Joe Russo, réalisateur d'Avengers Endgame, prédit l'avenir d'Hollywood (et ça fait peur)

Mathieu Lapon | 18 octobre 2021 - MAJ : 18/10/2021 10:37
Mathieu Lapon | 18 octobre 2021 - MAJ : 18/10/2021 10:37

Joe Russo, le co-réalisateur d'Avengers : Endgame, s'exprime sur l'état du cinéma indépendant et de l'industrie cinématographique post-pandémie

Les frères Russo, forts de leur expérience triomphante chez Marvel Studios en réalisant Captain America : Le Soldat de l'Hiver, Civil War et Avengers : Infinity War et Endgame, ont obtenu un certain crédit dans le giron hollywoodien. En ayant en plus rejoint le champ de bataille Scarlett Johansson vs Disney lors de négociations sur un potentiel retour dans le MCU, la fratrie s'est inscrite dans une grande phase de changement pour l'industrie cinématographique post-Covid-19.

C'est sans doute pourquoi Joe Russo, qui a co-réalisé Cherry pour Apple TV+ et qui co-réalisera l'adaptation de The Gray Man pour Netflix (toujours avec son frère), a dorénavant un avis très affirmé sur l'avenir du cinéma. À l'occasion de différentes interviews, le metteur en scène s'est exprimé sur l'avenir des studios, mais surtout du grand oublié au milieu de ce chaos administratif et financier : le cinéma indépendant.

 

Frères Russo"Hé, Joe, c'est quoi le ciné indé ?"

 

Il n'y a pas si longtemps, le réalisateur (et son frère) affirmait que le scandale Johansson-Disney n'était que le début d'une grande série de remous au sein de l'industrie. Au micro de Variety, le réalisateur a explicité cette pensée en affirmant que des studios, à cause des séquelles laissées par la pandémie mondiale, vont tout simplement disparaître :

"Les entreprises sont en panique en ce moment. Je pense que c'est parce que la moitié des studios vont disparaître dans les cinq ou dix prochaines années, et l'industrie va radicalement changer. Il y a des producteurs de contenu qui peuvent dépenser plus que n'importe quel studio, et c'est une erreur de calcul, parce qu'ils appartiennent à des sociétés à 1000 milliards de dollars. Nous n'avions jamais vu cela avant, dans le secteur."

 

 

Photo Captain America : Civil WarJoe Russo (et son pote Chris) qui épluche les revenus du cinéma de 2020

 

De toute évidence, avec un bilan aussi pessimiste pour l'avenir des studios, on peut se douter que le cinéma indépendant, loin des franchises et autres garanties de retour sur investissement, soit un fossile dans l'esprit de Joe Russo. Relayé par Deadline, il a affirmé que ce qu'on appelle le "cinéma d'auteur indépendant" ne brillera plus jamais les salles obscures :

"Je ne vois pas de résurgence des films indépendants en salles. Je ne l'imagine vraiment pas. Les revenus sont meilleurs lorsqu'ils sont façonnés pour le streaming. Il est bien plus simple de lancer un projet pour Netflix, personne ne vous dérange vraiment [artistiquement parlant]. Les films vont évoluer. Je ne suis pas sûr de ce à quoi vont ressembler les salles de cinéma dans le futur, mais ça sera quelque chose de plus huppé."

 

Infinity war"Mr Blockbuster, i don't feel so good..."

 

Et par "huppé", il faut comprendre "univers cinématographique", "super-héros", "blockbusters" et autres mots-clés qui ouvrent la voie de centaines de millions de dollars au box-office mondial. C'est un constat qui avait déjà été dressé par certaines personnalités de l'industrie, même si on les devait plutôt à l'hystérie des débuts de la pandémie, quand les salles sortaient des 2 milliards de box-office d'Avengers : Endgame à plus rien du tout.

On espère tout de même que les perspectives d'avenir des salles ne soient pas aussi étriquées que cela, et que l'avenir donne tort au réalisateur.

 

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commentaires
Ari
21/10/2021 à 22:08

Pas une surprise : Steven Spielberg disait exactement la même chose il y a 10 ans. "Le sens de l'Histoire" comme aiment à le dire certains.
M'est avis que son avis se base principalement sur Hollywood. Heureusement que le cinéma est autre chose qu'Hollywood.

Hunter Arrow
18/10/2021 à 20:15

Franchement, si ça se produit, mon cauchemard de cinéphage deviendra réel. N'avoir le cinéma que pour des "gros" films... quels gachis.

GTB
18/10/2021 à 15:13

C'est une discours qui date de bien avant la pandémie. Et avant même la SVOD. Les producteurs passionnés ont pris leurs retraites petit à petit, et c'est un cinéma financier qui a pris la relève. A notre ère, où des gens aiment à taper la svod avec des pancartes "films algorithmes", il est temps de prendre conscience que ça existait bien avant.
L'émergence de la SVOD à permis une porte de secours à ce cinéma qui était, est, en train de mourir dans les salles. Elle lui permet même une ampleur plus grande qu'en salles (comme un Balle Perdue qui tape les 35 millions de vues uniques; inimaginable en salle.)

Et si le système français permet d'amortir l'effet, en aucun cas il ne peut le freiner suffisamment. Si la pandémie a esquissé quelque chose, c'est que sans blockbusters, le cinéma normal semble plutôt bien s'en sortir en salles.

sylvinception
18/10/2021 à 13:10

C'est déjà un peu le cas depuis un moment de toute façon...
L'avenir du ciné - au sens large du terme - est pas très joli à imaginer, et on s'en doutait bien avant les déclarations de cette chèvre de Russo.
Mais bon, tant qu'il restera (et il ne restera bientôt plus que ça, d'ailleurs) des bouses Marvel et DC à bouffer, ça passera crème!! :-)

maxleresistant
18/10/2021 à 12:44

@Kyle Reese pour fréquenter suffisamment de gens du milieu en france, c'est la meme.
Parce que oui en france on a le CNC qui protège la création française et les projets à petit budget mais le problème c'est que ces voies sont bouchées par le bon vieux copinage à la française.
Ca revient constamment dans les conversations et les talents qui émergent aujourd'hui en france passe par la case youtube, Netflix etc, parce qu'au moins là c'est le talent qui est récompensé.
Je compte plus le nombre de gens que je connais qui bossent sur un projet avec Netflix.

Kyle Reese
18/10/2021 à 11:26

Et c'est là effectivement que la France a une carte à jouer. Parce que l'avenir prédit par Russo qui semble être assez lucide et informé fait effectivement peur. Mais j'aimerai entendre d'autres voix du milieu pour confirmer ou pas ses dires. Sortir dans une salle que pour ne plus voir que du grand spectacles plus ou moins décérébré à coup de CGI, de muscles en latex et de pyrotechnie (Venon 2 par ex ...) c'est d'un triste. Du coup c'est peut être le spectacle vivant, théâtre et autres qui ont une carte à jouer là-bas.

Pythie en toc
18/10/2021 à 10:54

A priori le cinéma d’auteur et indépendant devrait continuer à vivre dans les pays qui n’ont pas l’infrastructure nécessaire pour produire des superproductions
Et j’ajouterais qui n’ont pas non plus un public qui n’aime que des super productions
La France par exemple