"Je ne veux pas le revoir" : David Fincher refuse de regarder Fight Club (et pas seulement)

Elise Moreau | 27 octobre 2023
Elise Moreau | 27 octobre 2023

Alors que Fight Club est devenu un des films les plus cultes du cinéma, David Fincher refuse de le revoir. Explications.

En 1999, Fight Club, quatrième long-métrage du grand David Fincher, débarquait au cinéma et recevait un accueil glacial. Lors de sa présentation à la Mostra de Venise, Fight Club avait d'ailleurs été copieusement hué par le public et la critique s'était longuement acharnée sur le film, au point de le traiter de fasciste. Près de 25 ans plus tard, le film est devenu culte notamment grâce à son énorme succès en DVD.

Brillamment porté par d'immenses vedettes du cinéma (Brad Pitt, Edward Norton, Helena Bonham Carter), il a su marquer son époque par sa critique brillante du consumérisme, son ton très caustique et incisif ainsi que sa violence extrêmement bien mise en scène. Aujourd'hui, il reste sans doute l'un des Fincher les plus appréciés, ce qui n'est pas peu dire au vu de la filmographie du monsieur. Et justement, David Fincher sort bientôt The Killer sur Netflix. Au cours d'une interview menée par GQ à propos de ce prochain film, David Fincher a révélé ne pas avoir revu Fight Club depuis très longtemps.

 

Fight Club : photo, Brad PittFincher n'a jamais ré-admiré les beaux abdos de Brad Pitt

 

David Fincher n'est pas nostalgique

Le journaliste Jack King a abordé le sujet de Fight Club, en expliquant l'avoir revu la veille. Fincher a alors répondu : "Je ne l'ai pas vu depuis 20 ans. Et je n'en ai pas envie". Le journaliste de GQ "Avez-vous une aversion pour vos vieux films ?", le cinéaste a donné la réponse suivante : « Oui... non. C'est comme regarder les photos de votre école primaire, ou quelque chose comme ça [et de se dire] : "Oui, j'étais là." ».

Forcément, dans un premier temps, on se dit que sa réponse est assez surprenante, tant c'est un vrai plaisir de visionner et revisionner une oeuvre aussi profonde et aboutie que Fight Club. Mais on peut aussi comprendre que pour ne pas reposer sur ses acquis et constamment se renouveler, il peut être bon de ne pas constamment replonger dans ce qu'on a déjà fait (comme John Williams qui n'a revu aucun Star Wars après leur sortie). 

 

The Killer : photoThe Killer, le nouveau thriller de Fincher

 

Clairement, David Fincher a très bien réussi son coup, tant sa filmographie a su se montrer variée. Malgré son penchant certain pour le thriller (Seven, The Game, Gone Girl...), genre dans lequel il a toujours su se réinventer, il a également fait dans le fantastique avec L'Etrange Histoire de Benjamin Button ou le biopic avec The Social Network

Avec The Killer, David Fincher replonge a priori dans le genre du thriller, mais avec une nouvelle forme d'inventivité selon les premiers retours. The Killer sort le 10 novembre 2023 sur Netflix, date à retenir pour tous les grands fans du réalisateur.

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commentaires
Terryzir
02/11/2023 à 00:36

"c'est un vrai plaisir de visionner et revisionner une oeuvre aussi profonde et aboutie que Fight Club. "
Fincher et son Fight Club, c'est un peu comme Bukowski et son Women en littérature : un bon marche-pied pour attaquer des oeuvres plus originales encore, des auteurs plus confidentiels et moins consensuels que Fincher ou Bukowski dans leur domaine respectif.
Si passé 30 ans, ça demeure encore dans ton top 10, pose-toi les bonnes questions...
Fincher lui-même l'a compris.

Rorov94m
28/10/2023 à 05:13

@altairdementia
Tu a entièrement raison et je vois que tu m'a bien cerné.
Petit bémol: tout ce que tu considère comme étant négatif et pour moi positif, de qualité et signe d'épanouissement.
Et comme la normalité c'est le nombre...
c'est toi qui fait office de bug dans la matrice!
Bon, je retourne à mes affaires: lire le dernier la furia, chatter avec Obertone,matter les vidéos de Papacito et Greg Toussaint tout en repassant mon drapeau bleu blanc rouge en chantant du Michel Sardou...
"Aaaaaaafrique aaaaadieu...."

Altaïr Demantia
28/10/2023 à 02:25

@Rorov94m
Tu confonds tout. Tu ne fais pas la part des choses entre un film qui dénonce le virilisme au travers de personnages virilistes, la plupart du temps ridiculisés, et un film qui milite ouvertement ou de manière ambigue pour le virilisme en mettant en scène des personnages premier degré. Les films que tu cites et que tu dis adorer sont de la première catégorie.

M'enfin, en même temps, difficile d'attendre un raisonnement un tant soit peu rationnel de la part de quelqu'un qui emploie le terme W0ke en guise d'argument - c'est une insulte employée par les droitardées au passage, parce que pour eux c'est une insulte. Donc du coup tu fais partie du public qui comprend l'inverse de ce qu'il voit...

Rorov94m
27/10/2023 à 17:09

P...ain! J'adore les OSS 117 et tout ce qui est viriliste... Je vais devoir me remettre en question là!
TOP GUN(la scène de volley), RAMBO 2(torse nu, armé et dans la boue)AMERICAN GIGOLO, PRETTY WOMAN,PRISCILLA FOLLE DU DÉSERT,CRUISING...des films de référence pour moi, des pièces maîtresses de virilisme!
Pour ceux qui étalent leur science ouauque sur FIGHT CLUB:
C'est tout simplement un thriller bien ficelé, superbement réalisé et techniquement génial.
Je citerai l'immense GENE HACKMAN dans SUPERMAN de Richard Donner( que des hommes dans un film viriliste mais familial):
"Certains lise GUERRE ET PAIX et y voit un simple roman...d'autres lise un emballage de chewing gum et y découvrent les secrets de l'univers...."
Moi j'ai lu GUERRE ET PAIX et c'est chiant et je ne lis que les blagues carambar virilistes!

Chompchomp
27/10/2023 à 14:58

@Sinople

Ça me rappelle les fachos qui adorent OSS 117

Altaïr Demantia
27/10/2023 à 14:33

@Sinople
Je sais et tu as parfaitement raison.

Je pense néanmoins que Fincher n'a pas totalement maîtrisé son sujet et a permis plusieurs niveaux de lectures qui me semblent problématiques, notamment pour toute une génération de jeunes hommes en quête de modèles, qui ont vu dans Tyler Durden essentiellement Brad Pitt et son corps sculpté, un idéal physique et comportemental à atteindre.

Ils ont aussi vu dans les combats du Fight club la violence comme moyen de devenir homme et qui n'ont rien capté au message nihiliste et anti-capitaliste derrière.

Je n'ai pas lu le roman, j'ai essayé, j'ai abandonné, je ne supporte pas le style de Chuck Palahniuk.

Bref, histoire d'atteindre le point Godwin en deux temps trois mouvements, Fight club le film, c'est comme faire un film qui dénonce ne nazisme tout en rendant les Nazis super sexy et cools en esthétisant la moindre de leurs actions.

Kyle Reese
27/10/2023 à 13:24

@Sinople

+100. C'est juste un film sur un mec paumé dans un monde paumé régis par l'argent et ceux qui le possède, et ou tout le reste n'est que secondaire. Un monde vide de sens, y a de quoi péter un cable. Ce que fait le personnage. Il essaye juste de donner un sens à sa vie qui a été guidé par cette société ultra libéralise mortifère. Que ce soit les virilistes blancs, les féministes ou tout autres mouvements ... on est tous paumés, on nous dit quoi faire et pour quoi le faire mais au final, ce n'est pas forcément ce qu'on veut au plus profond de nous, mais on suit le mouv et puis on ne sait plus ce qu'on veut, ce qu'on vaut, ce qu'on est ... l'a-t-on jamais su ? Fight Club c'est ça, on est tous schizo quelque part. Tiraillé de toutes parts, à moins d'être parfaitement bien intégré dans la "matrice", en ayant un place de privilégier et ne pas se poser de question comme un gentil bon petit mouton. Bref, une quête de sens ... infinie. On en est encore en 2023 de toute façon, et ça ne va pas s'arranger. Quant a ne pas revoir ses films, ses œuvres, je le comprend tout à fait, ce n'est pas comme nous qui sommes simples spectateurs et ne voyons que le résultat. Lui voit tout le reste, ça génèse, ce qui va, ce qui va pas, bref quel intérêt.

Sinople
27/10/2023 à 10:54

@Altaïr Demantia, dans le film les virilistes blancs y sont dépeints comme des zélotes dangereux, irréfléchis, immatures et guidés par un panurgisme aveugle et imbécile, le tout dans un cadre crypto-homo-érotique dont ils n'ont même pas conscience en s'auto-persuadant qu'ils sont justes très très forts.
Au contraire, l'unique personnage féminin est la seule à faire preuve de lucidité et de force de caractère. Pendant ce temps le narrateur blanc masculin, personnage pouvant faire preuve d'esprit critique et de capacité à prendre du recul préfère s'effacer de façon pusillanime derrière un archétype proto-révolutionnaire dont le message anarchiste est dévoyé par... des virilistes blancs.

Ces derniers peuvent effectivement bien adorer Fight Club en tant qu'objet, cela prouve juste qu'ils n'ont rien compris à Fight Club en tant que film tant ils en sont l'une des cibles et quasi principal objet de critique.

C'est toute la force et la profondeur de ce film que de réussir à subvertir son propre message en l'enrobant d'une subversion factice qui ne séduira que les plus faibles intellectuellement qui ne veulent pas voir plus loin que leurs propres idées.
Qu'il soit toujours adoré plus de 20 ans après témoigne bien de la vitalité d'une œuvre qui donne à réfléchir au-delà de sa somptuosité plastique et dont un sens est toujours à (re)découvrir.

Morcar
27/10/2023 à 10:31

La plupart des artistes disent ça, acteurs comme réalisateurs. On peut les comprendre, car eux ne peuvent pas voir leurs films comme nous. Quand on voit une scène du film, eux voix les X prises qu'ils ont faites de cette scène. Et pour le réalisateur qui a bossé avec le monteur et a du voir et revoir X versions de son film avant de finir sur la version définitive et de sortir le film, je comprends qu'il n'ai pas envie de revoir encore une fois le film.
Une fois que le film est fini, les équipes passent à autre chose. D'ailleurs, est-ce qu'il existe des auteurs qui relisent leurs romans ? J'en doute également.

Rorov94m
27/10/2023 à 10:28

FIGHT CLUB est l'équivalent d'ORANGE MÉCANIQUE pour les 2000' mais en mieux...
Et effectivement c'est un film pour virilistes mais pas que blancs!
Ce qui est un super compliment d'ailleurs.

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