Apex : critique d'un Bruce impuissant

Mathieu Jaborska | 24 février 2022
Mathieu Jaborska | 24 février 2022

Les gros navets cyniques de Bruce Willis continuent à nous arriver au compte-goutte, au grand dam du rédacteur en charge de les chroniquer. Après Anti-Life, Cosmic Sin et Out of Death, c'est à Apex de saboter sa santé mentale. Sauf que cette fois, le film se paye en plus la tête des admirateurs de l'acteur.

la fabrique à séries z

Pour rappel, sur le modèle instauré par le roublard hollywoodien Randall Emmett, Bruce Willis est actuellement complice d'une arnaque au long cours. Le principe est simple : des dizaines de micro-productions tournées, montées et pensées à l'économie le sollicitent pour une ou deux journées de travail, incrustent sa tronche sur une affiche, et engrangent les bénéfices. Le comédien en a désormais fait son coeur de métier, quand il ne vend pas carrément les droits de sa trogne à prix d'or pour brasser la moula sans quitter son canapé.

Difficile donc de critiquer des objets qui relèvent bien moins du cinéma que du prétexte mercantile et qui n'ont même pas pour eux les délicieux excès du cinéma d'exploitation. Écrits et prédécoupés dans le seul et unique but de rentabiliser les quelques plans sur Willis, dépourvus de la moindre trace d'expression artistique et généralement décalqués de poncifs éculés, ils ne sont rien de moins que des véhicules, ou, pour le dire franchement, des escroqueries.

 

Apex : photo, Bruce WillisIntensité dramatique au maximum

 

Mais la curiosité malsaine des lecteurs d'Ecran Large l'emporte inévitablement sur nos états d'âme, vu le carton des précédents articles. Et il faut reconnaitre que le cynisme de l'entreprise a quelque chose de fascinant, comme les spams bourrés de fautes d'orthographe qui s'accumulent dans votre boite mail. Apex est clairement de ceux qui vous réclament une rançon avant de vous insulter.

 

Apex : photo, Bruce WillisAprès 3 mètres de course

 

Mauvais endroit, mauvais moment

Dans un futur fait de fonds verts et d'hologrammes baveux, une mystérieuse femme organise des parties de chasse sur une île paumée. Des bourgeois quarantenaires en quête d'onéreux frissons y traquent et tuent une "proie" formée à la survie. Le postulat de science-fiction n'est évidemment qu'un prétexte pour envoyer notre chauve adoré et une bande de seconds couteaux avec des factures à payer dans une forêt anonyme et grisâtre, peut-être la même que celle de Out of Death.

L'environnement parfait pour dissimuler les piteux raccords censés faire interagir Willis, qui a vraisemblablement bâclé ses quelques scènes seul, et le reste du casting. Sans surprise, le film se concentre donc plus sur les chasseurs que sur leur proie, quitte à assumer leurs performances désastreuses. L'éternel second rôle Neal McDonough n'en profite pas pour changer un peu ses habitudes de jeu, Megan Peta Hill, vue dans Riverdale (décidément un bon réservoir à comédiens pas exigeants), s'enferme délibérément dans un archétype qui tape sur les nerfs. Quant à leurs collègues, ils sont tout simplement interchangeables. 

 

Apex : photo, Neal McDonough, Lochlyn Munro, Megan Peta HillLa chasse au chèque

 

Laid, incohérent, soporifique, ponctué de dialogues qui feraient passer un épisode d'Amour, gloire et beauté pour le prochain Schrader, Apex est le prototype du navet feignant et opportuniste. Pourtant, il passe un cap dans l'indécence que même ses prédécesseurs n'avaient osé approcher. Bien conscient que les aficionados de l'acteur commencent à flairer la combine, il se permet d'ironiser sur son propre je-m'en-foutisme. Présenté au début comme une machine à tuer repentante, le terrible Thomas Malone se balade en fait tranquillement au milieu des bois, cigare au bec, tandis que ses ennemis s'entretuent tout seuls !

Un pied de nez, que disons-nous, un doigt d'honneur, d'autant plus éhonté que le film cite directement Die Hard pour mieux le piétiner devant les yeux ébahis de ses admirateurs. Apex fait de Bruce Willis un John McClane du futur et défèque sciemment sur sa renommée, comme pour l'humilier encore un peu plus entre deux blagues sexuelles échappées d'une cour de récré. L'équipe de contractuels menée comme souvent par Edward Drake et Corey Large ne dissimule même plus son mépris pour les cinéphiles qu'elle entend tromper. La frontière entre cinéma d'exploitation et montage financier est franchie en toute impunité.

Apex est disponible en Blu-ray, DVD et VOD depuis le 23 février 2022.

 

Apex : AfficheBruce Willis perd 10 ans sur chaque affiche

Résumé

Une vaste fumisterie de plus qui a, cette fois, l'outrecuidance de railler son public.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(2.5)

Votre note ?

commentaires
Rlock026
25/02/2022 à 10:18

Vos critiques des derniers chefs d'œuvre de l'ami Bruce me font toujours rire ( dans le bon sens) et c'est appréciable.
Toutefois vous allez un peu loin quand vous parlez de mépris des cinéphiles. Bon déjà le mec qui se dit cinéphile à peu de chance de s'infliger tous ces DTV car en tant que cinéphile il sait à quoi il a affaire. L'arnaque dont vous parlez c'est comme le mec qui va recevoir le mail d'un pseudo gi qui a trouvé le trésor du roi du nigeria et lui envoyer de l'argent. Ceux qui se font avoir le mérite. C'est cynique oui ,mercantile assurément. Mais c'est assez connu que le vieux brucie ne veut plus s'emmerder.

Bon, Jean Bon
25/02/2022 à 09:09

Je trouve la trajectoire de willis bien différente de cage. Cage a finit par faire du nanard en enchainant les échecs, et à toujours été dans sa carrière sur une pente glissante, souvent entre le génie et le surjeu.. Willis c'est par choix, on dirait que du jour au lendemain il c'est rendu compte qu'il pouvait amassé les millions sans se casser le cul et à donc choisit cette option.

Sanchooz
25/02/2022 à 07:37

Je parlerais plutôt de "Cageisation" que de "Seagallisation" de sa carrière. Steven n'ayant jamais fait autre chose que du nanar, soyons honnêtes.
Courage Mathieu.
PS: on dit quadragénaire rotdjudju

B.
24/02/2022 à 23:38

Bientôt, un combat mano à mano Willis contre Seagal tous les deux incrustés sur en deepfake sur deux obèses assis sur des chaises.

Opex
24/02/2022 à 23:16

Excellent film de Bruce Willis !

Punish62
24/02/2022 à 21:39

J'ai envie de dire "heureusement" que Patrick Poivey ne soit plus là pour le doubler et subir ça.


24/02/2022 à 20:35

Steven Seagal en a revé , bruce willis l'a fait

poopipoopipoopipoo
24/02/2022 à 19:20

Il n'empêche, respect éternel pour Matthieu qui se tape un bizutage de l'espace pour devoir faire les critiques de tous les DTV de Willis !! ^_^

Blague à part, d'après les rumeurs le pauvre Bruce souffrirait de démence précoce, ce qui le rend autant inexpressif et perdu dans ses films. Il ne tournerait plus que dans ce type de daube afin de continuer à mettre ses proches à l'abri du besoin. Et vu qu'on peut griller une oreillette sur certains plans, j'ai bien peur que ce ne soit pas complètement faux...

mk ultra
24/02/2022 à 17:48

j'ai vu qu'il avait fait une pub sans se deplacer, il a prête son image via le deepfake et la pub a été tournée avec une doublure, avec le willis composite via le deepfake...

TOCAP
24/02/2022 à 17:09

Payé des dizaines de millions de dollars par film au sommet de sa gloire, il a du en claquer de la thune pour un train de vie de majesté !
Il a eu bien raison mais il aurait du économiser pour éviter cette déchéance, qui ne fait mal qu'aux fans, apparement l'image de star des navets ne lui pose aucun problème !
Respect le mec !

Plus
votre commentaire