The East : Critique

2 ans après Sound of my voice, le duo Marling/Batmanglij, révélé à Sundance, refait équipe pour signer le scénario de The East. Derrière sa caméra, Zal Batmanglij filme une Brit Marling, ici sorte de Mélissa George qui aurait repris le rôle de Sidney Bristow, obligée par son entreprise d'infiltrer un groupe d'anarchistes vengeurs qui se fait appeler The East. Elle doit étudier ce groupuscule écolo pour anticiper leur prochain coup afin de protéger les clients de sa société. Mais, comme ce fut le cas dans Sound of my voice, les idées préconçues du personnage principal sont faites pour être remises en question, bouleversées, transformées : douter y est une qualité, une preuve d'humanité.

Au-delà du discours un peu green, qui finalement intéresse peu les auteurs, c'est la dynamique du groupe qui semble les intriguer et qu'ils tentent de disséquer ici. Que ce soit à travers les rites de passages et les rapports de pouvoir, le tandem Batmanglij/Britman décortique intelligemment ce qui peu lier des gens entre eux et leur rôle au sein d'un tout. Un tout à l'équilibre précaire qui à tout moment peut se subdiviser à nouveau. Le temps fort de cette observation est la scène de « spin-bottle » où le groupe fait tourner une bouteille (oui, comme au collège). Mais ici pas question d'aller se rouler des pelles dans un placard, non, il s'agit d'établir le contact, de découvrir les limites et les désirs de chacun, dans le respect de l'autre. Un vrai travail de sociologie.

Mais, en plus de cette étude en sous-texte, The East est un thriller psychologique efficace, parfois naïf, mais terriblement rythmé. Une réussite que le film doit non seulement à une mise en scène impeccable, qui lie avec justesse le fond et la forme, mais aussi à un casting adéquat. L'alchimie entre Brit Marling et Alexander Skarsgard transpire à travers l'écran et Ellen Page n'a jamais paru aussi adulte. Le duo évite les écueils du deuxième film avec une aisance déconcertante tout en restant dans une même ligne directrice. A surveiller de près, donc.