Fight Club : David Fincher revient sur les mauvaises critiques de son film culte

Aujourd'hui, Fight Club est largement considéré comme l'un des meilleurs films américains des années 90. Mais lors de son avant-première, les critiques n'ont pas été tendres avec David Fincher. 

Trois ans après le clivant Mank, David Fincher fait enfin son retour cet automne avec The Killer. Le film a été dévoilé à la Mostra de Venise le 3 septembre, et fait partie des oeuvres en lice pour obtenir le Lion d'Or du festival. Suite à cette avant-première, les premiers avis sur le thriller Netflix du réalisateur sont tombés, et s'il y a certaines voix dissonantes, ils sont en grande majorité positifs. 

Mais son dernier film à avoir été projeté sur le Lido, Fight Club, n'a pas du tout connu le même sort. Si aujourd'hui, cette satire est considérée comme le film culte de toute une génération, les critiques vénitiennes n'ont pas été tendres. À l'issue de la séance de minuit, pas d'applaudissements, mais des huées. Qualifiée de fable fasciste, accusée de glorifier la virilité abusive et la violence de ses personnages, la comédie noire a fait l'objet de tous les reproches. 

mystère à venise

Peu avant l'avant-première de The Killer, David Fincher a été interviewé par le New York Times. Au cours de l'entretien, il a parlé de The Killer, mais est aussi revenu sur sa dernière expérience à la Mostra et sur l'accueil critique catastrophique qu'a connu Fight Club :

« Je suis déjà venu ici, pour présenter un petit film intitulé Fight Club. En m'asseyant dans la salle avant la séance, j'ai regardé qui était dans ma rangée de sièges, et la personne la plus jeune, c'était Giorgio Armani. À ce moment-là, je me suis dit : "Je ne crois pas que la liste des invités soit adéquate pour ce film". On s'est vraiment fait chasser de la ville, accusés d'être des fascistes  [...] La Mostra semble très intello – des films importants qui traitent de sujets importants – et on est arrivés avec notre petit film sournois. »

Pour rappel, Giorgio Armani avait 65 ans en 1999, ce qui donne une bonne idée de la moyenne d'âge des spectateurs présents dans la salle cette nuit-là. L'humour provoc' et nihiliste de Fincher et de Chuck Palahniuk a manifestement échappé au public. Une réaction aussi commentée par Brad Pitt en 2020, au micro du podcast WTF. L'acteur a expliqué qu'avant la séance, lui et Edward Norton avaient eu la bonne idée de fumer un joint  :

Le public du Lido, dubitatif

« On nous a assis sur un balcon à côté du directeur du festival [Alberto Barbera, ndlr], c'était très solennel. Le film commence, première vanne, et un silence de mort s'installe. Une autre vanne, silence. Les bides s'enchainaient, et c'était de plus en plus drôle pour Edward et moi. Donc on commence à rire, on est les seuls connards qui se marrent dans le fond. Quand Helena [Bonham Carter] livre l'une des répliques les plus scandaleuses – "On m'avait pas baisé comme ça depuis l'école primaire !" –, le type du festival s'est levé, puis est littéralement parti. Sans un mot, ce qui nous a encore plus fait rire. »

Une avant-première qui fut donc marquante et cocasse à bien des égards. Si The Killer est bien moins controversé, on l'attend tout de même avec impatience. Le thriller avec Michael Fassbender sera disponible sur Netflix dès le 10 novembre 2023.