosnan, Uma Thurman...). 

La Fox face aux fans énervés

Au-delà de l'échec critique, ce premier Percy Jackson est également un succès timide au box-office, avec 226,4 millions de dollars de recettes dans le monde (hors inflation). Une broutille à côté du rouleau compresseur Harry Potter, de la saga Twilight, ou même du Choc des Titans, sorti la même année et qui modernise également la mythologie grecque. 

De toute évidence, le projet n'a pas convaincu grand monde. Pourtant, à y regarder de plus près, il avait clairement des arguments en sa faveur.

Bon pas sûr que Pierce Brosnan centaure soit un argument

Course jusqu'à l'Olympe

Une des principales critiques qui pèse sur Percy Jackson : Le voleur de foudre est son rythme effréné. Et avec 2h au compteur, il est vrai que le film va (très) vite. En résulte une introduction expéditive, où on peine clairement à croire que le jeune Percy accepte aussi facilement le bouleversement de son monde. Pire encore, la tragique perte de sa mère est tristement sous-exploitée par le récit, pas aidé par un Logan Lerman en sous-régime (comme une grande partie du casting d'ailleurs). 

Cependant, cette ligne droite est également la plus grande force du long-métrage, qui va droit au but et devient rapidement un réjouissant road trip. Et si l'exposition est parfois encombrante au début, le film s'évite au moins une insupportable voix off (et c'est toujours bon à prendre). La construction du monde des Olympiens fonctionne d'ailleurs plutôt bien, avec une modernisation qui ne tombe pas dans la désacralisation. 

Un passage à Vegas mi-lunaire, mi-rigolo

Évidemment, Percy Jackson est porté par LA bonne idée des livres qu'il adapte, à savoir amener la fascinante mythologie grecque dans un contexte contemporain. C'est d'ailleurs là que le film est le plus amusant. Avec son budget confortable, il n'hésite pas à livrer des séquences spectaculaires (le combat contre l'Hydre), voire à flirter avec l'horreur avec son terrifiant Minotaure. 

Certes, la réalisation ultra-classique de Chris Columbus n'est pas inspirée (et c'est bien dommage), mais Le voleur de foudre a quelques images sympathiques dans le ventre, notamment lors de son climax. De quoi largement tenter de lui donner une seconde chance... mais est-ce suffisant pour le réhabiliter ? 

On dit que ça vaut le coup, rien que pour comprendre cette image

Un potentiel gâché ?

Percy Jackson : Le voleur de foudre est-il si terrible ? Assez basique et programmatique par moments, parfois au contraire à la limite du jubilatoire, le film est dans un drôle d'entre-deux. Il n'a également pas peur du kitsch et du ridicule (Pierce Brosnan en centaure, oui), ce qui le rend moins lisse qu'attendu. Une belle réussite qui s'appuie en grande partie sur le délicieux cabotinage d'Uma Thurman en Medusa, ou encore le couple infernal Hadès / Perséphone. 

Truffé de ruptures de ton bien étranges (le personnage de Grover semble être dans un autre film), il aurait sans doute mérité un œil un peu plus fantaisiste pour pleinement exploiter ce foisonnant univers. Finalement, la déception qui l'entoure réside sans doute dans le potentiel du matériau d'origine, que l'on entraperçoit dans cette adaptation trop fade (et on ne parlera pas de la suite).

Plus qu'un gros nanar mythologique, un plaisir coupable ou une trahison immonde, Percy Jackson est avant tout un blockbuster honnête, à défaut d'être marquant. Il représente aussi une voie à éviter en partie pour la série Disney+, déjà présentée comme plus proche des romans. Il faudra attendre la diffusion des deux premiers épisodes le 20 décembre 2023 pour en avoir le cœur net.