Marvel : She-Hulk n'a rien volé à Deadpool, au contraire

Dès le premier épisode de She-Hulk : Avocate, Jennifer Walters s’adresse à nous, abonnés de Disney+. Ce qui paraît n'être qu'un gag symbolise en réalité bien plus pour l'héroïne Marvel.

Notre critique du premier épisode de She-Hulk.

Nouvelle brique de l'infini édifice MCU, la série She-Hulk : Avocate, avec Tatiana Maslany dans le rôle principal, est arrivée avec un premier épisode qui divise beaucoup (sans surprise). La cousine de Bruce Banner (Mark Ruffalo) y présente des pouvoirs similaires à ceux de Hulk, à la différence qu’elle les contrôle bien mieux.

Autre caractéristique du personnage abordée dans ce pilote sous les tropiques : She-Hulk brise le quatrième mur, c'est-à-dire qu'elle parle au public de l'autre côté de l'écran, au-delà de cette barrière invisible entre la fiction et notre canapé.

Le super-héros le plus connu possédant ce don est Deadpool, dont c'est un trait de caractère désormais bien connu. Pourtant, c'est bien She-Hulk qui a développé cette capacité avant le mercenaire à la langue pendue. Énormément utilisé comme élément comique dans l'une de ses séries de comics des années 80-90, ce concept permet surtout d'exprimer la sensation de liberté de la body-buildeuse super-héroïque.

I see you

une héroïne vert-beuse

L’héroïne She-Hulk est créée par Stan Lee et John Buscema en 1980. Après sa série The Savage She-Hulk, un passage par Avengers puis l’event Secret Wars (l'un des deux qui pourraient inspirer le film Avengers : Secret Wars), et après avoir rejoint la série Fantastic Four en remplaçante de la Chose, She-Hulk retourne dans sa propre aventure avec The Sensational She-Hulk en 1989.

C’est sous la plume et le trait de John Byrne, qui œuvrera sur la majeure partie de la série, que l’avocate couleur avocat parlera aux lecteurs pour la première fois.

Le fait que le quatrième mur soit une barrière que She-Hulk traverse aisément est utilisé dès les couvertures aguicheuses, afin de moquer cette tendance dans le média (également une excuse facile pour la dénuder). Dans le comics, on retrouve des scènes dignes des Monty Python, qui ne peuvent arriver que dans l'univers méta de The Sensational She-Hulk.

Mais plus qu'un moyen de faire rire, ou d'attirer le public, le concept du quatrième mur volant en éclats concède à She-Hulk la faculté de se mouvoir et de s'exprimer comme aucun autre personnage de comics avant elle.

Un personnage hypersexualisé ? Mais non, c'est pour la blague

libérée, délivrée

Avant d’être She-Hulk, Jennifer Walters était solitaire et mal dans sa peau. Grâce au sang de son cousin, la forme Hulk que va développer l’avocate va lui apporter la confiance et l'assurance dont elle manquait. Ainsi, pour incarner au mieux cet épanouissement, John Byrne donne à son personnage la possibilité de détruire les frontières de son monde, celui des comics. Les cases n’existent plus, les règles narratives non plus. She-Hulk est dans un monde sans limite, et elle est libre, enfin.

Elle va même jusqu'à allègrement déchirer les cases d’une page pour arrêter un vilain, voire s’adresser à l’auteur pour qu’il change un décor ou sa tenue. Jennifer Walters s’affranchit de tout et tout le monde, et paraît même échapper au contrôle de son auteur, en parfaite métaphore de son émancipation totale et absolue.

Quand tu utilises un code de triche en jeu

le mcu sur la bonne voie ?

La série de Disney+ a assumé dès la promo et les bandes-annonces que ce quatrième mur serait fracassé également. Et de toute évidence, c'est avec une idée proche des comics.

Dans le premier épisode, lorsque l'héroïne nous jette un regard en présence du maître de yoga Hulk, Jennifer Walters affirme être dans le contrôle de sa nouvelle forme. Elle est donc bien dans sa peau verte, ne connaissant pas encore véritablement l'indépendance que cela va lui offrir. Tout ça est symbolisé par ce coup d'œil à notre adresse, qu’elle-même ne saisit pas vraiment.

Même le scénariste n'est plus à l'abri

Est-ce que She-Hulk saura exploiter à bon escient cet atout méta du personnage et en tirer des moments aussi fous que ceux des comics de John Byrne ? La cousine de Bruce va-t-elle passer au travers de l'écran et alpaguer Kevin Feige, le grand manitou de Marvel Studios ?

Marvel et Disney+ ont de la matière pour des situations inédites dans le MCU (ce n'est pas la première fois). À voir s'ils ne gâcheront pas ce potentiel (ce ne serait pas la première fois).