S.O.S. Fantômes : on a classé tous les films de la saga Ghostbusters, du pire au meilleur

Quel est le meilleur film de la franchise S.O.S. Fantômes (Ghostbusters) ?

En 2024, S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace va au bout de l'idée finale de S.O.S. Fantômes : l’Héritage, sorti en 2021 : réunir pour de bons l'ancienne et la nouvelle génération de Ghostbusters, et retourner à New York comme dans les premiers films. Un pas en avant, deux pas en arrière, dans la plus grande tradition des legacyquels, ces suites qui parlent d'héritage et tentent de réanimer des franchises en les modernisant un peu (Jurassic World, Star Wars, Scream...).

On en a parlé dans notre podcast, La Réu' d'Ecran Large.

Et comme tout le monde semble aimer les classements (cf. les chiffres sur Ecran Large), on s'est dit que S.O.S. Fantômes ne devait pas y échapper. L'équipe a donc classé tous les films, du pire au meilleur. Rassurez-vous, c'était pas très difficile.

Ce fan qui verra que Ghostbusters 2016 n'est pas dernier

5. S.O.S. Fantômes 4 : la menace de glace

• Sortie : 2024
• Durée : 1h55

Pourquoi S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace est en dernière position de ce classement ? Parce qu'il reprend le pire de tous les films et surtout de la formule des legacyquels moisis, coincés entre le passé (anciens personnages, nostalgie et hommages) et le futur (nouveaux personnages et modernisation). Ou pour résumer : trop de personnages, trop de fan service, trop d'effets visuels, pour ne finalement rien raconter.

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Entre les deux générations, S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace trimballe une dizaine de personnages dont les scénaristes Gil Kenan et Jason Reitman ne savent pas quoi faire. Ceux qui s'en sortent le mieux (Mckenna Grace et Paul Rudd, éventuellement Dan Aykroyd et Ernie Hudson) ont quelques miettes pour exister à l'écran, quand les autres sont simplement des figurants de luxe (Carrie Coon, Bill Murray, Annie Potts).

La solution magique ? Rajouter de nouveaux personnages clés dans l'intrigue (une fantôme mystérieuse, un héros en sommeil), histoire d'empirer la situation. Mention spéciale à Kumail Nanjiani qui écope encore d'un rôle de clown insupportable, pas loin de celui des Éternels chez Marvel.

Scène coupée de Justice League, ou S.O.S. Fantômes ?

En plus de cette gestion calamiteuse des personnages, qui empêche de retrouver le charme de S.O.S. Fantômes : l’Héritage, ce S.O.S. Fantômes 4 se vautre dans les pires excès des blockbusters à deux balles (comme le S.O.S. Fantômes de 2016 dans son climax). Il y a donc une apocalypse absolument banale, avec portail magique dans le ciel, plans larges sur la ville frappée par le Mal et images de figurants qui courent dans tous les sens – mais ne vous inquiétez pas, aucun blessé dans ce mauvais remake du Jour d'après. Et il y a le grand méchant CGI ridicule qui rappelle les heures sombres du DCEU, et dont les pouvoirs ne sont ni assumés ni exploités.

S.O.S. Fantômes : La Menace de glace prenant soin de ne même pas exploiter ses idées amusantes (le fantôme qui possède les objets, Phoebe qui passe de "l'autre côté"), le film se transforme en mauvaise attraction interactive, qui se contente de compiler les "hommages" (la scène de la bibliothèque, le nouveau maire) pour mieux noyer le poisson. Est-ce qu'on peut dire qu'il faut vraiment arrêter maintenant ?

4. S.O.S. Fantômes (le remake-reboot de 2016)

• Sortie : 2016
• Durée : 1h57

Staturday Night (Live) Fever

On sait qu’il est facile de tirer sur l'ambulance du reboot au féminin de S.O.S. Fantômes, et certains s'étonneront peut-être de sa position dans ce classement. Lors de sa sortie en 2016, le film de Paul Feig a fait l’objet d’une détestation extrême, autant pour des raisons valables (son tempo comique inégal, sa nostalgie bas du front, sa mise en scène assez laide) que pour les éternelles gueulantes à côté de la plaque des antiféministes.

Certes, cette énième tentative de revival fleure bon l’opportunisme envers une saga dont on surestime sans doute l’importance, mais son casting n’est aucunement le problème. À vrai dire, ce S.O.S. Fantômes ne possède pas un écart qualitatif si flagrant avec certains des films présents dans cette liste. Sur le papier, ramener Feig et des actrices sorties du Saturday Night Live avait tout de l’idée éclairée pour donner à l’ensemble une direction humoristique. C’est d’ailleurs dans ses impros (en particulier celles de Kate McKinnon) que le film parvient à tirer ses meilleures scènes.

La raison de ne pas détester ce film

On retiendra aussi le choix de donner à Chris Hemsworth un rôle de bouffon assez hilarant, contre-emploi savoureux qui confirme ses talents comiques (la scène des lunettes justifie à elle seule la place du film sur le podium). Quand il convoque l'énergie délirante et irrévérencieuse de Mes meilleures amies, S.O.S. Fantômes a du mérite, et réussit son coup par instants.

Malheureusement, il faut se farcir le reste du temps une intrigue vaseuse, des caméos embarrassants et un énième blockbuster à l’esthétique numérique lisse et proprette digne d’un Apple Store.

3. S.O.S. Fantômes 3 : l'héritage

• Sortie : 2021
• Durée : 2h04

"Venez, c'est un nouveau film original !"

Quand S.O.S. Fantômes : l’Héritage est sorti en 2021, c'était un nouveau cadavre réanimé, à la manière des Jurassic Park World, Star Wars, Terminator et compagnie. Même formule, même cynisme et mêmes problèmes pour cette superproduction coincée entre deux films, avec d'un côté une tentative de ressusciter l'esprit S.O.S. Fantômes (nouveau décor, nouveaux personnages), et de l'autre un remake/comeback paresseux traité comme un twist (le retour des personnages bien connus).

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Le déséquilibre est tellement évident que S.O.S. Fantômes : l’Héritage est quasiment coupé en deux parties. C'est tellement mal écrit que Ray Stantz, Peter Venkman et Winston Zeddemore débarquent dans le combat final pour sauver la situation. Et c'est tellement gênant qu'ils ont même ramené d'entre les morts l'acteur Harold Ramis, décédé en 2014 mais présent ici en fantôme, grâce à la magie des effets visuels. La toute fin du film, qui ramène les personnages à New York, au point de départ, est le dernier clou dans le cercueil de cette fausse renaissance qui se contente de recycler.

Ils avaient prévenu : Afterlife

C'est d'autant plus triste qu'avant cette dernière ligne droite sinistre, S.O.S. Fantômes : l’Héritage avait un petit quelque chose de spécial. En tant que fils d'Ivan Reitman, derrière les deux premiers films, le réalisateur Jason Reitman (Young Adult, In the Air) a vraisemblablement un lien particulier avec cette saga. Cette émotion se ressent dans la première partie du film, avec une tendresse et une candeur étonnantes, qui renvoient évidemment à Amblin.

Malgré un personnage qui devient finalement le pire symptôme de ces foutus legacyquels (elle est la petite fille d'Egon, qui reviendra donc en fantôme pour l'aider), la fantastique Mckenna Grace reprend le flambeau avec talent, face aux irrésistibles Carrie Coon et Paul Rudd. Et grâce à quelques jolies idées (une lampe qui s'éteint pour protéger le logo de la voiture, un jet d'eau qui en ravive les couleurs), une direction artistique soignée, et un beau travail sur les bruitages, S.O.S. Fantômes : l’Héritage offre même quelques scènes enthousiasmantes, servies par un décor inspiré.

De quoi éviter un crash total, mais ça n'enlève pas l'arrière-goût amer et la sensation de "Tout ça pour ça..?" lorsque le générique de fin arrive. 

2. S.O.S. Fantômes 2

• Sortie : 1989
• Durée : 1h42

Rien que pour Vigo des Carpates 

Est-il possible de préférer S.O.S. Fantômes II au premier ? Oui. On a au moins un specimen dans l'équipe qui le pense, et considère que le film regorge d'idées et images inoubliables, comme la rivière de slime sous une rue new-yorkaise, un manteau en fourrure qui prend vie sur le dos d'une chic femme (meilleure pub pour PETA), Janosz Pohaen qui s'empare du bébé de Dana, la promenade de la Statue de la Liberté, ou encore le retour du Titanic.

Mais la vraie star de cette suite, c'est bien sûr le génial Vigo des Carpates, ce méchant magicien qui fixe le monde depuis l'autre côté du "miroir", et bouge dans le dos des personnages. Difficile d'oublier cette peinture qui s'ouvre en 3D sur un lieu infernal, avec une tête flottante qui lance des éclairs, tandis que le tyran prépare un plan diabolique pour reprendre vie grâce à un bébé et un Peter MacNicol évidemment fantasque. Vigo est le grand atout horrificomique de ce S.O.S. Fantômes II.

Pas Viggo Mortensen

À côté de ça, S.O.S. Fantômes II est une suite très (trop) classique. Plus de fantômes, plus de slime, plus d'effets spéciaux, plus des mêmes choses, mais avec moins d'irrévérence et d'audace.

À y regarder de plus près, c'est même quasiment la même histoire qui est racontée : les héros sont encore célébrés puis ridiculisés puis arrêtés puis libérés ; Dana est encore au centre des attaques ; un gigantesque tourbillon paranormal s'ouvre au-dessus de la ville ; un machin géant remonte les rues de New York (la statue de la Liberté au lieu du bibendum) ; et l'équipe règle l'affaire avec leurs Proton-Packs dirigés sur un portail magique.

Normal donc que S.O.S. Fantômes II reste en deuxième position, et qu'il ait une place de second choix dans le coeur des fans. Et c'était déjà une parfaite preuve que la franchise tournait en rond, et allait se contenter de se répéter jusqu'à la nausée par la suite.

1. S.O.S. Fantômes 1

• Sortie : 1984
• Durée : 1h45

Comment ne pas vouloir en être ?

S.O.S. Fantômes est-il vraiment une grande oeuvre hollywoodienne des années 1980, comme ont pu l'être Retour vers le futur ou les premiers films de James Cameron ? Méritait-il vraiment un tel carton au box-office, un tel battage médiatique, une franchise aussi cossue, une telle place au panthéon de la pop culture ? La réponse importe peu. Ce qui importe, c'est qu'il a fait forte impression sur une génération entière en occident, et les moyens déployés par Ivan Reitman, Dan Aykroyd et Harold Ramis pour arriver à ce résultat.

Car si sa mise en scène est amusante quoiqu'académique, ses ressorts narratifs parfois franchement bancals (la romance avec Sigourney Weaver...), il a pour lui, mine de rien, une qualité assez rare : la sincérité. Aykroyd aime la mythologie un peu kitsch du paranormal, et ça se voit. Le bestiaire qu'il déverse dans les rues de New York est tout simplement savoureux et son artificialité assumée ne le rend que plus attachant, jusqu'à bien sûr ce climax d'anthologie, cristallisant à lui seul toute la démesure baroque de l'époque.

Nous devant le film

Si Ghostbusters est aussi populaire, c'est aussi parce qu'il parvient, des décennies avant l'avènement (le coup d'État ?) de la "culture geek" à mettre en scène une bande de marginaux passionnés par leur sujet, une troupe de nerds à qui il donne raison, en plus de l'occasion de sauver le monde pour changer. Encore une fois, c'est avec sincérité qu'il décrit ses personnages maladroits et c'est avec la même sincérité que ceux-ci vont faire vivre leur amitié. Comment ne pas souligner la bonhommie irrésistible qui émane du quatuor, grâce notamment aux performances de Harold Ramis et Bill Murray ?

S.O.S. Fantômes a beau être un produit hollywoodien typique de son époque, il ne prend jamais de haut ni son spectateur ni le genre qu'il tourne en dérision. S'il est aussi populaire, c'est enfin parce qu'il encapsule les qualités de la culture populaire américaine telle qu'on l'aime : généreuse, décomplexée, inventive et empathique. Soit tout l'inverse d'une bonne partie des films traités dans ces lignes.