Anti-Life : critique anti-Bruce Willis

Mathieu Jaborska | 19 mars 2021 - MAJ : 19/03/2021 15:10
Mathieu Jaborska | 19 mars 2021 - MAJ : 19/03/2021 15:10

Certaines retraites sont plus pépères que d'autres. Pendant que vos grands-parents se fatiguent à tricoter des chandails et à cuisiner des tartes aux poireaux, Bruce Willis se contente de traîner avec nonchalance sa carcasse dans des DTV spatiaux bas de gamme, financés à hauteur du budget papier toilette d'Armageddon. Avant Cosmic Sin, prévu pour mai prochain, il se promène flingue à la main dans les couloirs en carton d'Anti-Life, disponible en vidéo depuis le 18 mars.

Crew : Expendables

Anti-Life porte bien son nom. Car vu la moyenne d’âge des acteurs qui se succèdent à l’écran, la vie paraît bien loin. Certes, Cody Kearsley, le jeune héros maladroit guidé par l’amour qu’il porte à sa belle endormie, est passé par Riverdale, Daybreak, Power Rangers et autres réservoirs à hormones, mais le reste du casting sort tout droit du fond de catalogue automne-hiver des seconds couteaux, avec Callan Mulvey, Rachel Nichols, Ralf Moeller (à la filmographie complètement azimutée, on vous conseille sa page IMdB) ou l’impayable Thomas Jane, dont les 5 minutes de présence semblent justifier une place de choix sur l’affiche.

Un bon gros troupeau de brutasses qui passent logiquement la moitié du film à se murger la tronche au Canard WC frelaté, menés par un Bruce Willis venu encaisser son chèque entre deux tournages. Le temps qu’il se perde dans les couloirs d’un décor anonyme, la caméra de John Suits (déjà coupable de Pandemic en 2016) a eu le temps de l’inclure au récit, dans les bottes d’un vieux soldat au passif trouble, mais au cœur ouvert. Le bataillon se fritera contre une entité extraterrestre inconnue, dont le seul et unique but est de détruire la vie.

 

photo, Bruce WillisChacun à son rythme, quoi

 

Les cinéphiles rompus à l’exercice connaissent bien la rengaine : on est face à un survival d’horreur spatial comme il en pullule à 99 centimes dans les bacs de DVD de supermarchés. Le vaisseau en question se limite à trois couloirs, arpentés en long, en large et en travers par quatre pauvres marines affrontant une bestiole obscure. La formule, moins exaltante qu’un week-end à Maubeuge, est appliquée à la lettre, et elle ne manque pas de s’improviser faux Expendables intergalactique en laissant un Bruce Willis presque vivant déclamer d’un ton éteint une pseudo-punchline rincée avant d’appuyer sur la gâchette de son dernier joujou en plastique.

Non content de sauter sans parachute dans les abysses du Z feignant, Anti-Life aggrave son cas avec des ambitions post-apocalyptiques impossibles à prendre au sérieux, aussi bien sur le plan narratif que visuel. Les courageux qui ont tenu jusqu’au climax peuvent attester de sa laideur, héritée de filtres Paint et de CGI rappelant vaguement Google Earth. Derniers espoirs de l’humanité, les passagers de ce vaisseau tout pourri dorment dans des cercueils en plexiglas et s’organisent comme des gosses en colonie de vacances. Si c’est ça, le futur du genre humain, on préfère crever sur Terre.

 

photo, Thomas JaneJane et rations

 

Alien : euthanasie

Anti-Life porte vraiment bien son nom. C’est en effet tout l’inverse du super long-métrage réalisé par Daniel Espinosa, lequel collait bien à la tradition du Alien-like en faisant évoluer son monstre progressivement, nous offrant toujours une étape supplémentaire dans l’horreur et dans le suspense. Dans Anti-Life, le manque de budget impose de ne pas révéler un monstre atrocement générique avant les tout derniers instants. L’éternelle excuse du parasite, si pratique pour camoufler ses bestioles tout en réutilisant le maigre casting est ici de retour.

Si le chef-d’œuvre de Dan O'Bannon et Ridley Scott et la suite guerrière de James Cameron ont influencé tout un parterre de séries B très recommandables, des années 1980 à aujourd’hui, ils ont aussi ouvert la voie à une armée de stupidités du style, qui évacuent tout leur génie pour capitaliser sur le sous-genre qu’ils ont créé. Breach (ancien titre) en fait partie, puisqu’il va jusqu’à s’inspirer du design du Sulaco dans ses rares plans extérieurs sans toutefois faire preuve de la moindre audace. Une énième exploitation éhontée d’Alien qui laisse entrevoir un duel sans répit avec un extraterrestre avant de livrer un pugilat soporifique avec des zombies à la langue noire.

 

photoCouloir 2

 

Le maigre budget n’excuse pas tout, et ni le design complètement oubliable du bestiau ni une écriture à la ramasse n’éloignent le film de son cynisme. Plus qu'une balourdise fauchée, c'est une petite arnaque assumée. Le réalisateur et ses deux scénaristes ne visent rien d’autre que les bas instincts de l’amateur de gore, de terreur spatiale ou de Die Hard. Le reste n’est que remplissage improvisé entre deux cannettes de Red Bull. Le cinéma d’exploitation pur n’est pas mort, et il implique quasiment toujours une ancienne gloire des années 1980 perdue dans des couloirs délavés et des CGI insipides.

Anti-Life est disponible en DVD et Blu-ray chez Metropolitan depuis le 18 mars 2021

 

Affiche officielle

Résumé

Anti-Life est autant en pilote automatique que le vaisseau qu'il met en scène. Ce n'est donc pas Bruce Willis qui saura le sauver du naufrage.

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commentaires
Sebdo
03/06/2021 à 19:00

C'est pourri

Ethan
21/03/2021 à 20:37

Moi aussi j'aime cet acteur mais c'est vrai qu'il a baissé d'un niveau Bruce Willis. En fait sur la durée c'est un peu comme Nicolas Cage.

Il font partie des acteurs qui ont plus ou moins disparus comme Mel Gibson, Kevin Costner, Al pacino

A l'inverse, certains acteurs s'en sortent plutôt bien en se ré-inventant comme Clint Eastwood, Viggo Mortensen

Freeway
21/03/2021 à 10:50

Attention que cela soit pour nic cage ou pour Willis le choix de faire des films de série z est un choix voulu.

Cage ne se cache pas de dire qu’il a un train de vie tellement énorme qu’il a fait le choix de faire 3/4 films (voir plus) par an pour pouvoir assumer financièrement et il ne s’en cache pas du tout.

Quand à Willis il avait déjà évoqué dans le passé prendre 10 millions dans ce genre de film pour des apparitions de 15/20 mn et très peu de jours de tournage. Ce qu’il lui convenait parfaitement.

Les 2 ont choisi cette voie en toute connaissance de cause, et non parce qu’Hollywood les a mis en marge du système.

Neji .
21/03/2021 à 00:18

Très bonne critique, sympa à lire, puisque le film pour notre bien à tous nous ne le verrons jamais .

alulu
20/03/2021 à 14:35

Si Tom Cruise pouvait lui transfuser un peu de son sang.

beyond
20/03/2021 à 13:02

Bruce Willis porte à lui seul l'entière responsabilité de sa déchéance. Sa réputation de branleur sur les tournages n'est plus à faire. Normal que plus personne ne veuille bosser avec lui.

Pepelamalice
20/03/2021 à 12:30

Les bon film se font vraiment rare, entre les films chinois sans scénario avec des acteurs sans émotions filmer entièrement en images virtuelle de bas étages, et les films qui vous attire avec des vieux acteurs célèbres qui prennent la moitié du budget. Voilà la triste réalité 200 millions de bénéfices n'est pas suffisant pour les majors américains, le reste des films c'est du copinage ou des enfants de célébrités, résultat le talent disparaît pour laisser la place à l'argent comme pour tous.

heals
20/03/2021 à 10:56

"Pourquoi il continue, sérieux....", me disais-je en regardant le début de cet étron spatial.

Il est ruiné, ou quoi? Non parce qu'en plus, ça se sent trop qu'il n'a pas envie...

Papy fait de la resistance
20/03/2021 à 09:34

comme le disait Attali il y ades années: Euthanasie passé 65 ans
et les mondialistes du great Reset comme le Schwab y pensent gaillardement , pour vous , mais pas pour eux (pas lol)

PatrickJammet
20/03/2021 à 09:04

... J'ai compris la confusion sur la ligne directrice (quasi la même) en interchangeant grosso modo, le réalisateur et le scénariste. Okay ?

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