Episodes Saison She-Hulk : Saison 1 épisode 1 - salade d'avocats en boîte sur Disney+

Simon Riaux | 18 août 2022 - MAJ : 18/08/2022 15:26
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Affiche Tatiana Maslany

Verte, décomplexée, rigolarde et féministe, She-Hulk : Avocate débarque après une promotion un chouia chahutée. Faut-il plaider en faveur de Disney+ ?

 

She-Hulk : Avocate : photo, Mark RuffaloLa fête du slip ?

 

VERT DUR 

Avec l’intensification du moissonnage-battage Marvellien orchestré par Disney, il fallait bien que cela arrive. Si la dimension “événementielle” des productions super-héroïques s’est progressivement amenuisée au gré des nombreuses sorties de blockbusters, le débarquement de Disney+ a encore intensifié le phénomène, comme en témoigna récemment la relative indifférence accompagnant Ms. Marvel sur la plateforme. Mais aucun projet récent du studio ne fut accueilli avec une hostilité comparable à celle entourant She-Hulk

La faute à une bande-annonce techniquement abominable, dont les effets spéciaux inaboutis étaient soulignés par un montage forcé, cherchant péniblement à souligner des effets comiques grossiers.  

 

 

Ajoutez à cela une pincée de féminisme auto-proclamé au détour de quelques répliques programmatiques, et la proposition de Disney se retrouvait écartelée entre la froideur de tous ceux que les mésaventures d’une avocate se métamorphosant en géante verte indiffèrent, et l’agressivité hystérisante d’une fraction de spectateurs outrés de découvrir une héroïne annoncée comme servant un programme bien différent de ses collègues en collants. 

Et quand démarre le premier épisode de She-Hulk, on tend à partager leur agacement. On a bien du mal  à saisir l’enjeu du dialogue introductif, au-delà de son désir forcené de greffer une dimension “cool” à l’ensemble en nous agitant sous le nez une adresse au spectateur. Briser le 4e mur n’est pas un crime, et ces dernières années, le succès d’un Deadpool est venu rappeler que cette figure de style pouvait divertir massivement. Mais rien, dans le ton comme l’écriture des personnages, ne vient justifier son usage ici, le plus souvent encombrant. 

Qu’à cela ne tienne, le pilote de She-Hulk abandonne rapidement cette pirouette un peu vaine pour nous proposer, au gré d’un flash-back formant l’essentiel de son premier chapitre, de découvrir comment notre héroïne est devenue un gigantesque chewing gum numérique.

 

She-Hulk : Avocate : photo, Tatiana MaslanyHow I bored your father

 

AVOCAT DUR 

La première moitié de cet épisode initial ne rassure pas franchement, tant le concept général paraît souffrir du mode de production qui prévaut au sein du studio, contraint par l’intensité de son rythme de fabrication et l’abondance de ses effets spéciaux de tayloriser à l’extrême son organisation du travail. Les conséquences sur la création qui nous intéresse sont évidentes. 

La première tient à la mise en scène et au montage. Transformations, bastons, cascades et destruction de décors (jusqu’à la succession de ces derniers) contraignent le découpage à un immobilisme criant. Rares sont les plans en mouvement quand la caméra n’est pas virtuelle, et dans chaque scène, la contrainte manifeste d’opter pour le dispositif dramaturgique le plus resserré se fait incontournable.

 

She-Hulk : Avocate : photo, Tatiana MaslanyMadame est desservie

 

Il en va de même pour le montage, dont on conçoit que lui aussi soit étouffé par la difficulté, voire l’impossibilité de jongler avec suffisamment de valeurs de plans pour dynamiser les séquences, eu égard à l’ingénierie massive que plusieurs d’entre elles exigent. Mais cette pauvreté n’est pas moins criante lorsque les protagonistes demeurent statiques, à la barre ou au bar, pour débiter quelques mots d’esprit. 

D’où un sentiment d’inconsistance, voire de mollesse, qui s’abat sur une bonne moitié du pilote, tant celui-ci lutte pour introduire décemment son sujet, tandis que sa dimension atone parasite quantité de ses saillies humoristiques. Le sentiment d’assister à un vague détricotage du concept même de divertissement super-héroïque s’abat sur le spectateur. Paradoxalement, c’est de là que vient le salut de ce premier chapitre. 

 

She-Hulk : Avocate : photo, Tatiana MaslanyLa flemme à la maison

 

EUX DURS 

Passé la désauce d’une scénographie moins fiévreuse que les soubresauts charnels d’un sénateur après un comice agricole, le charme de She-Hulk se révèle progressivement. Après plusieurs séries qui se seront frottées à différents nœuds scénaristiques du MCU, tels que l’introduction du nouveau Captain America, ou du successeur de Thanos, respectivement dans Falcon et Loki, la dernière née de l’écurie Marvel se garde bien – lors de son pilote – d'afficher de semblables ambitions. 

Il ne sera ici question que de la situation épineuse dans laquelle se retrouve l’avocate Jennifer Walters, sommée d’assumer sa nouvelle nature d’Hulkette, à laquelle son cousin, encombrant et condescendant, l’imposant Bruce Banner, voudrait la limiter. Mais l’énergie de Tatiana Maslany fait ici des merveilles. Jamais en surjeu et particulièrement efficace quand il s’agit de laisser affleurer les tendances à la rébellion de son personnage ou les innombrables sources d’agacement qui s’abattent sur elle, la comédienne parvient ici et là à compenser l’anémie de la mise en scène. 

 

She-Hulk : Avocate : photo, Jameela JamilKitsch lorraine

 

Mieux, on devine, dans la seconde moitié de cette introduction, le désir d’emmener le récit loin des rivages super-héroïques. En effet, point de menace intergalactique existentielle ici, pas plus que de vague sous-intrigue cosmique, plutôt la promesse d’un show ludique et possiblement surprenant, capable de revisiter avec un peu de malice quantité de “grands moments” des différentes franchises possédées par Disney. 

 

She-Hulk : photo, Tatiana MaslanyGreen a rot

 

ALI MA QUEUE BILL 

Et à en juger par l’énergie de son interprète, on serait bien tenté d’accorder notre confiance à l’entreprise. D’autant plus que l’excrétion artistique que laissait redouter la bande-annonce n’a pas lieu. Non seulement les effets spéciaux ont été largement retravaillés et affinés depuis le dévoilement de la série, mais leur statut même au sein de la production les rend plus facilement assimilables que d’ordinaire. 

Quand un blockbuster stellaire mutile ses séquences les plus spectaculaires d’inserts gerbotroniques, c’est tout le spectacle qui en est affecté. Mais quand une série aux ambitions dramatiques modestes met en avant une héroïne à l’avatar numérique certes incertain, mais présent pendant près de la moitié des épisodes, l’oeil, le cerveau et l’intransigeance du spectateur tendent à rendre les armes. 

 

She-Hulk : Avocate : photoNéant vert

 

Tout d’abord parce qu’il n’est pas interdit d’apprécier comme la série joue plus ou moins discrètement de la nostalgie envers la kitschissime série dans laquelle jouait Lou Ferrigno à la fin des années 70. Ensuite, parce que pour approximatifs que soient nombre de ces effets, le pilote n’en demeure pas moins très généreux en la matière, tout en annonçant des pistes potentiellement excitantes.  

L’identité, le rapport au secret, et tout simplement à la représentation de soi-même et de son propre corps ont toujours été des thèmes fondateurs de la littérature super-héroïque, à fortiori chez Marvel, maison d’édition historiquement désireuse de faire de ses personnages des tremplins émotionnels proches de ses lecteurs.

Une équation qui pourrait trouver tout son sens au sein de ce She-Hulk détendu des arpions, dont le personnage central se pose avec malice, irrévérence et une belle énergie, plus de questions sur elle-même et le sens de ses actions que la plupart de ses congénères après trente longs-métragesMalgré une mise en scène parfois informe et un ton encore incertain, She-Hulk tient une héroïne et un potentiel certains, qui laissent espérer (une nouvelle fois) que Marvel soit capable de jouer malicieusement avec son catalogue.

Les épisodes de She-Hulk : Avocate sont disponibles tous les jeudis sur Disney+ depuis le 18 août 2022.

 

She-Hulk : Avocate : Affiche

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commentaires lecteurs votre commentaire !
Flash
25/08/2022 à 08:39

Sympathique ce premier épisode des aventures de Fiona avec Shrek en guest.

Eldelai
20/08/2022 à 19:19

Moi j'ai trouvé dommage que ce soit aussi monocaracteriel? Monochrome?

Genre que Bruce veuille l'aider, c est logique et normal, qu'il s'entête à vouloir le faire toujours de la même façon, sans l'écouter, c'est pas géniogene

Que Jenny veuille pas se faire dompter par un mec, ok, mais ça fait 15 ans que Hulk existe, donc peut être qu'il aurait fallu écouter bibi avant de tout rejeter en bloc, et/ou donner ses impressions vu que maintenant elle a un léger moyen de donner du poids à ses idées

Schrebubo
20/08/2022 à 03:16

Assez d'accord avec la critique.
J'l'ai regardé en voulant presque que ça soit nul et au final, j'ai pas vu le temps passé et j'avais un sourire niais sur le visage.

sebseb
19/08/2022 à 19:53

Indigeste cette critique, tout autant que ce première épisode.

Nonoo
19/08/2022 à 15:41

Clairement pas le meilleur pilote mais assez sympathique à regarder. Encore une fois, le casting du perso principal est bien réussi et ça c'est déjà un bon point. L'origin story étant passé assez rapidement, ca permettra au 8 épisodes restants de développer le tout et de raconter plein de choses. On l'a vu dans les trailers, beaucoup de choses intéressantes arrivent. C'est ce qui me hype le plus, le travail d'avocate de She Hulk et ses rencontres avec d'autres personnages super-héroïques ou vilains, donc j'espère voir ça ! Même si cet épisode est un peu "vide" ou "banal", il pose pas mal de bases (on a les tiraillements de She Hulk, le vaisseau de Sakaar qui peut laisser présager au loin un certain projet avec Hulk, l'intro de titania, la facette "avocate" et la facette "hulk" de she hulk....).

Bref, il y a du potentiel, encore faut-il que Marvel l'exploite...
(mais vu les retours sur les 4 premiers épisodes, je pense qu'on se dirige vers du bon)

Lili44
19/08/2022 à 15:31

Laid, affligeant et réalisé avec les pieds. J’suis verte.

bipbip
19/08/2022 à 11:01

Au delà de la série, je n'aime vraiment pas le traitement de Hulk dans le MCU.

C'est quand même l'un des personnages les plus forts de l'univers Marvel et She-Hulk est moins puissante normalement.
Hulk dispose aussi d'une capacité de régénération importante qui fait qu'il apparait dans plusieurs futurs post-apocalyptique comme l'un des seuls survivants, il n'a pas besoin du sang de sa cousine pour se remettre. D'ailleurs, ce moment est traité de manière particulièrement ratée dans l'épisode. On parle d'une blessure liée à l'utilisation des gemmes et en fait hop, voilà, c'est bon.
et Smart hulk n'est pas un hulk chiant,
Bref, le traitement de personnage est vraiment nul.
Pour le personnage de She-Hulk, faudra voir sur la longueur...

Pakkun
19/08/2022 à 09:45

Sympatique, sans plus.

ZakmacK
19/08/2022 à 07:29

Franchement c’est pas terrible quand même. Ça dure vraiment pas longtemps (parce qu’en fait dans les 37 minutes il y a aussi 5 minutes facile de générique de fin) et on s’y ennuie quand même. Le personnage de mark ruffalo est nul, ça valait pas la peine de mettre autant de films à le développer. Et puis cette histoire de smart Hulk, j’imagine qu’il y a des milliers de comics pour la justifier, mais je saisis pas. C’est comme Hulk mais en chiant. L’intérêt de Hulk c’est qu’il est incontrôlable, s’il a des lunettes et qu’il sort des dialogues pourri ça marche tout de suis beaucoup moins bien. J’aime beaucoup tatiana maslany comme tout le monde, mais là elle est à la limite du gênant.

Hier dans ma course éperdue pour comprendre le MCU, je me suis rematé captain américa first avenger. Je sais que l’on ne peut pas comparer, mais la différence de niveau est hallucinante. (Il y a le même truc avec l’alcool qui ne rend pas saoul d’ailleurs.)

Chrisem
19/08/2022 à 02:00

Hé ben moi j'ai bien aimé !!!

Certes on est loin d'avoir une réalisation virtuose, des effets spéciaux d'exception et une vraie originalité formelle ... Cependant si on regarde ce qui se fait de par ailleurs ça n'est pas si mal que ça. "She-Hulk" se situe quelque part entre les séries CW, "The boys" et "Sandman". C'est sûr que si on ne la compare qu'au haut du panier il n'y a pas de quoi crier au génie. Après tout il n'a j'ai été question de faire de "She-Hulk" une série qui va révolutionner/secouer le genre ou donner leurs lettres de noblesse aux comics.

En termes d'effets spéciaux je pense là aussi qu'on se situe dans la bonne moyenne des séries en streaming. Il suffit là encore de jeter un oeil aux séries CW, à "La roue du temps" ou "The outpost" pour relativiser sur leur qualité.

Enfin pour finir je voudrais revenir sur une partie de la critique :

"Le charme de She-Hulk se révèle progressivement. Après plusieurs séries qui se seront frottées à différents nœuds scénaristiques du MCU, tels que l’introduction du nouveau Captain America, ou du successeur de Thanos, respectivement dans Falcon et Loki, la dernière née de l’écurie Marvel se garde bien – lors de son pilote – d'afficher de semblables ambitions."

Effectivement lors de son pilote ! Car on sait déjà, tout du moins si on a vu le dernier trailer" que la série va se raccrocher au MCU dans sa grande largeur vu les futures présences de Wong et de Daredevil. D'un côté à l'univers télévisuel et de l'autre au cinématographique suivant la méthode bien éprouvé (inclusivitée capillo-tractée à la clé comprise) de Marvel Studios qui n'a d'autre but que de proposer de purs divertissements.

L'idée de voir autre chose qu'un blockbuster télévisuel et d'y chercher une profondeur artistique relève presque de la dissonance cognitive tellement elle est abstraite. On ne peut pas plus comparer "Spiderman no way home" à "La nuit des juges", que "She-Hulk" à "Better call Saul". Ça n'a ni la même motivation ni les mêmes talents pour les mouvoir.

Du coup j'ai bien aimé, y a du Hulk, y a de l'humour "facile" et de quoi en prendre plein les mirettes pendant 30 minutes. Pile poil ce dont j'avais besoin après une intense journée de reprise au travail après 26 jours de vacances , j'ai débranché mon cerveau et j'ai regardé en lisant en parallèle les premières réactions concernant ce premier épisode sur le net.

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