Expendables 4 : l'échec spectaculaire qui a tué la franchise de Stallone (mais c'est mérité)

Maintenant qu'il est en VOD aux États-Unis, on peut faire le (triste) bilan du box-office d'Expendables 4 avec Jason Statham et un peu de Stallone. 

Expendables 4 a bel et bien été une boucherie, mais pas du tout celle qu'on attendait pour le retour de la bande à gros bras de Barney Ross (Sylvester Stallone). Le film est sorti le 22 septembre dernier aux États-Unis dans l'indifférence quasi générale après un long et pénible développement, puis le 11 octobre en France, sans plus de succès. Le constat est limpide : le film est un échec. Mais à quel point ? 

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LE CRASH DES EXPENDABLES

Pas besoin de calculs savants pour constater qu'Expendables 4 est un crash monumental : le film a rapporté 51 millions de dollars au box-office mondial, dont seulement 16 millions à domicile, c'est-à-dire là où le studio peut récupérer le plus d'argent sur les recettes. C'est évidemment le pire score de toute la saga, loin derrière Expendables 3 qui était jusqu'ici le volet le plus faible avec ses 214 millions de dollars, dont 39 sur son territoire.

Ces chiffres sont donc à des années-lumière d'Expendables 1 et Expendables 2, qui détiennent toujours respectivement le record national (103 millions) et mondial (314 millions) de la saga, en plus d'être généralement les plus appréciés du public. Ce constat est encore plus cataclysmique quand on sait que le budget hors marketing du film est de 100 millions de dollars (!), soit autant que John Wick 4 qui a quand même plus fière allure. 

Par rapport aux autres films Expendables, c'est autant que pour le deuxième et le troisième film, et plus que le premier volet (80 millions). Il est aussi bien plus cher que d'autres récents films d'action avec des stars vieillissantes : Equalizer 3 (70 millions), Mayday (25 millions) ou la triplette de Liam Neeson, Retribution (20 millions), Blacklight (43 millions) et Memory (30 millions).

Ça fait cher le fond vert moche

LE BOX-OFFICE INTERNATIONAL 

Du côté de l'international, sans surprise, Expendables 4 a fait son plus gros box-office étranger en Chine, où il a encaissé à peu près 21 millions de dollars – rappelons tout de même que seul un quart environ des recettes chinoises tombe dans les poches du studio. Expendables (31 millions), Expendables 2 (53 millions) et surtout Expendables 3 (72 millions) s'en étaient cependant mieux tirés, comme plusieurs autres récents blockbusters américains : Mission : Impossible 7 (48 millions), Transformers 7 (91 millions), Fast X (139 millions), Ant-Man 3 (39 millions).

En France, le désintérêt du public est encore plus prononcé avec moins de 325 000 entrées sur l'ensemble de son exploitation, contre 1 million pour Expendables 3, 1,9 million pour Expendables 2 et 1,6 million pour le premier opus. 

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PROJET MORT-né

Même si la chute aurait pu être amortie, il y avait peu de chance qu'Expendables 4 relève la franchise qui avait déjà les genoux à terre depuis Expendables 3. Celui-ci est sorti en 2014 avec un casting rajeuni et un classement PG-13, le privant de violence graphique ou de trop grosses démonstrations de force, ce qui a logiquement détourné une partie du public – qui regarde ces films pour leur écriture renversante ou le jeu bouleversant des acteurs ?

Pas la brochette la plus appétissante

Mais si le retour à un classement R a permis au dernier film d'étaler du sang sur les murs (un peu), il n'avait pas tellement d'autre atout dans sa manche pour appâter les nostalgiques d'actioners à l'ancienne. Côté casting, il n'y a plus personne à part Jason Statham et un demi-Stallone, avec Randy Couture et Dolph Lundgren qui continuent de trainer dans le fond faute d'avoir mieux à tourner. Jet Li, Arnold Schwarzenegger, Harrison Ford, Bruce Willis, Chuck Norris et les autres acteurs du même calibre ont tous déserté, laissant la place du mort à... 50 Cent et Megan Fox, donc pas les fruits les plus frais du marché. 

Quant à Iko Uwais (The Raid) et Tony Jaa (Monster Hunter), si leur ajout était particulièrement aguichant au vu de leurs compétences martiales incontestables, ils n'ont évidemment pas la popularité ni l'aura d'un Jean Claude Van Damme, d'un Mel Gibson ou d'un Wesley Snipes auprès du public américain. Il était donc difficile, sinon impossible, de vendre le film sur leur nom. 

Megan Fox, rereresacrifiée par Hollywood

LE SACRIFICE ultime 

La grève des acteurs à Hollywood a également impacté la promotion du film, qui n'en a tout simplement pas eu. Les post Insta de Stallone en 2021 ne comptent évidemment pas, tout comme 50 Cent qui se moque de l'affiche de son personnage dans une publication Instagram supprimée depuis. Selon un rapport de Variety, Lionsgate aurait cependant anticipé le problème en ne consacrant que 20 millions de dollars à la promotion du film, quand la moyenne pour un blockbuster est plus proche des 100 millions de dollars. À titre de comparaison, le budget promotionnel de Black Adam avait été estimé à 80 millions.

Forcément, cette amputation promotionnelle couplée au désintérêt pour le film en lui-même n'a poussé que peu de monde à se déplacer en salles. Pour son week-end d'ouverture aux États-Unis (soit le créneau où Lionsgate peut empocher la plus grosse part des recettes) Expendables 4 n'a encaissé que 8 petits millions de dollars, dont 3 millions le premier jour. Au risque de se répéter, c'est là encore le pire score de toute la franchise pour un démarrage. 

• Notre vidéo sur la VOD

Enfin, histoire d'achever l'exploitation calamiteuse en salles, Lionsgate a proposé le film en VOD dès le 13 octobre, soit moins de trois semaines après son lancement au cinéma. De fait, l'exploitation en France a commencé quasiment au moment où celle aux États-Unis était en train de se terminer, non sans un téléchargement illégal probablement massif. Le studio a ainsi adopté la même stratégie (panique) que la Warner pour Shazam ! La Rage des dieux ou Universal pour Le Dernier Voyage du Demeter. 

Prochaine étape, le DTV ?

Difficile donc de savoir si à ce stade, la VOD a pu ou non amortir la chute (ni même à combien elle se chiffre) ou de savoir si la franchise a encore un avenir après un tel échec. Lee Christmas, le personnage de Jason Statham, était censé prendre la relève de Barney (Stallone) dans ce film pour continuer le ou les prochains opus sans lui, mais le film n'ouvrant aucune porte, il est plus raisonnable et rassurant d'imaginer que c'était la dernière mission des Expendables.

À moins que la franchise se poursuive sur le petit écran avec un nouveau casting, à l'image des reprises télé de True Lies, L'Arme fatale, Training Day ou Rush Hour, ce qui pourrait presque faire nous regretter les derniers films.