Marvel : Thor 2 aurait dû être moins nul, selon le réalisateur Alan Taylor

Alan Taylor a réalisé Thor : Le Monde des ténèbres et Terminator : Genisys, tristement restés dans les mémoires. Et il n'en garde pas de bons souvenirs.

Une différence parmi mille autres entre les écuries Marvel et DC : le fordisme appliqué à la production industrielle des films, et l'obéissance collective des troupes pour assurer le service et protéger l'image de marque de Disney. Certes, Scarlett Johansson a lancé un missile inédit contre le studio, suite à la sortie en SVoD Premium de Black Widow qui aurait profité à Disney à son détriment, mais c'est l'un des rares exemples.

Il n'y a qu'à voir l'illusion de paradis hollywoodien entretenue depuis 2008 : en 24 films, quasiment aucun scandale, et presque aucun acteur ou réalisateur qui a osé se plaindre. Il y a eu Edward Norton, mais il avait déjà été remplacé par Mark Ruffalo en Hulk. Il y a également eu Joss Whedon par rapport au tournage compliqué d'Avengers : L'Ère d'Ultron, mais parce qu'il avait prévu de s'envoler ailleurs. Même le cas Ant-Man est révélateur : après huit ans de développement et un départ pour différends artistiques quelques mois avant le tournage, Edgar Wright est toujours resté poli sur l'affaire.

Reste un cas intéressant : Thor 2. Considéré comme l'un des films les plus faibles du MCU, Thor : Le Monde des ténèbres est le fruit d'un développement là encore compliqué. Avant de s'envoler avec Wonder Woman, Patty Jenkins était sur le coup, mais a finalement refusé, et expliqué qu'elle sentait plus ou moins l'échec vu le scénario. Alan Taylor a été choisi pour la remplacer, et il est le premier à reconnaître que ce n'était peut-être pas l'idée du siècle.

De cape et duper

Avant de rimer avec le pire des blockbusters hollywoodiens, le nom d'Alan Taylor était bien connu des fans de séries. Oz, À la Maison-Blanche, Sex and the City, Six Feet Under, Carnivàle, Lost, Rome, Mad Men, Game of Thrones : il a œuvré sur les plus grandes séries des dernières décennies. C'est d'ailleurs vers ça qu'il est revenu puisqu'il a réalisé The Many Saints of Newark, le film prequel des Soprano.

C'est pendant la promo de ce film qu'Alan Taylor a reparlé de Marvel avec The Hollywood Reporter. Définitivement propulsé par Game of Thrones, dont il a réalisé sept épisodes, le réalisateur explique que dire non à Thor 2 semblait alors impensable à l'époque :

"Ça semblait être le prochain gros pas. Ça me semblait nécessaire d'aller en avant et toujours plus haut."

"Je voudrais parler à Kevin svp"

Sauf que les choses ne sont pas déroulées comme prévu, notamment à cause d'un scénario bancal réécrit plusieurs fois.

"Kevin Feige a toujours été malin pour ce qui est de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, pour essayer de remanier les choses. Donc je suis arrivé pour apporter un peu de Game of Thrones au projet. Dans la version sur laquelle j'ai commencé, il y avait un certain sens du merveilleux enfantin. Il y avait cette imagerie d'enfants, qui était le point de départ. Il y avait un peu plus d'éléments magiques. Il se passait des choses bizarres sur Terre à cause de la convergence, qui permettait à des choses magiques de se produire.

Et il y avait des différences majeures dans l'intrigue, ça a été modifié pendant le montage et les reshoots. Des gens qui étaient morts, comme Loki, n'étaient plus morts. Des gens qui s'étaient séparés, s'étaient remis ensemble. Je pense que j'aimerais ma version."

Lo-kiss of Death

Rien de bien nouveau sous le soleil puisque le cas Thor 2 est connu. Beaucoup (trop) de scénaristes se sont succédé pour rafistoler le navire, à tel point que Joss Whedon lui-même a été appelé à la rescousse pour sauver quelques scènes, selon Alan Taylor. Loki, lui, a été ressuscité suite aux projections-tests, pour satisfaire le public mécontent de voir le bouffon galactique passer l'arme à gauche.

Alan Taylor est retombé dans le panneau avec Terminator : Genisys, qu'il a accepté parce que l'occasion était trop belle. Le résultat sera encore plus douloureux, le réalisateur ne cachant pas les tensions avec les producteurs, notamment sur la manière de vendre le film.

Alan Taylor, avant le baiser de la mort-Terminator

Bilan : un cinéaste légèrement déprimé : "J'ai perdu l'envie de faire des films. J'ai perdu l'envie d'avoir une carrière de réalisateur. Je ne blâme personne pour ça. Le processus n'était pas bon pour moi. Donc j'ai dû redécouvrir le plaisir de réaliser. (...) J'admire vraiment les talents de gens qui peuvent avoir une vision très personnelle - comme Taika Waititi et James Gunn - et réussir à la combiner avec les demandes de grosses entreprises. Je pense que mes talents sont différents."

D'où un retour aux sources avec The Many Saints of Newark, co-écrit par David Chase (créateur des Soprano), et qui suit un jeune Tony Soprano (incarné par Michael Gandolfini, fils de) dans les années 60. Et en parlant de retour aux sources : Ray Liotta, inoubliable Affranchi, sera de la partie. En salles le 3 novembre.