Le Champs-Elysées Film Festival : Compte-rendu

Laurent Pécha | 20 juin 2013
Laurent Pécha | 20 juin 2013

La deuxième édition du Champs-Elysées film festival a fermé ses portes mardi 18 juin avec un palmarès qui a notamment récompensé How to make money selling drugs. Un choix judicieux du public qui a voté durant toute la semaine tant ce documentaire de Matthew Cooke est sans doute le meilleur des films présents dans la compétition officielle. Une compétition qu'Ecran Large a suivie grâce à ces 4 envoyés spéciaux. Mais pas seulement car le CEFF (plus rapide à écrire) ne se contente pas de présenter une solide sélection de films indépendants américains. Il offre durant près d'une semaine une orgie de films de tous genres qui colle d'ailleurs particulièrement bien à la notion de cinéma que l'on défend dans nos pages (on ne s'appelle pas Ecran Large par hasard). Entre les avant-premières de films US mais aussi français qui vont faire l'actualité du cinéma ces prochaines semaines, les reprises de films phares, une importante sélection de courts-métrages américains et français (avec une compétition à la clé) sans oublier des documentaires ou des masterclass, il y avait de quoi faire durant ce milieu de mois de juin sur l'une des plus belles avenues du monde. Et même à 4, on n'a pas pu tout voir.

 

Film d'ouverture

Struck de Brian Dannely

Le film est sorti en salles ce mercredi 19 juin. Vous pouvez notre critique très négative ici.

 

Compétition officielle

 

How to make money selling drugs de Matthew Cooke


Rares sont les documentaires réalisés aussi ambitieux et créatifs. Dans How to make money selling drugs, Matthew Cooke ne cherche pas à prôner la légalisation de la drogue ou à en évoquer les risques, mais propose une démarche inédite et culottée pour aborder différemment son marché ainsi que ses conséquences sociétales et politiques aux États-Unis.

Et si la grande idée pour une fois, était de laisser la libre-parole aux dealers, aux consommateurs, à ceux que la drogue touche de près ou de loin ? Du revendeur afro-américain au jeune étudiant d'une prestigieuse université, tous les profils se succèdent pour apporter sans tabou leur pierre à l'édifice. Plongé dans ce commerce illicite on parle gun, addiction, comment éviter les flics ou devenir un dealer pro et argent of course puisque c'est souvent pour des raisons financières que la roue se met en marche (« Lorsque que tu gagnes un million de dollars par jour, ça vaut le coup de risquer la taule ou ta vie »). L'analyse ingénieuse et rudement menée par Cooke permet de soulever le débat sur les solutions parfois impitoyables voire très franchement absurdes (24 ans est la peine minimale pour « complicité») utilisées par le gouvernement américain pour lutter contre ce marché illégal, sans pour autant démontrer leur efficacité (on découvre qu'en dépit des mesures entreprises la consommation et la criminalité liée à la drogue augmentent d'année en année).

Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Matthew Cooke signe un documentaire efficace, brillant et abordable à tous, qui ouvre un débat passionnant et sans concession, tout en laissant le soin au spectateur de se faire sa propre opinion.

MB

 

Any day now de Travis Fine


Au beau milieu d'un champ de ruines social nommé Paris, qui a accueilli ces derniers mois des manifestations d'une ampleur terrifiante, est dévoilé dans l'obscurité d'une salle Any day now, film indé venu de très loin pour parler du si proche. Tiré de toute évidence d'au moins une histoire vraie, le film de Travis Fine raconte le périple d'un couple homosexuel pour adopter un enfant trisomique, abandonné par sa mère junkie, face à une société qui les résume à leurs orientations sexuelles.

D'un synopsis poids lourd qui lorgne vers le mauvais mélo, le réalisateur, inconnu en France, a tiré un drame crépusculaire, d'une belle noblesse émotionnelle. Sombre, dur, âpre, Any day now refuse de filmer l'enfant comme un handicapé, le couple gay comme une révolution, l'ennemi comme un démon. Il trouve sa plus grande force dans cette habileté à ne pas embrasser le pathos facile, puisque le pathos difficile, celui du silence, de l'absence, est primordial. Englué dans une évidence thématique, le film essaie de s'extirper de son territoire tragique avec des excursions musicales, champs du cygne portés par un Alan Cumming étourdissant en folle brute. Aux côtés d'un Garrett Dillahunt moins gâté par un rôle statique, c'est la vraie lumière du film, insoupçonnée après tant d'années à écumer les seconds rôles hollywoodiens et les films indé silencieux.

GC

 

Blood pressure de Sean Garrity


Attention, voilà bien un film qui saura plomber l'enthousiasme du plus enjoué des spectateurs. Il faut dire que Sean Garrity n'y va pas par quatre chemins pour montrer le spleen édifiant dans lequel sont plongés ses deux personnages principaux.  D'abord étrangement épistolaire (une mère de famille dont le mariage bat sérieusement de l'aile, reçoit des lettres anonymes d'un homme qui lui demande de lui faire confiance), la relation qui va unir ces deux êtres que la vie n'a pas épargné, prend une tournure tragique et Blood pressure de traiter alors d'un sujet grave (chut, on vous laisse le suspense entier) avec un manque gênant de subtilité. En résulte une certaine absence d'empathie alors même que la noirceur du récit ne laisse d'autre alternative aux spectateurs. On se raccroche alors à la prestation plutôt très convaincante de Michelle Giroux mais le temps paraît souvent bien long.

LP

 

Coldwater de Vincent Grashaw


La jeunesse version Dog Pound du personnage de Ryan Gosling dans Drive. C'est un peu ainsi que l'on pourrait résumer le film de Vincent Grashaw. Et ce pour plusieurs raisons. D'abord parce que l'acteur principal est un sosie de Ryan Gosling jeune. En effet, P.J. Boudousqué a exactement les mêmes mimiques, la même carrure, le même regard mi-blasé, mi-perçant et le réalisateur en joue beaucoup, au point de le filmer comme le beau blond de Drive. Mais les personnages ont également en commun cette même violence contenue qui, quand elle explose, est létale. Et ils sont tous les deux mécaniciens. Et si Coldwater était réellement la préquelle de Drive, cela donnerait un véritable éclairage sur le comportement du bonhomme, surtout vis à vis des femmes.

Mais au-delà de cette affiliation fantasmée, Coldwater est un drame violent et intense dans la lignée de Scum d'Alan Clarke où un jeune homme, suite à un problème de drogue, est envoyé dans un camp de redressement particulièrement extrême. Humiliation, épuisement forcé voire torture physique et psychologique sont le quotidien de ces jeunes détenus qui ne comprennent pas vraiment la raison de leur présence sinon de servir de punching-ball humain. Cela donne l'occasion au réalisateur, qui est également le producteur de Bellflower, d'étudier les comportements, un peu comme dans un documentaire animalier où le darwinisme ferait rage. Sans concession, Coldwater est une des bonnes surprises de ce festival.

PQ

 

Decoding Annie Parker de Steven Bernstein


Les voix du hasard sont impénétrables. Alors que la superstar Angelina Jolie a relancé le débat sur le cancer du sein avec une mastectomie super-médiatisée, le Champs Elysées Film Festival, nouveau berceau du cinéma indépendant américain à Paris, lui fait écho. Après l'allusion de Gwyneth Paltrow à la maladie dans Thanks For Sharing sur une note presque comique, Decoding Annie Parker se charge du quota mélo avec l'incroyable histoire vraie d'une femme qui a été parmi les premières à croire en l'hérédité du cancer, et de la scientifique qui a prouvé au monde entier que c'était le cas.

Premier film du chef opérateur Steven Burnstein, passé par l'arc-en-ciel du cinéma américain puisqu'il a éclairé Scary Movie 2 mais aussi Monster avec Charlize Theron, Decoding Annie Parker attire de prime abord avec sa distribution démente, dopée aux visages branchés du ciné indé : Samantha Morton, Helen Hunt, Aaron Paul, Marley Shelton, Alice Eve, Rashida Jones, Maggie Grace, Bradley Whitford ou encore Richard Schiff, réunis à un moindre tarif par les producteurs, portés par la grâce d'une si noble cause. Une bénédiction qui deviendra morbide à l'écran puisqu'au-delà de l'inévitable pouvoir qui lui est conféré par sa dimension réaliste, le film est gangréné par les faits. Censée être pillée par le cinéaste pour se métamorphoser en sujet de cinéma, l'histoire vraie étouffe peu à peu la caméra, les acteurs, la musique, la parole, le silence, jusqu'à paralyser l'œuvre dans ses moindres retranchements. Les nombreuses maladresses inhérentes au premier film - ellipses chaotiques, seconds rôles sacrifiés, hors-champ déconcertant et narration sans vraie destination - finissent d'achever Annie Parker, condamnée à n'exister que par l'étiquette d'histoire vraie accolée au film dès les premières images. Dommage pour Samantha Morton, trop rare comédienne au visage incroyable, qui aurait pu courir après une troisième nomination aux Oscars pour ce rôle en or.

GC

 

Hide your smiling faces de Daniel Patrick Carbone


Dans la même veine que Stand by me ou plus récemment Les géants, Hide your smiling faces dépeint un film fascinant sur l'enfance, le deuil et la fraternité. Perdus dans une sorte de No man's land où chaque maison se cache dans l'immensité de la forêt, les enfants se trouvent presque livrés à eux-mêmes et ne semblent épouser aucune perspective d'avenir. Cette flore luxuriante et omniprésente amoureusement retranscrite à l'écran par le directeur de photographie Nick Bentgen témoigne du lien fort qui les unit à la nature, les bois deviennent pour eux un refuge qui permet d'échapper à la réalité. Le vrai tour de force de Daniel Patrick Carbone est justement de réussir à capter avec réalisme ces expériences juvéniles, ces journées qui ressemblent à toutes les autres, cette vie qui leur échappe et cette mort qui leur fait face, mais dont ils n'ont pas peur, qu'ils tutoient et désirent même parfois. On pardonne au réalisateur quelques faux raccords (le visage barbouillé de terre du jeune garçon qu'un champs contre champs réussit à effacer) tant ce film passionnant est un véritable bol d'air frais. La beauté naturelle qui se dégage du film est étayée par un panel de jeunes acteurs qui font tous ici une première expérience cinématographique réussit dans ce film. Hide Your Smiling Faces est un film unique et réaliste sur les expériences que l'on peut avoir de la vie et de la mort lorsque l'on est complètement imbriqué dans la nature qui nous entoure.

MB

  

It felt like love d'Eliza Hittman (sortie salles : 17 juillet 2013)


Il y a quelque chose de constamment troublant dans It felt like love. Peut-être parce que le premier film d'Eliza Hittman explore avec un réalisme déconcertant l'intimité d'une jeune adolescente de quatorze ans naïve, un peu paumée, piquée par une curiosité sexuelle et amoureuse lorsqu'elle rencontre Sammy, un été, sur cette plage de Brooklyn. Il est plus vieux, elle n'a aucune expérience ni de l'acte ni de l'amour. Dans une famille désunie (absence de communication avec son père et privée de figure maternelle), son seul point de repère devient par la force des choses sa meilleure (seule ?) amie dont la sexualité précoce va devenir un exemple pour elle.

 La manière dont la réalisatrice utilise le regard sensible et inexpérimenté de cette jeune adolescente pour définir la nature de ses plans, captive : de longs plan-séquences s'attardent sur un poignet, une épaule, la peau qui frissonne au contact du corps de l'autre témoignant chez son observatrice un profond désir de contact humain et d'amour dont elle ne comprend pas les ficelles, elle qui ne l'a jamais vécu dans son foyer. L'accent mis sur le réalisme crée une expérience encore plus immersive au sein du monde subjectif de Lila (incroyablement bien jouée par Gina Piersanti). Sa naïveté et sa maladresse deviennent poignantes lorsqu'elle prend des décisions douteuses qui la mettent en danger alors qu'elle ne cherche ainsi qu'à aller vers les autres.

À une mise en scène audacieuse et poétique vient s'ajouter un scénario, également écrit par Eliza Hittman, qui apporte un regard nouveau et plus ancré dans la réalité à une histoire intime et tendre sur la sexualité féminine.

MB

 

Thanks for sharing de Stuart Blumberg


Un miracle ne passe pas inaperçu dans le ciné indé. Deux ans après un beau succès surprise couronné par quatre nominations aux Oscars pour Tout va bien ! The Kids are all right, Stuart Blumberg, le co-scénariste de Lisa Cholodenko, décroche un premier essai derrière la caméra avec une formule similaire - mêmes producteurs, même Mark Ruffalo, plus des stars hollywoodiennes, du sexe décomplexé et une famille dysfonctionnelle. Comédie plus dramatique que romantique, Thanks for sharing se révèle être à son tour une charmante surprise, suffisamment tendre et décalée pour ne pas se réduire à une caricature indé.

Pas de happy end à vomir, pas de blanche morale, pas de solution simple : Thanks for sharing résiste aux pires tentations du cinéma indépendant américain, miroir aux alouettes tombé dans son propre piège au fil des années et succès. Centré sur un célibataire new-yorkais, sex addict en rémission depuis cinq ans et confronté à une histoire d'amour naissante avec une belle blonde imparable, le film se désintéresse la moitié du temps de cette romance presque prévisible pour dresser le portrait d'autres paumés de la vie : un père de famille ex-alcoolique qui retrouve son fils ex-junkie, un médecin gras et obsédé qui refuse d'admettre son problème, une coiffeuse nymphomane qui essaie de se reconstruire. Thanks for sharing n'est pas un mélo, mais en puise les qualités au niveau des dialogues, fins et sobres, et des personnages, nuancés et plus complexes que prévu. Rien de bien spectaculaire dans l'absolu, si ce n'est une justesse remarquable, douce-amère, alimentée par un pathos contenu et des comédiens impeccables. Mark Ruffalo confirme sa capacité à porter un film, Gwyneth Paltrow regagne quelques points dans l'estime du cinéphile, Tim Robbins retrouve un beau second rôle. Mieux encore : le méconnu Josh Gad annonce qu'il faudra compter sur lui dans le paysage de la comédie américaine, tandis que Alecia Moore alias Pink avance avec une assurance inattendue sur la scène. Coïncidence notable : Thanks for sharing partage pas mal de points avec le Don Jon de Joseph Gordon Levitt avec Scarlett Johansson, attendu cet automne. Belle année pour les queutards.

GC

 

I am I de Jocelyn Towne

I am I aurait pu faire partie de ces films d'une émotion contagieuse qui imprègne à chaque plan sa douceur et sa poésie. Mais le scénario de Jocelyn Towne présente des failles et sa retranscription à l'écran n'en n'est que plus significative. Lorsque Rachel, jouée par la réalisatrice, apprend que son père biologique qu'elle n'a pas vu depuis son enfance est atteint du syndrome de Korsakoff (une maladie qui provoque entre autre une perte de la mémoire) et qu'il la prend pour sa défunte mère, elle décide de l'aider. Jocelyn Towne rappelle à ses dépends toute la difficulté de jouer dans le film que l'on réalise. Aucune émotion crédible ne se dessine sur son visage quand l'erreur est déjà de ne pas avoir pris le soin de s'attarder sur cette maladie pourtant très méconnue quand elle est au cœur de l'histoire. Par quelles émotions passe-t-on lorsque l'on est face à la maladie constituent tout l'enjeu du film. Résultat on reste à la surface puisque rien ne nous entraîne irrémédiablement dans les profondeurs d'un quelconque sentiment d'affection. Sa démarche était pourtant intéressante : profiter des hallucinations de son père pour en connaître davantage sur sa famille et sur la relation qu'il entretenait avec sa mère. Pourtant rien à faire, les minutes sont douloureuses et par la force des choses, l'histoire insipide. Jocelyn Towne est sa propre erreur. Son film aurait déjà eu meilleur goût si elle ne s'était pas choisie comme actrice principale.

MG

 

Film de clôture

Imogène de Robert Pulcini et Shari Springer Berman (sortie en salles le 7 août)


Le film sort le 7 août prochain en salles. Il vaut le détour pour le talent de Kristen Wiig et sera surtout vu par les fans hystériques de Darren « Glee » Criss. Lire la critique ici.

 

Les films restaurés de TCM

 

Attendez avant de me dire non de Laurent Bouzereau


Dans le cadre des Incontournables TCM Cinéma, le festival a proposé deux documentaires inédits, l'un sur le producteur, Richard D. Zanuck et l'autres sur John Ford, signé Peter Bogdanovich. Si nous n'avons pas pu voir le fameux doc de 1971 sur le réalisateur de La Prisonnière du désert, nous avons pu assister à la présentation du film de Laurent Bouzereau sur Zanuck. Et l'on peut regretter que la grande salle du Publicis ait été aussi vide (à peine une quarantaine de spectateurs) tant Attendez avant de me dire non constitue un formidable éclairage sur la vie exceptionnelle d'un des plus grands producteurs qu'Hollywood ait jamais connu. Alors qu'il nous avait déçu ces derniers temps entre un doc pas concluant sur Polanksi (Roman Polanski : a film memoir) et des making of sur support Blu-ray bien trop formatés (comme celui vu récemment sur l'édition de Lincoln), Laurent Bouzereau retrouve ici l'inspiration qui lui a permis de devenir l'un des incontournables spécialistes du genre depuis désormais trois décennies. Axé sur les interventions d'une rare franchise (à l'image du passage où il avoue son attirance pour l'affrontement physique) de Dick Zanuck en personne, le documentaire parcourt chronologiquement la vie d'un fils de qui sera parvenu à être l'égal de son père. La relation complexe entre Darryl F, le mythique patron de la Fox des années 30 à la fin des années 60, et son fils, est effectivement au cœur du film et l'on ne compte pas les innombrables interventions de Richard mais aussi de ses proches (sa femme, les artistes avec qui il a travaillé) où le paternel est évoqué. D'anecdotes passionnantes tant professionnelles (tous les grands films produits par Zanuck sont évoqués, c'est dire le matériau à disposition quand on sait que l'homme est responsable par exemple de French connection et Les Dents de la mer) que personnelles (sa vie affective,...), Attendez avant de me dire non dresse le portrait d'un homme destiné à être toujours en avance sur les autres pour faire honneur à son illustre patronyme. Se faisant, Zanuck fils aura su perpétrer avec brio la magie hollywoodienne et par là même être à l'origine de quelques uns des plus grands films vus sur un écran de cinéma depuis 50 ans.

LP

 

Les Avant-premières américaines

 

Dark skies de Scott Stewart


Le film sort en salles le 26 juin. Retrouvez notre critique pas tendre du tout de cet « home invasion + alien abduction » ici.

 

Texas chainsaw (3D) de John Luessenhop.


Celui-là, on l'avait déjà vu dans un autre festival, le fameux BIFFF. Et le résultat n'est guère brillant selon notre Patrick national. D'autres membres de la rédaction étant tout de même un poil plus clément. Pour lire la critique et les mini-avis, c'est ici.

 

Rampart de Oren Moverman


Les joies des festivals : on peut y voir des films Metropolitan en toute liberté. Bon, celui-là, notre rédac chef l'avait vu il y a presque deux ans à Toronto et avait terriblement déçu (lire le compte-rendu). Mais, pour ne pas être accusé de taper sur le distributeur gratuitement, on a envoyé Jérémy pour voir un autre avis. Son verdict est à lire ici mais on vous gâche un peu le suspense : il est encore plus dur avec le film.

 

Dans la tête de Charles Swan III de Roman Coppola (sortie salles le 24 juillet)


12 ans que le fils de Francis Ford Coppola, et frère de Sofia, n'avait pas réalisé de film. Et pour son retour, il entraine le terrible Charlie Sheen dans une introspection aussi foutraque que poétique. Ce dernier y est Charles Swann, artiste un peu fou-fou, homme d'excès et véritable accro aux femmes (pas un rôle de composition, en somme). Il s‘est fait larguer par sa petite amie et n'arrive pas à s'en remettre. Il est temps de faire un point sur sa vie. Mais ce recentrage salvateur est en fait l'occasion pour lui de s'ouvrir et de s'intéresser à ceux qui l'entoure. D'être, paradoxalement, moins égocentrique. Roman Coppola offre un voyage en mode open-ticket dans la psyché mais aussi dans le quotidien d'un homme qui, pour la première fois, se confronte à ses sentiments jusque-là toujours refoulés. On a rarement vu Charlie Sheen aussi émouvant que lorsqu'il abandonne l'excuse de la sottise et de l'amusement pour se laisser aller aux différentes étapes du deuil amoureux.

PQ

 

Interior. Leather. Bar. de James Franco et Travis Mathews


Il y a un temps pour la découverte, la révélation, l'excitation. Puis la curiosité, voire la fascination. Mais aussi l'inévitable lassitude, suivie de près par une forme d'irritation proche de la crise de foie intellectuelle. Cette échographie d'une carrière hollywoodienne branchée, le messie James Franco l'a illuminé. Acteur, réalisateur, poète, journaliste, peintre, mannequin, présentateur neurasthénique et branleur de première classe, la superstar a pris un plaisir supposé malin à rapprocher Le Monde fantastique d'Oz, une superproduction estampillée Disney qu'il porte sur ses épaules, d'un moyen métrage underground vendu sur son étiquette de porno gay conceptuel, censé satisfaire les puristes. Car en théorie, Interior leather bar. propose de combler le vide laissé par les 40 minutes censurées du film culte La Chasse (Cruising) de William Friedkin, plongée vertigineuse avec Al Pacino dans les bas-fonds des clubs gay du New York des années 80.

Une évidence : James Franco se métamorphose en auto-parodie à mesure qu'il enfonce les portes des deux côtés du système, avec une ascension hollywoodienne de moins en moins probante et une obscure carrière indé des deux côtés de la caméra. Officiellement co-réalisé Travis Mathews, spécialisé dans le cinéma LGBT, Interior leather bar. se présente ainsi comme un curieux essai aride qui brasse les thématiques, sans prendre le temps d'approfondir ou répondre aux attentes. Point de sens mais beaucoup de pistes, du coup de gueule de Franco contre une industrie hétérocentrée à une mise en abime sur le processus filmique. Mais après une heure de supplice désincarné, entre premier et douzième degré, il est clair que « la star » par qui tout est arrivé n'a aucune autre intention que celle de créer, même si c'est du vide. Il n'y a donc qu'une scène de sexe censée remplir le quota de la censure, quelques discussions de production et les interminables errances de Val Lauren, venu pour son pote mais incapable de défendre ou expliquer la démarche de Franco. Celui-ci affiche d'ailleurs une mine si détachée, si méprisante, si insupportable lorsqu'il se vante de tourner cette mauvaise blague dans le dos de Mickey, qu'il n'est pas impossible que tout ceci soit un coup monté sur son image publique pour un futur événement arty. Mais peu importe le degré de cynisme, la bête Franco est une tâche dans le paysage indé.

GC

 

The East de Zal Batmanglij (sortie en salles le 10 juillet 2013)

Deuxième collaboration de Zal Batmanglij et Brit Marling, un thriller psychologique efficace qui étudie avec intelligence et émotions la dynamique du groupe. Lire la critique du film ici.

PQ

 

 

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